Didier Pironi souhaitait devenir le premier champion du monde français. Mais les circonstances en ont décidé autrement.
Didier se passionne pour l'automobile en même temps que son cousin José Dolhem. Une fois l'âge requis atteint pour pouvoir débuter dans l'école de conduite Winfield, il s'y inscrit. Si la saison 1973 est difficile pour le jeune français débutant dans la compétition, l'année suivante est tout autre. Ayant appris de ses quelques erreurs, il pilote sa Martini Mk14 d'une poigne de fer et s'impose dans le championnat français de Formule Renault.
En 1976, il passe en Formule Super Renault en tant que coéquipier de René Arnoux, puis devient numéro 1 de son équipe en 1977 et remporte le championnat avec brio. Il est alors promu numéro deux de l'équipe Elf-Martini de Formule 2, et se retrouve encore une fois lieutenant d'Arnoux. Brillant au volant de la Mk22, il assure à son chef de file le titre européen de F2 devant Cheever, et remporte une belle victoire sur le circuit d'Estoril au Portugal. Il conclut cette année marquée par un autre succès d'importance, lors du Grand Prix de Monaco de Formule 3, l'une des courses les plus cotées du calendrier. En fin d'année, Didier entre en contact avec Ken Tyrrell.
La saison 1978 marque les premiers pas de Didier en Formule 1 au volant de la 008. Pour un rookie, le début est très encourageant puisqu'il marque des points à quatre reprises lors des six premières courses. À la fin de la saison, ponctuée par quelques accidents, le pilote français a marqué sept points, ce qui en fait le meilleur débutant de l'année.
Enfin, sa saison est également marquée par la victoire aux 24 Heures du Mans au volant d'une Alpine-Renault aux côtés de Jean-Pierre Jaussaud.
Pour la saison 1979, il est courtisé par de nombreuses équipes, mais il reste malgré tout chez Tyrrell. L'année sera meilleure pour le Français qui, bien que cherchant une porte de sortie, assume son rôle de pilote pour son écurie et monte sur la troisième marche du podium à deux reprises, en Belgique, puis sur la piste de Watkins Glen en fin d'année.
En 1980, Didier quitte Tyrrell pour Ligier, une équipe très en forme à en juger par le magnifique début de saison de l'année précédente.
Et effectivement, au volant de la JS11/15, Didier réalise une belle saison, devançant à plusieurs reprises Jacques Laffite. A Zolder, il dépasse Alan Jones au départ, et mène toute la course jusqu'au drapeau à damiers et remporte ainsi sa première victoire en F1. Un succès qui aurait pu en annoncer d'autres, mais quelques ennuis mécaniques et une minute de pénalité pour avoir grillé le départ sur l'île Notre-Dame ne permettront pas à Didier de glaner les neuf points d'une autre victoire. Au final, le pilote termine cinquième du championnat, à deux points de son chef de file qui offrent aux voitures bleues une place de vice-championne du monde des constructeurs derrière Williams. En fin d'année, Jody Scheckter quitte Ferrari après une piteuse saison, offrant à Didier l'opportunité de piloter pour l'écurie de Maranello.
Mais face à Gilles Villeneuve, le pilote français ne fait pas le poids : tous ses efforts ne lui permettent de se classer au mieux quatrième, tandis que le Québécois s'impose à deux reprises. Bien qu'il ait réalisé le meilleur tour en course à Las Vegas et qu'il ait mené deux courses au cours de la saison, dont celle d'Imola, il ne se classe que treizième au championnat.
En 1982, les Ferrari retrouvent leur forme et Didier tente tant bien que mal de s'accrocher à son coéquipier. Puis vient le Grand Prix de Saint-Marin. Après le boycott de plusieurs écuries, les rouges sont en position de force. A une quinzaine de tours de la fin, alors qu'Arnoux vient d'abandonner, laissant la tête de la course à Villeneuve, l'instruction "Slow" est donnée aux deux pilotes Ferrari. Didier dépasse néanmoins le Canadien deux tours plus tard. Le Français a-t-il mal compris ? L'ambiguïté de ce signal demeure une explication pour certains. Didier remporte la course devant son coéquipier. C'est la fin d'une belle entente entre les deux hommes.
Quinze jours plus tard, à Zolder, alors qu'il tente de battre la performance de Pironi lors des essais, Gilles Villeneuve est victime d'un accident qui lui est fatal. Didier se retrouve malgré lui leader de la Scuderia. Il rate la victoire à Monaco pour un problème électrique, mais s'impose à Zandvoort. Quelques podiums lui permettent de prendre la tête du championnat. Mais en Allemagne, durant les essais et sous une pluie battante, il percute la Renault d'Alain Prost et se brise les jambes. Le Français espère revenir en F1, mais cela ne se fera jamais, et il doit abandonner son rêve de devenir le premier Français champion du monde.
Passionné de hors-bord, il s'intéresse aux courses de Offshore en 1986. L'année suivante, il remporte sa première victoire à Arendal en Norvège. Mais deux semaines plus tard, son bateau se renverse lorsqu'il entre dans le sillage d'un pétrolier, tuant Didier et ses deux équipiers. Sa veuve donnera plus tard naissance à des jumeaux qu'elle prénommera Gilles et Didier.
Julien