Commercy | |||||
La
ville de Commercy est le berceau de la madeleine inventée dans
les cuisines du château du Roi Stanislas au XVIIIe siècle.
Commercy était la cité des "Plaisirs royaux" de Stanislas
qui aimait y venir pour la chasse et pour y recevoir ses
invités. La ville a gardé des témoignages de cette
époque : château, prieuré, bailliage,
hôpital. Ce patrimoine architectural s'est enrichi avec des
bâtiments de style "Art nouveau" au début du XXe
siècle. On peut aussi y visiter le musée de la
céramique et des ivoires, deuxième collection de France. Commercy au XVIIIe siècle, blason et devise "Qui mesure dure" |
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Histoire de Commercy Au Moyen-Âge, enfermé dans ses remparts, Commercy se développe autour de la forteresse de ses "damoiseaux". La ville, partagée entre deux seigneuries, jouit d'un statut juridique particulier lui conférant une quasi-indépendance entre le royaume de France, et les duchés de Bar et de Lorraine. Avec deux seigneurs, Commercy avait deux châteaux. Le château Bas a aujourd'hui totalement disparu. Naissance d'un palais : Charles Henri de Vaudémont Après
une carrière militaire bien remplie, Charles Henri de Vaudémont, fils du duc de
Lorraine Charles IV, a accumulé les honneurs : chevalier de Dès 1709 et durant dix ans, avec ses architectes Boffrand, Dorbay et le bénédictin dom Durand, le prince de Vaudémont dépense sans compter. Le nouveau château qui s'appuie sur les tours et les courtines de l'enceinte extérieure de la forteresse, fait face au Fer-à-Cheval dont il est séparé par un fossé. La place s'ouvre sur la "rue Neuve" (avenue Stanislas) bordées par des immeubles dont les façades, à l'origine toutes identiques, prolongent le Fer-à-Cheval jusqu'au "Pont neuf" (carrefour de la sous-préfecture). Au-delà du "Pont Neuf", débute l'allée des Tilleuls qui mène à la forêt et au domaine de chasse. Pour souligner la perspective, de gros travaux de terrassement, remblais et tranchées, sont réalisés. Les Plaisirs
royaux de Commercy A
partir de 1738, les deux côtés de l'allée sont lotis jusqu'à l'hôpital Saint
Charles. Peu après 1745, le roi Stanislas, nouveau propriétaire des lieux, fait
élever par Héré les ailes basses ornées de pots à feu et de trophées qui
relient le château et le Fer-à-Cheval. Désormais la vieille ville est
complètement séparée de l'espace princier. A
l'ouest, au-delà du "Pont Neuf" l'avenue tracée par Boffrand se
continue avec l'allée des Tilleuls qui mène à la forêt, extraordinaire domaine
de chasse baptisé "Les Plaisirs de Commercy". A
l'est, Hérè fait creuser le grand canal qui prolonge l'axe initial et conduit
les hôtes du roi de Pologne au "château d'eau", un pavillon de
réception. Ce nouvel ensemble disparaît au lendemain de la mort de Stanislas. D'abord
converti en caserne puis incendié en 1944, le château est restauré à partir de
1957 et inauguré le 5 novembre 1972. L'Hôpital Saint
Charles Grâce à la générosité de leurs princes, les bourgeois de Commercy lance la construction de l'hôpital Saint-Charles qui remplace leur vieille Maison-Dieu abandonnée aux Ursulines. Dom Durand supervise le chantier. La chapelle est construite en même temps que la pharmacie quelques années plus tard. Celle-ci est aujourd’hui conservée intacte avec sa collection de pots.
Le Prieuré de Breuil Fondé
avant le XIe siècle, le prieuré bénédictin Notre Dame de Breuil, après avoir
appartenu à l'abbaye de Molesme, adhére à la congrégation Saint Vanne et Saint
Hydulphe au XVIIe siècle. Jusqu'à Les
bâtiments conventuels sont entièrement reconstruits au début du XVIIIe siècle
par dom Durand à qui l’on doit également ceux de l'abbaye de Moyenmoutier. Voir le plan de Commercy (réalisé vers par Dumont dans Histoire des fiefs et principaux villages de la seigneurie de Commercy, 1852) avec les emplacements des deux châteaux et des remparts. Voir la carte des Naudins (vers 1715), région de Commercy, sur le site du Comité d'histoire régionnale de Lorraine. Une curiosité : le fameux tunnel sous la cour du château Stanislas existe t-il ? Oui, la preuve en images, il traverse toute la cour, du château vers la place du fer à cheval.
Histoire d'une spécialité : la madeleine de Commercy La
madeleine de Commercy est née dans les cuisines du roi Stanislas vers 1750.
Difficile de pouvoir en dire plus. "Il y aura probablement toujours à se
demander quel en fut l'inventeur qui restera inconnu" regrettait déjà en Pour
satisfaire la gourmandise de leur maître, les cuisiniers de Stanislas
rivalisent d'imagination. On leur doit quelques desserts fameux comme l'Ali-baba, l'ancêtre du baba au rhum,
biscuit fortement aromatisé de safran et mouillé au vin de Malaga. La mode
était alors aux turqueries. Sans conteste, la madeleine appartient à cet
héritage. Des cuisines ducales, la madeleine passe aux salons de Versailles.
Fille de Stanislas, Reine de France, Marie Leszczynska la fait servir à ses
hôtes. Après
la mort de Stanislas en 1766, un de ses pâtissiers s'installe à son compte à
Commercy avec les secrets de la madeleine. Pour certains, il s'agiit de
Pantaléon Colombé, ancêtre d'une famille d'aubergistes, de pâtissiers et de
boulangers qui se transmettront le secret entre eux. "Au nombre des bons
faiseurs, la famille des Colombé est depuis longtemps, avec justice, en bonne réputation"
dira d'elle Dumont : "Jusque vers 1817, la madeleine fit peu de
progrès. Un pâtissier, en rivalité avec ses confrères, s'avisa, pour leur jouer
pièce, de baisser le prix et de donner la recette à tous venants. Ses
adversaires ne purent se tirer d'embarras qu'en baissant eux-mêmes le prix de
moitié et en améliorant la qualité. Si le public a gagné à cette petite guerre,
les combattants y ont fait un profit encore plus grand; aujourd'hui ils en
confectionnent plus de douzaines qu'ils n'en faisaient jadis d'unités". Si
on en croit Charles Dumont, qui fut témoin de cette guerre picrocholine, le
nombre de madeleiniers s'accroît alors notablement. Un demi-siècle plus tard,
en août 1870, le secrétaire de Bismark qui venait de pénétrer dans Commercy
avec le chancelier et les troupes prussiennes, note dans son journal : "A
la porte des maisons, on lisait fréquemment cette enseigne fabrique de madeleines. Ce sont des biscuits en forme de petits
melons qui ont une grande réputation en France. Nous eûmes donc soin d'en
envoyer quelques boites dans la patrie". Naissance
d'une notoriété Le
26 juillet 1852, Louis Napoléon inaugure la ligne de chemin de fer
Paris-Strasbourg. A Commercy, après les discours d'usage, la suite impériale
rejoint le nouvel "hôtel de Paris" pour une petite collation où
trônent les madeleines produites par le pâtissier de la maison. Ce
train permet à une jeune commercienne, Anne Marie Caussin, de rejoindre la
capitale. Elle deviendra madame de Cassin avant d'épouser le marquis de
Carcano. Coqueluche du Tout-Paris, elle tient salon dans son hôtel
particulier où elle fait servir les madeleines ramenées pour elle chaque soir
par le dernier train venu de Commercy. Stanislas,
Marie Leszczynska, Napoléon III, la marquise de Carcano, si la madeleine de
Commercy leur doit une grande part de sa notoriété, les madeleiniers ont su
aussi faire preuve d'imagination pour promouvoir leur production. Le
conditionnement par douzaine, les boites en sapin des Vosges, puis en hêtre,
ont contribué à façonner l'image de la madeleine. Et puis il y eut l'idée de
génie. Le 13 octobre 1874, un arrêté préfectoral autorise la vente des
madeleines sur le quai de la gare. "Madeleines
de Commercy !" Lorsqu'on prononce ces quelques syllabes devant vous qui
avez fait le trajet de Paris à Nancy, ne revoyez-vous point magiquement le quai
d'une gare basse et déjà vétuste; le quai où circulent les petites vendeuses de
boites à vignettes, closes ou grandes ouvertes, aguichantes… Quelques syllabes
pour Beauguitte, quelques miettes pour Proust, la madeleine semblable avoir sa
propre magie : "je portai à mes
lèvres une cuillerée du thé où j'avais laissé s'amollir un morceau de
madeleine. Mais à l'instant même où la gorgée mêlée de miettes de gâteau toucha
mon palais, je tressaillis, attentif à ce qui se passait d'extraordinaire en
moi. Un plaisir délicieux m'avait envahi…" Marcel Proust a-t-il pris
le thé chez la marquise de Carcano…? Les
madeleniers Cloche
d'Or, Cloche d'Argent, Cloche Lorraine… L'image de la cloche est fréquente chez
les madeleiniers. La tradition veut que ce soit un hommage à Stanislas qui
avait offert la plus grosse cloche de l'église Saint Pantaléon. La
madeleine, c'est d'abord une histoire de famille, celle des Colombé. Le plus
ancien connu avait un surnom quelque peu inquiétant : le Brûlé. Dynastie de
pâtissiers et de boulangers, la famille Colombé exploite plusieurs fabriques de
madeleines dont Peut-être
à cause de son origine, les cuisines de la maison du roi de Pologne, plusieurs
maîtres d'hôtel commerciens fabriquent eux aussi des madeleines : l'hôtel de Jusqu'en
1939, la madeleine est restée un produit artisanal. Six fabricants travaillent
alors à sa fabrication. On estime la production quotidienne globale
avant-guerre à une soixantaine de kilos soit environ 2 500 madeleines, la
majeure partie d'entre elles étant vendues sur les quais de la gare. Actuellement
fixé à 25g, le poids de la madeleine a été réduit régulièrement. Avant la
guerre, la madeleine pesait 30g. Dumont parle de madeleine de 90g à 100g. Si
les composants sont toujours les mêmes : farine, beurre, sucre et œufs, sans
oublier la levure et l'essence de citron, chaque fabricant a son propre dosage.
Autrefois, les madeleiniers se fournissaient sur le marché local, ils devaient aussi tenir compte de la qualité variable de leur approvisionnement pour maintenir la réputation de leur produit. Le madeleinier travaillait "à la bassine" entouré de ses commis qui lui passaient les ingrédients, d'abord les œufs cassés un à un, mélangés au sucre, puis la farine et enfin le beurre clarifié et tiède. La pâte prête, il en remplissait les moules individuels à la corne. Deux entreprises perpétuent la tradition de la fabrication de la madeleine de Commercy : la société « Saint Michel - Grojean » et la « Boîte à madeleines ». L'Art Nouveau à Commercy et Euville Le
XIXe siècle est marqué par
La pharmacie, construite en
1907, façade de l'architecte Eugène Vallin, Ecole de Nancy.
A moins de
Vue
aérienne, 1995 (Photo JLC) L’EGLISE SAINT-PANTALEON Nef du XVIe siècle, chœur reconstruit en 1870 : à voir une série de 4 tableaux, datant de 1738, sur le martyre de Saint Pantaléon. Orgue début XIXe siècle.
LE MUSEE DES IVOIRES du 7 avenue Carcano, construit en 1930 pour abriter les bains douches municipaux. Son architecture s'inspire du pavillon royal, construit par Emmanuel Héré, qui se situait à l'extrémité des jardins à l'arrière du château Stanislas. Ce musée présente une des plus belles collections d'ivoires de France (600 pièces, XVIIe au XIXe siècles). Curiosité : dans l’entrée, le tour à ivoirier du duc de Choiseul, premier ministre de Louis XV. LES RONDS POINTS Le rond point des Godelles (par Patrick Hervelin, 2002, direction Ligny) le rond point
des Voyageurs (par Milutin Mratinkovic, 2005, direction Verdun) Le rond point des Roises avec Ourania et Galatée (le ciel et la terre, par Denis Mellinger dit Melden, inauguré le 14 novembre 2008, direction Verdun) L'entrée de Ville route de Void : l'accueil de la Madeleine, de Nicolas Chénard en 2000, sculpture en pierre présentant le gonflement progressif d'une madeleine. |