"One day, somebody else will be sitting in this chair" ("un jour quelqu'un d'autre sera assis sur cette chaise"). C'est avec humour et dans un accent français bien assumé que Maurice Lévy évoquait sa succession, fin 2012, dans le petit clip diffusé sur YouTube à l'occasion des voeux annuels. Personne n'y avait pris garde tant l'indétronable patron de Publicis avait repoussé l'échéance à plusieurs reprises.
Même si, cette fois, il est gravé dans le marbre de la fusion que Maurice Lévy sera remplacé à terme par John Wren, le PDG d'Omnicom, l'actuel PDG de Publicis répète à l'envi : "Ce n'est pas un chant du cygne. Il reste beaucoup de choses à faire."
ARLÉSIENNE
A 71 ans, cet informaticien de formation offre un dernier pied de nez à ses salariés, en retardant encore l'heure du départ. Avant de partir, il commencera d'abord par partager avec son successeur annoncé, John Wren, les commandes du nouveau groupe pendant trente mois. Autrement dit, Maurice Lévy reste à la tête du nouveau géant de la communication au moins jusqu'à la mi-2016, alors qu'en tant que patron de Publicis, il était censé partir le 31 décembre 2015 au plus tard.
Ensuite, Maurice Lévy ne quittera pas complètement Publicis Omnicom : il en deviendra le président non exécutif pendant encore deux ans et demi. "Il est au moins là jusqu'en 2019", note un proche des négociations. Né en 1942 à Oujda dans l'est du Maroc, cette icône de la pub aura alors 77 ans.
Comme un grand nombre de dirigeants, Maurice Lévy a fait de sa succession une véritable Arlésienne. Officiellement, il cherchait un dauphin depuis des années, un processus qu'il a toujours pris le soin de qualifier de "long". On ne compte plus les candidats supposés. Ainsi, la nomination en 2006 de l'ancien patron du groupe Les Echos et du Financial Times, Olivier Fleurot, à la tête de Publicis Worldwide, le principal réseau de publicité du groupe, avait relancé les spéculations. Toujours dans le groupe, M. Fleurot dirige aujourd'hui l'entité de relations presse de Publicis.
Les regards s'étaient aussi tournés vers David Kenny, le fondateur de Digitas, l'agence spécialisée dans le numérique rachetée en 2007 pour quasiment 1 milliard d'euros. Mais en 2010, à la surprise générale, ce dernier a claqué la porte. Au même moment, Maurice Lévy rallongeait d'un an la durée de son mandat, jusqu'à fin 2011… Simple coïncidence entre les deux événements, affirmait alors le PDG. Entre-temps, une kyrielle d'autres noms circulait. Plus récemment, c'est Jean-Yves Naouri, propulsé en 2011 à la tête de Publicis Worldwide, qui tenait la corde. L'année dernière, la succession semblait enfin se préciser : le comité de nomination devait enfin lancer le processus. en fusionnant son groupe avec Omnicom, Maurice Lévy s'offre de nouveau un délai.
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