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Anne Français

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Anne Français
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Biographie
Naissance
Décès
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Ris-OrangisVoir et modifier les données sur Wikidata
Sépulture
Nom de naissance
Yvonne Anne Marie Français
Nationalité
Formation
Activités

Anne Français, née le à Châtenois (Vosges) et morte le à Ris-Orangis[1], est une artiste peintre, aquarelliste, pastelliste et lithographe française.

Elle est la créatrice et seule adepte du concept de « ionnisme » en peinture.

Académie de la Grande Chaumière.
Passage du Grand-Cerf, Paris

Anne Français naît à Châtenois (Vosges), qu'elle quitte durant son enfance avec ses parents pour s'installer à Paris dans le quartier de Montmartre. Elle s'inscrit en 1925 à l'Académie Julian, puis suit les cours libres de l'Académie de la Grande Chaumière.

Désireuse de s'émanciper d'une vie familiale plutôt conflictuelle, elle part en 1928 vivre avec un aristocrate fortuné qui lui offre son atelier, des soirées dans les cafés, théâtres et concerts, et des voyages. Entre 1928 et 1930, elle effectue plusieurs séjours au Maroc et son premier fils naît en 1931. Les drames de la mort de son enfant à l'âge d'un mois, puis de son compagnon en la même année 1931, la font revenir chez ses parents, reprendre les cours à la Grande Chaumière et poursuivre une formation d'illustratrice[2].

Anne Français épouse un fonctionnaire en 1935 et le couple emménage à Saint-Genis-Laval (Rhône)[2]. Parallèlement à la peinture, elle se crée des ressources en travaillant dans le décor de théâtre et la peinture de décoration artisanale. En 1943, elle fait près de Villefranche-sur-Saône la connaissance très déterminante pour sa peinture d'André Utter, veuf de Suzanne Valadon et beau-père de Maurice Utrillo. Sa vision « ionniste » qui va naître de cette amitié avec Utter est déjà très perceptible dans ses toiles de Cannes en 1947, de Deauville en 1948, du Finistère en 1949.

La suite logique de l'échec de son mariage — son mari n'entend rien à l'art et tourne son œuvre en dérision — et de son divorce en 1944 consiste cependant pour Anne Français à se réinstaller à Paris où elle trouve un grand atelier qui va favoriser ses recherches ionnistes sur de très grands formats au 4, passage du Grand-Cerf. Elle y vit avec le poète Yves d'Anne. Soutenue par son amie Germaine Everling, compagne de Francis Picabia, elle entre alors dans le monde des expositions parisiennes (galeries et salons) où elle est saluée par les critiques d'art[3].

Dans les années 1950, Anne Français commence à retirer ses toiles des châssis afin de les découper selon les lignes et formes essentielles qu'elle y décèle, comme pour y abolir ce qu'elle perçoit comme les sévères contraintes cartésiennes de l'orthogonalité : « Le carré n'est pas dans la réalité du regard » répond-elle au critique d'art René Barotte qui s'étonne de cette démarche inédite[4]. De la toile, Anne Français passera au support en bois découpé qu'elle baptisera « IOI » (abrégé d'« immobile ionniste »), la surface peinte s'affranchissant du cloisonnement orthogonal du carré ou du rectangle pour se revendiquer espace en expansion, pour se décréter non plus « tableau » mais, selon le propre mot d'Anne Français, « peinture pure ».

Sa santé se dégrade en 1993 et son séjour estival à Plougrescant est interrompu par une hospitalisation urgente à Tréguier[2]. Elle meurt le et est inhumée au cimetière de Châtenois.

L'« ionnisme »

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L'article d'André Warnod paru dans Le Figaro du , s'arrêtant sur « le tempérament très prometteur des tableaux d'Anne Français, libres, spontanés, pleins d'air et de lumière », demeure pour Jean Perreau le signe de la réalité de l'« ionnisme » en tant que phénomène artistique reconnu[2].

Le néologisme « ionnisme », inventé par Anne Français, renvoie à la philosophie ionienne développée dans l'Antiquité grecque par les écoles de Milet (le mathématicien et philosophe Thalès) et d'Éphèse (Héraclite). De même que pour Thalès et Héraclite, la nature a un principe fondateur, la représentation de la nature a son principe fondateur dans la peinture : ses « ions » originels, qui pour Anne Français, peuvent être les multiples traits, points ou encore triangles isocèles initiaux en quoi elle décompose sa vision d'un paysage, d'un nu, voire d'une nature morte.

La révélation de l'ionnisme chez Anne Français est historiquement mise en simultanéité avec sa rencontre d'André Utter en 1943 : ce dernier, s'il n'est pas un théoricien de la peinture, privilégie la lumière et dirige Anne Français vers une expression par touches syncopées[5]. « Son trait qu'elle nomme “syncopé” réfute la ligne droite et s'attache à créer les formes par juxtapositions de traits irréguliers, mais aussi par le vide qui les entoure. Le vide inhérent à la liberté de touche prend alors pour Anne Français un aspect créateur et, par là, générateur de vie[6]. »

Anne Français s'est elle-même expliquée sur l'ionnisme, car elle écrivit beaucoup : un livre de mémoires sorti en 1952 (Un monstre XXe siècle) et une revue de philosophie de l'art qu'elle fonda en 1955 (Absence). Jean Perreau éclaire l'expérience ionniste de Français en la citant : « Non seulement je me gardais de l'aplat et du continu, mais je pus soutenir à l'huile la croix des traits et la virgule, l'écriture en enroulement à couleur locale et franche dans l'épaisseur du trait. Par la discontinuité, l'irrégularité du trait, j'obtins la vibration de la lumière et la franchise de la couleur[2]. »

Daniel Chudet peut ainsi définir l'ionnisme comme étant « la symbiose totale entre la matière et l'espace dans l'élément universel : l'environnement ». Et Gérard Barrière de conclure : « Par sa voie propre d'artiste, Anne Français a deviné ce que les physiciens et les biologistes commencent à soupçonner, à savoir que le monde n'est qu'un vaste vide en son entier parcouru par un immense jeu d'élans[7] ». De son côté, Gérald Schurr propose la définition suivante : « Style ionniste : des images claires et baroques dont le dessin est tracé par des couleurs en hachures[8]. »

Quelques thèmes dans l'œuvre d'Anne Français

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Bibliophilie

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  • Anne Français (texte et lithographies), Un beau jour à Ménars, lithographies originales imprimées dans les ateliers de Fernand Mourlot, Hachette, 1965.

Expositions

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Expositions personnelles

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Expositions collectives

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Vente publique

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Collections publiques

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Notes et références

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  1. Relevé des fichiers de l'Insee
  2. a b c d et e Jean Perreau, Anne Français (1909-1995), inventeur du ionnisme, p. 38.
  3. André Warnod dans Le Figaro, article cité par Jean Perreau, op. cit., p. 14.
  4. Rapporté par Gérard Barrière dans Les immobiles ionnistes d'Anne Français.
  5. Robert Lesieur, Maryvonne Le Bars et Maxence Mazzoni, « Anne Français », La Gazette de l'Hôtel Drouot, no 12, 27 mars 2015, p. 115.
  6. Robert Lesieur, Maryvonne Le Bars et Maxence Mazzoni, Catalogue de la vente d'atelier, 28 mars 2015.
  7. Gérard Barrière et Daniel Chudet, Les immobiles ionnistes d'Anne Français.
  8. Gérald Schurr, « Anne Français », in Le Guidargus de la peinture, 1993, p. 410.
  9. Galerie Jean-Paul Villain, Présentation d'Anne Français
  10. Françoise Woimant, Marie-Cécile Miessner et Anne Mœglin-Delcroix, De Bonnard à Baselitz, estampes et livres d'artistes, BNF, 1992.
  11. Vente de l'atelier Anne Français au Havre, Présentation de l'évènement in Paris-Normandie, 26 mars 2015.

Bibliographie

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Liens externes

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