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Guillaume d'Estouteville

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Guillaume d'Estouteville
Image illustrative de l’article Guillaume d'Estouteville
Biographie
Naissance vers 1412
Valmont ou Estouteville-Écalles
Père Jean II d'Estouteville, Seigneur d'Estouteville et Valmont (d)
Mère Marguerite d'Harcourt (d)
Ordre religieux Ordre de Saint-Benoît
Décès
Rome
Cardinal de l'Église catholique
Créé
cardinal
par le
pape Eugène IV
Titre cardinalice Cardinal-prêtre de Silvestro e Martino ai Monti (1440-1455)
Cardinal-évêque de Porto e Santa Rufina (1455-1461)
Cardinal-évêque de Ostia e Velletri (1461-1483)
Évêque de l'Église catholique
Ordination épiscopale
à Florence par Eugène IV
Archevêque de Rouen
évêque de Maurienne
Évêque de Lodève
Évêque de Nîmes
Évêque de Mirepoix
Évêque de Couserans
Évêque de Digne
Autres fonctions
Fonction religieuse
Archidiacre d'Outre-Loire
Abbé du Mont-Saint-Michel (1444-1483)
Abbé de Saint-Ouen de Rouen (1462-1483)
Légat en France
Doyen du collège des cardinaux

Blason
(en) Notice sur www.catholic-hierarchy.org

Guillaume d'Estouteville (prononciation : /de.tut.'vil/), né au début du XVe siècle dans le pays de Caux et mort le à Rome, est un homme d'Église français originaire de Normandie. Fait cardinal en 1439, il est aussi le trente-quatrième abbé du Mont Saint-Michel de 1444 à sa mort.

Légat apostolique, il est notamment chargé en 1451 d'organiser le procès visant à annuler la condamnation prononcée en 1431 contre Jeanne d'Arc par un tribunal ecclésiastique au service du roi d'Angleterre Henri VI et de son représentant en France Jean de Lancastre. L'annulation est prononcée en 1456, trois ans après la fin de la guerre de Cent Ans (1337-1453). En 1455, il est chargé d'organiser une croisade contre les Turcs ottomans, qui, en 1453, se sont emparés de Constantinople, capitale de l'Empire byzantin.

Date et lieu de naissance

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Il existe des désaccords en ce qui concerne sa naissance : selon certains, il nait en 1403[1], selon d'autres vers 1412[réf. nécessaire], à Valmont (à quelques kilomètres à l'est de Fécamp), ou à Estouteville-Écalles (à 20 km au nord-est de Rouen et 40 km à l'est de Fécamp).

Origines familiales et formation

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Sa famille paternelle est l'une des plus puissantes de Normandie, richement possessionnée dans le pays de Caux autour du château de Valmont : il est le fils de Jean, seigneur d'Estouteville et de Valmont (1378-1435), chambellan du duc d'Orléans et grand bouteiller de France.

Sa mère est Marguerite d'Harcourt, fille de Jean VI d'Harcourt, issue d'une autre très grande et ancienne famille de Normandie, existant déjà à l'époque des ducs[2].

Il a un frère aîné, Louis d'Estouteville (1400-1464), héritier des seigneuries familiales, sénéchal de Normandie et grand-bouteiller de France, qui s'illustre pendant la guerre de Cent Ans en empêchant pendant neuf ans (1425-1434) les Anglais de prendre le mont Saint-Michel.

Il est le neveu par sa mère de l'archevêque de Rouen Louis d'Harcourt (1382-1422)[2].

Il fait des études supérieures à l'université de Paris puis à celle d'Angers où il obtient une licence en décret[pas clair] avant 1435[2], puis un doctorat en droit canon[1].

Début de carrière : du diaconat au cardinalat (1439)

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Moine bénédictin du prieuré Saint-Martin-des-Champs[1], il en devient prieur[1], puis est nommé protonotaire apostolique en avril 1433. Il est prébendé[pas clair] et archidiacre à Lyon puis précepteur[pas clair] en 1440[2]. En 1433, il est chanoine d'Angers et archidiacre d'Outre-Loire[2].

Guillaume d'Estouteville est élu évêque d'Angers le [1], puis confirmé le , mais ne peut pas en prendre possession[1].

En compensation de ce contretemps, il est nommé évêque du Couserans[2] et de Digne, le et dont il prend possession le 8 novembre[1] (Il abandonne formellement la fonction d'évêque d'Angers le ).

Il est créé cardinal le [2] avec le titre cardinalice de Saint-Sylvestre et Saint-Martin des Monts le [1]. Il est consacré comme cardinal le à Florence, probablement par le pape Eugène IV[1].

Liste de ses fonctions et de ses bénéfices

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Au cours de sa vie, il reçoit de nombreux postes et bénéfices :

Le , l'élection du chapitre de la cathédrale de Rouen désigne deux candidats : Philippe de la Rose et Richard Olivier. Guillaume d'Estouteville, légat du pape en France depuis septembre 1451 obtient l'appui du roi Charles VII et est transféré à Rouen le . Il prend possession le par Louis d'Harcourt, archevêque de Narbonne, et fait son entrée solennelle le . Il sera archevêque de Rouen jusqu'à sa mort en 1483. Dès 1455, il quitte définitivement Rouen pour Rome et nomme des vicaires qui administrent en son nom[2].

Période du cardinalat

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Canonisation de Bernardin de Sienne (1445)

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Il fait partie des cardinaux chargés par Eugène IV en 1445, puis par Nicolas V le , de la canonisation de Bernardin de Sienne[1].

Révision du procès de Jeanne d'Arc (1451-1456)

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Nommé légat apostolique en France le , il est chargé de la réforme des écoles et du rétablissement de la paix entre l'Angleterre et le Saint-Siège[1]. Il est délégué en 1452 par le pape Nicolas V (1447-1455) pour rouvrir le dossier relatif au procès de Jeanne d'Arc[6], condamnée à mort en 1431 à Rouen par un tribunal ecclésiastique au service du roi d'Angleterre Henri VI. Il rencontra au préalable, en , le roi de France Charles VII, alors en résidence à Tours. L'enquête officielle s'ouvrit le à Rouen, avec le concours de Jean Bréhal, inquisiteur de France, prieur du couvent Saint-Jacques de Paris[7].

À la suite de cette enquête, Jean Bréhal rédige un Summarium, étudié par diverses autorités ecclésiastiques durant les deux années qui suivirent, et obtint du nouveau pape Calixte III (1455-1458) un rescrit ordonnant l'ouverture d'un nouveau procès[1], supervisé au nom du pape par trois commissaires : l'archevêque de Reims Jean Juvénal des Ursins, l'évêque de Paris Guillaume Chartier et l'évêque de Coutances Richard Olivier.

Les audiences du procès en nullité de la condamnation de Jeanne d'Arc (dit « procès de réhabilitation », mais il s'agit plutôt d'une cassation) se tinrent pour l'essentiel à l'archevêché de Rouen, désormais dirigé par Guillaume d'Estouteville, à partir de , pour aboutir, le , à la cassation du jugement de mai 1431.

Organisation de la guerre contre les Turcs ottomans (1455-1464)

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En 1455, il est membre de la commission chargée de la formation de la flotte pontificale contre les Turcs ottomans, qui viennent de s'emparer de Constantinople (1453), mettant fin à l'Empire romain d'Orient (dit « Empire byzantin »).

Après l'élection du pape Pie II en 1458, il l’accompagne au congrès de Mantoue le . Il reçoit au nom du pape en 1461 la reine Charlotte de Chypre. Il accompagne à nouveau le pape à Ancône en juillet 1464. Il est chargé du rétablissement de l'ordre parmi les croisés.

À la suite de la mort de Pie II et de l'élection de Paul II, il devient un des trois commissaires généraux de la croisade en novembre 1464.

Dernières années (1465-1483)

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Il est nommé membre de la commission pour les affaires de la Bohême au début 1465. Il participe au conclave de 1471 qui élit Sixte IV et consacre le nouveau pape le [1].

En 1472, il est doyen du Collège des cardinaux et en 1477, devient camerlingue[2].

Nommé légat en France le , il décline et est remplacé par Francesco Maria Scelloni-Visconti, évêque de Viterbo. Le , il accompagne le pape Sixte IV à Foligno pour fuir la peste présente à Rome[1].

Au cours de son cardinalat, il aura participé aux conclaves de 1447 (élection du pape Nicolas V), 1458 (élection du pape Pie II), 1464 (élection du pape Paul II) et 1471 (élection du pape Sixte IV) et n'aura manqué que celui de 1455 qui voit Calixte III devenir pape[1].

Mort et funérailles

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Il meurt à Rome le [1].

Son corps reste à Rome, inhumé dans l'église Saint-Augustin. L'emplacement de sa tombe est aujourd'hui inconnu. Un buste de lui est mis en place au XVIIe siècle près de la porte de la sacristie[1].

Son cœur est ramené à Rouen et inhumé dans la nef de la cathédrale, dans le tombeau qu'il a fait élever à partir de 1474, formé d'une dalle de marbre noir surmontée d'un gisant en albâtre, détruit en 1562 par des calvinistes[2].

L'inventaire de ses biens a relevé des centaines de bagues, une collection de 114 camées ou intailles, de l'argenterie, des manteaux et une bibliothèque de 269 volumes. Il aura été le cardinal le plus riche de son temps[2],[1].

Descendance

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Il a de Girolama Togli cinq enfants dont deux qu'il dote de domaines et châteaux[2].

Son rôle comme mécène

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Au cours de sa carrière, il engagera de nombreux travaux, notamment en Italie. Il aménage la place Navone sur un ancien cirque antique et reconstruit le palais Saint-Apollinaire dont il fait sa résidence. Il élève le palais archiépiscopal de Velletri, reconstruit les fortifications de Fracasti, construit de nouvelles églises pour Cori et Tolentino[2], et Saint-Augustin à Rome. Il relève des ruines Ostie[1] et édifie la cathédrale d'Ostie[2]. Il répare le toit des bas-côtés de la basilique Sainte-Marie-Majeure et embellit l'église Saint-Louis-des-Français de Rome[1].

En France, il restaure l'archevêché de Rouen où il élève une nouvelle aile[1]. Il dépense 50 000 livres et réalise les cinq premières travées de la nef de l'abbatiale Saint-Ouen, les vitraux du transept et un jubé aujourd'hui disparu[8]. Il relève la forteresse de Gaillon démantelée par les Anglais et réalise le chœur de l'abbatiale du Mont-Saint-Michel[2].

Parentés royales

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Avec la maison de Valois (qui règne sur la France et la Bourgogne)

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Descendants au 4e degré de Charles de Valois (1270-1325), Louis et Guillaume étaient tous deux relativement proches parents[9], à des degrés divers, de plusieurs protagonistes de la Guerre de Cent Ans, liés de près ou de loin à l'épopée de Jeanne d'Arc :

Voir l'article : Liens de parenté entre les Estouteville et les Valois.

Avec la maison Plantagenêt (qui règne sur l'Angleterre)

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Les Estouteville sont également apparentés à quatre autres descendants de Philippe le Bel, roi de France et frère aîné de Charles de Valois :

  • Henri V (1387-1422), roi d'Angleterre (1413-1422),
  • Henri VI, roi d'Angleterre, fils de Henri V et petit-fils de Charles VI,
  • Jean de Lancastre, duc de Bedford (1389-1435), frère de Henri V, régent de France (1422-1435),
  • Humphrey de Gloucester (1390-1447), frère de Henri V, régent d'Angleterre (1422-?),
  • Henri Beaufort (1375-1447), oncle illégitime de Henri V, dit « le cardinal de Winchester », qui est présent lors du procès de Jeanne d'Arc, s'entretenant à plusieurs reprises avec elle.

Armoiries épiscopales

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Ses armes étaient : Écartelé, aux 1 et 4: burelé de gueules et d'argent de dix pièces au lion de sable, armé, lampassé et couronné d'or, brochant sur le tout(Estouteville); au 2 et 3: de gueules à deux fasces d'or (Harcourt); sur le tout, d'azur, à trois fleurs de lis d'or, à la cotice de gueules, brochant sur le tout (Bourbon)[2],[10].

Notes et références

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  1. a b c d e f g h i j k l m n o p q r s t et u The Cardinals of the Holy Roman Church: Consistory of December 18, 1439 (III)
  2. a b c d e f g h i j k l m n o p et q Vincent Tabbagh (préf. Hélène Millet), Fasti Ecclesiae Gallicanae 2 Diocèse de Rouen : Répertoire prosopographique des évêques, dignitaires et chanoines des diocèses de France de 1200 à 1500, Turnhout, Brepols, , 447 p. (ISBN 2-503-50638-0), p. 130-136.
  3. Il laisse l'évêché de Mirepoix à Eustache de Lévis-Léran.
  4. Il est nommé à ce poste par le pape Nicolas V.
  5. Il abandonne l'évêché de Lodève à Bernard de Casilhac, mais le conserve jusqu'en 1462 pour être remplacé par Jean de Corguilleray, abbé de Saint-Ouen
  6. François Neveux, « Le contexte historique des procès de Jeanne d’Arc », dans De l’hérétique à la sainte : Les procès de Jeanne d’Arc revisités, Presses universitaires de Caen, coll. « Symposia », , 25–38 p. (ISBN 978-2-84133-813-9, lire en ligne)
  7. Alain Sadourny, « Rouen au temps des procès de Jeanne d’Arc (1431-1456) », dans De l’hérétique à la sainte : Les procès de Jeanne d’Arc revisités, Presses universitaires de Caen, coll. « Symposia », , 39–48 p. (ISBN 978-2-84133-813-9, lire en ligne)
  8. Lucien-René Delsalle, Des monastères urbains: Saint-Ouen de Rouen dans « Rouen à la Renaissance, sur les pas de Jacques Le Lieur », L’Armitière, Rouen, 2007, p.  347-356.
  9. Contrairement à ce qui est dit par erreur dans le Jeanne d'Arc de Régine Pernoud et Marie-Véronique Clin (Paris : Fayard, 1986), dans le chapitre « Charles le Victorieux », section « Réouverture du dossier », les frères Estouteville ne semblent pas avoir eu pour grand-mère maternelle une sœur du roi Charles V.
  10. Arnaud Bunel, Armorial illustre des Archevêques de Rouen, v.1.1, 2010.

Bibliographie

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  • Ambroise Angley (18xx-18xx, historien et prêtre), Histoire du diocèse de Maurienne, Saint-Jean-de-Maurienne, impr. de J.-B. Héritier, , 500 p. (lire en ligne), « LXVIII. Guillaume d'Estouteville. Cardinal », p. 248-257.

Liens externes

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