Finlande

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Casque Modèle 55

Fiche

  • Dénomination : modèle 55.
  • Destiné à une utilisation générale.
  • Coiffe en cuir montée sur un cerclage en acier puis en cuir.
  • Jugulaire en deux points, fermeture par boucle à ardillon.
  • Fabriqué à partir des années 1955.
  • Distribué à partir des années 1955.
  • Pays d'origine : Allemagne / Finlande.
  • Période d'utilisation : de 1955 aux années 1970.
  • Matériaux : acier.
  • Poids : 1250 g (taille 66, fabrication ouest-allemande), 1330 g (taille 66, fabrication suédoise).
  • Taille : 2 tailles de bombe (64 et 66).
  • Couleur : vert olive foncé ou gris vert mat.
Preview

Historique

La Finlande s'oppose à l'Union soviétique durant la guerre d'Hiver en 1939-1940 à la suite de désaccords territoriaux concernant des îles du golfe de Finlande. Avec pour but l'instauration d'un régime fantoche à la solde de l'URSS, ce conflit débute par une attaque soviétique, consécutive à l'échec des négociations visant à créer une zone tampon destinée à éloigner la ville de Leningrad de la frontière, dans l'éventualité d'une attaque de l'Allemagne, proche du régime Finlandais.
Les Finlandais mobilisent 300 000 hommes organisés en treize divisions sous les ordres du maréchal Mannerheim. Durant ce conflit, c'est le "stahlhelm" 16 allemand qui coiffe principalement les troupes finlandaises. Après cette campagne il fut décidé de réorganiser et rééquiper l'armée. Dans ce contexte, 140 000 casques furent achetés en Europe : environ 26 000 casques modèle 26 auprès de la Suède, environ 30 000 casques modèle 933 auprès de l'Italie, ainsi que 75 000 casques modèle 35/38 auprès de la Hongrie.
L'Allemagne fournit aussi une importante quantité de casques Vz 32 récupérés après l'invasion de la Tchécoslovaquie (environ 50 000 exemplaires), ainsi qu'une importante quantité de casques allemands (modèle 35 au départ, puis par la suite les variations modèle 40 et 42, environ 49 000 exemplaires). Ces casques arrivèrent trop tard pour être employés durant la guerre d'Hiver, puisque les livraisons se déroulèrent au cours de l'année 1941. Ils furent repeints dès réception en vert olive foncé pour s'harmoniser au reste de l'uniforme finlandais.
Parallèlement, le gouvernement finlandais, ayant conscience que ces acquisitions à l'étranger ne pouvaient être que des palliatifs et qu'il était important de posséder un casque de fabrication nationale, se mit en quête d'un modèle de forme simple et facile à produire. La Finlande s'intéressa au casque modèle 37 produit par la Suède auprès de laquelle elle avait déjà acquis une quantité importante de casques modèle 26.
Ayant probablement reçu une certaine quantité de casques modèle 37 suédois, la Finlande décida de faire fabriquer ce casque sous licence par la société Wärtsilä Yhtymä Oy, spécialisée dans la métallurgie, ainsi que par sa succursale Kone-Ja Silta. La coiffe et la jugulaire étaient produites par la société Friitala Nahka Oy, spécialisée dans les fournitures en cuir et notamment d'équipements militaires pour l'armée. La Suède fournit à la Finlande le cahier des charges et l'outillage pour la fabrication durant l'année 1940.
Adopté en 1940, ce nouveau casque fut dénommé modèle 40 ("kypärä" M-40) en rapport avec son année d'adoption. En raison des difficultés d'approvisionnement en acier durant le conflit, la production du casque modèle 40 se limita à environ 67 000 exemplaires jusqu'à l'année 1944 (l'ordre initial de fabrication portait pour 70 000 unités, avec 5 000 exemplaires supplémentaires commandés durant l'année 1944).
Lorsque l'Allemagne entra en guerre contre l'Union soviétique, le 22 juin 1941, elle profita d'un accord signé avec le gouvernement finlandais pour traverser le pays afin d'attaquer en Carélie et d'envelopper Leningrad par le Nord. La Finlande se retrouva de facto en guerre contre la Russie soviétique dès le 25 juin avec l'aide d'une puissante alliée, l'Allemagne, qui la fit bénéficier d'un important soutien matériel et de sa coopération militaire. La Guerre de Continuation, ainsi nommée pour la distinguer clairement tout en la reliant avec la Guerre d'Hiver, fut menée par 600 000 hommes s'élançant à la reconquête des territoires perdus en 1940.
À partir de 1941, l'armée finlandaise fut majoritairement coiffée de casques de forme allemande et, pour l'essentiel, de fabrication hongroise. Elle reçut tout au long de la guerre des livraisons de casques allemands, notamment en 1944, pour pallier le manque d'équipement face à l'avancée de l'Armée rouge (on observa même l'utilisation de casques modèle 35 allemand avec l'insigne de la "Heer"). Si les débuts du conflit furent victorieux, avec la reconquête des territoires perdus de 1940, les défaites successives de l'Allemagne et une vaste offensive soviétique lancée en Carélie conduisirent la Finlande à signer une paix séparée avec l'URSS en 1944, plaçant dès lors l'armée finlandaise du côté des Alliés.
Après avoir lancé un ultimatum à l'armée allemande lui enjoignant de se retirer du territoire, en accord avec le traité de paix, la Finlande attaqua les Allemands qui lui firent payer ce "coup de poignard dans le dos" par de lourdes pertes : le pays sortit ruiné et ravagé par la guerre. Ce retournement porta cependant ses fruits : bien qu'elle dût payer de lourdes réparations à l'URSS, conformément au traité de paix signé à Paris en 1947, la Finlande, contrairement à ses voisins baltes, préserva au moins son indépendance. Elle fit en effet valoir que son combat avait été motivé par la volonté de récupérer les territoires perdus en 1940 et qu'elle n'avait pas aidé l'armée allemande à encercler totalement Leningrad durant l'hiver 1941.
Les divers modèles de casques de forme allemande, employés durant la seconde guerre mondiale, restèrent en dotation dans l'armée finlandaise et subirent des reconditionnements importants pour remédier aux dommages de la guerre.

Casque finlandais modèle 38.
Casque finlandais modèle 38.

La majorité de ces casques eurent leur aménagement intérieur changé à la fin des années 1940 sur la base du casque modèle 35/38 hongrois. Au cours des années 1950, la Finlande souhaita compléter sa dotation de casques. L'industrie sidérurgique nationale ne désirant pas entreprendre une production nationale, le pays se tourna vers l'Allemagne de l'Ouest pour l'acquisition de nouveaux casques de forme allemande.
Le 27 décembre 1955, l'état-major finlandais commanda, par l'intermédiaire de l'importateur Oy Finn Levant, 50 000 casques ("Infanteriestahlhelme Deutsches Model") avec un délai de livraison de 8 mois. Ceux-ci furent produits par la forme F.W. Quist localisée à Esslingen. Le modèle était repris du casque M35/50 employé par les forces de police allemandes et dont l'aménagement intérieur avait été conçu par la firme Hans Römer à Neu-Ulm.
L'approvisionnement s'interrompit durant quatre ans, période durant laquelle la résistance de ce modèle fut étudiée, puis revue en 1959 afin d'établir un nouveau cahier des charges de production. Sa fabrication fut cette fois confiée à la société suédoise Eskilstuna Stålpressnings AB, fondée en 1893, et ayant fabriqué auparavant des casques pour le compte de l'armée suédoise. Une commande de 20 000 exemplaires, sans coiffe pour réduire le coût de production, fut passée au début des années 1960 et honorée en 1962. Dès réception, ces casques furent équipés d'un aménagement intérieur de confection finlandaise. Ce type de coiffe sera également employé pour le reconditionnement des casques produits durant la seconde guerre mondiale.
Le casque modèle 55, ainsi nommé par rapport à son année d'adoption, sera employé jusque dans les années 1960 et la distribution généralisée du casque modèle 62, modernisation du modèle 40 adopté durant la guerre.

Casque modèle 55. Casque modèle 55.
Casque modèle 55. Casque modèle 55.

Constitution

La coque :

Import ouest-allemand.

Vue avant.
Vue avant.
Vue de biais.
Vue de biais.
Vue de côté.
Vue de côté.
Vue arrière.
Vue arrière.
Œillet d'aération moulé.
Œillet d'aération moulé.
Œillet d'aération moulé.
 
Bordure retournée, exempte de marquage.
Bordure retournée, exempte de marquage.

La bombe du casque finlandais modèle 55 d'importation ouest-allemande est identique à celle des casques modèle 35/50 employés par la police des "Länder" en Allemagne de l'Ouest. La coque type M35/50 est semblable en tout point à celle des casques M35/40 (bords retournés et évents emboutis) produits au cours de la seconde guerre mondiale. Ces bombes portent les caractéristiques d'une production de la firme Quist.
Les casques sont produits en deux tailles : 64 et 66 centimètres de circonférence. La bombe est emboutie dans des flancs découpés dans de la tôle d'acier traité au manganèse silicium, de 12/10e d'épaisseur.
L'emboutissage est progressif et se fait en plusieurs passes, entre lesquelles l'acier est recuit. Le bord est ensuite découpé et rabattu vers l'intérieur par pliage, sur 5 mm, pour former la bordure. Ce travail s'effectue d'abord manuellement au marteau, puis est achevé mécaniquement à la sertisseuse.
La bombe est percée latéralement pour les évents d'aération, qui sont ensuite bombés vers l'extérieur à la presse directement sur la coque des casques.
Trois autres orifices de 7 millimètres de diamètre sont pratiqués pour recevoir les rivets de la garniture intérieure. Au final la coque subit un trempage à 800°.
Les bombes fabriquées par Quist ne sont pas marquées et ne présentent aucune indication de taille.
Elles sont livrées en couleur vert olive foncé, appliquée de manière satinée.

Import suédois.

Vue avant.
Vue avant.
Vue de côté.
Vue de côté.
Vue arrière.
Vue arrière.
Vue de dessus.
Vue de dessus.

Au début des années 1960, après une interruption de l'approvisionnement en casques de quatre années, la Finlande se fournit auprès de la firme suédoise Eskilstuna Stålpressnings AB.
Elle fait l'acquisition en 1962 de 20 000 bombes, fabriquées par la firme suédoise, de forme strictement identique au modèle ouest-allemand (ce qui laisse supposer que la Suède s'équipe de presse identique à la firme Quist). L'alliage d'acier employé est différent de la firme Quist suite aux études menées à la fin des années 1950 et il en résulte une sensible augmentation de poids d'environ 80 grammes. Après mise en forme, ces bombes reçoivent un apprêt de couleur rouge brique avant d'être peintes en couleur gris-vert mat.
Livrées sans aménagement intérieur pour des raisons de coût de production, ces bombes reçoivent une coiffe munie d'une jugulaire de production finlandaise dès réception. Le montage débute en 1963.

La coiffe :

Fabrication ouest-allemande.

Tête de rivet.
Tête de rivet.
Vue intérieure, avec rondelle de renfort.
Vue intérieure, avec rondelle de renfort.
Vue intérieure, avec rondelle de renfort.
 
Vue intérieure, avec rondelle de renfort.
 
Partie frontale doublée d'une bande de mousse néoprène (noter le défaut de pose excentré).
Partie frontale doublée d'une bande de mousse néoprène (noter le défaut de pose excentré).
Dispositif anti-oppression.
Dispositif anti-oppression.
Doublage du cerclage en feutre.
Doublage du cerclage en feutre.
Couture d'assemblage en zigzag et indication taille.
Couture d'assemblage en zigzag et indication taille.

La coiffe de fabrication ouest-allemande est une simplification de la "Innenausstattung M31" (I-31) installée dans les casques modèle 35 et dérivés de la seconde guerre mondiale. Simplifié en 1950, on peut appeler, de façon officieuse, ce modèle d'aménagement intérieur "I-31/50".
La coiffe I-31/50 fut développée par la firme Hans Römer à Neu-Ulm en 1950. Elle est mono-taille et non réglable. Le cerclage des coiffes des casques destinés à la Finlande est en matière plastique de couleur verte sur lequel est cousue la coiffe en cuir.
Celle-ci se compose d'un bandeau, fermé à l'arrière par une couture zigzag, comportant 9 à 10 dents suivant la taille. Les dents sont en cuir plein sans aucune perforation. Le trou destiné au passage du lacet de serrage n'a pas de rondelle de renfort.
Le coté intérieur du cerclage est doublé par une bande de feutre gris, sauf sur l'avant. Ce feutre est pris dans la couture du cuir et collé. À l'avant, entre les deux rivets de fixation à la bombe, le cerclage est doublé de mousse néoprène dont la pose peut être sensiblement décalée. Il n'y a aucun marquage hormis l'indication de la taille, appliquée à l'aide d'un tampon encreur sur la surface en cuir de la coiffe, généralement à l'arrière.
L'ensemble est fixé à la bombe par des rivets en forme d'attache parisienne. Le jeu est rattrapé par une ou plusieurs rondelles de liège, suivant les tailles respectives de la bombe et de la coiffe. Les lames du rivet traversent simplement le cerclage et sont repliées à l'intérieur avec contre-rivet.
On peut remarquer les similitudes avec la coiffe FJ 60 de la "Bundeswehr", qui est postérieure à la création de cette coiffe, mais du même concepteur, et qui possède le même système de fixation avec des rondelles de liège et la même découpe des dents en cuir plein. On y observe également une amélioration apportée à la I-31/50, au cours des années 1950 : un dispositif anti-oppression, qui consiste en une série de perforations frontales de 0,9 à 1 mm de diamètre, disposées en 5 rangées horizontales de 39 trous.

Coiffe, vue d'ensemble.
Coiffe, vue d'ensemble.

Fabrication finlandaise.

Tête de rivet doublé d'une rondelle.
Tête de rivet doublé d'une rondelle.
Vue intérieure.
Vue intérieure.
Dispositif anti-oppression.
Dispositif anti-oppression.
Couture d'assemblage latérale en zigzag.
Couture d'assemblage latérale en zigzag.
Indication de taille.
Indication de taille.
Vue d'ensemble.
Vue d'ensemble.

Généralement installé dans des bombes livrées vides par la Suède, ce type de coiffe peut aussi se rencontrer sur des casques de la seconde guerre mondiale, reconditionnés au cours des années 1950/60, et occasionnellement sur des bombes de production ouest-allemande suite à une détérioration.
Ces coiffes sont confectionnées sur le modèle de la coiffe I-31/50, conçu par la firme Hans Römer, avec quelques différences notables :
- Le cerclage est doublé de mousse de couleur claire.
- La coiffe est confectionnée à partir de deux morceaux de cuir épais, dont la teinte peut varier d'une couleur très claire à une couleur fauve presque jaune. Les deux parties sont assemblées latéralement par une couture en zigzag.
- L'ensemble coiffe/jugulaire est maintenu dans la bombe par trois rivets fendus dont la tête, non peinte, est de plus petit diamètre et renforcée par une rondelle placée à l'extérieur du casque.

Reconditionnement des casques modèle 38 à partir des années 1950.

Modèle 38 d'origine hongroise reconditionné.
Modèle 38 d'origine hongroise reconditionné.
Modèle 38 d'origine hongroise reconditionné.
 

Lors de l'achat en 1955 de 50 000 unités de casques de type "Infanteriestahlhelme Deutsches Model" en Allemagne de l'Ouest, par l'intermédiaire de la société d'importation Oy Finn Levant, une certaine quantité de coiffes en cuir fut acquise auprès de la société Hans Römer de Neu-Ulm.
Ce type de coiffe, pour lequel on observe une multitude de variantes, fut aussi fabriqué directement en Finlande. Bien qu'il se rencontre essentiellement sur les casques de fabrication allemande produits après-guerre, il peut aussi avoir été employé pour des reconditionnements de casques produits durant la seconde guerre mondiale.
Cette nouvelle coiffe est confectionnée à partir d'une ou deux bandes de cuir assemblée(s) par une couture en zigzag. La base inférieure de cet ensemble est découpée pour former des pattes dont l'extrémité est percée et renforcée au dos par une rondelle en cuir pour le passage du lacet en profondeur de la coiffe. La partie frontale est généralement perforée d'une centaine de petits trous répartis sur quatre rangées pour faciliter l'aération du front.
Cette coiffe en cuir est cousue sur un cerclage en cuir ou en carton compressé retenant les deux parties de la jugulaire. Elle est généralement fixée dans la bombe par trois rivets.
Enfin, la taille est indiquée au tampon encreur sur la surface du cuir et on peut rencontrer des marquages de raison sociale de fabricant comme cet exemplaire produit par la société Friitala Nahka Oy., spécialisée dans les fournitures en cuir (fournissant déjà l'armée en équipement militaire, et ayant produit la coiffe du casque finlandais modèle 40).

La jugulaire :

Fabrication ouest-allemande.

Jugulaire, vue à plat (envers/revers).
Jugulaire, vue à plat (envers/revers).
Maintien assuré par couture renforcé d'un rivet fendu.
Maintien assuré par couture renforcé d'un rivet fendu.
Tête de rivet.
Tête de rivet.
 
Vue d'ensemble.
Vue d'ensemble.
 

La jugulaire, constituée de deux parties, est inamovible et solidarisée par couture au cerclage de la coiffe. Dès réception en Finlande, ce montage est renforcé par un rivet fendu solidarisant l'ensemble dans la bombe, préalablement repercée.
La jugulaire est confectionnée à partir de bandes de cuir large de 17 millimètres et dont les longueurs sont rainurées. La fermeture est assurée par une boucle à ardillon munie d'un rouleau. Cette boucle est retenue sur la partie gauche de la jugulaire, longue de 10 centimètres, par deux rivets tubulaires solidarisant aussi une doublure de forme trapézoïdale. Ce montage retient également un anneau en cuir pour retenir la partie longue de la jugulaire. Un second anneau coulisse librement sur la bande de cuir.
La partie droite longue, d'environ 37 centimètres, est coupée en pointe à son extrémité. Elle comporte huit perforations constituant autant de possibilités de fermeture.

Fabrication finlandaise.

Jugulaire de couleur noire de fabrication finlandaise.
Jugulaire de couleur noire de fabrication finlandaise.

Les jugulaires des aménagements intérieurs de production finlandaise sont fabriquées de manière similaire aux imports ouest-allemand. Elles sont confectionnées avec des bandes de cuir grené de couleur noir ou lisse tanné en gris vert.
Également solidaire du cerclage de la coiffe, le montage n'est plus renforcé par un rivet traversant les parois du casque.

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