Triumvirat
Le triumvirat est, à l'origine, une fonction de la magistrature romaine composée de trois hommes. Dans son sens contemporain c'est une alliance secrète ou publique de trois personnalités (politiques ou militaires) de poids égaux qui s'unissent pour diriger (on retrouve cette notion dans le terme russe de troïka).
Argentine
[modifier | modifier le code]En Argentine le triumvirat désigne deux exécutifs tricéphales successifs qui gouvernèrent les Provinces-Unies du Río de la Plata, préfiguration de l’Argentine actuelle, et qui s’inscrivent dans une série de régimes de gouvernement assez éphémères que connut, dans un contexte de guerre d’indépendance contre l’Espagne et d’une âpre polarisation politique interne, cette jeune république dans la deuxième décennie du XIXe siècle.
Ce sont : le premier triumvirat (23 septembre 1811 – 8 octobre 1812), composé à l’origine de Feliciano Chiclana, Manuel de Sarratea et Juan José Paso, et le second triumvirat (8 octobre 1812 – 31 janvier 1814), composé initialement d'Antonio Álvarez Jonte, Juan José Paso et Nicolás Rodríguez Peña, mais dont la composition fut modifiée à plusieurs reprises ensuite.
France
[modifier | modifier le code]En France, on appelle triumvirat :
- lors des guerres de religion, l'alliance des trois grands chefs catholiques naguère rivaux. Il s'agit d'Anne de Montmorency, François de Guise et de Jacques d'Albon de Saint-André ;
- sous le règne de Louis XV, le gouvernement composé des secrétaires d'État d'Aiguillon et Terray et du chancelier de Maupeou ;
- pendant la Constituante, l'association des révolutionnaires Antoine Barnave, Adrien Duport et Alexandre de Lameth : Mirabeau, qui les détestait, les surnommait le « triumgueusat »[1] ;
- une gravure (vers 1791) désigne Robespierre, Pétion et Roederer comme le « triumvirat patriote »[2] ;
- Le 9 thermidor an II (27 juillet 1794), Robespierre, Saint-Just et Georges Couthon furent accusés de former un « triumvirat » aspirant à la dictature.
- après le coup d'État du 18 fructidor an V (), le Directoire contrôlé par Reubell, Barras et La Révellière-Lépeaux.
- le Consulat, au départ dirigé par Bonaparte, Sieyès et Ducos.
- le comité directeur du Régime de Vichy, en place entre le et le , composé de l'amiral Darlan, ministre de la Marine, Flandin, ministre des Affaires étrangères, et le général Huntziger, ministre de la Guerre.
- la gouvernance de l'UMP par Alain Juppé, François Fillon et Jean-Pierre Raffarin à partir du 15 juin 2014, à la suite de la démission de Jean-François Copé.
Dans les médias français, ce terme est parfois utilisé pour désigner une alliance de trois hommes d'affaires, par exemple Martin Bouygues, Jean-Luc Lagardère et Serge Dassault vers 2007[3].
Japon
[modifier | modifier le code]Le triumvirat Mino est dirigé par trois généraux samouraï au service du clan Saitō au cours de l'époque Sengoku (milieu du XVIe siècle).
Mexique
[modifier | modifier le code]Le Mexique a été provisoirement dirigé, à trois reprises, par un triumvirat appelé Pouvoir exécutif suprême.
Il a d'abord été formé après l'abdication de l'empereur Augustin Ier le , jusqu'à l'accession de Guadalupe Victoria à la présidence du Mexique le , à la suite de l'adoption de la Constitution fédérale.
Un triumvirat a de nouveau dirigé le pays pour quelques jours, dans un contexte d'instabilité politique, entre le et le , alors que Vicente Guerrero avait abandonné le pouvoir pour combattre une rébellion qui souhaitait le renverser. Anastasio Bustamante, à la tête de la rébellion, s'empare finalement du pouvoir.
En 1863, un nouveau triumvirat est constitué entre le 25 juin et le 11 juillet.
Pays-Bas
[modifier | modifier le code]Au sein du Conseil d'Etat, triumvirat formé au XVIe par l'archevêque de Malines, Antoine Perrenot de Granvelle, le juriste frison Viglius van Aytta et le chevalier de la Toison d'Or Charles de Berlaymont[4].
Par opposition à ce triumvirat, se forme dès 1562 la Ligue de Haute Noblesse dirigée par le triumvirat formé de Guillaume d'Orange, Lamoral d'Edgmont et Philippe de Montmorency[5].
Uruguay
[modifier | modifier le code]Le Triumvirat de 1853 est le nom donné au pouvoir exécutif provisoire que l'Uruguay a connu entre le 23 septembre 1853 et le 12 mars 1854. Il était composé de Venancio Flores, Juan Antonio Lavalleja et Fructuoso Rivera.
Entités politiques disparues
[modifier | modifier le code]Empire ottoman
[modifier | modifier le code]Le terme de triumvirat est employé pour désigner le gouvernement militaire des Trois Pachas, Talaat Pacha, Enver Pacha et Djemal Pacha, au pouvoir de 1913 à 1918 et qui dirige l'Empire ottoman dans la Première Guerre mondiale.
Rome antique
[modifier | modifier le code]Sous la République romaine, les triumvirs sont trois hommes délégués à une mission administrative ou représentative.
À la fin de la République, le terme désigne plus particulièrement :
- le premier triumvirat, qui réunit Jules César, Gnaeus Pompeius Magnus (dit Pompée le Grand) et Marcus Licinius Crassus en 60 av. J.-C.[6]; puis renouvelé en 57 av. J.-C.
- le second triumvirat, qui réunit Octave, Marc Antoine et Lépide en 43 av. J.-C.[7].
Union soviétique
[modifier | modifier le code]En Union soviétique, on qualifie de troïka, l'alliance de forces politiques ayant la forme d'un triumvirat.
Même si le terme fait explicitement référence aux triumvirats de la Rome antique et de la France révolutionnaire, le terme troïka désigne à l'origine un grand traîneau tiré par un attelage de trois chevaux ; on parle alors d'un « attelage à la troïka » ou « attelage russe ».
La première troïka sera formée en 1922 par l'association de Joseph Staline, Grigori Zinoviev et Lev Kamenev en opposition à Léon Trotski.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, le gouvernement tricéphale (trois personnes) formé de Joseph Staline, Viatcheslav Molotov et Lavrenti Beria.
Après la chute de Nikita Khrouchtchev, trois personnalités se répartissent les postes de premier secrétaire du Parti, de Premier ministre et de chef de l'État :
- Léonid Brejnev, Alexis Kossyguine et Anastase Mikoyan ;
- puis Léonid Brejnev, Alexis Kossyguine et Nikolaï Podgorny.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Antonina Vallentin, Mirabeau: Dans la révolution, éd. Bernard Grasset, 1947, p. 282 [1]
- Triumvirat patriote - Robespierre, Pétion et Roederer (Commons).
- Bernd-Peter Lange, Medienwettbewerb, Konzentration und Gesellschaft, VS Verlag für Sozialwissenschaften, Springer, 2008, p. 337, n. 5 [2]
- ALLAIN Thierry, NJIENHUIS-BESCHER Andreas, THOMAS Romain, Les Provinces-Unies à l'époque moderne : de la Révolte à la République batave, Paris, Armand Colin, (lire en ligne), p. 15
- NIJENHUIS Andreas, L’Europe en conflits : Les affrontements religieux et la genèse de l’Europe moderne (vers 1500-vers 1650), Rennes, Presses Universitaires de Rennes, (lire en ligne)
- « 60 av. J.-C. : Rome livrée à un triumvirat », sur herodote.net (consulté le )
- « 11 novembre 43 av. J.-C. : un triumvirat pour succéder à César », sur herodote.net (consulté le )
Liens externes
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- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :