Edited Volumes by Joan Grandjean
Elodie Bouffard, Nawel Dehina et Joan Grandjean (dir.), ARABOFUTURS. Science-fiction & nouveaux i... more Elodie Bouffard, Nawel Dehina et Joan Grandjean (dir.), ARABOFUTURS. Science-fiction & nouveaux imaginaires, cat. exp. (Paris, Institut du monde arabe, 22/4 - 27/10/24), Paris, Manuella Editions, 2024.
ARABOFUTURS invite à rentrer de plain-pied dans le monde onirique de l’anticipation arabe. Cet ouvrage ouvre la porte vers de nouvelles formes d’inconnu et témoigne de la richesse esthétique, intellectuelle et narrative de la science-fiction dans le monde arabe et ses diasporas. Il accompagne l’exposition éponyme qui présentera plus de 20 artistes vidéastes, plasticiens, performeurs, qui renouvellent les perspectives, redéfinissent les identités et cherchent à offrir des nouveaux possibles au réel.Mondialisation, modernité, écologie, migrations, genre et décolonisation sont quelques-uns des sujets de prédilection de cette scène dans laquelle les artistes utilisent des motifs de la science-fiction ou du fantastique pour remettre en cause les certitudes et les acquis. Au-delà de la présentation des œuvres exposées et de la démarche artistique de chacun, cet ouvrage est une introduction aux recherches les plus actuelles sur les créations SF et les nouvelles narrations présentes dans tous les champs de l’art et portées par les artistes de culture arabe. Des chercheurs et des universitaires francophones, anglophones et arabophones, spécialistes des sciences sociales, de linguistique, de littérature, de cinéma ou d’arts plastiques, de culture classique autant que contemporaine, ont été convié à écrire des textes qui viennent éclairer cette tendance forte et peu connue en France de l’art contemporain arabe.
Tumultes, 2023
Christophe David et Joan Grandjean (dir.), "Photographie et Politique", Tumultes, no. 60-61, Pari... more Christophe David et Joan Grandjean (dir.), "Photographie et Politique", Tumultes, no. 60-61, Paris, Éditions Kimé, 2023.
Le n°60-61 de la revue Tumultes, fondée en 1992 à l’initiative du Centre de Sociologie des Pratiques et des Représentations Politiques de l’université Paris Diderot – Paris 7, réunit plus de vingt études (d’historiens de l’art et de philosophes) et entretiens (avec des photographes comme Carrie Mae Weems, Victor Burgin ou Carole Condé et Karl Beveridge ou des auteurs.trice·s réfléchissant sur la photographie comme bell hooks ou Jacques Rancière) venant de pays, d’époques et d’horizons intellectuels différents. Ils abordent la question des rapports entre photographie et politique sous les angles les plus divers au point de constituer une véritable petite encyclopédie de la photographie politique.
Présentant la photographie comme une technique et un art capables d’« aiguillonner le monde » (Susan Sontag), ce double numéro de revue, qui vient combler un vide éditorial, propose cinq entrées :
- La photographie face à l’horreur
- Le photomontage comme arme
- L’art (politique) de lire les images (politiques)
- Le portrait est une histoire de clichés
- Autant de négations de la citoyenneté, autant d’adresses à la communauté du contrat civil photographique
On trouvera dans ce volume des photographies et une réflexion sur les rapports entre photographie et politique. Parmi les contributeurs et contributrices, certain(e)s font figure de repères autant affectifs que théoriques : Susan Sontag, Ariella Azoulay, bell hooks, John Berger, Allan Sekula, Jacques Rancière, Victor Burgin.
Sommaire
- Christophe David et Joan Grandjean : Présentation – L’aiguillon de la conscience
- John Berger : Un Jérôme de la photographie. L’appareil photo comme instrument de connaissance
- Susan Sontag : Devant la torture des autres
- Jean-Paul Engélibert : Le temps figé de Tchernobyl. La politique de Guillaume Herbaut
- Eric Gottesman : Le surréalisme humanitaire d’Omar Imam
- David Levi Strauss : Le débat sur la photographie documentaire : esthétique ou inesthétique ? ou What’s so funny about peace, love, understanding and social documentary photography ?
- Sabine Kriebel : Fabriquer le mécontentement. Le médium de masse de John Heartfield
- Philip Kuhn : Topple the Mighty. La satire politique de Leon Kuhn
- Joan Grandjean : Glaner dans la foule. Crise des poubelles au Liban, été-automne 2015
- Jonathan Long : Profusion paratextuelle. Photographie et texte dans L’ABC de la guerre de Brecht
- Allan Sekula : La photographie entre travail et capital. Lire une archive
- Photographie et politique. Entretien avec Jacques Rancière. Propos recueillis par Diletta Mansella et Patrizia Atzei
- Nicolás Sánchez Durá : Guerre, technique, photographie et humanité dans les photo-livres d’Ernst Jünger
- Art et politique : une réévaluation. Entretien avec Victor Burgin. Propos recueillis par Hilde Van Gelder
- Kaelen Wilson-Goldie : Walid Raad et l’Atlas Group
- Daniel Berndt : Un « débat » continu. A Photographic Conversation in Bourj al-Shamali Camp de yasmine eid-sabbagh
- Ariella Azoulay : L’histoire potentielle. Réfléchir sur la violence
- Stéphanie Solinas : Comment la photographie a inventé l’identité. Des pouvoirs du portrait
- Sophie Guignard :Les Masks d’Arthur Renwick. Usages politiques du visage et performativité photographique
- Guillaume Leingre : Portraitiste de France
- Christine Bergé : Épidermiques. Usages politiques du portrait close-up
- Naoko Sakokawa : Le village de carton de la gare de Shinjuku (1996-1998)
- « Quand les critiques blancs parlent d’oeuvres d’artistes noirs, c’est en mettant la race au centre ». Entretien avec Carrie Mae Weems. Propos recueillis par bell hooks
- « Notre travail est ancré dans des problématiques locales rencontrées par de vraies communautés humaines. C’est ce qui fait sens pour nous ». Entretien avec Carole Condé et Karl Beveridge. Propos recueillis par Mireille Broussous
- Arnaud Robert : Quand Paolo Woods s’exposait à Port-au-Prince
- Jo Spence : La politique de la photographie
Journal Articles by Joan Grandjean
Tumultes, 2023
"Glaner dans la foule. Crise des poubelles au Liban, été-automne 2015", Tumultes, no. 60-61, octo... more "Glaner dans la foule. Crise des poubelles au Liban, été-automne 2015", Tumultes, no. 60-61, octobre 2023, p. 116-129.
Cet article vise à analyser l’action de Jana Traboulsi dans le contexte plus large des mouvements sociaux et des revendications politiques au Liban durant la crise des poubelles en 2015. Il s’agit de présenter son engagement politique, non en tant que manifestante, mais en tant que témoin et acteur dans ces événements à travers ses photographies, en vue de mettre en lumière d’autres espaces de contestation que celui plus communément associé à la rue. Le travail et l’engagement de Jana Traboulsi illustrent la manière dont l’activisme en ligne et hors ligne interagissent à travers l’utilisation de la photographie, la manipulation d’images et les modes de représentation qui en découlent.
Marges, 2023
"DIS-GCC : une 'constellation réticulaire' sur la voûte céleste de l'art contemporain" in Emeline... more "DIS-GCC : une 'constellation réticulaire' sur la voûte céleste de l'art contemporain" in Emeline Jaret (dir.), "Art et travail", Marges, no. 37, Vincennes, Presses universitaire de Vincennes, octobre 2023, 42-55. https://doi.org/10.4000/marges.3663
Since the late 20th Century, many artists have been switching from single to collective and collaborative creation. As individual artists, they can build or strengthen their careers thanks to a networking strategy. This study focuses on the history of DIS and GCC collectives: their connection and their approach of work in contemporary art.
Depuis la fin du 20e siècle, les artistes ont tendance à basculer vers le collectif pour se regrouper dans le cadre de collaborations ponctuelles, sur le mode de la mise en réseaux, afin de construire ou de consolider le parcours professionnel des individualités qui les composent. Cette étude s'intéresse plus particulièrement aux histoires des collectifs DIS et GCC : des liens qui les unissent sans omettre le rapport particulier que ces deux initiatives entretiennent avec la notion de travail
Horizons Maghrébins, 2022
in Laure ASSAF, Mariangela GASPAROTTO et Marion SLITINE (eds.), « Demain, le printemps : Pratique... more in Laure ASSAF, Mariangela GASPAROTTO et Marion SLITINE (eds.), « Demain, le printemps : Pratiques d’imagination et d’anticipation dans le monde arabe », Horizons Maghrébins, Presses universitaires du Midi – Université Toulouse Jean Jaurès, 35e année, n° 80, pp. 142-155.
En renouvelant l’approche des sujets de l’art contemporain arabe, le Gulf Futurism (futurisme du Golfe) devient un espace symbolique dans la carrière internationale des artistes Sophia al-Maria et Fatima al-Qadiri. Cette esthétique est caractérisée par l’adaptation des cultures de l’imaginaire qui permet d’intégrer des éléments science-fictionnels afin d’adapter le sujet représenté dans le cadre de l’anticipation, de la spéculation, ou de le faire se mouvoir dans un champ iconographique futuriste. L’ambition de cette étude est de comprendre les différentes composantes de ce phénomène artistique et de contextualiser les étapes majeures de son apparition (œuvres, textes, événements et transferts qui le définissent) dans les mondes de l’art contemporain mondialisés ainsi que ceux du golfe arabo-persique.
Chapters in book by Joan Grandjean
ReFocus: The Films of Jocelyne Saab Films, Artworks and Cultural Events for the Arab World, 2021
in Mathilde Rouxel and Stephanie Van de Peer (eds.), The Films of Jocelyne Saab Films, Artworks a... more in Mathilde Rouxel and Stephanie Van de Peer (eds.), The Films of Jocelyne Saab Films, Artworks and Cultural Events for the Arab World, Edinburgh, Edinburgh University Press, series "ReFocus: The International Directors Series", 2021, 51-69.
or https://www.jstor.org/stable/10.3366/j.ctv1vtz8c3.9.
Introduction excerpt:
Jocelyne Saab (1948–2019) has worn more than one hat in her life. She has not been just a pioneer of the New Lebanese Cinema. It is as an inherent part of the global art world that her entire photographic and cinematographic oeuvre as well as her work as a cultural agent and her new media artistic creation must be reflected upon. Saab adopts an approach that favours the construction of an image, where testimony and discourse can be revealed, at the crossroads of territories and disciplines. An attitude towards representation of the event, the official history and the archive has dominated the Western contemporary arts discipline at the end of the twentieth century and the beginning of the twenty-first century.
Commonly known as the ‘artist as historian’ (Godfrey 2007), this attitude refers to artists whose practices examine historical documents or subjects that have been overlooked, or who have undertaken archival research, using installation, film, video or photography to shape their investigations. Saab adopted this working method from her first reports in the 1970s, before it permeated her multimedia artistic production in the 2000s. Her whole production has been characterised by the development of an artistic and multimedia approach to the documentary genre. In this sense, she is considered to be a leading figure in Lebanon and in the Arab world. It should be emphasised how much this attitude influenced the development of Lebanese post-war artworks made by a generation of artists, such as Walid Raad, Akram Zaatari, Jayce Salloum, Lamia Joreige, Joana Hadjithomas and Khalil Joreige, who have put memory and the public act of remembrance at the heart of their concerns (Chabrol 2010; Elias 2018), while at the same time working to ‘(re)contextualise’ (Berndt 2018) the historical sources and subjects of the narrative. Photography, video and film constitute privileged fields of this aesthetic because of their ontological and editing process. Furthermore, the interest in social policies, research and their integration into the creative process pushes Saab to raise other questions about creation, to attempt another materialisation of thoughts in order to cultivate the artistic fabric of personal and collective memory.
I have been granted access to the artist’s digital archives composed of image files of her artworks, texts and PDF documents (drafts, grant application letters, memoranda of intent, press releases and articles, exchanges with institutions, invoices, artwork presentations, etc.). After she passed, Saab’s son Nessim Ricardou-Saab had to deal with all the archive material. To this end, he co-created the Association of Jocelyne Saab’s Friends in order to preserve and to make accessible her works and this material. Therefore, this study is based on Saab’s archives, numerous publications and research on Saab’s film and documentary production. From this material, this study describes under which circumstances Saab’s contemporary art and her work as a cultural agent were activities she developed at the end of her life. In addition, it highlights the construction and continuum of Saab’s image in her contemporary artistic creation when she operated a media transition.
This study begins by describing Saab’s first detour in contemporary art as an alternative way of constructing an image and its context of creation with her art installation Strange Games and Bridges (2007) and the photographic series Sense, Icons and Sensitivity (2007). Then I will get into the latter part of her life, when she favoured the video medium (documentary video series Gender Café, 2013; video Imaginary Postcard, 2016; and multimedia art installation One Dollar a Day, 2016), a time when she was an active cultural agent too, and created the Cultural Resistance International Film Festival of Lebanon (CRIFFL) and the Lebanese International Biennale for Cinema and the Arts (BLICA). Although this study adopts a chronological framework, its aim is to understand the latter part of Saab’s life and to analyse her construction of images as a creator and a cultural agent.
Conference Proceedings by Joan Grandjean
Actes du colloque "Espaces Imaginés" du Laboratoire des Imaginaires, 2021
"Les espaces réimaginés de la science-fiction dans l’art contemporain arabe", in Le Laboratoire d... more "Les espaces réimaginés de la science-fiction dans l’art contemporain arabe", in Le Laboratoire des Imaginaires (dir.), Espaces Imaginés. Actes de colloque 2020 du Laboratoire des Imaginaires, Rennes, Laboratoire des Imaginaires, 2021, pp. 23-45.
également disponible en ligne sur le carnet Hypothèses du Laboratoire des Imaginaires : https://laboimaginr2.hypotheses.org/19
Femmes engagées dans l’espace euro-méditerranéen. Mise en récit(s), mise en image(s), Nancy, Presses Universitaires de Lorraine, coll. "Visibilité, Médiatisation, Interculturalité", pp. 153-165, 2021
Depuis le début du XXIe siècle, une esthétique futuriste arabe est apparue dans certaines product... more Depuis le début du XXIe siècle, une esthétique futuriste arabe est apparue dans certaines productions artistiques. Ces visions du futur se rejoignent pour former un discours critique à l’égard d’une réalité déconcertante au sein de l’espace géoculturel arabe. À l’aune de ces différentes représentations, une forte production est l’œuvre d’artistes femmes qui font valoir certains points, ou se mettent en avant, afin d’imaginer d’autres mondes. Dans plusieurs œuvres de Larissa Sansour par exemple, se déploie une esthétique populaire de l’Occident, qu’elle adapte en faveur du contexte palestinien, où des super-héroïnes et des aventurières intrépides sont mises en scène. Moufida Fedhila revêt le costume de Super-Tunisian à l’occasion de performances dans la sphère publique, quatre mois après la chute du président Ben Ali et le début des contestations populaires générées par un des « Printemps arabe », pour décider de l’avenir politique tunisien. Depuis le début de sa carrière, les créations de Sophia al-Maria n’ont eu de cesse de faire évoluer les femmes au sein d’univers dystopiques, non seulement pour évoquer leur condition dans les États arabes du golfe Persique mais également pour pointer du doigt les effets qu’ont eu les régimes autoritaires sur les sociétés.
Durant cette étude, nous analyserons leurs discours futuristes, que ce soit par le biais de l’anticipation, la spéculation, ou lors de l’utilisation d’un champ iconographique futuriste. Nous nous intéresserons à la manière dont ces « futurismes arabes » ne cherchent plus seulement à montrer les pays de l’aire arabe tels qu’ils sont, mais à formuler des propositions de ce qu’ils pourraient devenir, pour le meilleur comme pour le pire.
Si Larissa Sansour, Moufida Fedhila et Sophia al-Maria sont originaires de pays très différents (Palestine, Tunisie, Qatar), les thèmes futuristes qu’elles abordent permettent de dépasser l’apanage du géopolitique, de l’étude des conflits et des sociétés contemporaines afin de formuler une analyse critique synchronique. Ainsi, en bouleversant les considérations qui ont pu être émises sur le « monde arabe », le réalisme spéculatif de leurs productions artistiques réintroduit la voix des populations concernées tout en donnant une analyse lucide de la situation de la région.
Texts in Exhibition catalog by Joan Grandjean
ARABOFUTURS. Science-fiction & nouveaux imaginaires, 2024
dans Elodie Bouffard, Nawel Dehina et Joan Grandjean (dir.), ARABOFUTURS. Science-fiction & nouve... more dans Elodie Bouffard, Nawel Dehina et Joan Grandjean (dir.), ARABOFUTURS. Science-fiction & nouveaux imaginaires, cat. exp. (Paris, Institut du monde arabe, 22/4 - 27/10/24), Paris, Manuella Editions, 2024, p. 77-83.
ARABOFUTURS invite à rentrer de plain-pied dans le monde onirique de l’anticipation arabe. Cet ouvrage ouvre la porte vers de nouvelles formes d’inconnu et témoigne de la richesse esthétique, intellectuelle et narrative de la science-fiction dans le monde arabe et ses diasporas. Il accompagne l’exposition éponyme qui présentera plus de 20 artistes vidéastes, plasticiens, performeurs, qui renouvellent les perspectives, redéfinissent les identités et cherchent à offrir des nouveaux possibles au réel.Mondialisation, modernité, écologie, migrations, genre et décolonisation sont quelques-uns des sujets de prédilection de cette scène dans laquelle les artistes utilisent des motifs de la science-fiction ou du fantastique pour remettre en cause les certitudes et les acquis. Au-delà de la présentation des œuvres exposées et de la démarche artistique de chacun, cet ouvrage est une introduction aux recherches les plus actuelles sur les créations SF et les nouvelles narrations présentes dans tous les champs de l’art et portées par les artistes de culture arabe. Des chercheurs et des universitaires francophones, anglophones et arabophones, spécialistes des sciences sociales, de linguistique, de littérature, de cinéma ou d’arts plastiques, de culture classique autant que contemporaine, ont été convié à écrire des textes qui viennent éclairer cette tendance forte et peu connue en France de l’art contemporain arabe.
Una linea storta tesa, 2023
in “Una linea storta tesa”, cat. exp. (Rome, Villa Medici, 9.6 - 6.8.23), Rome, Académie de Fran... more in “Una linea storta tesa”, cat. exp. (Rome, Villa Medici, 9.6 - 6.8.23), Rome, Académie de France à Rome, Villa Médicis, 2023, pp. 32-41.
Né en 1991, l’artiste franco-marocain Mounir Ayache invite à renouveler notre regard sur les réalités politiques et sociales du monde arabe par ses créations technologiques. En reprenant les codes de la science-fiction auxquels il mêle histoires familiales et réappropriation imaginaire des expériences et identités arabes, il s’inscrit dans le courant non-officiel de l’Arab Futurism, influencé par l’afro-futurisme des années 1990, qui s’inspire de la fiction pour proposer des récits alternatifs. Mounir Ayache singe les représentations de l’Autre et de l’Étranger dans les fictions occidentales et se sert des nouvelles technologies pour réaliser et transmettre ses idées, brouillant ainsi les frontières entre art contemporain et entertainment. Son projet de résidence s’articule autour du personnage d’Hassan al-Wazzan (1494-1555) devenu Jean-Léon de Médicis sous le pape Léon X, dit « Léon l’Africain », personnage principal du roman portant son nom écrit par Amin Maalouf en 1986. Il rédige en 1525, à la demande du pape, « La Cosmographia de l’Affrica », qui servira de référence pour décrire l’Afrique subsaharienne et l’Afrique du Nord, et nourrira l’imaginaire européen pour qui cette région est inconnue. En se fondant sur le manuscrit de 1525, son travail d’écriture consiste à créer un récit de science-fiction qui se déroule en 2500, et où le personnage principal inspiré d’Hassan al-Wazzan raconte les échanges entre l’Europe/et l’Afrique, convoquant des problématiques géopolitiques et écologiques fictionnelles en lien avec la ville de Rome. Ce récit donne lieu à la production d’une installation composée de dioramas, tirages photographique et sculptures en dialogue avec un dispositif de réalité augmentée.
Reviews by Joan Grandjean
L'Élaborée, 2024
À la fois critique sociale mordante et humoristique, le récit initiatique de Makan Fofana s'expri... more À la fois critique sociale mordante et humoristique, le récit initiatique de Makan Fofana s'exprime à travers des envolées poétiques et spéculatives du design fiction afin d'inviter chacun de ses lecteurs à dépasser l'ère classique de la "crise des banlieues" et atteindre une période de prospérité et de bonheur. En utilisant le terme "turfu" popularisé par Booba, Makan Fofana retrace son parcours et encourage son lecteur à fusionner des mondes variés, depuis la magie de J.K. Rowling jusqu'à la culture du quartier, en passant par le cinéma et les grands mythes fondateurs de la banlieue.
Journal of Arabian Studies, 2023
Iridescent Kuwait: Petro-Modernity and Urban Visual Culture since the Mid-Twentieth Century. LAUR... more Iridescent Kuwait: Petro-Modernity and Urban Visual Culture since the Mid-Twentieth Century. LAURA HINDELANG, (Berlin: De Gruyter, 2022), 261 pages; paperback €39.00, open access publication: https://doi.org/10.1515/9783110714739.
ESPACE art actuel, 2022
Exhibition review of the 17th edition of the Biennale de l’Image en Mouvement at the Centre d'Art... more Exhibition review of the 17th edition of the Biennale de l’Image en Mouvement at the Centre d'Art Contemporain Genève, Switzerland. Entitled "A Goodbye Letter, a Love Call, a Wake-Up Song", it was co-curated by the collaborative DIS and Centre’s director, Andrea Bellini.
12.11.21–20.02.22
More information here: https://bim21.ch
ESPACE art actuel n°131, été 2022, p. 82-87.
MOSF Journal of Science Fiction, 2021
Book Review: Jörg Matthias Determann
Islam, Science Fiction and Extraterrestrial Life:
The Cult... more Book Review: Jörg Matthias Determann
Islam, Science Fiction and Extraterrestrial Life:
The Culture of Astrobiology in the Muslim World
Reviewed by: Joan Grandjean
MOSF Journal of Science Fiction, Volume 4, Number 2, February 8 2021, ISSN 2474-0837
Access the entire issue through this link: https://publish.lib.umd.edu/?journal=scifi&page=index
Humanités Spatiales, 2020
Book Review of Space Science and the Arab World. Astronauts, Observatories and Nationalism in the... more Book Review of Space Science and the Arab World. Astronauts, Observatories and Nationalism in the Middle East. Jörg Matthias Determann's book is based on several years of academic research devoted to the writing of a transnational history of Arab space sciences. His book provides a new approach to the study of economic interaction systems and their relationship with globalization.
https://humanites-spatiales.fr/le-monde-arabe-et-la-science-spatiale/
Recension de Space Science and the Arab World. Astronauts, Observatories and Nationalism in the Middle East. L'ouvrage de Jörg Matthias Determann est le fruit de plusieurs années d’une recherche académique consacrée à l’écriture d’une histoire transnationale des sciences spatiales arabes qui constitue un angle inédit d’approche dans l’étude des systèmes d’interaction économique et le rapport qu’ils entretiennent avec la mondialisation.
https://humanites-spatiales.fr/le-monde-arabe-et-la-science-spatiale/
Manazir's Academic Blog: Swiss Platform for the Study of Visual Arts, Architecture and Heritage in the MENA Region, 2020
Review of the exhibition "Serpent Dream" by French artist Tarek Lakhrissi which took place at Zab... more Review of the exhibition "Serpent Dream" by French artist Tarek Lakhrissi which took place at Zabriskie Point, a Geneva art centre in the public space. "Serpent Dream" is the second solo exhibition of Lakhrissi who decided to focus on interaction with the public through a multimedia installation. Link to the review : [https://www.manazir.art/blog/lakhrissi-grandjean/]
Review of the Etel Adnan symposium "The Arab Apocalypse”: Art, Abstraction and Activism in the Mi... more Review of the Etel Adnan symposium "The Arab Apocalypse”: Art, Abstraction and Activism in the Middle East" organized by Professors Nadia Radwan and Silvia Naef in the framework of the exhibition "Etel Adnan" at Center Paul Klee in Bern.
Published in : Manazir, Issue 1, Autumn 2019: The Arab Apocalypse. Art, Abstraction & Activism in the Middle East.
The full publication can be downloaded @https://bop.unibe.ch/manazir
ESPACE art actuel, 2019
Compte-rendu de l'exposition Caméléon Club de Tarek Lakhrissi exposée à La Galerie CAC Noisy-le-S... more Compte-rendu de l'exposition Caméléon Club de Tarek Lakhrissi exposée à La Galerie CAC Noisy-le-Sec, du 2/02 au 30/03/19.
Review of Centre Pompidou's exhibition on the Egypt based surrealist Art and Liberty group. Acces... more Review of Centre Pompidou's exhibition on the Egypt based surrealist Art and Liberty group. Accessible via the Website of ARVIMM in French. An English abstract is available via my blog https://mrlnslzbrg.wordpress.com/
Part of a report on the École d'automne/autumn-school on curatorial practices in the Middle East co organised by the University of Geneva, ARVIMM, BULAC, Centre Pompidou and EHESS.
Cette deuxième journée de l’École d’Automne a été consacrée aux pratiques curatoriales pour examiner la façon dont l’exposition est pensée, selon une conception occidentale ou non. La première partie de la journée a commencé par la visite de l’exposition Art et Liberté : Rupture, Guerre et Surréalisme en Égypte (1938-1948), au Centre Pompidou, Musée national d’art moderne, à Paris et a été commentée par Catherine David. Elle s’est poursuivie l’après-midi par un workshop autour des questions soulevées par l’exposition et de la lecture de textes portant sur les pratiques curatoriales. Cette discussion avec Catherine David a permis d’évoquer la position des musées d’art moderne dans un contexte mondial, la constitution des collections par rapport au budget d’acquisition et la présentation des œuvres.
Biographies by Joan Grandjean
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Edited Volumes by Joan Grandjean
ARABOFUTURS invite à rentrer de plain-pied dans le monde onirique de l’anticipation arabe. Cet ouvrage ouvre la porte vers de nouvelles formes d’inconnu et témoigne de la richesse esthétique, intellectuelle et narrative de la science-fiction dans le monde arabe et ses diasporas. Il accompagne l’exposition éponyme qui présentera plus de 20 artistes vidéastes, plasticiens, performeurs, qui renouvellent les perspectives, redéfinissent les identités et cherchent à offrir des nouveaux possibles au réel.Mondialisation, modernité, écologie, migrations, genre et décolonisation sont quelques-uns des sujets de prédilection de cette scène dans laquelle les artistes utilisent des motifs de la science-fiction ou du fantastique pour remettre en cause les certitudes et les acquis. Au-delà de la présentation des œuvres exposées et de la démarche artistique de chacun, cet ouvrage est une introduction aux recherches les plus actuelles sur les créations SF et les nouvelles narrations présentes dans tous les champs de l’art et portées par les artistes de culture arabe. Des chercheurs et des universitaires francophones, anglophones et arabophones, spécialistes des sciences sociales, de linguistique, de littérature, de cinéma ou d’arts plastiques, de culture classique autant que contemporaine, ont été convié à écrire des textes qui viennent éclairer cette tendance forte et peu connue en France de l’art contemporain arabe.
Le n°60-61 de la revue Tumultes, fondée en 1992 à l’initiative du Centre de Sociologie des Pratiques et des Représentations Politiques de l’université Paris Diderot – Paris 7, réunit plus de vingt études (d’historiens de l’art et de philosophes) et entretiens (avec des photographes comme Carrie Mae Weems, Victor Burgin ou Carole Condé et Karl Beveridge ou des auteurs.trice·s réfléchissant sur la photographie comme bell hooks ou Jacques Rancière) venant de pays, d’époques et d’horizons intellectuels différents. Ils abordent la question des rapports entre photographie et politique sous les angles les plus divers au point de constituer une véritable petite encyclopédie de la photographie politique.
Présentant la photographie comme une technique et un art capables d’« aiguillonner le monde » (Susan Sontag), ce double numéro de revue, qui vient combler un vide éditorial, propose cinq entrées :
- La photographie face à l’horreur
- Le photomontage comme arme
- L’art (politique) de lire les images (politiques)
- Le portrait est une histoire de clichés
- Autant de négations de la citoyenneté, autant d’adresses à la communauté du contrat civil photographique
On trouvera dans ce volume des photographies et une réflexion sur les rapports entre photographie et politique. Parmi les contributeurs et contributrices, certain(e)s font figure de repères autant affectifs que théoriques : Susan Sontag, Ariella Azoulay, bell hooks, John Berger, Allan Sekula, Jacques Rancière, Victor Burgin.
Sommaire
- Christophe David et Joan Grandjean : Présentation – L’aiguillon de la conscience
- John Berger : Un Jérôme de la photographie. L’appareil photo comme instrument de connaissance
- Susan Sontag : Devant la torture des autres
- Jean-Paul Engélibert : Le temps figé de Tchernobyl. La politique de Guillaume Herbaut
- Eric Gottesman : Le surréalisme humanitaire d’Omar Imam
- David Levi Strauss : Le débat sur la photographie documentaire : esthétique ou inesthétique ? ou What’s so funny about peace, love, understanding and social documentary photography ?
- Sabine Kriebel : Fabriquer le mécontentement. Le médium de masse de John Heartfield
- Philip Kuhn : Topple the Mighty. La satire politique de Leon Kuhn
- Joan Grandjean : Glaner dans la foule. Crise des poubelles au Liban, été-automne 2015
- Jonathan Long : Profusion paratextuelle. Photographie et texte dans L’ABC de la guerre de Brecht
- Allan Sekula : La photographie entre travail et capital. Lire une archive
- Photographie et politique. Entretien avec Jacques Rancière. Propos recueillis par Diletta Mansella et Patrizia Atzei
- Nicolás Sánchez Durá : Guerre, technique, photographie et humanité dans les photo-livres d’Ernst Jünger
- Art et politique : une réévaluation. Entretien avec Victor Burgin. Propos recueillis par Hilde Van Gelder
- Kaelen Wilson-Goldie : Walid Raad et l’Atlas Group
- Daniel Berndt : Un « débat » continu. A Photographic Conversation in Bourj al-Shamali Camp de yasmine eid-sabbagh
- Ariella Azoulay : L’histoire potentielle. Réfléchir sur la violence
- Stéphanie Solinas : Comment la photographie a inventé l’identité. Des pouvoirs du portrait
- Sophie Guignard :Les Masks d’Arthur Renwick. Usages politiques du visage et performativité photographique
- Guillaume Leingre : Portraitiste de France
- Christine Bergé : Épidermiques. Usages politiques du portrait close-up
- Naoko Sakokawa : Le village de carton de la gare de Shinjuku (1996-1998)
- « Quand les critiques blancs parlent d’oeuvres d’artistes noirs, c’est en mettant la race au centre ». Entretien avec Carrie Mae Weems. Propos recueillis par bell hooks
- « Notre travail est ancré dans des problématiques locales rencontrées par de vraies communautés humaines. C’est ce qui fait sens pour nous ». Entretien avec Carole Condé et Karl Beveridge. Propos recueillis par Mireille Broussous
- Arnaud Robert : Quand Paolo Woods s’exposait à Port-au-Prince
- Jo Spence : La politique de la photographie
Journal Articles by Joan Grandjean
Cet article vise à analyser l’action de Jana Traboulsi dans le contexte plus large des mouvements sociaux et des revendications politiques au Liban durant la crise des poubelles en 2015. Il s’agit de présenter son engagement politique, non en tant que manifestante, mais en tant que témoin et acteur dans ces événements à travers ses photographies, en vue de mettre en lumière d’autres espaces de contestation que celui plus communément associé à la rue. Le travail et l’engagement de Jana Traboulsi illustrent la manière dont l’activisme en ligne et hors ligne interagissent à travers l’utilisation de la photographie, la manipulation d’images et les modes de représentation qui en découlent.
Since the late 20th Century, many artists have been switching from single to collective and collaborative creation. As individual artists, they can build or strengthen their careers thanks to a networking strategy. This study focuses on the history of DIS and GCC collectives: their connection and their approach of work in contemporary art.
Depuis la fin du 20e siècle, les artistes ont tendance à basculer vers le collectif pour se regrouper dans le cadre de collaborations ponctuelles, sur le mode de la mise en réseaux, afin de construire ou de consolider le parcours professionnel des individualités qui les composent. Cette étude s'intéresse plus particulièrement aux histoires des collectifs DIS et GCC : des liens qui les unissent sans omettre le rapport particulier que ces deux initiatives entretiennent avec la notion de travail
En renouvelant l’approche des sujets de l’art contemporain arabe, le Gulf Futurism (futurisme du Golfe) devient un espace symbolique dans la carrière internationale des artistes Sophia al-Maria et Fatima al-Qadiri. Cette esthétique est caractérisée par l’adaptation des cultures de l’imaginaire qui permet d’intégrer des éléments science-fictionnels afin d’adapter le sujet représenté dans le cadre de l’anticipation, de la spéculation, ou de le faire se mouvoir dans un champ iconographique futuriste. L’ambition de cette étude est de comprendre les différentes composantes de ce phénomène artistique et de contextualiser les étapes majeures de son apparition (œuvres, textes, événements et transferts qui le définissent) dans les mondes de l’art contemporain mondialisés ainsi que ceux du golfe arabo-persique.
Chapters in book by Joan Grandjean
or https://www.jstor.org/stable/10.3366/j.ctv1vtz8c3.9.
Introduction excerpt:
Jocelyne Saab (1948–2019) has worn more than one hat in her life. She has not been just a pioneer of the New Lebanese Cinema. It is as an inherent part of the global art world that her entire photographic and cinematographic oeuvre as well as her work as a cultural agent and her new media artistic creation must be reflected upon. Saab adopts an approach that favours the construction of an image, where testimony and discourse can be revealed, at the crossroads of territories and disciplines. An attitude towards representation of the event, the official history and the archive has dominated the Western contemporary arts discipline at the end of the twentieth century and the beginning of the twenty-first century.
Commonly known as the ‘artist as historian’ (Godfrey 2007), this attitude refers to artists whose practices examine historical documents or subjects that have been overlooked, or who have undertaken archival research, using installation, film, video or photography to shape their investigations. Saab adopted this working method from her first reports in the 1970s, before it permeated her multimedia artistic production in the 2000s. Her whole production has been characterised by the development of an artistic and multimedia approach to the documentary genre. In this sense, she is considered to be a leading figure in Lebanon and in the Arab world. It should be emphasised how much this attitude influenced the development of Lebanese post-war artworks made by a generation of artists, such as Walid Raad, Akram Zaatari, Jayce Salloum, Lamia Joreige, Joana Hadjithomas and Khalil Joreige, who have put memory and the public act of remembrance at the heart of their concerns (Chabrol 2010; Elias 2018), while at the same time working to ‘(re)contextualise’ (Berndt 2018) the historical sources and subjects of the narrative. Photography, video and film constitute privileged fields of this aesthetic because of their ontological and editing process. Furthermore, the interest in social policies, research and their integration into the creative process pushes Saab to raise other questions about creation, to attempt another materialisation of thoughts in order to cultivate the artistic fabric of personal and collective memory.
I have been granted access to the artist’s digital archives composed of image files of her artworks, texts and PDF documents (drafts, grant application letters, memoranda of intent, press releases and articles, exchanges with institutions, invoices, artwork presentations, etc.). After she passed, Saab’s son Nessim Ricardou-Saab had to deal with all the archive material. To this end, he co-created the Association of Jocelyne Saab’s Friends in order to preserve and to make accessible her works and this material. Therefore, this study is based on Saab’s archives, numerous publications and research on Saab’s film and documentary production. From this material, this study describes under which circumstances Saab’s contemporary art and her work as a cultural agent were activities she developed at the end of her life. In addition, it highlights the construction and continuum of Saab’s image in her contemporary artistic creation when she operated a media transition.
This study begins by describing Saab’s first detour in contemporary art as an alternative way of constructing an image and its context of creation with her art installation Strange Games and Bridges (2007) and the photographic series Sense, Icons and Sensitivity (2007). Then I will get into the latter part of her life, when she favoured the video medium (documentary video series Gender Café, 2013; video Imaginary Postcard, 2016; and multimedia art installation One Dollar a Day, 2016), a time when she was an active cultural agent too, and created the Cultural Resistance International Film Festival of Lebanon (CRIFFL) and the Lebanese International Biennale for Cinema and the Arts (BLICA). Although this study adopts a chronological framework, its aim is to understand the latter part of Saab’s life and to analyse her construction of images as a creator and a cultural agent.
Conference Proceedings by Joan Grandjean
également disponible en ligne sur le carnet Hypothèses du Laboratoire des Imaginaires : https://laboimaginr2.hypotheses.org/19
Durant cette étude, nous analyserons leurs discours futuristes, que ce soit par le biais de l’anticipation, la spéculation, ou lors de l’utilisation d’un champ iconographique futuriste. Nous nous intéresserons à la manière dont ces « futurismes arabes » ne cherchent plus seulement à montrer les pays de l’aire arabe tels qu’ils sont, mais à formuler des propositions de ce qu’ils pourraient devenir, pour le meilleur comme pour le pire.
Si Larissa Sansour, Moufida Fedhila et Sophia al-Maria sont originaires de pays très différents (Palestine, Tunisie, Qatar), les thèmes futuristes qu’elles abordent permettent de dépasser l’apanage du géopolitique, de l’étude des conflits et des sociétés contemporaines afin de formuler une analyse critique synchronique. Ainsi, en bouleversant les considérations qui ont pu être émises sur le « monde arabe », le réalisme spéculatif de leurs productions artistiques réintroduit la voix des populations concernées tout en donnant une analyse lucide de la situation de la région.
Texts in Exhibition catalog by Joan Grandjean
ARABOFUTURS invite à rentrer de plain-pied dans le monde onirique de l’anticipation arabe. Cet ouvrage ouvre la porte vers de nouvelles formes d’inconnu et témoigne de la richesse esthétique, intellectuelle et narrative de la science-fiction dans le monde arabe et ses diasporas. Il accompagne l’exposition éponyme qui présentera plus de 20 artistes vidéastes, plasticiens, performeurs, qui renouvellent les perspectives, redéfinissent les identités et cherchent à offrir des nouveaux possibles au réel.Mondialisation, modernité, écologie, migrations, genre et décolonisation sont quelques-uns des sujets de prédilection de cette scène dans laquelle les artistes utilisent des motifs de la science-fiction ou du fantastique pour remettre en cause les certitudes et les acquis. Au-delà de la présentation des œuvres exposées et de la démarche artistique de chacun, cet ouvrage est une introduction aux recherches les plus actuelles sur les créations SF et les nouvelles narrations présentes dans tous les champs de l’art et portées par les artistes de culture arabe. Des chercheurs et des universitaires francophones, anglophones et arabophones, spécialistes des sciences sociales, de linguistique, de littérature, de cinéma ou d’arts plastiques, de culture classique autant que contemporaine, ont été convié à écrire des textes qui viennent éclairer cette tendance forte et peu connue en France de l’art contemporain arabe.
Né en 1991, l’artiste franco-marocain Mounir Ayache invite à renouveler notre regard sur les réalités politiques et sociales du monde arabe par ses créations technologiques. En reprenant les codes de la science-fiction auxquels il mêle histoires familiales et réappropriation imaginaire des expériences et identités arabes, il s’inscrit dans le courant non-officiel de l’Arab Futurism, influencé par l’afro-futurisme des années 1990, qui s’inspire de la fiction pour proposer des récits alternatifs. Mounir Ayache singe les représentations de l’Autre et de l’Étranger dans les fictions occidentales et se sert des nouvelles technologies pour réaliser et transmettre ses idées, brouillant ainsi les frontières entre art contemporain et entertainment. Son projet de résidence s’articule autour du personnage d’Hassan al-Wazzan (1494-1555) devenu Jean-Léon de Médicis sous le pape Léon X, dit « Léon l’Africain », personnage principal du roman portant son nom écrit par Amin Maalouf en 1986. Il rédige en 1525, à la demande du pape, « La Cosmographia de l’Affrica », qui servira de référence pour décrire l’Afrique subsaharienne et l’Afrique du Nord, et nourrira l’imaginaire européen pour qui cette région est inconnue. En se fondant sur le manuscrit de 1525, son travail d’écriture consiste à créer un récit de science-fiction qui se déroule en 2500, et où le personnage principal inspiré d’Hassan al-Wazzan raconte les échanges entre l’Europe/et l’Afrique, convoquant des problématiques géopolitiques et écologiques fictionnelles en lien avec la ville de Rome. Ce récit donne lieu à la production d’une installation composée de dioramas, tirages photographique et sculptures en dialogue avec un dispositif de réalité augmentée.
Reviews by Joan Grandjean
12.11.21–20.02.22
More information here: https://bim21.ch
ESPACE art actuel n°131, été 2022, p. 82-87.
Islam, Science Fiction and Extraterrestrial Life:
The Culture of Astrobiology in the Muslim World
Reviewed by: Joan Grandjean
MOSF Journal of Science Fiction, Volume 4, Number 2, February 8 2021, ISSN 2474-0837
Access the entire issue through this link: https://publish.lib.umd.edu/?journal=scifi&page=index
https://humanites-spatiales.fr/le-monde-arabe-et-la-science-spatiale/
Recension de Space Science and the Arab World. Astronauts, Observatories and Nationalism in the Middle East. L'ouvrage de Jörg Matthias Determann est le fruit de plusieurs années d’une recherche académique consacrée à l’écriture d’une histoire transnationale des sciences spatiales arabes qui constitue un angle inédit d’approche dans l’étude des systèmes d’interaction économique et le rapport qu’ils entretiennent avec la mondialisation.
https://humanites-spatiales.fr/le-monde-arabe-et-la-science-spatiale/
Published in : Manazir, Issue 1, Autumn 2019: The Arab Apocalypse. Art, Abstraction & Activism in the Middle East.
The full publication can be downloaded @https://bop.unibe.ch/manazir
Part of a report on the École d'automne/autumn-school on curatorial practices in the Middle East co organised by the University of Geneva, ARVIMM, BULAC, Centre Pompidou and EHESS.
Cette deuxième journée de l’École d’Automne a été consacrée aux pratiques curatoriales pour examiner la façon dont l’exposition est pensée, selon une conception occidentale ou non. La première partie de la journée a commencé par la visite de l’exposition Art et Liberté : Rupture, Guerre et Surréalisme en Égypte (1938-1948), au Centre Pompidou, Musée national d’art moderne, à Paris et a été commentée par Catherine David. Elle s’est poursuivie l’après-midi par un workshop autour des questions soulevées par l’exposition et de la lecture de textes portant sur les pratiques curatoriales. Cette discussion avec Catherine David a permis d’évoquer la position des musées d’art moderne dans un contexte mondial, la constitution des collections par rapport au budget d’acquisition et la présentation des œuvres.
Biographies by Joan Grandjean
AWARE - Archive of Women Artists Research and Exhibitions, 2023
EN: https://awarewomenartists.com/en/artiste/laila-shawa/
FR: https://awarewomenartists.com/artiste/laila-shawa/
Biographical Notice produced as part of the TEAM international academic network: Teaching, E-learning, Agency and Mentoring.
© Archives of Women Artists, Research and Exhibitions
ARABOFUTURS invite à rentrer de plain-pied dans le monde onirique de l’anticipation arabe. Cet ouvrage ouvre la porte vers de nouvelles formes d’inconnu et témoigne de la richesse esthétique, intellectuelle et narrative de la science-fiction dans le monde arabe et ses diasporas. Il accompagne l’exposition éponyme qui présentera plus de 20 artistes vidéastes, plasticiens, performeurs, qui renouvellent les perspectives, redéfinissent les identités et cherchent à offrir des nouveaux possibles au réel.Mondialisation, modernité, écologie, migrations, genre et décolonisation sont quelques-uns des sujets de prédilection de cette scène dans laquelle les artistes utilisent des motifs de la science-fiction ou du fantastique pour remettre en cause les certitudes et les acquis. Au-delà de la présentation des œuvres exposées et de la démarche artistique de chacun, cet ouvrage est une introduction aux recherches les plus actuelles sur les créations SF et les nouvelles narrations présentes dans tous les champs de l’art et portées par les artistes de culture arabe. Des chercheurs et des universitaires francophones, anglophones et arabophones, spécialistes des sciences sociales, de linguistique, de littérature, de cinéma ou d’arts plastiques, de culture classique autant que contemporaine, ont été convié à écrire des textes qui viennent éclairer cette tendance forte et peu connue en France de l’art contemporain arabe.
Le n°60-61 de la revue Tumultes, fondée en 1992 à l’initiative du Centre de Sociologie des Pratiques et des Représentations Politiques de l’université Paris Diderot – Paris 7, réunit plus de vingt études (d’historiens de l’art et de philosophes) et entretiens (avec des photographes comme Carrie Mae Weems, Victor Burgin ou Carole Condé et Karl Beveridge ou des auteurs.trice·s réfléchissant sur la photographie comme bell hooks ou Jacques Rancière) venant de pays, d’époques et d’horizons intellectuels différents. Ils abordent la question des rapports entre photographie et politique sous les angles les plus divers au point de constituer une véritable petite encyclopédie de la photographie politique.
Présentant la photographie comme une technique et un art capables d’« aiguillonner le monde » (Susan Sontag), ce double numéro de revue, qui vient combler un vide éditorial, propose cinq entrées :
- La photographie face à l’horreur
- Le photomontage comme arme
- L’art (politique) de lire les images (politiques)
- Le portrait est une histoire de clichés
- Autant de négations de la citoyenneté, autant d’adresses à la communauté du contrat civil photographique
On trouvera dans ce volume des photographies et une réflexion sur les rapports entre photographie et politique. Parmi les contributeurs et contributrices, certain(e)s font figure de repères autant affectifs que théoriques : Susan Sontag, Ariella Azoulay, bell hooks, John Berger, Allan Sekula, Jacques Rancière, Victor Burgin.
Sommaire
- Christophe David et Joan Grandjean : Présentation – L’aiguillon de la conscience
- John Berger : Un Jérôme de la photographie. L’appareil photo comme instrument de connaissance
- Susan Sontag : Devant la torture des autres
- Jean-Paul Engélibert : Le temps figé de Tchernobyl. La politique de Guillaume Herbaut
- Eric Gottesman : Le surréalisme humanitaire d’Omar Imam
- David Levi Strauss : Le débat sur la photographie documentaire : esthétique ou inesthétique ? ou What’s so funny about peace, love, understanding and social documentary photography ?
- Sabine Kriebel : Fabriquer le mécontentement. Le médium de masse de John Heartfield
- Philip Kuhn : Topple the Mighty. La satire politique de Leon Kuhn
- Joan Grandjean : Glaner dans la foule. Crise des poubelles au Liban, été-automne 2015
- Jonathan Long : Profusion paratextuelle. Photographie et texte dans L’ABC de la guerre de Brecht
- Allan Sekula : La photographie entre travail et capital. Lire une archive
- Photographie et politique. Entretien avec Jacques Rancière. Propos recueillis par Diletta Mansella et Patrizia Atzei
- Nicolás Sánchez Durá : Guerre, technique, photographie et humanité dans les photo-livres d’Ernst Jünger
- Art et politique : une réévaluation. Entretien avec Victor Burgin. Propos recueillis par Hilde Van Gelder
- Kaelen Wilson-Goldie : Walid Raad et l’Atlas Group
- Daniel Berndt : Un « débat » continu. A Photographic Conversation in Bourj al-Shamali Camp de yasmine eid-sabbagh
- Ariella Azoulay : L’histoire potentielle. Réfléchir sur la violence
- Stéphanie Solinas : Comment la photographie a inventé l’identité. Des pouvoirs du portrait
- Sophie Guignard :Les Masks d’Arthur Renwick. Usages politiques du visage et performativité photographique
- Guillaume Leingre : Portraitiste de France
- Christine Bergé : Épidermiques. Usages politiques du portrait close-up
- Naoko Sakokawa : Le village de carton de la gare de Shinjuku (1996-1998)
- « Quand les critiques blancs parlent d’oeuvres d’artistes noirs, c’est en mettant la race au centre ». Entretien avec Carrie Mae Weems. Propos recueillis par bell hooks
- « Notre travail est ancré dans des problématiques locales rencontrées par de vraies communautés humaines. C’est ce qui fait sens pour nous ». Entretien avec Carole Condé et Karl Beveridge. Propos recueillis par Mireille Broussous
- Arnaud Robert : Quand Paolo Woods s’exposait à Port-au-Prince
- Jo Spence : La politique de la photographie
Cet article vise à analyser l’action de Jana Traboulsi dans le contexte plus large des mouvements sociaux et des revendications politiques au Liban durant la crise des poubelles en 2015. Il s’agit de présenter son engagement politique, non en tant que manifestante, mais en tant que témoin et acteur dans ces événements à travers ses photographies, en vue de mettre en lumière d’autres espaces de contestation que celui plus communément associé à la rue. Le travail et l’engagement de Jana Traboulsi illustrent la manière dont l’activisme en ligne et hors ligne interagissent à travers l’utilisation de la photographie, la manipulation d’images et les modes de représentation qui en découlent.
Since the late 20th Century, many artists have been switching from single to collective and collaborative creation. As individual artists, they can build or strengthen their careers thanks to a networking strategy. This study focuses on the history of DIS and GCC collectives: their connection and their approach of work in contemporary art.
Depuis la fin du 20e siècle, les artistes ont tendance à basculer vers le collectif pour se regrouper dans le cadre de collaborations ponctuelles, sur le mode de la mise en réseaux, afin de construire ou de consolider le parcours professionnel des individualités qui les composent. Cette étude s'intéresse plus particulièrement aux histoires des collectifs DIS et GCC : des liens qui les unissent sans omettre le rapport particulier que ces deux initiatives entretiennent avec la notion de travail
En renouvelant l’approche des sujets de l’art contemporain arabe, le Gulf Futurism (futurisme du Golfe) devient un espace symbolique dans la carrière internationale des artistes Sophia al-Maria et Fatima al-Qadiri. Cette esthétique est caractérisée par l’adaptation des cultures de l’imaginaire qui permet d’intégrer des éléments science-fictionnels afin d’adapter le sujet représenté dans le cadre de l’anticipation, de la spéculation, ou de le faire se mouvoir dans un champ iconographique futuriste. L’ambition de cette étude est de comprendre les différentes composantes de ce phénomène artistique et de contextualiser les étapes majeures de son apparition (œuvres, textes, événements et transferts qui le définissent) dans les mondes de l’art contemporain mondialisés ainsi que ceux du golfe arabo-persique.
or https://www.jstor.org/stable/10.3366/j.ctv1vtz8c3.9.
Introduction excerpt:
Jocelyne Saab (1948–2019) has worn more than one hat in her life. She has not been just a pioneer of the New Lebanese Cinema. It is as an inherent part of the global art world that her entire photographic and cinematographic oeuvre as well as her work as a cultural agent and her new media artistic creation must be reflected upon. Saab adopts an approach that favours the construction of an image, where testimony and discourse can be revealed, at the crossroads of territories and disciplines. An attitude towards representation of the event, the official history and the archive has dominated the Western contemporary arts discipline at the end of the twentieth century and the beginning of the twenty-first century.
Commonly known as the ‘artist as historian’ (Godfrey 2007), this attitude refers to artists whose practices examine historical documents or subjects that have been overlooked, or who have undertaken archival research, using installation, film, video or photography to shape their investigations. Saab adopted this working method from her first reports in the 1970s, before it permeated her multimedia artistic production in the 2000s. Her whole production has been characterised by the development of an artistic and multimedia approach to the documentary genre. In this sense, she is considered to be a leading figure in Lebanon and in the Arab world. It should be emphasised how much this attitude influenced the development of Lebanese post-war artworks made by a generation of artists, such as Walid Raad, Akram Zaatari, Jayce Salloum, Lamia Joreige, Joana Hadjithomas and Khalil Joreige, who have put memory and the public act of remembrance at the heart of their concerns (Chabrol 2010; Elias 2018), while at the same time working to ‘(re)contextualise’ (Berndt 2018) the historical sources and subjects of the narrative. Photography, video and film constitute privileged fields of this aesthetic because of their ontological and editing process. Furthermore, the interest in social policies, research and their integration into the creative process pushes Saab to raise other questions about creation, to attempt another materialisation of thoughts in order to cultivate the artistic fabric of personal and collective memory.
I have been granted access to the artist’s digital archives composed of image files of her artworks, texts and PDF documents (drafts, grant application letters, memoranda of intent, press releases and articles, exchanges with institutions, invoices, artwork presentations, etc.). After she passed, Saab’s son Nessim Ricardou-Saab had to deal with all the archive material. To this end, he co-created the Association of Jocelyne Saab’s Friends in order to preserve and to make accessible her works and this material. Therefore, this study is based on Saab’s archives, numerous publications and research on Saab’s film and documentary production. From this material, this study describes under which circumstances Saab’s contemporary art and her work as a cultural agent were activities she developed at the end of her life. In addition, it highlights the construction and continuum of Saab’s image in her contemporary artistic creation when she operated a media transition.
This study begins by describing Saab’s first detour in contemporary art as an alternative way of constructing an image and its context of creation with her art installation Strange Games and Bridges (2007) and the photographic series Sense, Icons and Sensitivity (2007). Then I will get into the latter part of her life, when she favoured the video medium (documentary video series Gender Café, 2013; video Imaginary Postcard, 2016; and multimedia art installation One Dollar a Day, 2016), a time when she was an active cultural agent too, and created the Cultural Resistance International Film Festival of Lebanon (CRIFFL) and the Lebanese International Biennale for Cinema and the Arts (BLICA). Although this study adopts a chronological framework, its aim is to understand the latter part of Saab’s life and to analyse her construction of images as a creator and a cultural agent.
également disponible en ligne sur le carnet Hypothèses du Laboratoire des Imaginaires : https://laboimaginr2.hypotheses.org/19
Durant cette étude, nous analyserons leurs discours futuristes, que ce soit par le biais de l’anticipation, la spéculation, ou lors de l’utilisation d’un champ iconographique futuriste. Nous nous intéresserons à la manière dont ces « futurismes arabes » ne cherchent plus seulement à montrer les pays de l’aire arabe tels qu’ils sont, mais à formuler des propositions de ce qu’ils pourraient devenir, pour le meilleur comme pour le pire.
Si Larissa Sansour, Moufida Fedhila et Sophia al-Maria sont originaires de pays très différents (Palestine, Tunisie, Qatar), les thèmes futuristes qu’elles abordent permettent de dépasser l’apanage du géopolitique, de l’étude des conflits et des sociétés contemporaines afin de formuler une analyse critique synchronique. Ainsi, en bouleversant les considérations qui ont pu être émises sur le « monde arabe », le réalisme spéculatif de leurs productions artistiques réintroduit la voix des populations concernées tout en donnant une analyse lucide de la situation de la région.
ARABOFUTURS invite à rentrer de plain-pied dans le monde onirique de l’anticipation arabe. Cet ouvrage ouvre la porte vers de nouvelles formes d’inconnu et témoigne de la richesse esthétique, intellectuelle et narrative de la science-fiction dans le monde arabe et ses diasporas. Il accompagne l’exposition éponyme qui présentera plus de 20 artistes vidéastes, plasticiens, performeurs, qui renouvellent les perspectives, redéfinissent les identités et cherchent à offrir des nouveaux possibles au réel.Mondialisation, modernité, écologie, migrations, genre et décolonisation sont quelques-uns des sujets de prédilection de cette scène dans laquelle les artistes utilisent des motifs de la science-fiction ou du fantastique pour remettre en cause les certitudes et les acquis. Au-delà de la présentation des œuvres exposées et de la démarche artistique de chacun, cet ouvrage est une introduction aux recherches les plus actuelles sur les créations SF et les nouvelles narrations présentes dans tous les champs de l’art et portées par les artistes de culture arabe. Des chercheurs et des universitaires francophones, anglophones et arabophones, spécialistes des sciences sociales, de linguistique, de littérature, de cinéma ou d’arts plastiques, de culture classique autant que contemporaine, ont été convié à écrire des textes qui viennent éclairer cette tendance forte et peu connue en France de l’art contemporain arabe.
Né en 1991, l’artiste franco-marocain Mounir Ayache invite à renouveler notre regard sur les réalités politiques et sociales du monde arabe par ses créations technologiques. En reprenant les codes de la science-fiction auxquels il mêle histoires familiales et réappropriation imaginaire des expériences et identités arabes, il s’inscrit dans le courant non-officiel de l’Arab Futurism, influencé par l’afro-futurisme des années 1990, qui s’inspire de la fiction pour proposer des récits alternatifs. Mounir Ayache singe les représentations de l’Autre et de l’Étranger dans les fictions occidentales et se sert des nouvelles technologies pour réaliser et transmettre ses idées, brouillant ainsi les frontières entre art contemporain et entertainment. Son projet de résidence s’articule autour du personnage d’Hassan al-Wazzan (1494-1555) devenu Jean-Léon de Médicis sous le pape Léon X, dit « Léon l’Africain », personnage principal du roman portant son nom écrit par Amin Maalouf en 1986. Il rédige en 1525, à la demande du pape, « La Cosmographia de l’Affrica », qui servira de référence pour décrire l’Afrique subsaharienne et l’Afrique du Nord, et nourrira l’imaginaire européen pour qui cette région est inconnue. En se fondant sur le manuscrit de 1525, son travail d’écriture consiste à créer un récit de science-fiction qui se déroule en 2500, et où le personnage principal inspiré d’Hassan al-Wazzan raconte les échanges entre l’Europe/et l’Afrique, convoquant des problématiques géopolitiques et écologiques fictionnelles en lien avec la ville de Rome. Ce récit donne lieu à la production d’une installation composée de dioramas, tirages photographique et sculptures en dialogue avec un dispositif de réalité augmentée.
12.11.21–20.02.22
More information here: https://bim21.ch
ESPACE art actuel n°131, été 2022, p. 82-87.
Islam, Science Fiction and Extraterrestrial Life:
The Culture of Astrobiology in the Muslim World
Reviewed by: Joan Grandjean
MOSF Journal of Science Fiction, Volume 4, Number 2, February 8 2021, ISSN 2474-0837
Access the entire issue through this link: https://publish.lib.umd.edu/?journal=scifi&page=index
https://humanites-spatiales.fr/le-monde-arabe-et-la-science-spatiale/
Recension de Space Science and the Arab World. Astronauts, Observatories and Nationalism in the Middle East. L'ouvrage de Jörg Matthias Determann est le fruit de plusieurs années d’une recherche académique consacrée à l’écriture d’une histoire transnationale des sciences spatiales arabes qui constitue un angle inédit d’approche dans l’étude des systèmes d’interaction économique et le rapport qu’ils entretiennent avec la mondialisation.
https://humanites-spatiales.fr/le-monde-arabe-et-la-science-spatiale/
Published in : Manazir, Issue 1, Autumn 2019: The Arab Apocalypse. Art, Abstraction & Activism in the Middle East.
The full publication can be downloaded @https://bop.unibe.ch/manazir
Part of a report on the École d'automne/autumn-school on curatorial practices in the Middle East co organised by the University of Geneva, ARVIMM, BULAC, Centre Pompidou and EHESS.
Cette deuxième journée de l’École d’Automne a été consacrée aux pratiques curatoriales pour examiner la façon dont l’exposition est pensée, selon une conception occidentale ou non. La première partie de la journée a commencé par la visite de l’exposition Art et Liberté : Rupture, Guerre et Surréalisme en Égypte (1938-1948), au Centre Pompidou, Musée national d’art moderne, à Paris et a été commentée par Catherine David. Elle s’est poursuivie l’après-midi par un workshop autour des questions soulevées par l’exposition et de la lecture de textes portant sur les pratiques curatoriales. Cette discussion avec Catherine David a permis d’évoquer la position des musées d’art moderne dans un contexte mondial, la constitution des collections par rapport au budget d’acquisition et la présentation des œuvres.
AWARE - Archive of Women Artists Research and Exhibitions, 2023
EN: https://awarewomenartists.com/en/artiste/laila-shawa/
FR: https://awarewomenartists.com/artiste/laila-shawa/
Biographical Notice produced as part of the TEAM international academic network: Teaching, E-learning, Agency and Mentoring.
© Archives of Women Artists, Research and Exhibitions
FR: https://awarewomenartists.com/artiste/maha-maamoun/
Biographical Notice produced as part of the TEAM international academic network: Teaching, E-learning, Agency and Mentoring.
© Archives of Women Artists, Research and Exhibitions
Article in Spanish: https://www.iemed.org/publication/ciencia-ficcion-y-arte-contemporaneo-en-palestina/?lang=es
Article in French: https://www.iemed.org/publication/la-scifi-et-lart-contemporain-de-palestine/?lang=fr
Access the entire issue through this link: https://vectoreditors.files.wordpress.com/2021/03/vector289_africansf.pdf?fbclid=IwAR0XNlKQ5pAgwz8xzhRocMQh46_cgRstCombZyWG-JoPWemrzvTO8RbooQ8
Access the article here: https://www.erudit.org/fr/revues/espace/2018-n119-espace03743/88249ac/
- "Yara (يارا) d’Abbas Fahdel, un film sur la vie" (15 March 2019) — https://onorient.com/sortie-francaise-de-yara-abbas-fahdel-27680-20190315
- "Fatima al-Qadira – une artiste polyédrique" (8 March 2019) — https://onorient.com/fatima-al-qadira-une-artiste-polyedrique-27346-20190308
- "Meriem Bennani – une artiste digitalomaniac" (15 January 2019) — https://onorient.com/meriem-bennani-digitalomaniac-27291-20190115
- "Donation Claude et France Lemand : une collection exceptionnelle entre au musée de l’IMA" (7 November 2018) — https://onorient.com/donation-claude-et-france-lemand-une-collection-exceptionnelle-entre-au-musee-de-lima-27041-20181107
- "Musée Nābū – des millénaires de créativités exposées" (16 October 2018) — https://onorient.com/ouverture-du-musee-nabu-au-liban-26894-20181016
- "Like Salt – Entretien avec la réalisatrice et écrivain Darine Hotait" (17 August 2018) — https://onorient.com/like-salt-entretien-avec-la-realisatrice-et-ecrivain-darine-hotait-26279-20180817
- "Arabfuturism(s) – un phénomène passé à la loupe 2/2" (25 May 2018) — https://onorient.com/arabfuturism-25372-20180525
- "Arabfuturism(s) – un phénomène passé à la loupe 1/2" (21 May 2018) — https://onorient.com/arabfuturism-2-25366-20180521
- "Hommage à l’écrivain Ahmed Khaled Towfik (1962 – 2018)" (6 April 2018 — https://onorient.com/hommage-a-lecrivain-ahmed-khaled-towfik-24649-20180406
- "Les collages surréalistes d’Ayham Jabr" (22 March 2018) — https://onorient.com/collages-numeriques-surrealistes-ayham-jabr-24246-20180322
- "6 films qui « disent » la guerre au cinéma : de la Palestine aux territoires" (11 February 2018) — https://onorient.com/dire-la-guerre-au-cinema-de-la-palestine-aux-territoires-23205-20180211
- "ar-Rissālah (الرسالة) ❄ péplum de Noël" (11 December 2017) — https://onorient.com/ar-rissalah-%d8%a7%d9%84%d8%b1%d8%b3%d8%a7%d9%84%d8%a9-%e2%9d%84-peplum-de-noel-22506-20171211
- "Louvre Abu Dhabi – L’importation d’un libéralisme politique et social ? 2/2" (12 November 2017) — https://onorient.com/louvre-abu-dhabi-culture-et-politique-22-22120-20171112
- "La Belle et la Meute de Kaouthar Ben Hania" (17 October 2017) — https://onorient.com/la-belle-et-la-meute-21621-20171017
- "Hommage au photographe Hashem el Madani (1928-2017)" (10 August 2017) — https://onorient.com/hommage-photographe-hashem-el-madani-1928-2017-21264-20170810
- "L’Amour Impossible de Moussa Ould Ebnou" (10 July 2017) — https://onorient.com/moussa-ould-ebnou-lamour-impossible-21171-20170710
- "Art moderne à l’Institut du Monde Arabe : la collection Barjeel" (17 May 2017) — https://onorient.com/enfin-de-lart-moderne-a-linstitut-du-monde-arabe-la-collection-barjeel-20801-20170517
- "Conversation avec Aurore Vigne, la croqueuse de Jaffa" (6 April 2017) — https://onorient.com/conversation-aurore-vigne-croqueuse-de-jaffa-13934-20170406
- "Kharoub: de la Bretagne à la Palestine" (9 January 2017) — https://onorient.com/%ef%bb%bfkharoub-hamon-martin-quintet-basel-zayed-13284-20170109
- "La galerie Kamel expose Youssef Abdelké à Damas" (2 January 2017) — https://onorient.com/galerie-kamel-expose-youssef-abdelke-a-damas-13056-20170102
- "Le cinéma en Jordanie – aperçu d’une scène émergente 2/2" (21 December 2016) — https://onorient.com/cinema-jordanie-apercu-dune-scene-emergente-22-12966-20161221
- "Le cinéma jordanien – Une histoire en devenir 1/2" (20 December 2016) — https://onorient.com/cinema-jordanien-histoire-devenir-12-12897-20161220
- "Art et Liberté : le surréalisme en Égypte au Centre Pompidou" (24 November 2016) — https://onorient.com/art-liberte-surrealisme-egypte-centre-pompidou-12441-20161124
- Theeb : un (w)e(a)stern bédouin (14 November 2016) — https://onorient.com/theeb-weastern-bedouin-12368-20161114
- "Qalandiya International III – This Sea is Mine" (25 September 2016) — https://onorient.com/qalandiya-international-iii-this-sea-is-mine-11812-20160925
- "Muqtatafat : anthologie des bédéistes du Machrek" (19 July 2016) — https://onorient.com/muqtatafat-anthologie-des-bedeistes-du-machrek-11052-20160719
- "Praed, un mélange entre musique de tradition orale et psychédélisme" (2 July 2016) — https://onorient.com/praed-melange-entre-musique-de-tradition-orale-psychedelisme-10851-20160702
- "Printemps 2016: la culture palestinienne à l’honneur au Levant" (13 May 2016) — https://onorient.com/fondation-dar-el-nimer-de-beyrouth-inaugure-a-partir-25-mai-premiere-exposition-satellite-internationale-palestinian-museum-at-the-seams-histoire-politique-de-broderie-palesti-10383-20160513
This issue of Manazir Journal focuses on how art and architecture in the Iranian lands stretching from Central Asia to Eastern Anatolia illustrate the idea of the just ruler between the 14th and the 20th century. Book illustrations, architecture, photography and traditional crafts show how different kings and rulers, not necessarily of Iranian origin, sought to follow the ideal of the just ruler by patronizing new lavishly decorated constructions, richly illuminated books and—in the modern era—employing media such as photography and lithography for propagating the image of the king as the head of the nation.
The contributions in this volume approach these questions from different perspectives, considering theoretical and practical applications developed by western artists, architects and decorators and how Islamic art was considered as a model for the renewal of European arts at the turn of the twentieth century.
Go read this collection of essays: https://www.manazir.art/blog/nostalgia-and-belonging-art-and-architecture-mena-region/
"Hériter du fonds d’un artiste est une étrange aventure, qui redessine les contours de votre propre histoire. Mais comment gérer et organiser des oeuvres et surtout des documents, alors que l’on est n’est ni historien.ne de l’art ni archiviste… ?" Ce sont par ces mots que Christine Abboud, fille du peintre Shafic Abboud, décrit les défis que pose le travail d’archive et la volonté de ne pas « trahir » l’oeuvre et la vie du peintre.
In the field of the arts, explicit references to France or implicit cultural transfers have taken varied forms. We will focus here on receptivity to French references as well as on reactions or refusal to models presented as foreign or imposed by force. We will study the modes of appropriation, questioning and understanding in different genres of artistic production, as visual arts or music.
Read the full issue: https://bop.unibe.ch/manazir/issue/view/1089
Manazir Journal is a peer-reviewed academic Platinum Open Access journal dedicated to visual arts, architecture and cultural heritage in the Middle East and North Africa (MENA). Every issue focuses on a specific theme defined and proposed by a guest editor responsible for the issue and its follow-up. Manazir Journal accepts proposals for issues published in English, French, German and Italian and is also open to languages of the MENA region, such as Arabic, Persian and Turkish.
The journal is linked to Manazir – Swiss Platform for the Study of Visual Arts, Architecture and Heritage in the MENA, a platform of exchange that aims to connect researchers interested in these themes in Switzerland. The term “Manazir” refers to landscape, perspective and point of view in Arabic, Ottoman Turkish and Persian. Thus, Manazir Journal is oriented toward a diversity of transcultural and transdisciplinary “landscapes” and “points of views” and open to a multiplicity of themes, epochs and geographical areas.
Read the full issue: https://bop.unibe.ch/manazir/issue/view/1009
Manazir Journal is a peer-reviewed academic Platinum Open Access journal dedicated to visual arts, architecture and cultural heritage in the Middle East and North Africa (MENA). Every issue focuses on a specific theme defined and proposed by a guest editor responsible for the issue and its follow-up. Manazir Journal accepts proposals for issues published in English, French, German and Italian and is also open to languages of the MENA region, such as Arabic, Persian and Turkish.
The journal is linked to Manazir – Swiss Platform for the Study of Visual Arts, Architecture and Heritage in the MENA, a platform of exchange that aims to connect researchers interested in these themes in Switzerland. The term “Manazir” refers to landscape, perspective and point of view in Arabic, Ottoman Turkish and Persian. Thus, Manazir Journal is oriented toward a diversity of transcultural and transdisciplinary “landscapes” and “points of views” and open to a multiplicity of themes, epochs and geographical areas.
Sponsored by the Association of Modern and Contemporary Art of the Arab World, Iran and Turkey
Abstract: Since the late 20th century, artists have been increasingly drawn towards collectives and association, joining forces through occasional collaborations and operating within a networking paradigm to fortify and advance the professional trajectories of their constituent individuals. This approach to collectives is conceptualized as a realm of possibilities, giving rise to what Séverine Marguin labels “artists-in-collectives,” operating within a “reticular constellation.” As per the sociologist's viewpoint, these collaborations and the establishment of circles of social engagement uphold artistic individualities while concurrently securing a position for
emerging artists within the contemporary art realm, akin to a celestial “vault of heaven.” But what does this entail? How do these individuals shift from networks to collectives, and from collectives to individualities? What methods do they employ to rejuvenate working methodologies and the avenues for the dissemination and commercialization of their art? Drawing from a comprehensive examination of the DIS and GCC collectives, this paper will initially delve into the collaborations of the constituent artists preceding their formal “entry into the collective,” spanning across the United States and Gulf countries. Subsequently, it will dissect the methodologies of both collectives by analyzing specific instances of artistic collaboration and association, illustrated through the description of works and collaborative events, this analysis will elucidate their strategies for visibility, the social and political backdrop, career aspirations, as well as their mobility. Moreover, it will explore the interconnections between the two collectives and their wider contextual relevance, bridging the realm of contemporary art with diverse cultural domains.
The ambition of this lecture is to present the different components of this artistic phenomenon and to contextualize the major stages of its appearance (through artworks, texts, events and circulations of ideas that define it) in the globalized contemporary art worlds as well as those of the Persian Gulf.
If “Arab Futurisms” are an aesthetic current and a curatorial construction, calling for semantic caution, Gulf Futurism differs from it. Given the context of its creation and dissemination by a specific group of artists and cultural agents, its study needs to be isolated. It also raises the question of its condition: can it be considered as a current – an aesthetic tendency – or an artistic movement – a group claiming to have a theoretical corpus defined by a manifesto? I will try to answer this question in three characteristic steps of Gulf Futurism: its appearance, how it came about and where it has been heading to.
November 3-5, 2022, University of North Texas, Denton, TX
Panel 1 Being Seen: 1980s Exhibition Cultures
Chair: Sarah Rogers, Assistant Professor, History of Art and Architecture Dept., Middlebury College, Vt., President-Elect, AMCA. (Modern Arab art, Lebanese and Levant art)
Discussant: Monica Salazar, lecturer, Art History, CVAD, UNT (contemporary Mexican art, conceptual art in Latin America, and death and migration in contemporary art)
Kurt Rahmlow, principal lecturer, Art History, CVAD, UNT (European art of the late 19th and early 20th centuries, Symbolism, utopian artists' communities, intersections of art and literature, pictorial photography)
Abstract: By the second half of the 1970s, the Byam Shaw School of Art (1910-2003) located in West London, welcomed two students from the SWANA region: a Palestinian living in Lebanon and an Iranian living in the United Arab Emirates. These were the now famous Mona Hatoum (1952- ) and Hassan Sharif (1951-2016). The London-based art institution introduced them both to conceptual and performance art that they adapted in their respective artistic practice in the 1980s. While Hatoum decided to embrace the London art scene due to a forced exile, Sharif translated this training in the UAE through his writings, his rich artistic production and collaborations within “The Five” group (including Hussain Sharif, Mohamed Ahmed Ibrahim, Mohamed Kazem and Abdullah Al Saadi) and the New Arts Movement. Both artists are celebrated today as much in the Western as in the SWANA art worlds and their artworks have been the subject of much scholarship. However, their contribution to conceptual art yet requires further inquiry. Through their commitment to conceptual aesthetics, they broke away from traditional and nationalist conventions such as ḥurufiyyah or figurative art.
This paper addresses the circulations of these two artists in order to shed light on the “production” of their artworks in a generic sense, applicable to the processes of creation, manufacture, exhibiting, evaluation and consumption. Furthermore, it analyzes the ways they were labelled as “artists of the diaspora” and as a part of the “local Arab art scenes”—and how they shaped them—before being integrated as artists from SWANA in the global art market. Studying these two figures of Arab art brings more depth to the notion of contemporaneity in the SWANA region as well as to the new visions they bequeathed to the following generations.
Du Cabaret Voltaire au début du siècle dernier à la récente documenta 15, l’essor des regroupements d'artistes et de curateurs dans les mondes de l’art a considérablement renouvelé la notion de travail. Ces collectifs se composent de nombreux collaborateurs qui possèdent différentes fonctions. Au-delà de celle d'artiste, ils abolissent les barrières entre auteur, designer et éditeur. En duo comme Deborah Bowmann, ou en alliance multiple à l’échelle d’Auto Italia, chaque individualité est détentrice d’un talent propre, dont la finalité provoque une réaction en chaîne avant de devenir une œuvre commune.
Depuis deux décennies, certains collectifs évoluent souvent au sein d’organisations et d’institutions à vocation communautaire dans les principes de collectivité telle que ruangrupa, ou au contraire en assimilant le modèle de la jeune entreprise innovante, à la manière de la « méta-marque » Shanzai Biennial, lorsqu’ils ne deviennent pas une délégation, à l’image de GCC. Il est indéniable que l’« artiste collectif » – dans le sens où le collectif devient une individualité – a sensiblement modifié la méthode de travail en créant de nouvelles formes et des sujets de transformation permanents. Néanmoins, l’histoire de l’art contemporain informe très peu sur les individualités composant le collectif, souvent considéré comme un monolithe inébranlable.
Dans ma thèse de doctorat, je me suis intéressé à l’histoire d’un réseau d’artistes originaires des principautés arabes du golfe Persique, qui ont par la suite formés GCC. Ce groupe a été fondé en 2013 en tant que collectif de neuf membres . La référence implicite à l’abréviation anglaise du Gulf Cooperation Council (le partenariat politique et économique intergouvernemental qui relie six pays de la région), sans que ce ne soit formellement exprimé, indique leur orientation artistique : une performance autour de la diplomatie, de l’État-nation et de l’État-corporation dans l’histoire du Golfe et sa représentation dans le monde ; leur processus de création en groupe se fait aussi à l’instar d’un conseil politique au sein duquel les membres discutent et négocient entre eux de façon collégiale.
GCC est basé sur une démarche entrepreneuriale et internationalisée de l’art contemporain du Golfe à l’image du collectif DIS , dans lequel Fatima al-Qadiri et Khalid al-Gharaballi œuvrent également. Que ça soit à New York ou à Koweït, leurs collaborations sont antérieures à la création des collectifs. Elles remontent aux débuts des années 2000, lorsque Khalid al-Gharaballi et Lauren Boyle étudiaient à Pratt Institute à New York. Elles s’officialisent plus précisément en 2006 et en 2008, au moment où les deux artistes koweïtiens organisèrent leurs premières expositions à la galerie Sultan à Koweït, réunissant entre autres les travaux de Lauren Boyle et Monira al-Qadiri. Les années qui suivirent furent marquées par une série de collaborations, avant que ne se forment les collectifs. Réel tremplin leur offrant des opportunités professionnelles et une reconnaissance, il est arrivé que certains membres quittent le collectif pour se lancer individuellement. Malgré tout, cela ne les empêche nullement de continuer à collaborer en-dehors de cet espace, et de poursuivre leur activité avec ceux qui en sont encore membre.
En comparant les écrits d’artistes du Golfe, les dynamiques de leur production artistique, sans omettre la circulation de leurs œuvres et des entretiens, j’ai appréhendé le mode de fonctionnement d’un réseau d’interconnaissances plus vaste que ce qui apparaît dans les discours de la critique d’art. Dans la continuité de cette recherche, je vais développer, dans le cadre de cette communication, les liens qui unissent la plateforme new yorkaise et la délégation koweïtienne. En présentant les carrières individuelles des artistes qui les composent, il sera dans un premier temps question d’aborder les quêtes d’autonomisation de leurs pratiques. Puis, l’analyse portera sur l’essor et le développement des collectifs qui leur ont permis de tendre vers la reconnaissance et la distinction dans l’art contemporain mondialisé. Cette étude s’achèvera en abordant les affinités entre les deux collectifs, celles subsistant avec d’anciens membres et les nouveaux qui en constitueront la relève.
19 March 2022, 10.30-17.30
University of Neuchâtel, Institut d’histoire
Espace Tilo-Frey 1, 2000 Neuchâtel, Switzerland
Room RN.04
En parcourant la recette ci-dessus, le lecteur constatera que ce sabayon à la pulpe d’orange et chocolat noir n’est pas différent d’un autre. Cependant, au moment de verser le chocolat fondu, il tracera une forme de pupille verticale. Ce n’est qu’après avoir effectué cette dernière étape du dressage que son sabayon à l’orange se distinguera des innombrables recettes de zabaione italien en prenant la forme d’une iris, avant de devenir une pâtisserie à l’effigie de l’Œil de Sauron.
Moins une prouesse culinaire qu’un hommage plastique à l’adaptation cinématographique américano-néo-zélandaise (2001-03) de la série littéraire anglaise The Lord of the Rings (1954-55), ce cas atteste un changement de paradigme dans le genre du recueil de recettes. Depuis plusieurs décennies, en effet, une dynamique s’observe dans les livres de cuisine que Boutaud et Madelon nomment la « médiatisation du culinaire » (2010), c’est-à-dire qu’au sein de ce genre sont « livrisés », pour reprendre le terme de Ferrier (2009), certaines productions audiovisuelles afin de diversifier l’édition culinaire qui, d’après l’étude de Hache-Bissette (2015), est un environnement particulièrement concurrentiel.
L’exemple du Gastronogeek est un cas d’école pour ce qui concerne la « livrisation » des cultures de l’imaginaire en provoquant ce que Besson nomme un « phénomène d’expansion de type “déclinaison” » (2015) de mondes fictionnels, c’est-à-dire que les producteurs et les consommateurs poursuivent ou détournent l’intrigue, cette fois-ci dans la littérature gastronomique. Ainsi, se pose plusieurs questions : quel lien le livre de cuisine entretient-il avec les cultures de l’imaginaire ? Peut-on parler d’un trouble dans le genre ? Un hommage ? Un produit dérivé ? Il est indubitable que ce phénomène de la médiatisation du culinaire pose question et mérite d’être plus amplement étudié. Je tâcherai de poser quelques pistes de réflexion dans le cadre de cette journée d’étude.
À cet égard, l’étude de l’adaptation des genres de l’imaginaire dans le champ de l’art contemporain mérite une attention particulière compte tenu du grand procès de genre qui étend la juridiction des représentations du territoire et de l’histoire de l’espace géoculturel arabe depuis le début du XXIe siècle. La démarche de ces artistes nous amène à croiser ce corpus d’œuvres avec d’autres cas de « futurismes culturels », tels que l’Ethnofuturisme finno-ougrien apparu dans les années 1980 ou l’Afrofuturisme orbitant dans la création contemporaine de certains artistes Afro-américains. Comment l’adaptation des futurités apparaît-elle dans la création artistique ? Qu’est-ce qui fait qu’il y a une singularité arabe ? Que signifie-t-elle ? Plus généralement, est-ce que cette esthétique ne permettrait pas de se détacher voire de rompre avec les codes esthétiques de l’art contemporain arabe qui se sont développées depuis ces trente dernières années ?
Enfin, l’analyse des réseaux, des circulations et de l’interaction dans les arts nous amène à écrire une histoire de l’art dans une perspective sociologique. Le système d’interaction artistique d’une création géoculturelle ne fonctionne pas de la même manière qu’un système national ou que celui d’un groupement artistique défini. Des lacunes persistent dans l’écriture de l’art contemporain de ces vingt dernières années. Une première difficulté réside dans l’actualité de la période analysée ; les sources primaires n’ont pas la même consistance que celles des périodes précédentes ; la digitalisation des formats et des échanges nous amène vers des documents dématérialisés. Somme toute, quelles sont les clés pour écrire une histoire de l’art qui serait décentralisée sans être mise au ban ? La spécificité de cette recherche est liée au choix d’une méthodologie d’analyse de l’ensemble des manifestations artistiques qui ont permis aux œuvres de faire événement. Quelles sont les modalités d’inclusion des « futurismes arabes » dans l’histoire de l’art ? Là est toute l’intrigue de cette histoire…
Read the conference here: https://lelaboratoiredesimaginaires.wordpress.com/espaces-reimagines-science-fiction-art-contemporain-arabe-joan-grandjean/
American-Qatari artist, writer, and filmmaker Sophia al-Maria coined the term Gulf Futurism together with Kuwaiti artist-musician Fatima al-Qadiri. As they explained in a Dazed Digital magazine interview:
Over the last fifty years, the Arabian Gulf has given birth to a very particular brand of futurism. It is a phenomena marked by a deranged optimism about the sustainability of both oil reserves and late capitalism. Similar to early 20th century Euro-Futurism and mid-century American kitch and retro-futurism, Gulf Futurism is evident in a dominant class concerned with master-planning and world-building, while the youth culture preoccupied with fast cars, fast tech and viddying a bit of ultra-violence. (Al-Qadiri and al-Maria, November 2012)
Gulf Futurism explains an existing phenomenon both artists have observed in architecture, urban planning, art, aesthetics and popular culture in the post-oil Persian Gulf. It is a premonition of our global future imbued with science fiction views and technological pessimism.
In the last two decades, science fictional art productions together with futurist aesthetics have provided new keys to understanding the present, to critically analyze the past, and to open on utopian or dystopian visions of the future. Giving free way to the unthinkable, the unutterable, science fiction constitutes a main avenue in approaching the complex realities of the Arab Geocultural Space. These representations together with the diasporic condition of many artists, have led to a deep reflection on the notion of ‘uruba (Arabness), searching for new narratives of the autochthonous, as ethnic futurist aesthetics did elsewhere: Finno-Ugrian Ethno-futurism appeared in the 1980s; then came Afrofuturism in the 1990s; Sinofuturism, Indofutusism, Desifuturism, Latin@futurism, and, most recently, Gulf Futurism.
This presentation will examine the Gulf Futurism movement through art historical perspectives in Sophia al-Maria and Fatima al-Qadiri’s contemporary projects in order to explore insight into their visual apparitions. Then, we will analyze the different definitions and references attributed to Gulf Futurism in order to understand how this phenomenon became a “starkly avant-garde culture of the Middle East” (Al-Qadiri and al-Maria 2012). Altogether, Gulf Futurism should be understood as a tool used to question and criticize past historical narratives and to formulate new ones that allow to open the horizon to more promising times and to go beyond presentism (Hartog 2003) in the post-oil Arabian Gulf.
Depuis le début des années 2000, des esthétiques « futuristes arabes » se sont constituées autour du travail de certains artistes. Les visions du futur qu’ils promeuvent se rejoignent pour former un discours critique à l’égard d’un présent déconcertant et se développent à travers des créations et des événements artistiques variées. Ils élaborent des représentations critiques liées à l’histoire des pays arabes et à leur place dans le monde, à la ʿurūba – l’arabité culturelle, qui fait écho tant aux mondes de l’art contemporain qu’à des intérêts politiques et aux conflits. Les pays du Moyen-Orient et de la région Méditerranéenne ont en effet vécu de nombreux conflits depuis le début du XXIe siècle : la « guerre contre la terreur » lancée par George W. Bush en 2001 et la guerre d’Irak qui s’en est suivie ; la guerre des 33 jours au Liban en 2006 ; sans compter les contestations du « printemps arabe » déclenchées en 2010. Ces futurismes arabes sont l’avènement de nouveaux imaginaires comme outils de remise en question, de critique et de nouvelles narrations historiques.
Pour le 8ème colloque Stella Incognita, nous souhaitons analyser plus particulièrement la thématique du voyage dans le temps dans l’œuvre de l’artiste plasticienne, réalisatrice et auteur américano-qatarie Sophia al-Maria. Elle conjugue ces trois occupations dans The Gaze of Sci-Fi Wahabi (2007) où son alter ego pénètre dans une autre dimension temporelle, par l’intermédiaire d’un téléphone portable, afin de fuir un Golfe persique apocalyptique. Elle a aussi organisé en 2009 une visite de Doha intitulée Future Tents, et a présenté des « visites dans le futur », à l’occasion de la foire internationale d’art contemporain Art Dubai. Cet ensemble forme la base de ses recherches sur le Futurisme du Golfe (Gulf Futurism) qu’elle va définir en 2012 avec l’artiste koweïtie Fatima al-Qadiri. Le Futurisme du Golfe illustre les conséquences du développement soudain des villes du Golfe persique depuis les années 1970, suite au premier choc pétrolier qui entraîna une augmentation du marché pétrolifère dans la région. Il désigne alors les promesses non tenues d’une utopie moderne et moderniste qui se détacha de la tradition et de son histoire, et a pour objectif d’être un courant de pensée dans les arts et la culture. Sophia al-Maria poursuit ses recherches artistiques et réalise The Future Was Desert Part I & Part II (2016), deux vidéo-essais qui abordent le passé et le futur du désert ; The Limerent Object (2016) est une sorte d’échange cross-temporel épique entre le dernier des êtres humains sur la planète et ses ancêtres terrestres et extraterrestres ; son exposition Black Friday (2016) agencent une série d’installations multimédias qui analysent les centres commerciaux du Golfe persique comme des lieux où le temps s’est arrêté.
Après avoir présenté ses œuvres, nous nous intéresserons à décrire les différents objets et moyens employés par l’artiste pour effectuer un voyage. Cette étape nous permettra de comprendre pourquoi Sophia al-Maria a porté une attention toute particulière à cette thématique et la déclinée de différentes manières afin d’aborder certaines particularités du Golfe persique. Sophia al-Maria est l’artiste qui a le plus employé cette thématique au sein de notre corpus artistique. Nous tâcherons alors d’ouvrir le champ de réflexion en présentant d’autres œuvres de ce corpus afin d’étudier les synergies et les antagonismes des représentations du voyage dans le temps. Cette étape nous permettra enfin de comprendre pourquoi et comment le voyage dans le temps est représenté dans le champ de l’histoire contemporain arabe.
Depuis le début du XXIe siècle, une esthétique futuriste arabe est apparue dans certaines productions artistiques. Ces visions du futur se rejoignent pour former un discours critique à l’égard d’une réalité déconcertante au sein de l’espace géo-culturel arabe. À l’aune de ces différentes représentations, une forte production est l’œuvre d’artistes femmes qui mettent, ou se mettent en avant, afin d’imaginer d’autres mondes. Dans plusieurs œuvres de Larissa Sansour par exemple, se déploie une esthétique populaire de l’Occident, qu’elle adapte en faveur du contexte palestinien, où des super-héroïnes et des aventurières intrépides sont mises en scène. Moufida Fehila revêt le costume de Super-Tunisian à l’occasion de performances dans la sphère publique, quatre mois après la chute de Ben Ali et le début des contestations populaires générées par le « Printemps arabe », pour décider de l’avenir politique tunisien. Depuis le début de sa carrière, les créations de Sophia al-Maria n’ont eu de cesse de faire évoluer les femmes au sein d’univers dystopiques, non seulement pour évoquer leur condition dans les États arabes du golfe Persique mais également pour pointer du doigt les effets qu’ont eu les régimes autoritaires sur les sociétés.
Durant cette présentation, nous analyserons leurs discours futuristes, que ce soit par le biais de l’anticipation, la spéculation, ou lors de l’utilisation d’un champ iconographique futuriste. Nous nous intéresserons à la manière dont ces « futurismes arabes » ne cherchent plus à montrer les pays de l’aire arabe tels qu’ils sont, mais à formuler des propositions de ce qu’ils pourraient devenir, pour le meilleur comme pour le pire.
Si Larissa Sansour, Moufida Fedhila et Sophia al-Maria sont originaires de pays très différents, les thèmes futuristes qu’elles abordent permettent de dépasser l’apanage du géopolitique, de l’étude des conflits et des sociétés contemporaines afin de formuler une analyse critique synchronique. Ainsi, en bouleversant les considérations qui ont pu être émises sur le « monde arabe », le réalisme spéculatif de leurs productions artistiques réintroduit la voix des populations concernées tout en donnant une analyse lucide de la situation de la région.
Since the early 21th century, art production witnessed an emerging bunch of Arab “futurist” esthetics. These representations aim to explore alternative realities, creating scenarios where imagination and science fiction play a central role. From this moment onwards, artworks, writing and events emerged in the Arab Geocultural spaces all over the world. An increasing degree of interactionism has appeared from artists and cultural actors such as Sophia al-Maria, Larissa Sansour, Rachel Dedman and Shumon Basar. A look at the manifestations that arose in this “futurist” esthetic allows us to understand the Arab cultural malleability that takes its roots in the territorial complexities, the wide diaspora communities and transnational identities. It is a quite a difficult task to date and map this phenomenon using art historical standards, which are generally based on nationalism, the art market or more recently, reception theory. We would rather approach these Arab “futurist” esthetics by studying their circulations with an empirical method. This presentation will show the latest results of my study, using spatial humanities and georeferencing tools, allowing to highlight the life path of these artists (place of birth, education, residencies, awards, galleries) and to list their “futurist” artworks exhibited in the world (solo, group, biennial, art fair and festival). This spatial analysis, based on detailed field surveys, shows the conscious strategies shaping these paths. Rather than viewing it as some “Art from the Arab world”, an excessively geopolitical and essentialist notion, I choose to use the ‘urūba (arabness) as a pivotal tool to comprehend these esthetics inside the world of contemporary art history.
L’éternel retour aux sources
L’archéologie et l’art contemporain ne sont pas forcément antinomiques. Bien que la première discipline ait pour but de révéler les origines de l’humanité et qu’il est vrai que la deuxième s’insère dans une proposition de l’actuel et du futur, les deux pensent toutefois la « création d’un monde, résurgence de la création monde » (Meillassoux).
Depuis quelques années, les objets du passé ont considérablement influencé la création artistique contemporaine de l’espace géoculturel arabe. L’objet/relique est par conséquent pensé comme lieu de résurgence et/ou de remplacement pour proposer de nouvelles perspectives historiques. En faisant intervenir ces résidus du passé, les artistes adoptent une méthodologie propre à la discipline de l’archéologie dans un souci de compréhension des origines et des modus operandi de la fabrique de l’histoire.
En questionnant la création dans son rapport avec l’origine et l’historicité et en analysant
quelques exemples, il sera intéressant de voir comment ces représentations contemporaines de l’objet/relique agencent une complexité narrative qui ouvre non pas au révisionnisme mais à la spéculation – au « partage du sensible » (Rancière).
C’est à partir d’objets trouvés, convoités, exposés, collectionnés ou perdus et non-découverts que cette enquête va prendre sa source. Si cette dernière engage tout un débat sur une aire géographique précise - Israël et Palestine -, c’est au sein d’une étude méthodologique que nous allons raconter la dissémination de certaines reliques, de leur découverte et de leur mise en musée. Antagonistes, réels trésors permettant d’attester un événement, ces objets interviennent dans l’histoire pour légitimer l’authenticité culturelle et nationale, palestinienne d’un côté et israélienne de l’autre. À travers l’étude d’un corpus artistique et archéologique régional, nous souhaitons déterrer quelques artefacts pour comprendre comment certains archéologues du savoir ont agencé des problématiques culturelles, coloniales et spéculatives à la suite de leurs expéditions.
In the Future They ate from the Finest Porcelain (Dans le futur, ils mangeaient dans une porcelaine raffinée) et Archeology in Absentia (Archéologie par contumace) est une série réunissant un film, des photographies, une installation et des performances. Réalisé par Larissa Sansour en 2015, il a été exposé en 2016 à Londres au Mosaic Rooms puis en 2017 au Bluecoat à Liverpool ainsi qu’une seconde fois à Londres au Barbican Center.
Au sein d’un récit d’anticipation, un groupe de « résistance narrative » (narrative resistance group) a pour objectif de larguer par voie aérienne de la porcelaine arborant le motif du keffieh (l-kufiyya). Ce motif noir et blanc est principalement porté par les Palestiniens mais le scénario nous invite à imaginer qu’il appartiendrait ici à une civilisation imaginée. Ainsi, en disséminant cette porcelaine, le groupe de résistance influence l’histoire et s’adonne à une spéculation nationaliste concernant la légitimation d’un territoire qui serait le leur mais en proie à la disparition. Une fois déterrée, cette vaisselle attestera l’existence du peuple, créant de ce fait l’historicisation d’une nation.
Nous comprenons très vite l’idéologie du groupe de résistance narrative grâce au dialogue hors-champ entre une psychiatre et la chef du groupuscule, interprétée par Pooneh Hajimohammadi. En s’inspirant de certains codes de la science-fiction, l’artiste renverse la colonisation israélienne sur les territoires palestiniens – l’artefact palestinien remplace la relique de l’Ancien Testament. En mêlant le mythe et la fiction pour parler de faits, l’artiste intervient directement sur l’histoire de la Palestine par la dissémination en réponse à la construction de l’histoire d’Israël. Son film combine des images de synthèse et des captations directes pour explorer l’archéologie et le politique de l’histoire officielle, sa subjectivité et l’appartenance nationale à travers les concepts de vérité, de témoignage et d’héroïsme. Ensemble, tous ces éléments agencent une complexité narrative qui ouvre non pas au révisionnisme mais à la spéculation.
En effet, il est intéressant de mettre en parallèle cet ensemble artistique avec la prolifération d’objets de la période biblique (-2000 à -440 av. j.c.) issus de fouilles archéologiques et d’analyser leur mise en musée dans les institutions israéliennes. Si ces objets ont été expertisés par des professionnels, l’histoire a révélé plusieurs falsifications après une contre-expertise. Par exemple, la grenade d’ivoire (c. viiie siècle av. j.c.) authentifiée et découverte par André Lemaire dans les années 1980 ; l’ossuaire de Silwan (c. ie siècle) trouvé en 2002 par le collectionneur d’antiquité Oded Golan et également authentifié par André Lemaire ; enfin, la tablette de Joas (c. -ixe siècle av. j.c.) qui provient encore une fois de la collection d’Oded Golan. Que ce soit à l’Israel Museum ou dans les départements d’antiquités bibliques des musées, la richesse des objets et leur mise en valeur contribue au devoir de mémoire qu’Israël souhaite rendre visible au profit de ses intérêts : le marché des antiquités, la valorisation patrimoniale, l’appartenance géo-culturelle et l’écriture de l’histoire.
Ces thèmes sont très similaires de l’idéologie du groupe de résistance narrative dans le film de Larissa Sansour. Par conséquent, il est pertinent de dresser une étude des méthodologies employées pour intervenir dans l’histoire, palestinienne d’un côté et israélienne de l’autre.
Une esthétique “futuriste arabe’’ (arabfuturism) s’est depuis le début du XXIème siècle constituée autour de certains agents artistiques (Sophia al-Maria, Larissa Sansour, Nat Muller, Rachel Dedman, Sulaïman Majali,
etc.). Ces visions du futur se rejoignent pour former un discours critique à l’égard d’un présent déconcertant et se développent au sein d’une création artistique pluridisciplinaire. Cette présentation s’engage de ce fait à montrer les différentes étapes d’apparition du genre, d’analyser son développement dans les espaces géoculturels arabes et de remonter quelques temporalités artistiques pour en explorer ses déclinaisons. De plus, nous approfondirons l’apparition du phénomène avec le développement de la science-fiction et de l’anticipation arabe. Cette étape aidera à comprendre comment donner une lecture critique de ces représentations sur les récits établis et de rapprocher certaines expressions plastiques, modernistes arabes ou des arts de l’Islam, dans le but de théoriser une généalogie du « futurisme » pour redéfinir le concept d’arabité.
Festival Les Intergalactiques, 19 September 2024
Art historian Joan Grandjean and Colombian arstist and writer Luis Carlos Barragan gather together to talk about Visual Art Science fiction and postcolonial futurism with Davide Knecht, founder of Hikaya publishing house.
De nombreux artistes du monde arabe se projettent dans le futur ; ils imaginent un effacement des paradigmes normatifs et l’avènement d’humanités nouvelles. En reconsidérant les frontières entre l’humain et le non-humain, ils envisagent le transhumanisme, voire le post-humanisme.
L’avènement de l’intelligence artificielle augmente-t-elle les capacités humaines ? La robotique peut-elle se substituer à l’Homme dans certains domaines ? Quel avenir pour les normes du genre ? L’humanité en est-elle à la fin de son histoire ou se réinvente-t-elle par la technologie ?
Avec :
Mounir Ayache est un artiste franco-marocain. Diplômé des Beaux-Arts de Paris en 2017, il crée des installations multimédia, assistées d’un important apport technologique, qui nous plongent au cœur de son univers science-fictionnel. Nourries de ses expérimentations en robotique et en programmation, ses créations technologiques incitent à regarder les réalités politiques et sociales du monde arabe sous un nouveau jour. En reprenant les codes de la science-fiction, auquel il mêle histoires familiales et réappropriation imaginaire des expériences et identités arabes, Mounir Ayache emploie la fiction pour proposer des récits et des réalités alternatifs.
Jean-Gabriel Ganascia est professeure à Sorbonne Université. Ingénieur et philosophe de formation initiale, il est spécialiste d’intelligence artificielle (EurAI Fellow), et poursuit ses recherches au LIP6 sur sur les humanités numériques, l’éthique computationnelle et l’éthique des technologies. Outre ses articles scientifiques, il a écrit une dizaine d’ouvrages et d’essais à destination du grand public dont le dernier, « Servitudes virtuelles », a été publié aux éditions du Seuil en 2022. Jean-Gabriel Ganascia est membre du CNPEN (Comité National Pilote d’Éthique du Numérique), président du comité d’éthique de France Travail, président du comité d’orientation du CHEC (Cycle des Hautes Études de la Culture) et président de l’AFAS (Association Française pour l’Avancement des Sciences). Enfin, il a présidé le comité d’éthique du CNRS de 2016 à 2021.
Joan Grandjean est historien de l’art, doctorant et assistant académique à l’Unité d’arabe de l'Université de Genève. Sa thèse, « Et si... des “futurismes arabes” en histoire de l'art ?", interroge l’adaptation de la science-fiction et des cultures de l’imaginaire dans l’art contemporain de l’espace géoculturel arabe. Ses recherches s’intéressent également aux méthodes d’écriture de l’histoire de l’art à travers le prisme du raisonnement contrefactuel. Engagé au sein de diverses initiatives visant à explorer l'histoire de l'art dans le contexte de la mondialisation de la scène artistique, en se concentrant particulièrement sur les interactions entre le monde arabe et l'Occident, il fait notamment partie de l’équipe fondatrice de Manazir, une plateforme pour l’étude de l’art visuel, de l’architecture et du patrimoine en Afrique du Nord et au Moyen-Orient ainsi que du groupe de recherches sur les Arts visuels du Maghreb et du Moyen-Orient, 19e-21e siècle (ARVIMM).
Modération :
Emmanuel Grimaud, anthropologue, directeur de recherche au CNRS. Il est notamment l'auteur de Le jour où les robots mangeront des pommes (2012), Dieu Point Zéro (PUF, 2021), Metavertigo (La Découverte, 2024) et Futurofolies (Terrain, 2023) avec Julien Wacquez, et réalisateur de Ganesh Yourself (Arte, 2016) et de Black Hole : Why I Have Never Been a Rose (La Bête, 2019). Il a été aussi commissaire de l’exposition Persona, étrangement humain (MQB, 2016) et coordonne avec Christian Duriez le futur espace de la Maison des humanités potentielles.
A Space Exodus pousse l'idée de déracinement de la réalité palestinienne à l'extrême en projetant le premier Palestinien, et femme, sur la lune, créant ainsi une perspective extraterrestre de la situation politique actuelle. Nation Estate dévoile une histoire sombre où l'ensemble de la population palestinienne est regroupée dans un unique gratte-ciel, chaque ville étant confinée à un étage spécifique. Dans le dernier volet, In the Future They Ate from the Finest Porcelain, une cheffe de la résistance narrative entreprend une guerre archéologique dans l'espoir désespéré d'assurer l'avenir de son peuple.
En utilisant le langage de la science-fiction, la trilogie de Larissa Sansour présente une vision dystopique de la Palestine, et par extension d’un Moyen-Orient, au bord de l’apocalypse.
Mucem Museum in Marseilles, Fort Saint-Jean- MucemLab, 1 June 2022.
More information here: https://www.mucem.org/programme/autour-du-musee-des-futurs-de-gaza
Après une première rencontre sur la science-fiction et une seconde sur la fantasy, ce troisième rendez-vous du Labo propose à chacun, passionné.e.s ou curieux.ses, de venir découvrir et échanger autour de la pluridisciplinarité d’un genre.
Accompagnés d’Amélie Ferret et Joan Grandjean, nous explorerons ensemble les différentes manifestations de l’imaginaire, des recherches qui lui sont consacrées et de la présence du genre de l’imaginaire dans la recherche académique. Que ce soit dans les littératures contemporaines mais aussi dans d’autres domaines tels que les genres médiatiques contemporains ou l’histoire de l’art, les médias de l’imaginaire sont pluriels et se déclinent sous de nombreux formats.
La rencontre prendra la forme d’un échange dynamique entre les intervenants et le public, proposant de découvrir les différentes recherches qui ont été menées sur ce genre sous sa forme la plus classique avant d’aborder des formes plus inattendues et des démarches novatrices.
Symposium on the occasion of the exhibition Etel Adnan (Zentrum Paul Klee, Bern, 15.06 - 07.10.2018), the University of Bern and the Zentrum Paul Klee are jointly organizing a symposium focusing on themes that are reflected by the work and career of the American-Lebanese artist and writer Etel Adnan.
Organized by Prof. Dr. Nadia Radwan (University of Bern) and Dr. Nina Zimmer (Zentrum Paul Klee, Bern) in collaboration with Prof. Dr. Silvia Naef (University of Geneva)