Aux Gay Games, le sport inclusif
Ouverte à toutes et à tous, la 10e édition des Gay Games, compétition sportive internationale LGBT, s’ouvre samedi 4 août à Paris. La compétition veut se distinguer en cassant les barrières dans le sport.
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Ce n’est pas souvent que s’affrontent sur un même terrain ou dans une même course hommes et femmes, jeunes comme vieux, handicapés comme valides. Il n’est pas non plus fréquent de revendiquer son orientation sexuelle ou de genre lors d’une grande compétition sportive. C’est pourtant le cas aux Gay Games, sorte de Jeux olympiques initiés par la communauté LGBT (Lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres), dont la 10e édition débute à Paris samedi 4 août.
Cette compétition, organisée tous les quatre ans dans une ville différente, à l’instar des Jeux Olympiques, a été créée en 1982 à San Francisco par le décathlonien homosexuel Tom Waddell. Pendant neuf jours, 10 300 athlètes vont s’affronter dans 36 disciplines. 300 000 spectateurs sont par ailleurs attendus pour suivre les épreuves, accessibles gratuitement pour la plupart.
Une compétition qui se veut inclusive
Contrairement à ce que le nom pourrait laisser supposer, l’événement ne se veut pas communautariste. Jusqu’au 30 juin, tout le monde pouvait s’y inscrire, sans aucun minima sportif requis. « La performance n’est pas le but ultime » dans ces jeux, explique l’anthropologue Philippe Liotard, du laboratoire sur les vulnérabilités et l’innovation dans le sport à l’Université Lyon 1.
Une rupture par rapport à la logique sportive habituelle, où seule les meilleurs s’affrontent, et où la ségrégation sportive existe, comme le rappelle le spécialiste des discriminations dans le sport : «Il y a les Jeux olympiques et les Jeux paralympiques, des catégories hommes et des catégories femmes. » « Quand vous avez 25 ans, ça n’a pas de sens de vouloir battre une personne qui en a 95, souligne l’anthropologue. Et celle-ci ne va pas non plus chercher à battre un gamin ou une gamine. » L’objectif n’est pas de gagner, mais de faire participer ensemble des personnes différentes, pour lutter contre les représentations « agistes », sexistes et racistes, présentes dans le monde sportif.
De symbole de la lutte contre les discriminations vécues par les personnes LGBT, les Gay Games se veulent donc désormais symbole de la lutte contre toutes les discriminations, comme le scande la devise de cette 10e édition : « All equals », pour « toutes et tous égaux ». Il s’agit également de faire prendre conscience la communauté LGBT de sa propre diversité. C’est la raison pour laquelle Philippe Liotard préfère parler de « mondiaux de la diversité ».
Évoluer sans crainte d’être montré du doigt
Ouverts à tous, les Gays Games prétendent offrir un environnement où tout en chacun peut évoluer sans crainte d’être montré du doigt.
Ce sentiment de sécurité est d’autant plus important pour certains athlètes, venus de pays où l’homosexualité est encore très mal perçue, illégale, voire passible de la peine de mort. À titre d’exemple, 51 athlètes viennent de Russie et 9 d’Ouganda. « Certains ne pourront pas être pris en photo ou vont utiliser un faux nom, car ils peuvent se faire emprisonner en rentrant chez eux, raconte Philippe Liotard.Quand on vit au quotidien en se cachant, en risquant des violences, d’aller en prison ou autre, c’est important de se retrouver au milieu d’autres personnes comme eux. Pour eux, c’est un espace de liberté, ils vont pouvoir se dire "je ne suis pas tout seul", et plus important encore "je ne suis pas un monstre". »
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