La citadelle de Doullens, bientôt reconnue comme camp d'enfermement de Harkis ?
C'est une loi importante pour l'histoire de France qui vient d'être votée par le Parlement. Celle sur la reconnaissance des conditions d'accueil des Harkis rapatriés d'Algérie vers la France dans les années 60. La citadelle de Doullens est en passe d'être reconnue comme un camp d'enfermement.
Soixante ans après la fin de la guerre d'Algérie, le Parlement a définitivement adopté mardi, par un ultime vote très large du Sénat, un projet de loi pour demander "pardon" aux harkis, qui ouvre la voie à une indemnisation pour certaines familles. La Citadelle de Doullens, où plusieurs centaines de personnes rapatriées d'Algérie entre 1962 et 1965 pourrait être reconnu comme un camp d'enfermement.
Faire parler des témoins
"Au départ, on s'inquiétait sur le fait que les termes utilisés dans le projet de loi écartaient explicitement une reconnaissance de Doullens", rappelle Fabrice Dehaene, vice-président de l'association de la Citadelle de la cité du nord de la Somme. Son association a donc été chargée par le député LREM de la quatrième circonscription de la Somme, Jean-Claude Leclabart de mener des recherches pour éclairer le passé sombre des lieux.
Depuis fin octobre, Fabrice Dehaene recherche des témoins, directs ou indirects. "C'est une course contre la montre car il y a de moins en moins de survivants malheureusement. Il s'agissait de contextualiser la vie quotidienne dans la Citadelle en retrouvant un maximum de personnes, des familles de Harkis mais aussi des militaires, des associations caritatives." Grâce à ces témoignages et à des documents, Fabrice Dehaene fouille le passé des lieux.
Un système complètement fermé
"On ouvre à la hâte cette Citadelle qui n'est absolument pas prête à recevoir plus d'un millier de personnes. Il n'y a plus d'électricité, plus d'eau, les bâtiments sont laissés à l'abandon et on se retrouve dans une situation extrêmement tendue, à leur arrivée en 1962. Et on est sur un système complètement fermé, avec des gardes militaires, des portes closes", raconte Fabrice Dehaene.