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2021, Dossiers d'archéologie
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Dossiers d'archéologie, 2021
Sculptures de dromadaires du Camel Site (panneau 12) au clair de lune.
Espaces hostiles à l'être humain, présentant des conditions de vie extrêmement difficiles, les déserts demeurent pour beaucoup d'entre nous des espaces blancs sur la carte du monde, des contrées dont on connaît mieux les représentations, sous forme de photos, de textes, de tableaux ou de films, que les réalités physiques. Comment expliquer que ces régions si pauvres aient pu donner lieu à une figure aussi riche sur le plan de l'imaginaire ? Évoquer l'aspect démesuré de l'espace désertique ne suffit pas ; le rapport de l'être humain au désert est peut-être lié à des expériences individuelles, mais il est surtout façonné par l'environnement culturel. Les textes littéraires jouent un rôle important dans la construction et la reconnaissance de la figure du désert. J'ai choisi d'explorer cette région de l'imaginaire selon une approche qui emprunte à la fois à la sémiotique de la lecture et à la sémiotique de la culture. Je présenterai ici les grandes lignes de cette recherche, dont le but est de mieux comprendre la façon dont la figure du désert se construit au cours de la lecture. Je m'intéresse plus particulièrement à trois de ses variantes, soit l'image du nomade, de l'anachorète et du vide. Selon que le désert constitue un milieu de vie, un environnement habituel, qu'il est conçu comme un lieu privilégié pour la méditation, ou qu'il se présente avant tout comme un espace autre, inconnu, symbolisant le vide, la figuration du désert suit des voies très différentes.
L'une des singularités des déserts tient dans le fait que l'humain n'y a pas laissé de traces, si l'on excepte bien entendu les zones pétrolifères. C'est d'ailleurs pour cette raison que cet environnement est souvent perçu comme la figure du vide par excellence. Voici par exemple comment l'un des grands arpenteurs et écrivains du désert, Théodore Monod, décrit le Sahara : « Rien, le désert nu, voile d'espace, de roche, de sable et de lumière dont le vent de l'esprit se revêt pour jouer au désert et au marcheur » 1. Rien : le désert, c'est d'abord, dans l'imaginaire, l'espace du rien, un espace d'une altérité radicale inouïe, celle qui sépare l'humain du non-humain, et qui, par son atemporalité, stimule des réflexions à la fois sur le temps d'avant l'apparition de l'humain et sur l'altérité ultime : la mort. Si le Sahara, le plus grand des déserts, a d'abord été entrevu comme un « monde sans traces », c'est parce que la figure du vide a longtemps été en Occident l'angle principal par lequel on a envisagé le désert. Considéré comme un néant sur terre, cet espace sans vie nous projette mentalement et physiquement aux limites extrêmes de la condition humaine. À l'approche de la vacuité, du gouffre, de la faille, un certain vertige intellectuel nous saisit et nous fait éprouver la limite, le «bord de l'être».
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