Aller au contenu

Claudia Goldin

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Claudia Goldin, née le à New York, est une économiste américaine, principalement connue pour ses travaux sur la main-d'œuvre féminine, l'économie du travail, l'inégalité des revenus, l'éducation et l'inégalité de salaire entre les hommes et les femmes. Elle est professeure à l'université Harvard et directrice du programme de développement de l'économie américaine au National Bureau of Economic Research.

Elle est lauréate en 2023 du prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d'Alfred Nobel pour ses recherches empiriques sur le rapport des femmes au marché du travail.

Éducation et carrière

[modifier | modifier le code]

Claudia Goldin est née à New York en 1946 dans une famille juive. Elle a fréquenté le Bronx High School of Science et l’université Cornell[1].

Elle a d'abord l’intention de devenir biologiste puis bifurque en seconde année de licence vers des études de sciences et d'économie, inspirée par le cours de Alfred E. Kahn, professeur en économie à Cornell et adepte de la dérégulation[2]. Elle s'inscrit alors à à l'université de Chicago en 1972, et y obtient son doctorat en économie sous la direction de Robert Fogel, avec une thèse consacrée au rôle de l’esclavage dans le développement urbain et industriel du Sud des Etats-Unis[2].

En 1990, Claudia Goldin est devenue la première femme titulaire au département d'économie de l'université Harvard[3]. Elle est membre de la National Academy of Sciences américaine depuis 2006[4] et a été présidente de l'American Economic Association en 2013-2014[5].

Goldin s'intéresse à l'histoire économique, à l'économie du travail, de la famille et de l'éducation, étudiant particulièrement les facteurs d’inégalité — qu’il s’agisse du genre, de la race ou de l’éducation. Elle accède à la notoriété en 1990 avec son ouvrage Understanding the Gender Gap (Comprendre l’écart entre les sexes), fruit de son travail sur le rôle des femmes dans l'économie américaine[3].

Elle a étudié l’évolution et l’impact de l’éducation sur le travail des femmes durant le XXe siècle. En particulier, elle montre que la carrière des femmes dépend de la décision de faire des études[2], qui est prise jeune et qui dépend des attentes de ce que peuvent apporter les études sur le plan professionnel. Si ces attentes sont formées par l’expérience des générations précédentes, qui ont rarement fait des études, le développement sera lent[6].

Elle a également démontré l’importance de la pilule contraceptive sur le travail des femmes[2] : en permettant de mieux contrôler les naissances et les mariages, la pilule permet aux femmes de mieux contrôler leurs choix de carrière et mieux planifier leur propre futur – professionnel comme familial.

Elle est l'autrice de la théorie de la pollution en matière de discrimination, qui postule que l'opposition des travailleurs et des syndicats à l'embauche de femmes dans des secteurs économiques à prédominance masculine[7] résulte d'une volonté des hommes de préserver le prestige de leur emploi[8].

Un ouvrage publié en 1998 par Michael Szenberg présente sa biographie[9]. Elle a été interviewée par le Financial Times en 2015[10] et par Quartz en 2018[11]. Ses recherches ont été citées dans Le Monde[12], le New York Times[13], CNN[14] et de nombreux autres médias.

Elle est lauréate du prix Nobel d'Économie 2023 pour ses recherches ayant « fait progresser notre compréhension de la situation des femmes sur le marché du travail »[1].

Prix et distinctions

[modifier | modifier le code]

Publications

[modifier | modifier le code]
  • Comprendre l'écart entre les sexes : une histoire économique des femmes américaines, New York, Oxford University Press, 1990, (ISBN 978-0-19-505077-6).
  • Claudia Goldin Dale et Lawrence F. Katz, La course entre l'éducation et la technologie, Cambridge, Mass., Belknap Press of Harvard University Press, 2008, (ISBN 978-0-674-02867-8).
  • Edward L. Glaeser et Claudia Dale Goldin, Corruption et réforme : leçons de l'histoire de l'Amérique, Chicago, University of Chicago Press, 2006, (ISBN 978-0-226-29957-0).
  • Michael D. Bordo, Claudia Dale Goldin et Eugene Nelson White, Le Moment décisif : la grande dépression et l'économie américaine au XXe siècle, Chicago, University of Chicago Press, 1998, (ISBN 978-0-226-06589-2).
  • Claudia Goldin Dale et Gary D. Libecap, Économie réglementée : une approche historique de l'économie politique, Chicago, University of Chicago Press, 1994, (ISBN 978-0-226-30110-5).
  • Claudia Goldin Dale et coll., Facteurs stratégiques dans l'histoire économique américaine du dix-neuvième siècle : un volume pour honorer Robert W. Fogel, Chicago, University of Chicago Press, 1992, (ISBN 978-0-226-30112-9).

Références

[modifier | modifier le code]
  1. a et b Wladimir Garcin-Berson et Anne de Guigné, « Le prix Nobel d’économie attribué à l’Américaine Claudia Goldin », Le Figaro,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  2. a b c et d « Le Prix Nobel d’économie 2023 est attribué à… Mme Claudia Goldin ! », sur Easynomics, (consulté le )
  3. a et b (en) Sophie M. Alexander, « Goldin Demystifies Gender Economics », sur The Harvard Crimson, (consulté le ).
  4. (en) « Claudia Goldin », www.nasonline.org (consulté le ).
  5. Peter J. Walker, « A travers les époques », Finances et développement,‎ (lire en ligne)
  6. Youssouf Merouani et Faustine Perrin, « Gender and the long-run development process. A survey of the literature », European Review of Economic History, vol. 26, no 4,‎ , p. 612–641 (ISSN 1361-4916, DOI 10.1093/ereh/heac008, lire en ligne).
  7. (en-US) Lina Gálvez, « Claudia Goldin: A brand of feminism that is not threatening but makes a difference », sur EL PAÍS English, (consulté le )
  8. Karine Briard, Ségrégation professionnelle entre les femmes et les hommes : quels liens avec le temps partiel ?, DARES, (lire en ligne), p. 10
  9. (en) Michael Szenberg, Passion and craft: economists at work, University of Michigan Press, (OCLC 646281900, lire en ligne).
  10. (en) « Podcast: Claudia Goldin on the history of women in the work place (updated with transcript) » Accès payant, sur Financial Times (consulté le )
  11. (en) Leah Fessler, « This Harvard economist revolutionized our understanding of why women earn less than men », sur Quartz at Work (consulté le )
  12. « Le stakhanovisme a-t-il un sexe ? », sur Le Monde.fr, (consulté le )
  13. (en-US) Claire Cain Miller, « Women Did Everything Right. Then Work Got ‘Greedy.’ », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
  14. (en) « What 'The Pill' did », sur CNN.com (consulté le )
  15. « Claudia Goldin named the Recipient of the 2005 Carolyn Shaw Bell award »
  16. Harvard University Press. The Race between Education and Technology, 6 septembre 2011.
  17. https://www.omicrondeltaepsilon.org/awards.html
  18. « IZA Prize in Labor Economics », IZA – Institute of Labor Economics, (consulté le )
  19. (en) « The BBVA Foundation recognizes Claudia Goldin for pioneering analysis of the gender gap », EurekAlert!, (consulté le )
  20. « "Nobel d'économie" 2023 : l'Américaine Claudia Goldin récompensée pour ses travaux sur l'emploi des femmes » Accès libre, Radio France, (consulté le )
  21. (en-GB) « BBC 100 Women 2023: Who is on the list this year? - BBC News », sur News (consulté le )

Liens externes

[modifier | modifier le code]