Besançon Double assassinat en pleine rue : les dessous d’une véritable exécution
C’est un scénario « à la marseillaise », sidérant de cruauté, dont peinent à se remettre le quartier de Montrapon et, au-delà, toute la ville de Besançon. Les balles, on le sait, volent depuis quelques années dans les rues de la capitale comtoise, souvent en lien avec le trafic de stupéfiants. Mais une nouvelle ligne rouge semble avoir été franchie ce dimanche 25 août, avec ce double homicide survenu en plein après-midi rue de l’Épitaphe. Deux véritables exécutions.
Face aux médias, dont L'Est Républicain, ce mardi 27 août, la procureure adjointe de Besançon, Christine de Curraize, a insisté sur « la grande détermination du tueur » et « l’extrême violence des faits », matérialisée par les nombreuses douilles de 9 mm retrouvées au sol. Armé d’un fusil-mitrailleur, « l’individu au visage dissimulé » a tiré sur ses victimes alors qu’elles étaient de dos, tentant de fuir la mort. L'inconnu est ensuite remonté sur son deux-roues pour filer loin du carnage.
Trois balles pour l’un, cinq pour le second
Les autopsies réalisées sur les corps de Saibi Hatem, 30 ans, et de Fayçal Hakkar, 24 ans, sont sans équivoque. « Concernant la première victime, un premier projectile a traversé le bras gauche, un deuxième le bas du dos et un troisième est entré par le haut du thorax pour finir dans son cerveau, causant son décès. » Fayçal Hakkar, lui, a été touché par cinq tirs : « Une plaie au niveau de la hanche, une dans le thorax perforant le poumon et trois autres sur la base du crâne. » L’un des tirs « serait à bout touchant », précise Christine de Curraize. L’assassin a également tenté de s’en prendre au petit frère de Fayçal Hakkar, qui se trouvait sur les lieux à bord de son véhicule. Une balle a atteint la voiture, mais sans toucher sa cible.
« À ce stade, la piste du règlement de comptes sur fond de trafic de stupéfiants est privilégiée, au regard de plusieurs éléments : d’abord le mode opératoire, le lieu des faits qui correspond à un point de deal bien connu du quartier, et l’utilisation d’une arme de guerre qui suppose un ancrage dans la criminalité organisée », confirme la procureure adjointe.
Quel commanditaire ?
Christine de Curraize a brièvement évoqué le profil des victimes. Saibi Hatem, de nationalité tunisienne, était en situation irrégulière. Quelques jours plus tôt, ce jeune homme s’était retrouvé au commissariat pour une affaire de violence qui n’avait rien à voir avec cette double tuerie, mais n’était, jusqu’alors, pas connu des services de justice. Fayçal Hakkar, qui habitait chez ses parents à Montrapon, avait été mis en cause puis relaxé en 2022 pour une affaire de stupéfiants. Il n’avait été condamné que pour des délits mineurs.
L’enquête a été ouverte pour assassinats en bande organisée, tentative d’assassinat en bande organisée et association de malfaiteurs, avec une priorité absolue : identifier, localiser puis interpeller le tireur. Avec une question sous-jacente brûlante, qui agite les esprits des enquêteurs et les habitants du quartier de Montrapon… Un homme de l’ombre a-t-il commandité ce double crime ? Et si oui, qui et pourquoi ?