Fausses rumeurs

mardi 15 février 2011
par  André Laurenti

Souvent en parcourant la presse, ou bien des ouvrages sur l’histoire locale, ou tout simplement en écoutant la population, il est possible de relever des inexactitudes sur les événements sismiques du passé, ou encore d’entendre des informations totalement erronées. Cela est due à une mauvaise connaissance des événements anciens, à un manque du renouvellement de l’information sur le sujet et quelques fois à une mauvaise qualité de l’information.
Ainsi de nombreuses idées préconçues circulent et ne font qu’entretenir un climat de peur et d’inquiétude. Il me paraît indispensable de vous faire connaître ces fausses idées qui reviennent trop souvent.

Séisme de Provence 5 000 morts

Lorsque les médias évoquent la sismicité de la Côte d’Azur, ils font souvent allusion à un séisme majeur qui se serait produit en 1227 et qui aurait affecté Nice et toute la Provence faisant plus de 5 000 morts.
Cet événement a été éliminé définitivement des catalogues par les historiens. En effet, de nombreuses investigations ont permis d’identifier l’origine de cet événement.
Il s’agirait en fait, de l’éboulement majeur le 24 novembre 1248 du Mont Granier situé dans la Combe de Savoie. Plusieurs millions de mètres cubes d’éboulis se seraient détachés de la montagne et auraient écrasés et ensevelis cinq villages savoyards. Retranscrit par les moines d’alors comme l’un des plus grand cataclysme d’origine divine de l’âge médiéval, cinq paroisses disparurent sous les éboulis. Il s’agit de : Cognin, Vaurey, Saint-André, Granier et Saint-Péron. Deux autres furent partiellement touchées ; Murs vit sa chapelle complètement détruite, quant à Myans elle eut plus de chance, puisque c’est à l’endroit même où était édifiée sa chapelle, que s’arrêta l’éboulement.
D’une hauteur de 1933 mètres, la paroi du Granier domine aujourd’hui la Cluse de Chambéry. L’hypothèse d’une origine sismique a tendance à être de plus en plus écartée par les spécialistes.
Cette montagne instable a connu un nouvel effondrement le 9 janvier 2016, voir plus de détails.

Le Séisme du 20 avril 1556

Cet événement a été rapporté par de nombreux historiens tels que Gioffredo, Scaliero, Bonifacy et bien d’autres. Il s’agit probablement d’une confusion de date, il faut plutôt attribuer les faits au séisme "nissart" du 20 juillet 1564.

Destructions à Vence lors du séisme de 1818

Mes recherches historiques m’ont permis de rectifier une autre confusion à propos du tremblement de terre du 23 février 1818. Un bulletin de physique chimie de 1818 mentionne que les secousses auraient provoqué l’effondrement de quelques maisons à Vence.
Ce séisme était beaucoup trop éloigné et pas assez puissant pour causer de tels dégâts à Vence, alors que seules quelques légères fissures ont été observées à Menton. En outre, des villages tout proches de la zone épicentrale ont subi des destructions entre Alassio et San Remo en Italie. Parmi ces localités, figure un village portant le nom de Vasia. Ce dernier a enregistré le même nombre de dommage qu’à Vence. Il s’agit là certainement, d’une confusion entre Vence située en France et Vasia une commune italienne affectée réellement par le séisme de 1818.

Ville de Vence
(Photo : André Laurenti)

Le séisme ligure de 1887 a fait une vingtaine de morts à Cannes

Faux, on déplora seulement des vitres brisées et quelques murs d’habitations lézardés. Ce séisme a fait au total une dizaine de victimes sur le territoire français actuel (voir détails)

Le séisme ligure de 1887 a fait des victimes à Cuneo dans le Piemont

Faux, la presse française a annoncé que le séisme a provoqué l’effondrement de plusieurs maisons à Coni dans le Piemont, faisant 5 morts et 15 blessés. Les effets, ainsi mentionnés sont plutôt à attribuer à une localité qui porte le même nom, mais qui correspond à une fraction de la commune de Balestrino dans la province de Savona en Ligurie et donc plus proche de l’épicentre.

La catastrophe de Biot

En plein cœur du village de Biot, le 12 juin 1898, 23 personnes périrent dans l’effondrement brutal d’une maison. A l’intérieur de cette habitation 49 personnes s’étaient réunies à l’occasion des agapes d’une première communion.
Cet effondrement n’est pas lié à un événement sismique, par contre il est possible que le tremblement de terre du 23 février 1887 ajouté au vieillissement probable de l’édifice aient contribué à une fragilisation de la construction.

La place de la Catastrophe à Biot
L’emplacement de la maison a été aménagé en place publique
Une plaque commémore le tragique événement.
(Photos André Laurenti)

Nice une ville plusieurs fois détruite

La connaissance actuelle des événements sismiques historiques ne permet pas de dire que la ville de Nice a été détruite par les tremblements de terre antérieurs au XIXe siècle. Les seuls dégâts connus ont été produits par le séisme ligure du 23 février 1887.

Recrudescence de séismes.

Malgré les apparences, il est faux de dire qu’il y a une recrudescence des séismes, pas plus que d’un réveil sismique. Les catalogues actuels sont effectivement plus fournis qu’avant, mais cela provient tout simplement des appareils d’enregistrements qui sont de plus en plus sensibles, de plus en plus performants. Il ne faut pas oublier aussi que la sismicité instrumentale n’a tout juste que quelques décennies.

Une secousse tellurique peut-elle être annonciatrice d’une nouvelle plus importante ?

C’est souvent le contraire, mais il faut tout de même rester prudent, car les deux cas de figure sont possibles. Lors de la crise sismique d’Ombrie en septembre 1997 dans la région d’Assise, le premier séisme de magnitude 5.7 a été suivi le lendemain par un séisme plus fort de magnitude 5.9. Il en est de même pour le séisme du 19 juillet 1963 dont l’épicentre était situé entre la Corse et le continent. En revanche, les récents événements qui se sont produits dans les Alpes-Maritimes (1989, 1995 et 2001) ont été des secousses isolées suivies par des répliques de magnitude nettement inférieures.

Les petits séismes sont une bonne chose car ils libèrent l’énergie accumulée et évitent les gros

Faux : les spécialistes vous diront qu’il faut environ 900 séismes de magnitude 4 pour égaler l’énergie d’un séisme de magnitude 6. Par conséquent un séisme de magnitude 4 n’a que peu d’effet sur le relâchement des contraintes.

Nous sommes sur une faille

Rassurez-vous il n’y a pas de faille de San Andreas dans la région et nous sommes très loin des redoutables frontières de plaques. Dans une région donnée, à partir du moment où il y a du relief, il y a forcément des failles. Dans notre région elles sont extrêmement nombreuses, mais beaucoup ne sont pas actives. Une dizaine de segments de failles actives ont été identifiés dans la région.

La catastrophe de l’aéroport de Nice du 16 octobre 1979 liée à un séisme ?

Les habitants de la Côte ont encore en mémoire le mouvement de terrain catastrophique survenu à l’aéroport de Nice en octobre 1979 provoquant un mini raz-de-marée à Antibes. L’aéroport est situé en bordure de mer barré à l’ouest par le fleuve Var. Il a été construit en gagnant du terrain sur la mer par remblai. Le 16 octobre 1979, le fleuve Var était en cru, soudain pendant les opérations de remblayage et de compactage un glissement sous-marin de grande ampleur se produisit, faisant disparaître dans la mer une partie de l’aéroport. Au même moment, après une baisse relative du niveau de la mer, un raz de marée de plusieurs mètres submergea le littoral sur un front de 100 km environ.
Cette catastrophe causa la mort de plusieurs personnes.
Selon un rapport d’Ifremer, l’avalanche parcourut une distance très importante, en effet 3h45 et 8 heures après le glissement de terrain, deux câbles téléphoniques situés respectivement à 80 km et 110 km de Nice furent sectionnés. Ce glissement a parcouru plus de 150 km en quelques heures avant d’atteindre des profondeurs d’eau de 2600m au large de la Corse. Les études réalisées après cette catastrophe ont montré que l’avalanche avait emprunté le canyon sous-marin puis la vallée sous-marine du Var pour finalement se disperser dans la plaine abyssale ligure au pied de la pente continentale Corse.
Ce mouvement de terrain n’est absolument pas lié à un séisme aucune secousse sismique n’a été enregistrée ce jour là..

Nous sommes entourés de volcans avec le mont Agel et le mont Chauve

Faux : il s’agit là purement d’idées préconçues, voire même de légendes liées probablement à la forme conique des sommets et en haut desquels on peut observer des petites dépressions. Ces sortes de cratères sont de petites cuvettes d’effondrement circulaires, caractéristiques de la topographie karstique appelées dolines. Ces montagnes font partie de la chaîne alpine formée par plissement depuis l’Eocène, il y a 65 millions d’années. Cette lente surrection se poursuit encore de nos jours.
Toutefois, on peut observer du volcanisme ancien dans la région, avec notamment le magnifique massif de l’Esterel, le Jas de Madame à Villeneuve Loubet, la pointe Mala à Cap d’Ail, et quelques traces au Cap d’Antibes, à Tourette-sur-Loup et à Saint-Antonin.


Commentaires

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vendredi 5 décembre 2014 à 15h17 - par  moyau

vasia se situe a 10, kilometres au nord d imperia en ligurie il s agit de porto maurizio et non fort maurice l un des deux municipalite qui constituer imperia avec oneglia aujourd hui il s agit de la province d imperia

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vendredi 5 décembre 2014 à 15h05 - par  Grimaldi rose flore

Bonjour , pour mes recherches de généalogie , pouvez vous m aider a situer le village de VASIA , Province de Fort Maurice ( renseignements illisibles sur l acte de naissance de ma mère) proche peut être de SAN REMO ,
MERCI. CORDIALEMENT

GRIMALDI ROSE FLORE