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Joseph Balsamo

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Cagliostro
Joseph Balsamo.
Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Giuseppe Balsamo
Surnom
Alessandro, comte de Cagliostro
Nationalité
Activité
Conjoint
Lorenza Feliciani
Autres informations
Condamné pour
Lieux de détention

Giuseppe Balsamo (Joseph Baume), dit Alessandro (Alexandre), comte de Cagliostro (Caillostre), est un aventurier sicilien né à Palerme en Sicile le et mort dans la prison pontificale de San Leo (États pontificaux) le .

Si son véritable nom est Joseph Balsamo, il adopte au cours de sa vie divers pseudonymes, notamment ceux de comte Pellegrini, Mélissa, Fenice, Hérat ou encore chevalier de la Sainte-Croix, et le nom avec lequel il est passé à la postérité est celui de « comte de Cagliostro », inspiré par le nom de sa marraine.

Né à Palerme le près de l'église du Gesù dans le réduit d'un modeste garde-magasin, baptisé le avec les prénoms de « Josephus, Joannes Baptista, Vincenzo, Petrus, Antonius, Matthaeus »[1], il est le fils de Pietro Balsamo et Felicita Bracconieri, d'une famille juive[réf. nécessaire] pauvre résidant à Albergheria, l'ancien quartier juif de Palerme.

Goethe soupçonna que la famille était d'origine juive[2] (Cagliostro lui-même a affirmé avoir été un disciple de Haïm Falk, le Baal Shem de Londres). Selon le témoignage d'Italiens qui avaient conversé avec Cagliostro à Saint-Petersbourg, son langage ne ressemblait à aucun idiome italien, mais il tenait beaucoup du jargon des juifs d'Italie[3].

À peine sorti de l'enfance, il entre en 1756 au séminaire du couvent des Fatebenefratelli à Caltagirone, où il prend l'habit des frères de la Miséricorde, religieux soignants. Il y devient infirmier puis médecin[4].

Chassé de sa communauté d'accueil dès 1758 pour indélicatesses et escroqueries, il retourne à Palerme. Il est obligé de bonne heure de quitter sa patrie et parcourt de 1764 à 1767 sous différentes identités la Grèce, l'Égypte, l'Arabie, la Perse, Malte, Naples, Rome, et de nombreuses autres villes de l'Europe. Il acquiert de ses voyages la connaissance de quelques secrets alchimiques et médicinaux, et se fait une grande réputation pour des « cures merveilleuses ».

Joseph Balsamo

Le , il épouse à Rome Lorenza Feliciani, alias Seraphina, qui l'aidera dans ses escroqueries en séduisant les grands personnages que le couple rencontre[4].

Il rencontre Casanova à Aix-en-Provence en 1769[5].

De 1770 à 1776, il voyage en Europe (Madrid, Lisbonne, Londres, Paris, Venise, Naples, Bruxelles, Allemagne) et en Afrique du Nord. Le , à Londres, il est initié à la franc-maçonnerie dans une loge francophone[6], puis part pour Bruxelles. De 1778 à 1783, il voyage à Venise (deuxième rencontre avec Casanova), Paris, Strasbourg, Saint-Pétersbourg, Varsovie, Bâle. Il prend le nom de comte de Cagliostro.

Panneau devant l'hôtel de Cagliostro à Paris.

Lorsqu'il arrive en France en 1780, il se fixe pendant quelque temps à Strasbourg où il est reçu avec enthousiasme, puis se rend à Paris où il ne suscite pas moins l'admiration, devenant quelque temps à la mode dans la haute société. Il se présenta au public aristocratique comme un thaumaturge et un initié, et se place sous le patronage d'un grand seigneur, le cardinal de Rohan, prince-évêque de Strasbourg, grand aumônier de France, spéculateur averti, qui pressent le parti qu'il pourrait tirer du « mage ». Lors de son passage à Strasbourg, il guérit Louis Olivier de Langlais qui souffrait sans doute de dépression et se trouve métamorphosé par ses soins. Il vante par la suite la générosité et le désintéressement de cet illustre étranger.

« Cagliostro faisant de l'alchimie avec le prince de Rohan ».

De à , Joseph Balsamo est à Bordeaux, logé chez le marquis de Canolle. Il tente sans succès d'y diffuser sa « science para-maçonnique »[7]. En 1784, à Lyon, il fonde la loge maçonnique « la sagesse triomphante ».

Cagliostro se prétend le disciple du comte de Saint-Germain, aventurier mystérieux, qui, à Versailles où il avait brillé vers 1750-1760, se déclarait immortel. Il affirme aussi posséder une eau de jouvence, sérum de jeunesse éternelle qu'il vend aux crédules. Il vend également très cher différents élixirs, des pilules, fait des tours de magie et de sorcellerie, et il prétend avoir le pouvoir de faire apparaître les morts. Il importe en France la franc-maçonnerie « dite égyptienne » dont le conseiller au Parlement Jean-Jacques Duval d'Eprémesnil et ses amis spéculateurs deviennent les zélateurs intéressés.

Selon la marquise de Créquy, il soutire quatre ou cinq cent mille francs à Madame d'Urfé pour une révélation sur le Grand Œuvre. Son succès prodigieux dans la bonne société parisienne s'explique par sa personnalité, par la mode de la franc-maçonnerie mais surtout parce qu'il a derrière lui une demi-douzaine de gentilshommes qui spéculent sur les effets que ses pouvoirs produisent sur une société aristocratique fortunée et blasée.

En 1785, la carrière de ce sorcier de salon est brisée par l'escroquerie[8] connue sous le nom d'affaire du collier de la reine dans laquelle il se trouve entraîné par le cardinal de Rohan.

Joseph Balsamo

Il est incarcéré à la Bastille mais, soutenu par Duval d'Eprémesnil et défendu par le brillant avocat Jean-Charles Thilorier, il est libéré et expulsé de France en 1786.

Il se retire en Angleterre, puis part en Suisse et enfin en Italie, où il erre dans diverses villes avant d'être arrêté par la Sainte Inquisition en 1789 et emprisonné au château Saint-Ange comme suspect de pratiquer la franc-maçonnerie ; il y est jugé et condamné par la justice pontificale en 1791 à la peine de mort pour hérésie, sentence commuée en prison perpétuelle. Il est transféré « sans espoir de grâce et sous étroite surveillance » le à la forteresse de San Leo dans la région des Marches, en Italie centrale. Il y restera jusqu'à sa mort, survenue dans la nuit du 26 au .

Il est d'abord installé dans la « cellule du trésor » la plus sûre, mais aussi la plus dégradée et la plus humide de la forteresse. Il est après « emmuré » vivant dans la cellule « il pozzetto » jugée encore plus sûre, sorte de puits où il pouvait être surveillé. En prison, Cagliostro fait la grève de la faim.

La fin de Cagliostro débute vers midi le . Une crise d'apoplexie lui fait perdre connaissance. Un garde le découvre inanimé et donne l'alarme, mais les médecins et les prêtres présents ne réussissent pas à le réanimer. Il meurt dans la nuit. Officiellement, il est enseveli le à 23 heures à la pointe extrême du mont de San Leo, vers l'occident, à mi-chemin entre les deux édifices destinés aux sentinelles « Palazzetto » et « Casino ».

Sa femme Serafina était morte une année auparavant au couvent de Sant'Apollonia à Rome.

Galerie d'images

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Enterrement et déterrement

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La sépulture de Cagliostro n’a pas été retrouvée. Un fait particulier s'est produit en 1797[9], lors de la prise de la Rocca de San Leo par un contingent polonais sous les ordres du général Jean Henri Dombrowski. Le général remit les prisonniers restants en liberté. Ceux-ci accompagnés par divers soldats déterrèrent les restes de Cagliostro et prirent son crâne pour y trinquer à la liberté retrouvée.

Cet épisode macabre fut rapporté par un témoin oculaire, Marco Perazzoni, mort en 1882, à l'âge de 96 ans, au prélat Oreglia di S. Stefano. « Quand le comte mourut, j'avais 7 ans. Je me souviens très bien de son enterrement. Son corps, habillé, déposé sur un battant de porte en bois, fut transporté à épaule par quatre hommes, lesquels, une fois sortis de la forteresse, descendirent vers l'esplanade. Ceux-ci étaient fatigués et transpiraient beaucoup (c'était le mois d'août). Afin de se reposer, ils posèrent la dépouille sur le parapet d'un petit puits qui existe encore, et ils allèrent boire un verre de vin. Ensuite, ils récupérèrent le cadavre et le conduisirent au lieu de la sépulture. Moi, tenu par la main par un de ma parenté, je suivais le triste et misérable convoi. Comme il n'y avait aucun curé, ce convoi avait un aspect diabolique. À sa vue, les rares passants s'enfuyaient en faisant le signe de croix. Une fois la fosse creusée, le cadavre fut descendu au fond. Sous sa tête, ils mirent un gros caillou, sur son visage un vieux mouchoir, ensuite ils couvrirent de terre. Quelques années après arrivèrent les Polonais qui prirent la forteresse. Ceux-ci remirent en liberté les condamnés qui, aidés par des soldats, se mirent à creuser la sépulture, s'emparèrent du crâne de Cagliostro et y burent du vin, ceci dans les cantines du comte Nardini de San Leo… »[10].

Œuvres de Cagliostro

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  • Evangile de Cagliostro, description ironique du séjour du comte de Cagliostro à Rovereto, 1788
    Rituel de la Maçonnerie égyptienne (1784), Les cahiers astrologiques, Nice, 1948.
  • Statuts et Règlements de la R.L. de La Sagesse Triomphante (Lyon, ) [1].
  • Lettre au peuple français… écrite par M. le comte de Cagliostro, de Londres, le (1789). [2] Annonce la destruction de la Bastille, la convocation des États généraux, l'abolition des lettres de cachet et la venue sur le trône d'un roi sage.
  • Mémoire pour le comte de Cagliostro accusé contre M. le Procureur général, accusateur (1786), in Marc Haven, Le Maître inconnu, Cagliostro (1913), Derain, 1964, p. 241-244. Kessinger Publishing, 2009, 220 p. [3].

Dans la fiction

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Littérature

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Giuseppe Balsamo inspira de nombreux écrivains :

Au cinéma et à la télévision

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De nombreux acteurs interprétèrent Cagliostro :

Notes et références

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  1. Dr Marc Haven, Le maître inconnu Cagliostro, Lyon, 1964, p. 250-251 : acte de baptême.
  2. Goethe, Italienische Reise
  3. Giovanni Barberi, Vie de Joseph Balsamo, connu sous le nom de comte Cagliostro, Paris : chez Onfroy, libraire, 1791, p. 95, note I (lire en ligne).
  4. a et b Franck Ferrand, « L'ombre de Cagliostro », émission Au cœur de l'histoire sur Europe 1, 20 avril 2012.
  5. Sur le séjour de Casanova à Aix-en-Provence en 1769, Helmut Watzlawick, 1981; OCLC:33088867
  6. Cf. Reinhard Markner, L’initiation de Cagliostro : son certificat de Grande Loge de 1777 retrouvé, Renaissance Traditionnelle, no. 194, 2019, p. 111-117.
  7. Colloque du bicentenaire de l'arrivée en France du Rite Écossais (2004).
  8. À cette époque, l'escroc est appelé chevalier d'industrie.
  9. L. Rusticucci, Prigionia e morte di Cagliostro nella fortezza di San Leo, Guaraldi Editore, Rimini, 1993.
  10. Traduction partielle de : L. Rusticucci, Prigionia e morte di Cagliostro nella fortezza di San Leo, Guaraldi Editore, Rimini, 1993).

Sources primaires

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  • Témoignages des contemporains et documents historiques inédits - www.alexandrecagliostro.fr.
  • Théodore Flournoy, Des Indes à la planète Mars : Personnification de Balsamo par Léopold (Chapitre IV - § II), Balsamo.html Léopold et le vrai Joseph Balsamo] (Chapitre IV - § III), Étude sur un cas de somnambulisme avec glossolalie, Éditions Alcan et Eggimann, Paris et Genève, 1900.
  • Mémoires de J. Casanova De Singalt (t. VIII, chap. I, p. 15-20) Nouvelle Édition Garnier Frères, 1880 : Mémoires de Casanova de Seingalt, édition de 1880.
  • Traduction partielle de : L. Rusticucci, Prigionia e morte di Cagliostro nella fortezza di San Leo, Guaraldi Editore, Rimini, 1993.
  • Journal encyclopédique ou universel du duc de Bouillon, année 1781, Tome V, pp. 321–324 : Lettre sur la guérison du chevalier de Langlais, capitaine de dragons au régiment de Lescure.
  • Vie de Cagliostro, extraite des pièces de son procès (traduite en français), publié à Rome, 1790.

Bibliographie

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  • Henri d'Alméras, Cagliostro (Joseph Balsamo) : la Franc-Maçonnerie et l'occultisme au XVIIIe siècle, d'après des documents inédits, 1904, présentation en ligne.
  • Robert Amadou, Cagliostro et le rituel de la maçonnerie égyptienne, Paris, SEPP, 1996, 116 p. (ISBN 2-911343-02-6).
  • Marie-Nicolas Bouillet et Alexis Chassang (dir.), « Joseph Balsamo » dans Dictionnaire universel d’histoire et de géographie, (lire sur Wikisource).
  • Georges Bourgin, « Documents italiens sur Cagliostro et la franc-maçonnerie », Revue historique, Paris, Félix Alcan, t. 94,‎ , p. 300-325 (lire en ligne).
  • Denyse Dalbian, Le comte de Cagliostro, Paris, Robert Laffont, coll. « Les Hommes et l'histoire » (no 16), , 329 p. (ISBN 2-221-01232-1, présentation en ligne).
  • Lionel Dumarcet, Joseph Balsamo, dit comte de Cagliostro, De Vecchi, Paris, 2001, 143 p. (ISBN 9782732829685).
  • Albert Gagnière et Joanny Bricaud, Cagliostro et la Franc-Maçonnerie, S. l., Bibliothèque du Bois-Menez, coll. « Textes oubliés » (no 3), , 68 p. (lire en ligne). — Contient : Cagliostro et les Francs-Maçons devant l’Inquisition, par Albert Gagnière ; Cagliostro et la Franc-Maçonnerie lyonnaise, par Joanny Bricaud.
  • (it) Daniela Gallingani (dir.), Presenza di Cagliostro : atti del convegno internazionale Presenza di Gagliostro, San Leo, 20-21-22 giugno 1991, Florence, Centro editoriale toscano, coll. « Politica e storia : saggi e testi » (no 43), , XXII-688 p. (ISBN 88-7957-079-X, présentation en ligne).
  • Jean-Claude Hauc, « Cagliostro », Aventuriers et libertins au siècle des Lumières, Paris, Les Éditions de Paris, 2009, 142 p., (ISBN 9782846211246).
  • Marc Haven (alias Emmanuel Lalande), L’Évangile de Cagliostro, retrouvé, traduit du latin et publié avec une introduction du Dr Marc Haven (1910) [4]. Le livre est présenté comme un témoignage anonyme intitulé Liber memorialis de Caleostro cum esset Roboreti (Livre des faits mémorables de Cagliostro quand il vivait à Roveredo). Rééd. de Varly 2016.
  • Marc Haven (préf. Bruno Marty), Le maître inconnu : Cagliostro : étude historique et critique sur la haute magie, Paris, Dervy, , 4e éd. (1re éd. 1912, Paris, Dorbon aîné), XV-316 p. (ISBN 9782850767302).
  • Iain McCalman, Cagliostro, le dernier alchimiste (traduit de l'anglais par André Zavriew), J.-C. Lattès, Paris, 2005, 306 p. (ISBN 9782709626460).
  • Constantin Photiadès, Les Vies du comte de Cagliostro, Paris, Bernard Grasset, , 447 p.
  • Patrick Rivière, Saint-Germain et Cagliostro, De Vecchi, 2001.
  • Jean Silve de Ventavon, Cagliostro : un franc-maçon au siècle des Lumières, Éd. Didro, Courtaboeuf, 2001, 191 p. (ISBN 9782910726287), présentation en ligne.
  • Jean-Jacques Tatin-Gourier (éd.) (textes réunis et commentés), Cagliostro et l'affaire du collier : pamphlets et polémiques, Saint-Étienne, Société française d'étude du XVIIIe siècle, Publications de l'université de Saint-Étienne, coll. « Lire le dix-huitième siècle », , 162 p. (ISBN 2-86272-042-9, présentation en ligne).
  • Laure Troubetzkoy, « Le retour de Cagliostro : trois avatars de l'aventurier italien dans la littérature russe du début du XXe siècle », Revue des études slaves, t. 83 (fascicule 2-3),‎ , p. 895-906 (lire en ligne).
  • Philip Wilkin, Cagliostro : de l'Affaire du Collier aux geôles de l'Inquisition, Alleur, Marabout, coll. « Histoire et mystères », , 227 p. (ISBN 2-501-02243-2).

Articles connexes

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Liens externes

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