Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?
Offrir Le Monde

Joyau de la Corée du Sud, le Jeolla brille à nouveau

Jadis carrefour d'Asie doté d'un patrimoine culturel, la ville de Yeosu accueille l'"Expo 2012", consacrée aux océans

Par  (Tokyo, correspondance) et Philippe Mesmer

Publié le 16 mai 2012 à 12h48, modifié le 16 mai 2012 à 14h50

Temps de Lecture 4 min.

Longtemps délaissée par le gouvernement, la province sud-coréenne du Jeolla du Sud accueille, jusqu'au 12 août, une exposition internationale sur le thème de l'océan et de la préservation des ressources naturelles. Intitulé "Expo 2012 Yeosu Korea", l'événement se tient dans la ville portuaire de Yeosu (300 000 habitants) bâtie dans une anse ouverte sur le détroit de Jeju.

"Autrefois, Yeosu était un point de passage obligé entre le Japon et la Chine", rappelle Bae Yong-tae, gouverneur adjoint de la province. Elle fut également un terminal pétrolier. La modernisation lancée dans les années 1960 a plus ou moins ignoré Yeosu et la province du Jeolla du Sud. "Le problème, explique Ryan Kim, journaliste du quotidien Dong-A,est que les dictateurs Park Chung-hee, à la tête du pays de 1961 à 1979, puis Chun Doo-hwan, président de 1980 à 1988, ont privilégié leur région natale, située sur la côte orientale de la péninsule, avec Busan, Puhan et Ulsan."

Sur le plan politique, la province a longtemps fait figure de frondeuse. Déjà à l'origine d'un vaste mouvement en 1929 contre l'occupation japonaise, elle a ensuite subi les foudres des dirigeants sud-coréens, qui y ont mené de dures répressions, en 1948, lors de la lutte contre le communisme, ou encore en 1980, quand l'armée est intervenue à Gwanju contre le mouvement en faveur de la démocratisation du pays.

Confrontée à ces revers de fortune, la région souffre aujourd'hui d'un relatif déclin démographique. Son important secteur de la pêche, qui fournit 51 % des besoins du pays, fonctionne de plus en plus en employant des marins chinois.

Devenue une priorité du développement, elle mise beaucoup sur le tourisme. L'exposition de Yeosu, qui bénéficie d'un investissement de 1,9 milliard de dollars et a attiré 106 pays, en est une illustration. Quelque 10 millions de visiteurs sont attendus et la France y présentera notamment un pavillon sur le thème de la désalinisation de l'eau de mer.

Les cinq années de travaux d'aménagement du site, sur une friche industrielle peu peuplée et très polluée, se sont traduites par la construction d'une ligne à grande vitesse qui relie désormais la ville à Séoul en 2 h 40. Une liaison maritime entre Yeosu et Fukuoka au Japon, qui existait autrefois, doit entrer en service pour l'occasion.

De quoi faire venir les touristes, qui pourront alors profiter d'un aquarium géant d'une capacité de 6 000 tonnes, d'une galerie numérique dotée d'un écran de 218 mètres de long sur 30 mètres de haut et du Big-O, point central devant être le théâtre de nombreux spectacles programmés pendant les trois mois de l'exposition. "Sur l'événement lui-même, précise Kim Keun-soo, secrétaire général de l'Expo 2012, il y a une volonté de souligner l'importance des océans pour l'humanité et de la crise qui les menace en raison de la surexploitation des ressources etde la pollution."

TIRER PROFIT DE CE TRÉSOR

Une visite à événement international peut également permettre de découvrir les richesses d'une région qui s'efforce de valoriser son patrimoine naturel et culturel. Du site de l'exposition, le visiteur peut aller sur l'île d'Odong, accessible à pied et baptisée "Ile des amoureux". Porte d'entrée du parc naturel maritime national Hallyeohaesang, couverte de bois, elle est un lieu de promenade agréable.

De là part une navette maritime qui permet de découvrir une partie des 365 îles dépendant de Yeosu. Cette navette peut conduire à l'île de Dolsan, où se dresse l'ermitage Hyangiram ("qui fait face au soleil"). Perché à l'ombre de camélias sur les hauteurs du mont Geumosan et d'accès difficile et tortueux, il est l'un des quatre grands sites coréens érigés en l'honneur de la déesse bouddhiste de la compassion. Il offre un point de vue unique sur la mer. A ses pieds, le village de pêcheurs et d'ostréiculteurs mérite une pause pour y déguster les saveurs locales, notamment les moules ou les huîtres séchées au soleil.

Remonter la côte permet de découvrir les champs de théiers de Boesong, ville voisine de Yeosu et dont la production de thé vert est réputée dans toute la Corée. Cultivés à flanc de coteaux, les champs se fondent dans des cèdres et dessinent un paysage d'une grande douceur, dont la beauté est rehaussée les jours de brume. Le principal site de production de thé est celui de Daehan-Dawon, où sont exploités – depuis 1957 –, 16,5 hectares de théiers.

Enfin, il y a le parc écologique de la baie de Suncheon. Prise entre les hauteurs de la péninsule de Yeosu à l'est et celles de Goheung à l'ouest, cette zone marécageuse protégée depuis 2006 offre un écosystème rare. Couverte de roseaux, elle permet d'observer une variété unique d'oiseaux migrateurs, majoritairement des grues moines, mais également des aigrettes chinoises ou encore des spatules ou des crustacés. La flore y est abondante et constituée de plantes halophiles (adaptées à un milieu salin), comme différentes espèces de Suaeda.

Désireuse de tirer profit de ce trésor, Suncheon, qui abrite également le village traditionnel et fortifié de Nagan, accueillera d'avril à octobre 2013 une exposition sur les jardins du monde. Un événement qui s'inscrit dans la lignée de l'exposition de Yeosu et qui reflète la logique d'un développement axé sur le tourisme et l'environnement pour la région. La perspective de cet événement sur les jardins offre un début de réponse à ceux qui s'inquiètent de la retombée de l'intérêt pour la région une fois que l'"Expo 2012 Yeosu" aura fermé ses portes.

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner

Voir les contributions

Réutiliser ce contenu

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.