Denyse Dalbian : Le comte de Cagliostro. Paris, Robert Laffont, 1983, 335 p.
Une victime de l'intolérance du temps plus qu'un profiteur de victimes crédu¬ les, tel apparaît Cagliostro à la lecture d'un livre sérieux et bien documenté. L'existence de notes, l'utilisation de sources manuscrites, l'index rendent cet ouvrage plus estimable que nombre de biographies à la mode. Pas de dialogues reconstitués mais de nombreux extraits de documents à l'appui d'un récit linéaire qui démarre lorsque Cagliostro arriva à Strasbourg (automne 1780) et se clôt avec la mort du pseudo-comte à la forteresse de San-Léo en 1795. Dans la capitale alsacienne, il se lia avec le cardinal de Rohan, le malheureux héros de l'affaire du collier, dans laquelle il ne trempa nullement. Il fut néanmoins embastillé et obligé de quitter la France, bien qu'innocenté par le parlement de Paris. Durant son séjour, il avait fondé la franc-maçonnerie égyptienne, dont il était le «Grand Cophte ». L'essentiel de son succès venait de ses dons de thérapeute ; son salon ne désemplissait pas et les remèdes qu'il préconisait, à base de plantes, n'étaient sans doute ni meilleurs ni pires que ceux de la médecine officielle du temps. Réfugié en Angleterre, Cagliostro se répandit en critiques violentes contre le système judiciaire français qui l'avait mis au secret pendant 9 mois. En mai 1789, il eut l'imprudence de s'établir à Rome : sa réputation de guérisseur-charlatan-magicien, son appartenance à la franc-maçonnerie, la trahison de sa femme le firent tomber dans les griffes de l'Inquisition romaine (décembre 1789) rendue nerveuse à l'annonce des événements de France. Il mourut captif cinq ans plus tard. En grand mythomane, Cagliostro avait, à plaisir, brouillé les pistes permettant d'établir la biographie de celui qui n'était que Giuseppe Balsamo. L'ouvrage