Parti islamique du Turkestan
Parti islamique du Turkestan Mouvement Islamique du Turkestan Oriental | |
Idéologie | Islamisme Salafisme Séparatisme Indépendantisme Nationalisme religieux Nationalisme ouïghours |
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Objectifs | Indépendance vis-à-vis de la République Populaire de Chine du Turkestan oriental puis Instauration d'un État islamique régi par la charia dans le Turkestan oriental. |
Statut | Actif |
Fondation | |
Date de formation | 1997 |
Actions | |
Zone d'opération | Chine, Pakistan, Afghanistan, Syrie |
Organisation | |
Chefs principaux | • Hasan Mahsum (tué en 2003) • Abdul Haq al-Turkistani • Abdul Shakoor al-Turkistani (tué en 2012) • Abdullah Mansour • Abou Ridha al-Turkestani (tué en 2015) • Abu Omar al-Turkestani (tué en janvier 2017) |
Membres | 300 à 500 au Pakistan[1] 1 000 à 7 000 en Syrie[2],[3] |
Fait partie de | Armée de la conquête (2016-2017) |
Répression | |
Considéré comme terroriste par | ONU, Chine,Kazakhstan, Kirghizistan, Émirats arabes unis, Russie, Royaume-Uni, Union européenne et Canada |
Insurrection islamiste au Pakistan Guerre d'Afghanistan Guerre civile syrienne |
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Le Parti islamique du Turkestan (PIT), anciennement jusqu'en 1999 Mouvement islamique du Turkestan oriental (MITO) (Doğu Türkistan İslâm Hareketi[pas clair], anglais : East Turkestan Islamic Movement, ETIM) est une organisation militaire et terroriste, d'idéologie salafiste djihadiste, active en Chine, au Pakistan et en Syrie lors de la guerre civile syrienne. Influencé par le succès des moudjahidines contre la guerre soviétique en Afghanistan pendant la guerre froide, le PIT est devenu important en 1990 lors du Combat de Baren.
Drapeaux
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Drapeau du Parti islamique du Turkestan.
-
Drapeau du Parti islamique du Turkestan en Syrie.
-
Logo du Parti islamique du Turkestan.
Histoire
[modifier | modifier le code]Asie du Sud-Est
[modifier | modifier le code]Le Mouvement islamique du Turkestan oriental est fondé en 1997 par Hasan Mahsum (en) et Abudukadir Yapuquan[1]. Dès 1998, le groupe se réfugie en Afghanistan, alors dominé par les talibans, et noue des liens avec al-Qaïda et le Mouvement islamique d'Ouzbékistan[1]. Les combattants du MITO bénéficient alors d'une instruction militaire dans les camps d'entraînement afghans[1].
En 2002, le gouvernement chinois affirme qu'Hasan Mahsum a obtenu un financement d'Al-Qaïda pour ses activités terroristes après une rencontre avec Oussama ben Laden en 1999. Le rapport dit également que le MITO commandait une formation connue sous le nom d'« armée du Turkestan » qui incorporait notamment « un bataillon chinois de 320 terroristes du Xinjiang ». Selon l'Institut Asie centrale-Caucase, cette dernière affirmation est certainement exagérée étant donné la taille relativement réduite de l'organisation[4]. La plupart des experts s'accordent à dire que des centaines d'Ouïghours ont quitté la Chine pour rejoindre les rangs d'Al-Qaïda et les Talibans en Afghanistan, mais certains spécialistes de la Chine doutent que le MITO entretienne aujourd'hui des liens significatifs avec le réseau de Ben Laden[5]. Selon eux, le gouvernement chinois a une longue histoire de falsification des données derrière lui, et depuis le , a essayé à maintes reprises d'inscrire sa campagne contre les séparatistes ouïghours dans la guerre contre le terrorisme menée par les États-Unis.
En 2001, lors de l'Opération Enduring Freedom, des combattants du MITO combattent aux côtés d'al-Qaïda[5]. Lors du conflit afghan, 22 combattants ouïghours sont capturés par l'armée américaine et transférés à Guantanamo Bay. Ces 22 Ouïghours ont tous été libérés par les États-Unis car aucune charge n'avait été retenue contre eux. Les derniers libérés, deux frères ouïghours, ont été accueillis dans le Jura en Suisse au printemps 2010.
Selon un rapport chinois publié en 2002, 200 attaques ont été menées dans le Xinjiang par le Mouvement islamique du Turkestan oriental entre 1997 et 2001, causant la mort de 162 personnes et ayant fait 440 blessés[6].
Le , le no 1 du parti communiste de la province de Xinjiang, voisine de l'Afghanistan et du Pakistan, révèle que la police a tué et arrêté à Ürümqi, la capitale de la province, plusieurs militants islamistes qui s'apprêtaient à organiser un attentat contre les Jeux olympiques de Pékin. L'opération s'est soldée par la mort de deux militants islamistes et l'arrestation de quinze autres. Cinq policiers ont été blessés lors de l'opération. Selon les premières informations, le groupe agissait sous les ordres du MITO. Pour les organisations humanitaires, le gouvernement chinois exagère délibérément la menace afin d'écraser toute forme de dissidence[5]. Cependant pour la plupart des experts, le MITO pose une réelle menace terroriste bien que les avis divergent à cause du peu d'informations disponibles. Les divergences portent sur l'ampleur des activités du groupe et ses liens avec le terrorisme international[5].
Le , une vidéo mise sur un site islamiste par le Parti islamique du Turkestan montre l'assassinat de trois otages chinois[7]. Selon l'agence américaine de renseignement Stratfor, le PIT est une autre dénomination du MITO. Stratfor confirme que l'organisation a renforcé sa présence sur internet en mettant en ligne des vidéos appelant au jihad des Ouïghours au Xinjiang. Pour Ben N. Venzke, directeur de l'agence américaine IntelCenter (en), spécialisée dans la surveillance du terrorisme, il n'est pas établi si le TIP et le MITO sont deux organisations distinctes ou un même groupe. Cependant leurs objectifs sont les mêmes[5].
Dans le Xinjiang, le Parti islamique du Turkestan revendique l'Attentat d'Ürümqi en 2014[1]. Il a également revendiqué la responsabilité de l'Attentat de la place Tian'anmen de 2013 et mis en garde contre de futures attaques[8],[9].
Syrie
[modifier | modifier le code]Dès 2012, des djihadistes ouïgours commencent à prendre part à la guerre civile syrienne[1] en transitant par la Turquie qui facilite leur arrivée sur le sol syrien[10].
En , le Parti islamique du Turkestan lance un appel au djihad en Syrie[1].
Début 2017, le mouvement compte environ 1 000 combattants dans ce pays[2],[11]. Fin 2018, l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) estime que le groupe compte 7 000 hommes[3]. En plus des Ouïgours, le PIT compte également dans ses rangs des Syriens ainsi que des djihadistes étrangers, dont quelques Français[2].
Il est essentiellement présent dans le gouvernorat d'Idleb, et en particulier près de Jisr al-Choghour, dans le village de Zanbaq où de nombreuses familles ouïgoures s'établissent[2]. D'autres s'installent à Ariha, et dans le Jebel al-Zawiya (en)[1]. En plus de la région d'Idleb, les forces du Parti islamique du Turkestan sont présentes dans le gouvernorat d'Alep, le gouvernorat de Lattaquié et le gouvernorat de Hama[1]. En 2013, elles combattent aux côtés du Front al-Nosra dans les gouvernorats de Raqqa, Hassaké et Alep[1]. En 2015, le PIT est engagé dans la bataille de Jisr al-Choghour — où il perd au moins 20 combattants dont son chef, Abou Ridha al-Turkestani — à la bataille de Sahl al-Ghab et à la bataille d'Abou Douhour[1]. En , le PIT intègre l'Armée de la conquête, puis il prend part à la bataille de Khan Touman[1]. Les forces du Parti islamique du Turkestan participent aussi à la bataille d'Alep, présentes à l'extérieur de la ville elles prennent part aux offensives menées par les rebelles pour tenter de briser le siège imposé par les loyalistes entre l'été et l'hiver 2016[2]. Lors de ces combats, le groupe fait usage de kamikazes et d'enfants soldats[1].
En 2020, les forces ouïghoures sont estimées à environ 3 000 combattants. Elles resistent à l’armée syrienne dans le Jabal Kabane[10].
En 2024, après de brèves combats contre contre l'Armée arabe syrienne, ils prennent Lattaquié et défilent dans les rues[12].
Idéologie
[modifier | modifier le code]Le Parti islamique du Turkestan est proche d'al-Qaïda[2],[13],[14]. Son objectif est d'établir un État islamique ou un califat dans le Turkestan oriental[15],[14]. Il est en conflit avec l'organisation État islamique, qui dans une vidéo publiée le — la première adressée aux Ouïghours du Xinjiang — qualifie le Parti islamique du Turkestan d'« apostat »[2],[14],[11]. En , Abdul Haq al-Turkistani, l'émir du Parti islamique du Turkestan, annonce dans une vidéo qu'il rejette le califat de l'État islamique qu'il qualifie d'« illégitime », il condamne également ses anciens alliés du Mouvement islamique d'Ouzbékistan, ralliés à l'EI[16],[1].
Commandement
[modifier | modifier le code]Le fondateur du groupe, Hasan Mahsum (en), est tué le lors d'un raid de l'armée pakistanaise sur des camps d'Al-Qaïda[17],[11]. Le deuxième émir du groupe, Abdul Haq al-Turkistani, est annoncé tué au Pakistan le , dans l'attaque d'un drone américain contre le village de Zor Babar Aidak, près de Mir Ali, au Nord-Waziristan[18],[11]. Abdul Shakoor al-Turkistani lui succède, mais il meurt en au Pakistan[19]. Le commandement revient ensuite à Abdullah Mansour[1]. Cependant, Abdul Haq al-Turkistani réapparaît en . Le Parti islamique du Turkestan affirme qu'il avait été non pas tué mais grièvement blessé dans le bombardement américain de 2010 et qu'il a repris la direction du groupe en 2014, après avoir récupéré de ses blessures[1],[16],[11].
Les troupes du PIT en Syrie sont dirigées par Abou Ridha al-Turkestani, jusqu'à sa mort en 2015 à la bataille de Jisr al-Choghour[1].
Communication
[modifier | modifier le code]Le Parti islamique du Turkestan dispose d'une branche média ; « Islam Awazi » et à partir de 2008 d'un magazine ; « Turkestan Islamique »[1],[2].
Désignation comme organisation terroriste
[modifier | modifier le code]Le Parti islamique du Turkestan est placé sur la liste officielle des groupes terroristes de la république populaire de Chine[20], des États-Unis[21], du Kazakhstan[22], du Kirghizistan, des Émirats arabes unis, de la Russie, du Royaume-Uni et de l'Union européenne. Le , les Nations unies ont classé le mouvement comme étant proche d'Al-Qaida[19].
L’administration Trump décide en de le retirer de sa liste d'organisations terroristes[réf. souhaitée].
Culture populaire
[modifier | modifier le code]- Le Parti islamique du Turkestan est l'antagoniste principal de la première moitié de la campagne du jeu vidéo Operation Flashpoint: Red River, avant d'être remplacé par l'Armée populaire de libération.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- « Djihad au pays de Cham 8/Le Parti Islamique du Turkestan », Historicoblog,
- Brice Pedroletti et Madjid Zerrouky, « L’EI appelle les Ouïgours à frapper la Chine », Le Monde,
- (en) « The Turkestani Party the friend of Jabhat al-Nusra…7000 fighters came to Syria with facilities by the Turkish authorities, known for their fierceness, crowded out the Syrians with their livelihoods and seized a lot of them », OSDH,
- « Chinese counter-terrorist strike in Xinjiang »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), Institut Asie centrale-Caucase,
- « The East Turkestan Islamic Movement (ETIM) »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), Conseil des relations étrangères,
- ASI Magazine mai 2011.
- (en) « Islamic Party of Turkestan Releases Video Showing Execution of Three Chinese Hostages » , The MEMRI Blog,
- (en) Jonathan Kaiman, « Islamist group claims responsibility for attack on China's Tiananmen Square » [« Groupe islamiste revendique la responsabilité pour l'attaque de la Chine sur la Place Tiananmen. »], The Guardian,
- (en) Philip Wen, « Turkestan Islamic Party Islamist group warns of more attacks such as Tiananmen » [« Le Turkestan Parti Islamique groupe Islamiste met en garde contre d'autres attaques telles que la place Tiananmen »], The Sydney Morning Herald,
- (en-US) « Entretien avec Fabrice Balanche – première partie – Nemrod ECDS », Nemrod ECDS - Enjeux Contemporains de Défense et de Sécurité,
- Stéphane Mantoux, « Les Ouïghours de l'État islamique : ces combattants venus de Chine pour faire le djihad », France-Soir, (version du sur Internet Archive).
- Uyghur fighters in Syria vow to come for China next, The Telegraph (, 4:14 minutes), consulté le
- Madjid Zerrouky, « Washington frappe Al-Qaida en Syrie », Le Monde,
- Stéphanie Gérard, « L'État islamique menace directement la Chine », Libération,
- Laurence Defranoux et Stéphanie Gérard, « Entre répression et jihad, les Ouïghours pris au piège », Libération,
- (en-US) Thomas Joscelyn et Bill Roggio, « Turkistan Islamic Party leader criticizes the Islamic State’s ‘illegitimate’ caliphate | FDD's Long War Journal », FDD’s Long War Journal,
- Stéphane Lagarde, « Violences au Xinjiang: les autorités parlent de «terroristes islamistes» formés à l’étranger », RFI,
- (en) Bill Roggio, « ETIP leader killed in February Predator strike », The Long War Journal,
- Laurent Dupuis, « Les 18 principaux groupes islamistes armés dans le monde », La Croix,
- (en) « China identifies Eastern Turkistan terrorist organizations, terrorists » , sur www.globalsecurity.org (consulté le )
- (en) « Terrorist Exclusion list », U.S. Department of State,
- (en) « Kazakhstan Updates List Of Banned Terrorist Groups », RadioFreeEurope-RadioLiberty,
Articles connexes
[modifier | modifier le code]- Troubles dans la région autonome ouïghoure du Xinjiang
- Mouvement d'indépendance du Turkestan oriental
- Organisation de libération du Turkestan oriental
Voir aussi
[modifier | modifier le code]- « La Chine face à la menace islamiste », Le Figaro, Par Didier Chaudet, chercheur à l'IFRI, spécialiste de l'Asie centrale
- « Djihad au pays de Cham 8/Le Parti Islamique du Turkestan », Historicoblog, .
- Stéphane Mantoux, « Le Parti islamique du Turkestan, bras armé ouïghour d'al-Qaïda en Syrie », France Soir, .