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Maurice Emmanuel

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Maurice Emmanuel
Description de cette image, également commentée ci-après
Maurice Emmanuel dans les années 1930
Nom de naissance Marie François Maurice Emmanuel
Naissance
Bar-sur-Aube, Drapeau de l'Empire français Empire français
Décès (à 76 ans)
6e arrondissement de Paris
Activité principale compositeur
Activités annexes musicologue, professeur d'histoire de la musique
Années d'activité 1886-1938
Éditeurs Éditions Durand, Salabert, Henry Lemoine et Alphonse Leduc
Formation Conservatoire national de musique et de déclamation, Sorbonne
Maîtres Léo Delibes, Ernest Guiraud
Enseignement Conservatoire national de musique et de déclamation
Élèves Olivier Messiaen, Henri Dutilleux, Georges Migot, Yvonne Lefébure, Robert Casadesus
Distinctions honorifiques Chevalier de la Légion d'honneur Chevalier de la Légion d'honneur (juin 1929[1])

Marie François Maurice Emmanuel, né le à Bar-sur-Aube[2], mort à Paris le , est un compositeur et musicologue français.

Il passe son enfance en Bourgogne à Beaune (Côte-d'Or) où ses parents s'installent à partir de 1867. C'est là qu'il commence à s'intéresser à la musique et découvre les chants folkloriques des vignerons. Il commence à composer à l'âge de quinze ans, avec une Sonate pour piano et violon en mi bémol majeur, dédiée à son professeur Ravazzi[3]. Il compose aussi une Sonate pour piano en la mineur et une seconde Sonate pour piano et violon en mi majeur, dans le style de Mozart. Ces trois œuvres ont été détruites par le compositeur. Charles Poisot et Paul d'Ivry vont pousser Maurice Emmanuel à entrer au Conservatoire de Paris.

Carrière musicale

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En 1880, il entre au Conservatoire où il est l'élève de Théodore Dubois (harmonie)[4], Louis-Albert Bourgault-Ducoudray (histoire de la musique)[5] et en 1884 de Léo Delibes (composition)[6]. En parallèle, il prend des cours de piano avec Antoine Marmontel[7]. César Franck avait remarqué le jeune compositeur en 1881, mais ce dernier a refusé d'être son élève pour ne pas être influencé[8].

Il passe ses différents été à Beaune, où il rencontre Charles Bigarne, qui le convainc que le langage tonal n'est pas apte à transcrire les chants traditionnels[9]. C'est en 1884 qu'il rencontre Debussy, en faveur duquel il apportera plus tard un témoignage intéressant dans son article Les ambitions de Claude-Achille de la Revue Musicale de mai 1926[10].

Les relations entre Delibes et son élève se dégradent à partir de 1887, s'oppose à ses innovations musicales, en particulier l'utilisation des anciens modes grecs et médiévaux. Il juge la Sonate pour violoncelle et piano, op. 2 de son élève, en ces termes : « Mon garçon, tant que vous écrirez de cette musique-là, vous pourrez rester chez vous[11] ! » En 1888, lorsque Maurice Emmanuel concourt pour le Prix de Rome, Delibes lui en barre l'accès[8]. Dépité, le jeune compositeur continue de prendre des leçons auprès d'Ernest Guiraud. Grâce à lui, Emmanuel assiste aux entretiens entre Guiraud et Debussy[12].

Carrière académique

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Il poursuit parallèlement des études supérieures à la Sorbonne et au Collège de France. Il a comme professeur Gaston Paris, Louis Petit de Julleville, Louis Havet, Alfred Croiset, Paul Girard et Henri Joly.

En 1885, il devient membre du Cercle Saint-Simon, présidé par Gabriel Monod. C'est là qu'il comprend que l'harmonisation tonale est défectueuse dans l'accompagnement des chants populaires et où Gaston Paris, Julien Tiersot et Bourgault-Ducoudray exposent leurs théories sur la modalité.

Il obtient sa licence ès lettres en 1886 et soutient en 1896 ses thèses de doctorat sur l'Orchestique grecque (thèse principale) et l'éducation du danseur grec (thèse latine). À l'École du Louvre il travaille avec François-Auguste Gevaert. De 1904 à 1907, il est Maître de chapelle à l'église Sainte-Clotilde, assisté d'Émile Poillot. En 1909, il succède à Louis-Albert Bourgault-Ducoudray et est nommé professeur d'histoire de la musique au Conservatoire national de musique et de déclamation, poste qu'il occupera jusqu'en 1936.

Reconnaissance tardive

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Robert Casadesus, Yvonne Lefébure, Henriette Puig-Roget, Georges Migot, Jacques Chailley, Olivier Messiaen, Henri Dutilleux, Jean Rivier figurent au nombre de ses élèves[13].

Mais cette carrière d'érudit a quelque peu masqué celle du musicien dont les œuvres sont peu jouées et rarement appréciées à leur juste valeur, jusqu'à la création en 1929 à l'Opéra de Paris de sa tragédie lyrique Salamine, d'après Les Perses d'Eschyle, qui obtient un certain succès et qui lui vaut sa nomination comme chevalier de la Légion d'honneur[14],[15].

Vie privée

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Epoux de Louise Bergeville (1878-1973), il est le père de la géographe Marthe Emmanuel.

Distinctions

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Influence hellénistique

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C'est à partir de 1882 qu'il écrit, dans une lettre à son père, que l'artiste et le savant peuvent cohabiter, chose qu'il tente de montre tout au long de sa vie. Il prend notamment le modèle de Platon qui « a été par excellence l'artiste, le savant, et le philosophe ». Ses deux thèses de 1895, Essai sur l'orchestique grecque et De saltationis disciplina apud Grœcos l'installent dès lors comme un helléniste reconnu[14].

Relativement peu abondante (73 opus composés dont seulement 30 ont été conservés[16]), l'œuvre d'Emmanuel est d'une grande qualité[17]. Elle a su conserver son originalité sans subir l'influence de l'impressionnisme dominant du début du siècle. Ses premières compositions, en particulier la première sonatine pour piano (1893) témoignent déjà de l'affranchissement de son style du debussysme[18]. La Sonate pour clarinette, flûte et piano de 1907 est très caractéristique de l'art d'Emmanuel[19] : de facture néoclassique, l'œuvre assimile subtilement sa connaissance des rythmes de l'Antiquité comme celle de l'instrumentation populaire du XIXe siècle, ses deux sujets de prédilection[20].

Musique instrumentale

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Musique pour orchestre

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Musique sacrée

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  • O filii, op. 9, pour soli, chœur et orgue (1905)

Musique vocale

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Musique de scène

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  • Essai sur l'orchestique grecque : étude de ses mouvements d'après les monuments figurés, Paris, 1895. lire en ligne
  • De saltationis disciplina apud Graecos, Paris, 1895.
  • La Danse grecque antique d'après les monuments figurés, Paris, Hachette et Cie, 1896.
  • Histoire de la langue musicale, Paris, Henri Laurens, coll. « Les musiciens célèbres », , 678 p., 2 vol. (OCLC 2231980, BNF 42976224, lire en ligne) lire en ligne, vol. 2
  • Traité de l'accompagnement modal des psaumes, Lyon, 1913. lire en ligne
  • Pelléas et Mélisande de Claude Debussy, Paris, 1926.
  • César Franck, Paris, Henri Laurens, 1930.
  • Antonin Reicha, Paris, Henri Laurens, coll. « Les musiciens célèbres », , 124 p. (ISSN 1772-0168, BNF 42976219)

Maurice Emmanuel, auteur de nombreux articles de revues, a participé à l'édition des Œuvres complètes de Jean-Philippe Rameau. Il en a rédigé les commentaires des volumes XVII et XVIII, Paris, Durand, 1913.

En 1896, ce sont ses propres esquisses qui illustrent sa thèse sur l'Orchestique grecque. Sa vie durant, il continuera de dessiner : ses encres de Chine sont conservées dans la Collection Anne Eichner-Emmanuel avec le concours de l'Association des Amis de Maurice Emmanuel[24].

On peut consulter le site qui lui est consacré [1].

Bibliographie

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Références

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  1. Corbier 2007, p. 4.
  2. Archives de l'Aube en ligne, acte de naissance no 41 du 2/5/1862, vue 49
  3. Corbier 2007, p. 13.
  4. Corbier 2007, p. 21.
  5. Corbier 2007, p. 23.
  6. Corbier 2007, p. 29.
  7. Corbier 2007, p. 22.
  8. a et b Corbier 2007, p. 38.
  9. Corbier 2007, p. 32.
  10. Corbier 2007, p. 76.
  11. Corbier 2007, p. 35-36.
  12. Corbier 2007, p. 38-39.
  13. Corbier 2007, p. 157-158.
  14. a et b René Dumesnil. Maurice Emmanuel et la musique modale. Le Monde, 17 février 1955. Lire en ligne
  15. Base Léonore
  16. Douche 2007, p. 241.
  17. Corbier 2007, p. 162.
  18. Corbier 2007, p. 65-66.
  19. Corbier 2007, p. 89.
  20. Corbier 2007, p. 90-91.
  21. a b et c Les Amis de Maurice Emmanuel, « Œuvres de Maurice Emmanuel », sur Maurice Emmanuel 1862-1938 Compositeur, 2013-2014.
  22. Frank Langlois, Maurice Emmanuel (1862 – 1938), Durand Salabert Eschig, , 26 p. (ISMN M-044-08096-0, lire en ligne [PDF]), p. 8.
  23. Manuel Cornejo & Dimitra Diamantopoulos, Une grecque à Paris et Antony, une cantatrice et artiste oubliée, texte en ligne
  24. Catalogue de l'exposition En musique. Antony, Espace Bourdeau, 6 juin-22 juillet 2012.

Liens externes

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