Mémoire présenté par : Erwan MOREAU en vue de l'obtention du diplôme de : MASTER 2 RECHERCHE Domaine : Sciences humaines et sociales Mention : Ethnologie-Sociologie Spécialité : SOCIOLOGIE Préparé sous la direction de M. Jean Bruno...
moreMémoire présenté par :
Erwan MOREAU
en vue de l'obtention du diplôme de :
MASTER 2 RECHERCHE
Domaine : Sciences humaines et sociales
Mention : Ethnologie-Sociologie
Spécialité : SOCIOLOGIE
Préparé sous la direction de M. Jean Bruno RENARD, professeur de Sociologie
Juin 2014
Mention obtenue : très bien
Abstract (French) :
Le synonyme le plus proche du terme "monstre" est l'expression « contre-nature » (Aristote, Saint Augustin, Canguilhem, Lascault, Cuny Le Callet, Valton, etc.). Sentence paradoxale s'il en est quand on sait qu'au niveau biologique, il est entendu que rien de ce que produit la Nature ne peut voir le jour indépendamment du respect de ses lois et qu'il est le propre de l'imagination de pouvoir y créer des exceptions.
Mais parallèlement à la Nature, objet de la biologie et de la physique, se trouve une autre « nature » : la « connaissance ordinaire » (Aristote employait pour sa part le terme de « cours ordinaire », « ὡς ἐπὶ τὸ πολύ » en parlant du statut contre-nature du monstre), cette « chose que l'organisme construit dans le but de créer un ordre dans le flux de l'expérience »
Ainsi, tout monstre peut être traduit comme étant ce qui apparaît contraire à une « connaissance ordinaire », à une réalité sensible, dans son acception la plus large, c'est-à-dire orientée vers l'esthétique (le plus couramment rattaché à une vision anthropocentrée) et/ou vers l'éthique (intolérance idéologique).
Aussi par le partage des affects que met en œuvre une communauté d'esprits (religieuse, laïque, révolutionnaire, impérialiste, etc.), des éléments « contre-nature » peuvent apparaître à un niveau macrosociologique. Éléments émergeant de l'esprit gnostique et de son succédané l'esprit dogmatique, chacun ayant pour spécificité de mettre en exergue le dualisme entre bien et mal, connaissance et ignorance les entraînant ainsi vers l'ère de la déliquescence, de la décadence, en somme vers les temps eschatologiques et leurs abominations monstrueuses.
Abstract (English) :
The best synonym for the word ‘monster’ is the expression ‘unnatural’’ (Aristote, Saint Augustin, Canguilhem, Lascault, Cuny Le Callet, Valton, etc.). That is a paradoxical sentence - if any - when we know that biologically speaking nothing produced by Nature can exist regardless of the respect of its laws. It is among the characteristics of imagination to create exceptions.
But parallel to the Nature as objet of biology and physic is another kind of ‘nature’: the ‘ordinary knowledge’. (Artistote named it the ‘ordinary course’ (ὡς ἐπὶ τὸ πολύ) to mention the unnatural aspect of monster), this ‘thing that is produced by the organism to create an order within the experience’s flow’.
Then any monster can be understood as what appears in contrary to an ‘ordinary knowledge’, a ‘sensitive reality’ in every sense, that is to say aesthetics- (mostly associated to an anthropocentred vision) and/or ethicspositioned (ideological intolerance).
And the sharing of affections made by a minds’ community (religious, lay, revolutionary or imperialist, etc.) can reveal some ‘unnatural’ elements at the level of macrosociology. Elements that are emerging from the Gnostic spirit and its substitute: the dogmatic spirit. Each specifically brings out the dualism between good and evil, knowledge and ignorance that leads towards the decay, decline age - in other words towards eschatological times and their monstrous abominations.