JEAN Ehrard : L'Invention littéraire au 18e siècle : fictions , idées , société, Paris, Presses Universitaires de France, 1997, [4] + 289 p. (Coll. «Écriture ».) L'A. a eu l'heureuse idée de réunir 16 articles déjà parus dans diverses revues depuis 1980. Toutes portent sur le roman (Montesquieu, Prévost, Marivaux, Rousseau, Diderot, Rétif, Laclos, Bernardin de Saint-Pierre, Sade, Crébillon, Constant), donné, malgré le dédain dont il est l'objet à l'époque, pour le genre qui participe le plus puissamment, dans sa diversité, à l'avènement d'une nouvelle culture. Les articles retenus concernent tous de «grands » auteurs. L'introduction veut en effet, sans récuser l'étude des minores, rappeler que les grands textes sont peut-être, malgré Lanson, les plus éclairants «sur les tensions secrètes qui sont à toutes les époques la vie de la pensée et la source de toute créativité ». Il convient donc de s'attacher aux formes-sens, puisque «l'histoire des idées éclaire le sens des formes, et la nature du texte, symétriquement, conditionne la signification de son contenu ». Le roman, forme ouverte, entretient avec les Lumières un rapport privilégié que met en évidence chacune des études, dont quelques-unes, d'ailleurs, sont des classiques. Il sera donc situé dans l'histoire des idées et des mentalités autant que dans celle du goût et des procédés, des Lettres persanes à Adolphe.

Raymond Trousson