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Fusillade dans une synagogue de Pittsburgh

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Fusillade de la synagogue de Pittsburgh
Image illustrative de l’article Fusillade dans une synagogue de Pittsburgh
Synagogue « Tree of Life » de Pittsburgh

Localisation Pittsburgh, Pennsylvanie, États-Unis
Cible Juifs
Coordonnées 40° 26′ 37″ nord, 79° 55′ 17″ ouest
Date
Vers h 45 (UTC−4)
Type Fusillade de masse, Tuerie de masse
Morts 11
Blessés 1 blessé grave
Auteurs présumés Robert Bowers
Mouvance Extrême droite antisémite[1]
Théorie du complot du « génocide blanc »
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Fusillade dans une synagogue de Pittsburgh
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Fusillade dans une synagogue de Pittsburgh
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Fusillade dans une synagogue de Pittsburgh

La fusillade de la synagogue de Pittsburgh est une attaque terroriste antisémite survenue le aux États-Unis sous l'influence de la propagande du Ku Klux Klan et de groupuscules néo-nazis. Un tireur est entré dans la synagogue « Tree of Life (en) » de Pittsburgh, en Pennsylvanie[2],[3]. Les autorités ont fait état de 11 morts et plusieurs blessés. Selon l'Anti-Defamation League c'est l'attaque la plus meurtrière perpétrée contre des Juifs dans l'histoire des États-Unis[4].

La fusillade s'inscrit dans une tendance où les lieux de culte sont devenus la cible de violences extrémistes, que ce soient des synagogues, des églises chrétiennes ou des temples sikhs[5]. The Washington Post estime que le camp républicain attise « les craintes de l’opinion publique » en listant plusieurs crimes récents liés à l’extrémisme de droite : « l’assassinat de deux Afro-Américains dans une épicerie à Louisville », les « bombes artisanales ciblant une douzaine de démocrates qui auraient été envoyées par un partisan de Trump » et enfin « la fusillade de masse dans une synagogue de Pittsburgh » dont « le dénominateur commun semble être le ciblage de groupes spécifiques en fonction de la race, de la religion ou des convictions politiques[5] ». Selon un rapport publié quelques jours avant la fusillade, l’Anti-Defamation League, un groupe de défense des droits civiques des personnes juives aux États-Unis, met en évidence la progression de l’antisémitisme sous la présidence de Donald Trump en montrant que les sympathisants d'extrême droite ont intensifié une vague de harcèlement antisémite à l’encontre de journalistes et de candidats juifs aux élections de mi-mandat, dont les attaques de Trump et plusieurs de ses proches à l’encontre du milliardaire juif américain d'origine hongroise George Soros[6].

Dans un article publié le jour de la fusillade dans The New Yorker, Alexandra Schwartz pointe les signes avant-coureurs de l'attentat et la montée de l'antisémitisme aux États-Unis depuis la campagne présidentielle de 2016, avec en particulier une recrudescence de la négation de la Shoah et l'explosion du « vitriol de l'antisémitisme » sur Internet[7]. L'auteur démontre que l'antisémitisme n'avait pas pris une telle ampleur dans la culture américaine depuis le début des années 1940[7].

Le samedi , pendant l'office matinal de chabbat, à environ h 45, un tueur a fait irruption dans la synagogue « Tree of Life » de Pittsburgh[8]. La communauté existe depuis 150 ans et appartient au mouvement Massorti[8]. Le bâtiment, construit en 1953, abrite aujourd'hui deux autres communautés : New Light et Dor Hadash.

Selon Jewish Telegraphic Agency, le suspect est entré dans la synagogue où se préparait une cérémonie de circoncision[9], en criant : « Tous les juifs doivent mourir ! » avant d'ouvrir le feu[10]. À environ 10 h (14 h UTC) les services de secours sont arrivés à la synagogue[11]. Le tireur, un antisémite revendiqué blessé durant l'affrontement avec la police, a été placé en garde à vue puis inculpé et emprisonné.

Le suspect se nomme Robert Bowers, un habitant de Pittsburgh âgé de 46 ans[12].

Un compte était ouvert au nom de Robert Bowers sur le réseau social Gab, connu pour être un refuge des suprémacistes blancs[13]. On y lisait des affirmations antisémites : « Les juifs sont des enfants de Satan[14] » et d'autres messages violemment antisémites[15]. Il y était également reproché au président Donald Trump d'être un « mondialiste et non pas un nationaliste »[16]. Il y était aussi écrit que le slogan « Make America Great Again » n'a pas lieu d'être, les États-Unis étant « infestés de youpins »[16]. Il exprime sa haine pour la Société d'aide aux immigrants juifs (HIAS), qui aide des immigrants de toute religion ou croyance[17]. Après la fusillade, Gab contacte le FBI et suspend le profil de Bowers, et ferme deux jours plus tard[18].

Les 11 personnes tuées dans l'attaque sont[9] :

  • les frères Cecil et David Rosenthal, 59 et 54 ans, qui distribuaient les livres de prières à l'entrée de la synagogue ;
  • Daniel Stein, 71 ans et Richard Gottfried, 65 ans, dentiste[19], qui préparaient une collation dans la cuisine de la synagogue ;
  • Melvin Wax, 88 ans, comptable à la retraite[20], qui conduisait l'office de New Light ;
  • Joyce Fienberg, 75 ans ;
  • Rose Mallinger, 97 ans, membre de « Tree of Life » depuis 60 ans[21], qui n’était en revanche pas une survivante de la Shoah[22], contrairement à ce que des médias ont supposé[23] ;
  • Jerry Rabinowitz, 66 ans, médecin ;
  • les époux Sylvan et Bernice Simon, 86 et 84 ans ;
  • Irving Younger, 69 ans, fidèles de « Tree of Life »[24].
Le gouverneur Tom Wolf réagit.

Le président américain Donald Trump réagit en deux temps : « C’est franchement une chose terrible, terrible ce qu’il se passe avec la haine dans notre pays et partout dans le monde » puis évoque plus tard dans la journée son caractère antisémite : « Il ne devrait y avoir aucune tolérance envers l'antisémitisme ». Les drapeaux sont mis en berne jusqu’au . En soirée, il évoque la peine capitale et affirme que « s'il y avait eu un garde armé à l'intérieur, ils auraient peut-être pu être en mesure de l'arrêter immédiatement »[6]. Le gouverneur démocrate de Pennsylvanie, Tom Wolf, réagit immédiatement[25].

Justin Trudeau a tweeté sa solidarité avec la communauté juive de Pittsburgh et Emmanuel Macron a déclaré être avec le peuple américain[26].

Président de la conférence épiscopale américaine, le cardinal Daniel DiNardo, écrit dans un communiqué, le soutien des catholiques américains à la communauté juive : « À nos frères et sœurs de la communauté juive, nous sommes à vos côtés » , le pape François a exprimé sa « proximité » avec la ville de Pittsburgh, et en particulier avec la communauté juive, touchée par un « acte inhumain de violence »[27]. Par la voix de Sayyid Syeed, la Société islamique d’Amérique du Nord déclare : « Nous sommes solidaires avec nos sœurs et nos frères juifs pour nous exprimer contre l’antisémitisme. Cette fusillade est un exemple de la montée de l’antisémitisme et du sectarisme, ainsi que de l’épidémie de violence armée »[27]. Le pasteur et président de la Convention baptiste du Sud, James David Greear, qualifie l’antisémitisme de « mensonge méprisable » à rejeter sans équivoque[27].

Venu mardi se recueillir dans la synagogue de Pittsburgh, Donald Trump est accueilli par des manifestants hostiles qui l’accusent d’attiser la haine[28]. Jeffrey Myers, le rabbin de la synagogue visée, réagit également : « Monsieur le président, les discours de haine mènent à des actes de haine. Les discours de haine mènent à ce qui s’est produit dans mon sanctuaire[29]. »

Conséquences

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Le , le Département d'État des États-Unis place le groupe monarchiste et suprémaciste blanc « Mouvement impérial russe », et trois de ses chefs Stanislav Vorobiev, Denis Gariev et Nikolaï Trouchtchalov, sur la liste noire du terrorisme international[30]. Il s'agit de la première fois que les États-Unis inscrivent un groupe suprémaciste blanc sur cette liste[30]. Pour motiver cette inscription, en plus de la participation du « Mouvement impérial russe » aux côtés des rebelles pro-russes dans la guerre du Donbass et de sa tentative de recruter des Américains pour s'y battre, le Département d’État s'appuie sur la montée du terrorisme lié au suprémacisme blanc depuis 2015, et se réfère en particulier aux fusillades de la synagogue de Pittsburgh et d'El Paso[30].

Traitement par des médecins juifs

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Robert Bowers a été traité par des médecins juifs qui lui sauvent la vie, au Allegheny General Hospital (AGH) de Pittsburgh, selon le docteur Jeffrey Cohen, président de l'AGH, dans une entrevue avec le réseau américain de télévision ABC, dans l'émission Good Morning America. Le docteur Cohen, juif et membre de la synagogue attaquée par Bowers, lui rend visite dans son hôpital[31].

Polémique sur l'appellation « synagogue » du bâtiment

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Le grand rabbin d’Israël David Lau déclare que « le meurtre d’un Juif, où que ce soit dans le monde, parce qu’il est juif, est quelque chose d’impardonnable » et qu'ils « ont été tués parce qu’ils étaient juifs. La question de leur synagogue ou de leur tradition liturgique n’importe pas »[32].

Cependant, les désaccords entre la communauté juive américaine et la communauté juive orthodoxe israélienne ressortent à l'occasion de cet attentat. Des Israéliens reprochent aux Américains leur trop forte assimilation, les mariages mixtes, leurs critiques vis-à-vis de la politique israélienne[33],[34]. Dans ce contexte, le refus du Grand rabbin de reconnaître le bâtiment attaqué comme une synagogue est critiqué par Benyamin Netanyahou[35].

Une branche locale du Parti travailliste anglais refuse d'approuver un communiqué proposé par sa section au motif que celui-ci « parlait trop d'antisémitisme » et préférant condamner « le racisme en général »[36].

Précédents notoires aux États-Unis

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Dans des lieux communautaires juifs

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Dans des lieux de cultes

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Références

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  1. Philippe Gélie, « Tuerie de Pittsburgh : un assassin venu de l'extrême droite antisémite », sur lefigaro.fr, site de journal Le Figaro, .
  2. (en) Dakin Andone, Keith Allen et Jason Hanna, « At least 4 dead in shooting at Pittsburgh synagogue, official says », sur CNN, (consulté le ).
  3. JTA, « KKK Fliers Found In Squirrel Hill, Site Of Pittsburgh Massacre », sur The Forward (consulté le ).
  4. (en) « Pittsburgh synagogue attack worst on worshiping Jews in U.S. history, Cincy archivist says », Cincinnati.com,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  5. a et b Pierre Bouvier, « Après l’attaque antisémite de Pittsburgh, Trump et le camp républicain accusés d’attiser la haine », sur lemonde.fr, site du journal Le Monde, (consulté le ).
  6. a et b Mathieu Magnaudeix et Marine Turchi, « Attentat antisémite de Pittsburgh: Donald Trump face à ses monstres », sur mediapart.fr, (consulté le ).
  7. a et b (en) « The Tree of Life Shooting and the Return of Anti-Semitism to American Life », The New Yorker,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  8. a et b « Le tireur a fait irruption dans la synagogue de Pittsburgh en pleine cérémonie familiale », Le Huffington Post,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  9. a et b (en) « How the Pittsburgh synagogue shooting unfolded », sur jta.org, (consulté le ).
  10. (en) « 8 Dead, Several Others Shot At Pittsburgh Synagogue », sur pittsburgh.cbslocal.com (KDKA), (consulté le ).
  11. (en) « Pittsburgh shooting: Casualties at Squirrel Hill synagogue », sur BBC, (consulté le ).
  12. (en) Andy Sheehan, « Pittsburgh Synagogue Shooter Identified As Robert Bowers, Yelled ‘All Jews Must Die’ As He Opened Fire », sur pittsburgh.cbslocal.com, (consulté le ).
  13. « Tuerie dans une synagogue de Pittsburgh : ce que l'on sait de Robert Bowers, l'homme arrêté », sur Franceinfo, .
  14. Jean, 8:44
  15. (en) « 11 dead, 6 injured in Pittsburgh synagogue shooting », sur Jewish Telegraph Agency, .
  16. a et b « Qui est Robert Bowers ? », sur LCI, .
  17. Françoise Ouzan, « Pourquoi la haine antijuive et xénophobe du tueur s'est cristallisée sur un groupe qui tend la main aux réfugés », Le Monde, 31 octobre 2018.
  18. « Etats-Unis : utilisé par le tireur de Pittsburgh, le réseau social d'extrême droite Gab se dit contraint de fermer », Franceinfo,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  19. (en) « Shooting Victims Remembered: 'The Loss Is Incalculable'. », The New York Times,‎ (lire en ligne).
  20. (en) Ariella Kaplan et Ben Sales, « Pittsburgh shooting victim Melvin Wax remembered as a devoted grandfather and selfless community member », sur jta.org, (consulté le ).
  21. (en) Funeral To Be Held For 97-Year-Old Synagogue Attack Victim. November 2, 2018. Yeshiva World.
  22. (en) David Mikkelson, « Was Pittsburgh Synagogue Shooting Victim Rose Mallinger a Holocaust Survivor? », sur snopes.com, site de Snopes, (consulté le ).
  23. Marianne Enault, « Pittsburgh : ce que l'on sait des 11 victimes de la tuerie de la synagogue », sur lejdd.fr, site du Journal du dimanche, (consulté le ).
  24. (en) « Here are the names of the victims of the Pittsburgh synagogue shooting », sur jta.org, (consulté le ).
  25. (en) Kathleen Joyce, « Multiple casualties, three officers shot at Pittsburgh synagogue; suspect in custody », sur Fox News, (consulté le ).
  26. (en) Alex Ward, « Foreign leaders are “appalled” at the Pittsburgh shooting », .
  27. a b et c Arnaud Bevilacqua, « Après la fusillade de Pittsburgh, les autres religions soutiennent la communauté juive », sur la-croix.com, site du journal La Croix, (consulté le ).
  28. « Donald Trump conspué à Pittsburgh », Le Parisien,‎ (lire en ligne).
  29. Eric Alterman, « Israël s’aliène les Juifs américains », sur monde-diplomatique.fr, .
  30. a b et c « Les Etats-Unis placent un groupe suprémaciste blanc sur sa liste noire pour terrorisme, une première », sur lemonde.fr, Le Monde, (consulté le ).
  31. (en) Pittsburgh Shooter Was Treated By JEWISH Doctors; Prosecutors Seek Death Penalty as Trial Begins; AND MORE. The Yeshiva World, October 30, 2018.
  32. « Savoir si Tree of Life est une synagogue n’a pas d’importance, dit David Lau », sur The Times of Israel, .
  33. « Le fossé se creuse » entre les Juifs israéliens et américains », sur The Times of Israel, .
  34. « Oren/tuerie à Pittsburgh : « Il faut reconnaître les Juifs non-orthodoxes » », sur The Times of Israel, .
  35. « Attentat de Pittsburgh : Nétanyahou recadre le rabbinat israélien », sur liberation.fr, site du journal Libération, .
  36. « Refus de condamner l'attaque de Pittsburgh : le Parti travailliste n'en a pas fini avec l'antisémitisme », sur Marianne, .

Articles connexes

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