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De Jackie Kennedy à Natalie Portman, pourquoi les stars américaines aiment Paris

Pour les actrices d'outre-Atlantique, Paris reste le tapis rouge vers l'amour, la mode, les arts. Décryptage d'une histoire d'amour qui lie Paris à Hollywood depuis les années 1920.

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Natalie Portman est mariée à Benjamin Millepied, nouveau directeur de la danse à l'Opéra de Paris.

Natalie Portman est mariée à Benjamin Millepied, nouveau directeur de la danse à l'Opéra de Paris.

REUTERS/Luke MacGregor

Paris confirme sa place de capitale mondiale des arts et... du glamour. En octobre 2014 va s'y installer le couple le plus en vue du moment: Benjamin Millepied, nouveau directeur de la danse à l'Opéra de Paris, et Natalie Portman, star hollywoodienne oscarisée en 2011 pour son rôle dans Black Swan, le film qui a suscité leur rencontre, deux ans plus tôt. Depuis, un petit Aleph est né, âgé de 3 ans, et l'actrice a décidé de suivre son chorégraphe de mari. Mais son histoire d'amour se double du désir de tourner avec des cinéastes et des comédiens français: "Il y a en France toute une génération de réalisateurs avec lesquels je serais fière de travailler. Notamment, mon amie Rebecca Zlotowski [Belle Epine, Grand Central]. Et je rêve de jouer aux côtés de Juliette Binoche et d'Isabelle Huppert, deux de mes actrices préférées." 

"J'ai eu un coup de foudre pour cette ville"

Natalie Portman s'est également mise au français, qu'elle maîtrise parfaitement. "J'ai découvert Paris à l'âge de 12 ans quand Luc Besson m'a engagée pour tourner Léon. J'ai eu un coup de foudre pour cette ville." Natalie Portman rejoint ainsi le cercle des actrices américaines qui ont craqué pour Paris, au point de s'y installer. De Milla Jovovich à Salma Hayek, en passant par Scarlett Johansson, il y a souvent un Français derrière ce choix: ce fut Luc Besson pour Milla Jovovich -ils ont tourné Jeanne d'Arc ensemble. C'est François-Henri Pinault, le patron du groupe Kering, pour Salma Hayek

Une nouvelle vie à Saint-Germain-des-Prés

Quant à Scarlett Johansson, héroïne du prochain film de Luc Besson, Lucy (sortie le 6 août) réalisé en partie à Paris, elle s'est récemment fiancée au journaliste Romain Dauriac. Le couple a déniché son nid d'amour en plein Saint-Germain-des-Prés, dans le VIe arrondissement, où l'égérie de Woody Allen prend plaisir à déjeuner au Café de Flore et à se promener au jardin du Luxembourg. "Je pousse parfois jusqu'à Montparnasse pour boire des cocktails au Rosebud." 

Cette fascination pour Paris date des années 1920

Si ces stars ont élu domicile dans la Ville lumière, c'est par amour, certes... mais pas seulement. Elles sont les héritières d'une très ancienne et durable fascination. "Paris existe dans l'imaginaire américain depuis les débuts du cinéma d'une manière extrêmement forte", explique Antoine de Baecque, historien et critique de cinéma, auteur de Paris vu par Hollywood (Flammarion) et de la préface de Jean Seberg (Mercure de France). "Il faut savoir qu'à partir des années 1920 l'immense studio de la Metro-Goldwyn-Mayer avait construit à Hollywood un "French Quarter", avec des rues typiques en dur: le Quartier latin, l'avenue Montaigne, des cafés, des boutiques y étaient reconstitués... On pouvait y tourner jusqu'à une quinzaine de films par an! Comment les comédiennes ne pouvaient-elles pas être fascinées par cette ville?" 

Salma Hayek et son mari François-Henri Pinault assistent à un match du tournoi Roland-Garros en 2010.

Salma Hayek et son mari François-Henri Pinault assistent à un match du tournoi Roland-Garros en 2010.

REUTERS/Bogdan Cristel

Jackie Kennedy était une grande francophile

En retour, Paris ne s'offre qu'à des artistes singulières, qui présentent un savant dosage de culture, d'ouverture d'esprit et de tempérament affirmé. Sans oublier... l'élégance. Toutes ces comédiennes modernes marchent dans les pas de leurs aînées qui ont fait vibrer Saint-Germain-des-Prés. Ainsi, Jacqueline Bouvier Kennedy, qui suivit une partie de ses études à la Sorbonne, et vola même la vedette à son président de mari lors d'une mémorable visite officielle en mai 1961. Après avoir répondu à une interview télévisée en français, elle avait été acclamée dans les rues de la capitale. Jackie était alors pour les femmes un modèle d'assurance et d'élégance, et la meilleure ambassadrice de Chanel. Autre figure américaine adoptée par Paris, Jean Seberg. Elle a déboulé dans le coeur des cinéphiles à la fin des années 1950, en pleine nouvelle vague. 

A bout de souffle: film culte de la nouvelle vague

C'est dans Bonjour tristesse, adaptation du roman de Françoise Sagan par Otto Preminger, que Seberg crève l'écran. "Sa silhouette, sa démarche, tout en elle est parfait et sa forme de sex-appeal est inédite à l'écran", écrit un certain critique de la revue Arts, François Truffaut, alors âgé de 26 ans. "En chemise d'homme dont les pans sont ramenés devant et noués sur le ventre, en corsage et encore sage -mais plus pour longtemps..." poursuit-il. Seberg entre définitivement dans la légende en jeune étudiante qui vend le Herald Tribune sur les Champs-Elysées dans A bout de souffle, de Jean-Luc Godard. "Le film culte de cette révolution nouvelle vague, qui est aussi une révolution des moeurs dont Jean Seberg est l'un des plus actifs vecteurs, confirme Antoine de Baecque. Elle incarne la liberté en amour: elle se donne et se refuse comme elle le veut. C'est quelque chose qu'elle porte dans A bout de souffle et les autres films qu'elle tourne à Paris." 

"Un mélange étonnant de liberté de création et de liberté des moeurs"

Dix ans plus tard, la révolution sexuelle est passée par là. Si les Américaines, dans les années 1960, décident de s'installer dans la capitale, c'est aussi parce qu'elles pourront y être -ou y devenir- des femmes émancipées, libres, autonomes. "Dans tous les films de la grande époque qui ont marqué l'esprit américain, la capitale française représentait un mélange étonnant de liberté de création et de liberté des moeurs, souligne Antoine de Baecque. Ceux de Lubitsch, par exemple, étaient très osés, et leurs scénarios ne se justifiaient que parce qu'ils se déroulaient à Paris." On songe alors à Jane Fonda et à ses déclarations chocs sur sa vie sentimentale et sexuelle avec le réalisateur Roger Vadim. Son premier grand amour et celui qui l'a entraînée à Paris. 

"Les parisiens apprécient d'avoir de vraies conversations"

Paris incarnait alors l'avant-garde, y compris des combats politiques et sociaux. C'est l'un des points communs entre toutes ces Parisiennes d'adoption: elles ne sont pas seulement des gravures de mode, mais développent, à travers leur filmographie et leurs interviews, un point de vue sur le monde. "Les Parisiens apprécient d'avoir de vraies conversations, ils aiment lire, ils sont engagés politiquement", se réjouit Scarlett Johansson. 

"En France, je me suis sentie libre d'être une femme"

Choisir Paris, c'est à nouveau inscrire ses pas dans ceux de Jane Fonda, militante pacifiste et féministe en plein Mai 68, et de Jean Seberg, qui soutient les Black Panthers. Ou bien d'Angela Davis. Lors de la grande manifestation parisienne de soutien à sa cause, en 1971, 100.000 personnes défilent, dont Sartre, Aragon, Jean Genet et... Jean Seberg. "J'ai découvert Paris à 18 ans, se souvient Angela Davis. J'étais étudiante à la Sorbonne. Je lisais Camus, Balzac, Merleau-Ponty... En Amérique, j'étais identifiée comme une militante, une révolutionnaire. En France, je me suis sentie libre d'être aussi une femme. Avec mon style vestimentaire, qui n'était pas seulement un symbole de mon engagement mais également de ma personnalité." 

Scarlett Johansson et Romain Dauriac à la 39e cérémonie des César en février 2014, durant laquelle elle a reçu un prix d'honneur.

Scarlett Johansson et Romain Dauriac à la 39e cérémonie des César en février 2014, durant laquelle elle a reçu un prix d'honneur.

REUTERS/Regis Duvignau

La figure de Joséphine Baker

Joséphine Baker s'était imposée jadis comme la première des stars américaines à établir un pont avec la capitale française, et à l'avoir gravée dans un refrain immortel: "J'ai deux amours, mon pays et Paris..." Résistante pendant la Seconde Guerre mondiale, militante des droits civiques au côté de Martin Luther King, la chanteuse, danseuse et comédienne a dessiné cette figure particulière de l'artiste, mêlée à la femme libre et engagée. Certaines intellectuelles ont été aussi très influentes dans la formation de cet inconscient, à commencer par Gertrude Stein

"L'Amérique est mon pays et Paris est mon chez-moi"

Arrivée à Paris en 1903, et décédée à Neuilly-sur-Seine 43 ans plus tard, elle a fait découvrir aux Américains l'effervescence artistique de Montparnasse, où elle a côtoyé les plus grands. Jusqu'à les influencer de façon décisive, comme ce fut le cas pour Picasso. Ce n'est pas un hasard si la plaque qui lui rend hommage, au 27 rue de Fleurus, près du jardin du Luxembourg, reçoit parfois la visite de Milla Jovovich. "Je me retrouve dans ce qu'elle disait à propos de sa double identité", explique l'actrice, qui s'est immergée depuis quelques années dans l'art contemporain -elle prépare un projet avec Sophie Calle: "L'Amérique est mon pays et Paris est mon chez-moi." 

Susan Sontag, voisine d'un des fondateurs de la Beat Generation

A l'image de Zelda Fitzgerald, qui, avec Scott, a vécu elle aussi les Années folles à Paris, Gertrude Stein a été mise à l'honneur dans Minuit à Paris, film de Woody Allen qui retrace ce début du XXe siècle, où naît cette liaison transatlantique entre mécènes et artistes. Et quand Scarlett Johansson évoque ses promenades dans les cafés et les librairies de Saint-Germain-des-Prés, on songe aux récits d'une figure intellectuelle de la génération suivante, Susan Sontag. Installée dans un appartement du VIe arrondissement acheté à Jean Genet, elle avait pour voisin Allen Ginsberg et croisait Anna Karina à l'Old Navy. Elle était très liée à l'écrivain Harriet Sohmers, dont on dit qu'elle a inspiré le personnage de Jean Seberg, Patricia Franchini, dans A bout de souffle. "La géographie imaginaire de Paris reste très stable dans l'esprit des Américains", constate Antoine de Baecque. 

Olivia de Havilland: parisienne depuis plus de 60 ans

Une élégante femme qui court sur ses 100 ans a été un témoin et une actrice de ces décennies fondatrices : Olivia de Havilland, installée à Paris depuis 1953. L'actrice culte d'Autant en emporte le vent n'a pas grand-chose à voir avec l'image un peu lisse qui colle à son rôle de Melanie Hamilton. Dans sa vie privée autant que publique, elle assuma des choix forts et dérangeants. Son nom est entré dans la jurisprudence hollywoodienne : refusant les scénarios proposés par le studio Warner, avec lequel elle était en contrat, elle gagna le procès qui les opposa. Ce qui permit par la suite aux acteurs d'avoir des engagements de sept ans au maximum avec les studios. L'histoire d'amour entre Olivia de Havilland et la France, qui commença par son mariage, en 1955, avec le journaliste Pierre Galante, connut son apogée lorsqu'elle devint la première femme à présider le jury du Festival de Cannes, en 1965. Une vie digne d'un scénario de biopic... Et qui offrirait un rôle en or à Natalie ou à Scarlett. 

 

Les adresses parisiennes de Natalie Portman

 

Musée Rodin 

"J'aime la beauté paisible du jardin à la française de ce musée. Je l'ai découvert, enfant, grâce à ma mère. Dès que nous sommes rentrées à la maison, nous avons fait des sculptures en argile."  

79, rue de Varenne, Paris (VIIe). 01-44-18-61-10 

Marché aux puces 

"On y trouve des objets incroyables. C'est l'une de mes promenades favorites."  

Porte de Clignancourt, Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis) 

Restaurant Arpège 

"Je ne me lasse pas des menus à base de légumes que fait le chef Alain Passard."  

84, rue de Varenne, Paris (VIIe). 01-47-05-09-06. 

Aquaboulevard 

"Je me souviens que pendant le tournage de Léon, de Luc Besson, ma mère me faisait faire plein de choses: on allait à Aquaboulevard, puis on mangeait des crêpes."  

4-6, rue Louis-Armand, Paris (XVe). 01-40-60-10-00. 

Librairie Shakespeare & Company 

"J'adore l'atmosphère du lieu. Je peux y passer des heures."  

37, rue de la Bûcherie, Paris (Ve). 01-43-25-40-93. 

Toraya 

"Mon salon de thé japonais préféré."  

10, rue Saint-Florentin, Paris (Ier). 01-42-60-13-00. 

 

 

 

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Paola Genone
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