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Compagnie royale des Philippines

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Compagnie royale des Philippines
Histoire
Fondation
Dissolution
Cadre
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Type
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Siège
Pays
La Junte des Philippines, huile sur toile de grand format réalisée par Francisco de Goya en 1815 (Musée Goya, Castres, France).
Action de la Real Compañia de Filipinas (Compagnie royale des Philippines) en date du 15 juillet 1785

La Compagnie royale des Philippines (en espagnol : Real Compañía de Filipinas est une compagnie à charte du siècle des Lumières créée à la fin du XVIIIe siècle par le roi Charles III d'Espagne pour promouvoir le commerce direct entre les Philippines (colonie de l'Empire espagnol) et la métropole.

La compagnie, forte d'un décret royal, impose son monopole sur l'archipel et tout le commerce environnant. Enrichissant l'Espagne dans un premier temps, elle finit par s'affaiblir pour disparaître dans les années 1830.

François Cabarrus, peint par Francisco de Goya en 1788.

François Cabarrus, directeur de la Compañía Guipuzcoana de Caracas, sur le point d'être dissoute, propose d'unir le commerce de l'Amérique avec celui de l'Asie par les Philippines[1] en réunissant les droits de l'ancienne compagnie à la nouvelle[2]. Son plan est adopté, et la Compagnie royale des Philippines est créée le avant d'être institutionnalisée le [3] par une Real cédula[N 1] de Charles III et est dirigée par François Cabarrus.

La finalité de la compagnie est de promouvoir le commerce direct entre les Philippines (alors colonie de l'Empire espagnol) et la métropole. La Real cédula prévoit également de fermer le port de Manille à tout navire étranger. Ainsi, seule la compagnie peut importer des marchandises du Mexique, de la Chine ou des Indes orientales, ainsi qu'acheminer du fret d'Extrême-Orient[5].

Elle est fondée avec un fonds initial de 3 000 actions de 250 pesos chacune, participant à l'opération des entreprises financières espagnoles en train de naître. Plus tard, sa capitalisation est augmentée avec l'émission de bons. La compagnie s'enrichit rapidement — son capital est fin 1785 de 10 millions de pesos — et cherche à moderniser les capacités d'exportation de l'archipel ; elle prend le contrôle des autres compagnies et conserve la stratégie commerciale déjà en place en privilégiant la culture d'exportation : indigo, café, sucre, épices, coton[5].

La Compagnie royale des Philippines obtient le monopole du commerce et sert à maintenir une activité stable entre l'Asie et l'Espagne et renforce le rôle des Philippines dans sa région.

Les rois d’Espagne concluent, à l'effet de pourvoir des esclaves aux Indes orientales espagnoles, des contrats de asiento avec différentes compagnies, principalement portugaises et espagnoles. En 1713, l'Angleterre, sortie victorieuse de la guerre de Succession d'Espagne, obtient le monopole de ce commerce, mais le dernier asiento est contracté avec la Compagnie royale des Philippines en 1787. Les Noirs sont mesurés puis marqués au fer, jusqu’à l’interdiction de cette pratique en 1784.

Monopole et déclin

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Quand la compagnie grandit et commence à participer sur d'autres monopoles espagnols, cela réduit les droits de monopole aux autres compagnies de l'empire, ce qui crée des problèmes pour des compagnies de la concurrence avec qui ils opéraient sur des produits similaires avec l'Amérique. De plus graves conflits ont eu lieu avec les négociants de Manille et les Philippins eux-mêmes, qui utilisaient la route vers Acapulco pour ses propres activités ou avec le Royaume-Uni ; cette route faisait du commerce asiatique la première puissance commerciale mondiale[6],[N 2].

Ces problèmes ont provoqué une décadence progressive du projet à partir de 1794, pour finalement devenir pratiquement inopérant entre la fin du XVIIIe siècle et le début du XIXe siècle.

Portrait de José Luis Munárriz réalisé par Francisco de Goya en 1815.

L'écrivain José Luis Munárriz entre au service de la Compagnie en 1796, où il devient secrétaire puis directeur le .

Pendant la régence de Marie-Christine de Bourbon-Siciles pour sa fille Isabelle II d'Espagne, de 1833 à 1840, la compagnie est dissoute.

La Junte des Philippines

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Une réunion annuelle a lieu en mars de chaque année entre ses 51 membres de la compagnie ; José Luis Munárriz, directeur de la compagnie, commande à l'occasion de celle de 1815 une peinture à Francisco de Goya : La Junte des Philippines. L'œuvre est très sombre et reflète l'obscurantisme des idées de Ferdinand VII, de retour d'exil, à l'opposé des Lumières que soutenait le peintre[8].

La toile décrit ainsi le climat d'une économie espagnole ruinée par la Guerre d'indépendance espagnole et dont l'empire est en perdition[9]. La Compagnie royale des Philippines est irrémédiablement endettée et inefficace. Le roi persécute les libéraux et les pousse à l'exil — ce que fera Goya en 1824, quand il part en France[10].

Les îles de la Compagnie Royale

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Un groupe d'îles, au sud de la Tasmanie, auraient été signalées en 1803 par un navire espagnol appartenant à la compagnie et nommées les îles de la Compagnie Royale d'après la Compagnie royale des Philippines. Il fallut plusieurs expéditions pour conclure à l’inexistence de ces îles fantômes. Elles sont restées visibles pendant plus d'un siècle dans les cartes de la région[11],[12].

Notes et références

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  1. Cette Real cédula est reproduite en français dans l'ouvrage de Jacques Peuchet, Dictionnaire universel de la géographie commerçante[4].
  2. Le général H. L. V. Ducoudray Holstein décrit dans le premier chapitre de ses Mémoires le territoire de Tierra Firme, alors Vice-royauté de Nouvelle-Grenade en 1810 :

    « Il est si peu de personnes qui ne connaissent le système colonial espagnol, que nous regardons comme inutile d'en parler ici ; toutefois, nous ne croyons pas devoir montrer la même réserve à l'égard de la compagnie philippine, à cause de la raison contraire. Cette compagnie se composait de marchands et de capitalistes de la Biscaye en Espagne, qui achetaient du roi le privilège d'importer et d'exporter des marchandises et des denrées de toute espèce, et d'en fixer le prix. Sur le continent de l'Amérique méridionale, ni le capitaine-général, ni le vice-roi ne pouvaient rien changer au prix fixé par la compagnie. La peine capitale était prononcée contre tous ceux qui trafiquaient avec les habitants sans être autorisés par elle. Les indigènes étaient obligés de respecter ces privilèges exorbitants. Ce n'est pas tout : la compagnie avait des vaisseaux armés, appelés guarda costas, lesquels étaient employés à prévenir toute relation d'affaires entre les individus qui n'étaient pas autorisés par la compagnie. Le profit net des sociétaires était d'environ trois cents pour cent. Ce mode seul de commerce doit montrer à quel pitoyable état était réduite l'industrie des habitants de la Colombie. »

    — Ducoudrau Holstein, Histoire de Bolivar, 1831[7].

Références

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  1. Gé-Magazine n°178 de 12/1989[source insuffisante].
  2. Peuchet 1799, p. 786
  3. Buzeta et Bravo 1850, p. 148
  4. Peuchet 1799, p. 786-795
  5. a et b Mangin 1993, p. 59
  6. Buzeta et Bravo 1850, p. 149-162
  7. Ducoudrau Holstein 1831, p. x-xj
  8. (en) Mark W. Roskill, The interpretation of pictures, Boston, University of Massachusetts, , 124 p. (ISBN 0-87023-661-X, lire en ligne), p. 51
  9. (es) Robert Hughes, Goya, New York, Alfred A. Knopf, , 429 p. (ISBN 0-394-58028-1), p. 349
  10. (en) Juan José Junquera, The Black Paintings of Goya, Londres, Scala Publishers, , 95 p. (ISBN 978-1-85759-273-3 et 1-85759-273-5)
  11. (en) Francis J. Bayldon, « The royal company islands », Australian Geographer, vol. 2, no 7,‎ , p. 27-30 (DOI https://doi.org/10.1080/00049183508702139, lire en ligne)
  12. (es) José Espinosa y Tello, Carta náutica de Oceanía / construida por Dn José de Espinosa, (lire en ligne)

Bibliographie

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Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • (es) Manuel Buzeta et Felipe Bravo, Diccionario geográfico, estadístico, histórico de las Islas Filipinas, Madrid, Jos. C. de la Peña, (OCLC 3067172, lire en ligne) Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • (es) Henri La Fayette Villaume Ducoudrau Holstein, Memorias de Simón Bolívar y de sus principales generales : que comprende una historia secreta de la revolución y de los eventos anteriores a ésta, desde 1807 hasta 1828, , 504 p. (ISBN 978-1-4565-4564-2)
    • Henri La Fayette Villaume Ducoudrau Holstein (trad. Alphonse Viollet), Histoire de Bolivar, Paris, A. Levavasseur, , 322 p. (OCLC 183096172, lire en ligne) Document utilisé pour la rédaction de l’article
    • (en) Henri La Fayette Villaume Ducoudrau Holstein, Memoirs of Simon Bolivar : President Liberator of the Republic of Colombia, and of his principal generals : secret history of the Revolution and the events which preceded it, from 1807 to the present time, Boston, S.G. Goodrich, , 383 p. (OCLC 1871839)
  • Marc Mangin, Les Philippines, Paris, Karthala, , 218 p. (ISBN 978-2-86537-350-5, lire en ligne) Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Jacques Peuchet, Dictionnaire universel de la géographie commerçante, Paris, Blanchon, (OCLC 65346099, lire en ligne), p. 786 Document utilisé pour la rédaction de l’article