Le Centre Pompidou est-il la première institution artistique française à intégrer des NFT dans ses collections ? Pas tout à fait, puisque fin janvier, le Musée Granet, à Aix-en-Provence, lui grillait la politesse en annonçant faire entrer dans sa collection municipale les œuvres de son exposition qui portaient sur les formes artistiques issues de l’art numérique.
L’opération, en préparation depuis un an, n’en reste pas moins une grande première pour un musée national en France. Elle est le fruit d’un travail conjoint avec le ministère de la culture, notamment pour border les questions légales concernant le wallet (portefeuille), ce support à travers lequel sont réalisées les transactions en cryptomonnaie, qui sera ainsi hébergée par une institution financière publique.
Le 18 janvier, dix-huit œuvres de treize artistes français et internationaux traitant des relations entre blockchain (la chaîne de blocs, technologie permettant de stocker et de transmettre des informations sans organe de contrôle) et création artistique ont ainsi été retenues par la commission d’acquisition du Musée national d’art moderne, et entrent dans la collection « nouveaux médias », dévolue aux usages artistiques de technologies émergentes, par dons des artistes ou achat par l’intermédiaire d’un mécène. « Le Web3 est un territoire innovant dont les artistes se sont emparés, et ces NFT prolongent notre accompagnement des artistes dans la conquête de nouveaux moyens d’expression », commente Xavier Rey, le directeur de l’institution.
Ces œuvres, issues de pratiques et de cultures diverses – le crypto art, le Net art, l’art génératif, le pixel art ou les arts plastiques –, rendent compte de la variété des formes et des positions conceptuelles adoptées par les artistes face à la blockchain, par-delà le phénomène spéculatif qui a accompagné l’émergence des NFT. « Les acquisitions sont un processus long, mais maintenant que la folie sur la valeur spéculative est retombée, on peut parler d’autres niveaux de valeur, artistiques, dans un climat plus apaisé », commente Marcella Lista, conservatrice en chef au Centre Pompidou.
L’institution précise dans un communiqué qu’il s’agit « d’explorer les usages créatifs les plus audacieux de cette technologie, engageant une réflexion singulière sur l’écosystème de la cryptoéconomie et ses incidences sur les définitions et les contours de l’œuvre d’art, de l’auteur, de la collection et du public ».
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