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Maigret tend un piège (film)

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Maigret tend un piège
Description de cette image, également commentée ci-après
Réalisation Jean Delannoy
Scénario Georges Simenon, Jean Delannoy, Rodolphe-Maurice Arlaud, Michel Audiard
Acteurs principaux
Sociétés de production Intermondia Films
Jolly Films
Pays de production Drapeau de la France France
Drapeau de l'Italie Italie
Genre Film policier
Durée 119 minutes
Sortie 1958

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.

Maigret tend un piège est un film franco-italien adapté du roman homonyme de Georges Simenon, réalisé par Jean Delannoy et sorti en 1958.

Dans le quartier parisien du Marais, plusieurs jeunes femmes seules ont été successivement assassinées, chaque fois à coups de couteau et la nuit venue. Aussitôt après son dernier crime, l'assassin laisse depuis une borne de police-secours un message à l'intention du commissaire Maigret. Cette provocation incite ce dernier à prendre en main cette affaire. Pour pousser à la faute ce psychopathe vaniteux, il fait arrêter un faux coupable consentant, Mazet, en espérant inciter ainsi le meurtrier à se manifester lors de la reconstitution du dernier crime.

Et le piège fonctionne : une auxiliaire de la police, qui servait d'appât, est agressée, mais tient tête à son agresseur, qui parvient néanmoins à s'enfuir. Seul indice : au cours de l'empoignade, le tueur a perdu un bouton. Au cours de la reconstitution, l'inspecteur Lagrume remarque parmi les badauds une jeune femme, Yvonne Maurin, dont l'attitude lui paraît suspecte et la prend en filature. Il apprend ainsi que celle-ci va retrouver un amant dans un hôtel. Dès le lendemain matin, Maigret accompagné de Lagrume rend visite à la jeune femme et fait la connaissance de son mari, Marcel, un architecte-décorateur. Au terme de cette visite, Maigret demande sur un ton badin à Marcel Maurin s'il pourrait jeter un coup d'oeil à ses costumes. Ceux-ci sont tous intacts.

Il s'avère néanmoins que Marcel Maurin a passé sa jeunesse place des Vosges, où son père tenait une boucherie et que sa mère, aujourd'hui veuve, habite précisément le pâté de maisons où l'assassin s'est comme volatilisé lors de sa dernière tentative. Maigret va rencontrer cette femme et se rend compte que celle-ci vit dans l'admiration confite de son fils unique, dont elle conserve pieusement la moindre des réalisations depuis son enfance. Plus tard, Yvonne Maurin vient voir Maigret chez lui pour lui expliquer que son écart de conduite était exceptionnel et dû à son exaspération face aux nombreuses aventures de son mari.

Maigret va interroger l'amant d'Yvonne Maurin, en fait un gigolo, qui lui apprend que celle-ci était vierge lors de leur premîère rencontre. Maigret, désormais certain de tenir le coupable, fait convoquer Marcel Maurin au Quai des Orfèvres et commence à le cuisiner, d'abord en douceur, puis de manière de plus en plus pressante, d'autant qu'il vient d'apprendre que le bouton arraché lors de la dernière tentative de meurtre pourrait bien être celui d'un costume du père du suspect.

Mais, alors que Marcel Maurin, à bout nerveusement, donne l'impression d'être sur le point de craquer, un nouveau crime est commis.

Fiche technique

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Distribution

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On remarque de nombreuses différences entre le film et le roman. Le personnage de Marcel Maurin se nomme Moncin dans le livre. Plusieurs personnages portent d’autres noms, plusieurs adresses sont différentes. Dans l’œuvre de Simenon, Mazet n’est pas un petit voyou mais un ancien collègue de Maigret, et l’inspecteur Lagrume n’existe pas. Pas plus que Jo le Danseur, ni Mauricette, ni Barberot. La double vie d’Yvonne n’est pas mentionnée. D’autre part, dans le roman, l’assassin sévit dans les rues de Montmartre, alors que le film se déroule dans le Marais.

Jean Gabin, septième acteur à incarner Maigret à l'écran, endosse pour la première fois le rôle du célèbre commissaire. Il tourne ensuite deux autres Maigret : Maigret et l'Affaire Saint-Fiacre de nouveau réalisé par Jean Delannoy (1959), puis Maigret voit rouge réalisé cette fois-ci par Gilles Grangier (1963).

Ça ne sert à rien, paroles d'André Hornez et musique de Paul Misraki, interprétée par Paule Desjardins (droits d'origine Polydor transférés aux éditions Larghetto BV)[3].

Lors de sa sortie nationale en 1958, Maigret tend un piège totalise 2 655 530 entrées sur l'ensemble du territoire, dont 688 914 entrées à Paris[4]. En , le film enregistre 3 079 198 entrées comprenant les reprises en salles depuis sa sortie initiale[4].

1958 est l'année des records pour Jean Gabin puisque seulement quelques semaines après (en mars) sort la version des Misérables dans laquelle il tient le rôle de Jean Valjean, film en deux époques de Jean-Paul Le Chanois, le plus grand succès français de l'année avec 7 821 607 entrées[Note 1].

Distinctions

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Récompense

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Prix Edgar-Allan-Poe 1959 : Edgar du meilleur film étranger

Nominations

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BAFTA 1960 :

Autour du film

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  • Le roman de Simenon se déroulait à Montmartre, le film, lui, se passe dans le quartier du Marais. En effet, par la fenêtre de son appartement qu'ouvre Maigret (à 13 min), on voit la colonne de Juillet et Le Génie de la Liberté (ce qui n'est pas conforme aux romans, dans lesquels il habite bien plus haut sur le boulevard Richard-Lenoir, à l'intersection avec l'avenue de la République). Ce quartier du Marais était alors très dégradé, bien loin du quartier chic qu'il est devenu dans les années 1990.
  • La mère de Marcel Maurin a gardé une grue que son fils a fabriquée étant enfant, cette grue semble être faite par la marque britannique Meccano, mais avec trois rangées de trous décalés au lieu d’une pour Meccano (ou de trois non décalés pour le rare Meccano X), elle est faite par Trix, un concurrent allemand de Meccano moins connu[5]. Maigret évoque néanmoins une grue Meccano (à h 34) : « Ça rejoint la grue Meccano et l’eau de la petite fontaine. »
  • On notera une légère incohérence dans le scénario : lors de sa dernière tentative de meurtre, Moncin, qui s'est vu arracher un bouton de costume par sa victime, court chez sa mère qui lui fournit en échange de son costume abîmé un costume de feu son père, intact. Or, le tailleur qui a retrouvé le costume à partir du fameux bouton attribue celui-ci à un costume vendu au père de Moncin en 1939, ce qui signifierait que Moncin a utilisé un costume de son père pour commettre sa tentative de meurtre, puis l'aurait échangé contre un de ses propres costumes conservé par sa mère.

Éditions vidéo

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Maigret tend un piège sort en digibook DVD/Blu-ray chez Coin de Mire Cinéma le .

Notes et références

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  1. Cinq films dans lesquels il joue (et dont les périodes de tournage se sont chevauchées) sortent cette année-là, et non des moindres puisqu'en septembre sort En cas de malheur (avec Brigitte Bardot) et, en novembre, Les Grandes Familles.

Références

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  1. Isabelle Blondel, Olivier Delacroix, Alice Develex, Nicolas d'Estienne d'Orves, Bertrand Guyard, Colette Monsat, Marie-Noëlle Tranchant et Florence Virerron, « Si le Paname d'Audiard m'était conté », Le Figaroscope, semaine du 10 au 16 mai 2017, pages 8-10.
  2. Source : L2TC (Lieux de tournage cinématographique)
  3. Ça ne sert à rien dans le répertoire de la Sacem
  4. a et b Toutes les données chiffrées/Le Box-office 1958, CNC
  5. php88 image du film , la mère de Marcel Maurin et haut de la grue avec les 3 rangées de trous décalés caractéristiques de Trix

Bibliographie

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  • Serge Toubiana et Michel Schepens, Simenon cinéma, Paris, Textuel, (ISBN 2-84597-061-7)
  • Claude Gauteur, D'après Simenon : Simenon et le cinéma, Paris, Omnibus, (ISBN 2-258-05607-1)
  • Jean Chalmont (sous la direction de Jean Tulard), Guide des Films F/O (tome 2), Éditions Robert Laffont/Collection Bouquins, Paris, 2005, page 1974 (ISBN 2-221-10452-8).
  • Adam Garbicz et Jacek Linowski, Cinema the Magic Vehicle : A Guide to its Achievement. Journey Two: The Cinema in the Fifties, Éditions The Scarecrow Press, Metuchen (USA), 1979, page 385.
  • Pierre Tchernia, 80 succès du cinéma policier français, Casterman, Paris, 1989, page 55.
  • Jean-Luc Douin et Daniel Couty, Histoire(s) de films français, Bordas, Paris, 2005, pages 271-277 (ISBN 2-04-729951-9).
  • Christian Janssens, La Fascination Simenon, Éditions du Cerf-Corlet/Collection Septième Art no 123, Paris (ISBN 2-204-07740-2).
  • Benoît Denis (édition, présentation et annotations), Michel Audiard et Georges Simenon : Le Sang à la tête, Maigret tend un piège, Le Président, t. 1, institut Lumière / Actes Sud, , 924 p. (ISBN 9782330141035), scénario et histoire de la production.

Liens externes

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