Le
saviez-vous ?
Histoire
LA
CRAVATE,
attribut vestimentaire incontournable de la mode masculine, tire
son origine de la bande d’étoffe finement ouvragée
portée autrefois par les cavaliers croates qui servirent
dans le régiment du « Royal-Cravate »
au temps de Louis XIII et Louis XIV. Adoptée par la Cour
de Versailles pour son élégance autant que pour
son originalité, elle conquit bientôt les Parisiens
du Grand Siècle et eut tôt fait de s’imposer
dans le monde occidental, d'abord outre-Manche, puis outre-Atlantique.
Accessoire indispensable, la cravate, nous dit Balzac, "est
encore une partie essentielle et obligée du vêtement
qui, dans ses formes variées, apprend à connaître
celui qui la porte".
Aujourd'hui,
le Petit Robert propose d'ailleurs la définition suivante :
Cravate, 1651, « bande de linge que les cavaliers croates
portaient autour du cou »; forme francisée de Croate. En
effet, c'est le mot Hrvat, forme croate de Croate,
qui a donné krvat, puis cravate. On le retrouve
également dans les autres langues : cravat/tie (ang.),
krawatte (all.), corbata (esp.), cravatta (it.), gravata (port.),
kravat (hong.), krawat (pol.), krawatt (suéd.) ou... kravata
(croa.).
"Et
comment pouvais-je lutter, moi, faible, grêle, mis simplement,
pâle et hâve comme un artiste en convalescence d'un ouvrage,
avec des jeunes gens bien frisés, jolis, pimpants, cravatés
à désespérer toute la Croatie, riches, armés de tilburys et
vêtus d'impertinence?"
La Peau de chagrin, Honoré de Balzac.
"Une
cravate bien nouée est le premier pas sérieux
dans la vie"
Oscar Wilde
"Le
noeud est à la cravate ce que le cerveau est à
l'homme"
La Rochefoucauld
Patrie
de la cravate, la Croatie se devait d'être logiquement aussi
celle de la plus grande cravate du monde !
C'est chose faite depuis le 18 octobre 2003, lorsque, à
l'initiative de la très sérieuse Academia
Cravatica, une cravate de 808 mètres de long sur
25 mètres de large fut nouée, en moins de onze
heures, autour des arènes romaines de Pula.
Il aura fallu pas moins de 8 250 m² de tissu, 120 kilomètres
de fil et 300 heures de travail pour confectionner cette
cravate titanesque pesant 450 kg...
L’ÉVANGÉLIAIRE
DE REIMS. Les
rois de France, notamment Charles IX, Henri III, Louis XIII et
Louis XIV, prêtèrent serment lors de leur avènement
sur le « Texte du Sacre » de l’Évangéliaire
de Reims dont une partie est rédigée en glagolitique,
l’ancien alphabet croate du Moyen Âge. On ignore comment
ce mystérieux Évangéliaire parvînt
à Reims.
LE
SABOR,
parlement croate, dont l'origine remonte au haut Moyen Âge,
figure aux côtés du Althing islandais, formé
vers 930, et de celui de Sicile, instauré vers 1130, parmi
les plus anciens d'Europe. Son existence fut ininterrompue depuis
le XIIe siècle (sauf entre 1918 et la Seconde guerre mondiale,
dans le cadre de la première Yougoslavie).
LES
RÉGIMENTS CROATES DE NAPOLÉON.
Ces soldats croates se sont notamment rendus célèbres
devant Moscou en 1812 et à la bataille de la
Berezina
le 1er janvier 1813, sauvant Napoléon qui leur
adressa le message suivant « Hier j'ai pu
m'assurer de mes propres yeux de votre courage et de
votre fidélité. Vous avez acquis la gloire
immortelle et l'estime, et je vous place parmi mes
meilleures troupes ». Sous le péristyle
de la Cour d'honneur de l'Hôtel des Invalides,
une plaque commémorative rappelle l'engagement
de soldats croates aux côtés de l'empereur.
LES
EMPEREURS ROMAINS D'ILLYRIE.
Plusieurs empereurs du Bas-Empire sont originaires
d'Illyrie, une ancienne province romaine sur le territoire
de laquelle s'établira le royaume croate au
Moyen Âge : si le premier d'entre eux, un Dalmate
dénommé Claude le Gothique, n'a
guère laissé de traces dans les mémoires,
il en va autrement de son fils Aurélien,
né à Sirmium, qui régna de 270
à 275; suivirent Probus, lui aussi originaire
de Sirmium (277-282), l'énergique Dioclétien,
né à Salona
en Dalmatie, qui créa
la Tétrarchie en nommant trois compatriotes
aux postes d'Auguste et de César, et enfin,
Constantin le Grand, le premier empereur à
se convertir au christianisme (306-337).
MARIN,
LE TAILLEUR DE PIERRE.
Marin naquit à Lopar, au nord de Rab. Chrétien,
enrôlé de force dans l'armée romaine,
il prit la fuite et trouva refuge dans les collines
du Monte Titano en Italie. Il y vécut en ermite
puis y fonda un monastère. Après sa mort
vers 395, son couvent allait devenir le berceau de
la petite république de Saint-Marin qui garde
toujours des liens privilégiés avec l'île
croate de Rab.
UN
PAPE "CROATE".
Le pape Jean
IV le Dalmate (640-642), 72e souverain pontife, était originaire
de Dalmatie. Il s'illustra en 640 en rejettant l'Ecthèse,
cette tentative de l'empereur Héraclius de concilier l'orthodoxie
et le monophysisme, selon laquelle il y a bien deux natures
dans le Christ (la divine et l'humaine), mais une seule volonté
(la divine).
MARCO
POLO. Selon une tradition, le navigateur, qui participa
en 1298 à une bataille navale livrée à proximité
de Korcula par les Vénitiens contre les Génois,
où il fut fait prisonnier, serait né dans la ville
de Korcula en 1254. Sa maison natale présumée est
située près de la cathédrale, à droite
du campanile.
LA
PLUS ANCIENNE PHARMACIE. C’est
à Dubrovnik
que fut inaugurée en 1317, dans le couvent des Franciscains,
la plus ancienne pharmacie d’Europe. Un siècle plus
tard, en 1434, c’est aussi le premier orphelinat qui verra
le jour dans la cité-république croate.
LE
MINEUR CROATE DE LA NOUVELLE-FRANCE. A
l'automne 1604, un petit groupe de Français créa,
à Sainte-Croix, en Acadie, sur l'actuel débouché
atlantique de la frontière américano-canadienne,
la première colonie européenne en Amérique
du Nord, devançant en cela de peu les Anglais. L'aventure
tournera mal, comme l'on sait aujourd'hui. Un mineur croate, censé
y chercher de l'or, fit alors partie de cette expédition
pionnière. Il s'embarqua aux côtés de quelque
200 Français qui, à bord de deux navires, quittèrent
Honfleur le 10 avril 1604 en direction du Nouveau Monde, sous
la conduite de Pierre Dugua de Mons (1558-1628), cofondateur de
la Nouvelle-France et de Québec.
UNE
TRÈS ANCIENNE SYNAGOGUE.
Sise rue Zudioska (rue des Juifs), au nord du Stradun, la synagogue
de Dubrovnik
est la plus ancienne d'Europe, encore en fonction, après
celle de Prague. Elle occupe un bâtiment du XIVe siècle
dont l'intérieur baroque date de 1652 (Torah, étoffes,
orfèvreries...). La présence des Juifs à
Dubrovnik est mentionnée pour la première fois en
1324, mais le plus grand nombre arriva à la fin du XVe
siècle après leur expulsion de la péninsule
Ibérique. Ils ont largement contribué à l'essor
économique de la République de Raguse (Dubrovnik)
et à l'épanouissement des sciences et des arts.
RICHARD
COEUR DE LION.
La cathédrale de Dubrovnik
fut rebâtie entre 1672 et 1713 sur les ruines
d'une église romane élevée, selon
la légende, grâce aux dons de Richard
Coeur de Lion qui, de retour de Terre sainte, fut victime
d'un naufrage et trouva refuge à Dubrovnik.
LES
PLUS LATINS DES SLAVES.
La Croatie fut le dernier pays d'Europe à abandonner
l'usage du latin qui resta la langue officielle au
Sabor (le Parlement croate)
jusqu'en... 1847! Il fut alors remplacé par
le croate. Plus qu'un simple
attachement à la latinité, certains voient
là une manoeuvre habile de la noblesse croate
pour résister plus efficement à l'assimilation
culturelle dans le cadre de l'empire austro-hongrois
des Habsbourg. En outre, les Croates furent les premiers
des Slaves à se convertir au christianisme,
dès le début du VIIe siècle. Enfin,
leur appartenance à la sphère culturelle
méditerranéenne, l'influence romaine
et vénitienne
ainsi que leur attachement traditionnel à l'Eglise
de Rome leur valent, à plus d'un titre, le surnom
des "plus latins des Slaves".
LA
RÉVOLTE DE VILLEFRANCHE-DE-ROUERGUE.
Durant la seconde guerre mondiale, un détachement de quelque
cinq cents Croates enrôlés de force par les nazis
et stationnés dans le sud de la France occupée s'est
mutiné contre l'occupant le 17 septembre 1943. Tous
les officiers nazis sont tués dans l'insurrection et Villefranche-de-Rouergue
devient « ville libérée » l'espace
d'une journée, avant que la révolte ne soit étouffée
dans le sang. Aujourd'hui, une « avenue des Croates
» rappelle cet épisode tragique de l'histoire de
la ville. La « révolte
des Croates » a fait l'objet de plusieurs ouvrages
publiés en France.
L'ÎLE
DES NON-ALIGNÉS. C'est
à Veliki Brijun, île principale de l'archipel des
Brijuni, que Nasser, Nehru et Tito signèrent le 19 juillet
1956 la célèbre Déclaration des non-alignés.
La guerre froide faisait alors rage et le monde était coupé
en deux, entre États-Unis et URSS. Par cette déclaration,
les trois hommes refusaient de prendre parti et invitaient les
pays du tiers-monde à les suivre, à ne pas "s'aligner"
sur les grandes puissances. Aujourd'hui les Brijuni, où
se mêlent six cents plantes endémiques, forment l'un
des sept parcs nationaux croates.
Arts
et culture
DORA
MAAR.
La photographe, peintre et célèbre muse de Picasso,
Dora Maar,
de son vrai nom Théodora Markovic (1907-1997), était
la fille d'un père architecte croate de Zagreb et d'une
mère tourangelle. Élevée un temps à
Buenos Aires, elle rentra en France en 1926, où elle étudia
dans l'atelier du peintre André Lhote. C'est là
qu'elle fit la connaissance de tous les grands photographes de
l'époque, dont elle devint le modèle. Après
avoir illustré plusieurs ouvrages de ses photographies,
réalisé quelques publicités, elle se lia
d'amitié avec Georges Bataille et André Breton,
qui influencèrent ses travaux d'inspiration surréaliste,
qu'elle réalisa vers 1935. C'est à cette époque
que Paul Eluard la présente à Picasso, dont elle
devint la muse jusqu'en 1945, date de leur rupture. Très
ébranlée par cette séparation, elle continua
néanmoins de peindre, mais ne fit que de rarissimes expositions.
La Femme qui pleure, qu'elle posa pour Picasso, se vendra
37 millions de francs, en automne 98, lors de la vente
Dora Maar.
L'ÉCRITURE
ÉTRUSQUE.
Le Liber linteus Zagrabiensis, ou "linceul
de la momie de Zagreb" qu'on date du IIIe-IIe
siècle av. J.-C, est un précieux linceul
de lin, conservé au Musée archéologique,
sur lequel est consignée la plus longue inscription
connue en écriture étrusque.
HÉROS
GRECS EN ADRIATIQUE.
Selon de nombreuses légendes, bien des aventures
attribuées aux héros mythologiques grecs
auraient pris place en Adriatique, sur l'actuel littoral
croate. L'une d'entre elles lie la fondation de la
ville de Pula, en Istrie, à la légende
de la Toison d'Or. D'après ce récit,
le peuple de Colchide poursuivit Jason
et ses Argonautes afin de récupérer la
Toison. Mais le décès du fils de leur
roi, Éétès, leur fit abandonner
leur poursuite. Croyant devoir être punis pour
cela et pour n'avoir pas su récupérer
la Toison d'or, il s'exilèrent à l'endroit
même où le prince mourut. C'est ainsi
que Pula y fut érigée il y a plus de
3000 ans. Curieusement, comme Rome, elle est située
sur sept collines, et dispose d’arènes
majestueuses construites sous Auguste et pouvant jadis
accueillir jusqu'à 23 000 spectateurs.
Une autre légende célèbre est
celle d'Ulysse
et de l'île de Mljet (connue sous le nom d'Ogygie
dans l'Antiquité), au large de Dubrovnik. On
raconte en effet qu'après le naufrage de son
bateau sur le chemin de retour de l'Odyssée
les vents de Poséidon poussèrent Ulysse
à trouver refuge sur Mljet. C'est ainsi que
le navigateur grec y fut retenu sept ans durant par
la nymphe Calypso, qui chercha à lui faire oublier
Ithaque. On peut d'ailleurs y visiter la grotte où
le plus célèbre des marins aurait été
envoûté par la nymphe Calypso, qui lui
aurait fait chavirer le coeur. Et il suffit de découvrir
le cadre enchanteur de la grotte et des criques paradisiaques
voisines pour y croire aussitôt...
LA
PIERRE BLANCHE DE BRAC, DE VRNIK ET D'ISTRIE.
Depuis l'Antiquité, des millions de tonnes de cette pierre
blanche réputée ont été extraites
du sol crayeux des carrières de Pucisca sur l'île
de Brac et furent utilisées pour construire des bâtiments
sur l'île, en Croatie (palais de Dioclétien) et à
l'étranger (Parlement viennois, parlement de Budapest,
Maison blanche à Washington, monument commémoratif
du Canada à Vimy).
Plus blonde, mais tout aussi résistante, la pierre de Vrnik
(un îlot au large de Korcula) fut aussi exportée
en Europe, en Amérique et on la retrouve jusque dans les
murs de la cathédrale Sainte-Sophie d'Istanbul.
Hormis celle de Brac et de Vrnik, la pierre calcaire d'Istrie
est également reconnue pour sa blancheur et son exceptionnelle
résistance au salpêtre. Sa qualité lui valu
ainsi d'être très employée à Venise
où elle fut largement mise à profit dans la construction
de nombreux ouvrages, digues, pavements, fondations ou ponts,
et notamment le célèbre Pont des Soupirs. Enfin,
la qualité de la pierre calcaire de Croatie lui a valu
d'être employée pour le pavage de la place Stanislas
à Nancy lors de sa récente restauration.
MONUMENT
À LA FRANCE.
Le célèbre monument de la Reconnaissance à la France,
situé dans le parc-forteresse du Kalemegdan, à Belgrade,
est l’oeuvre d’Ivan
Mestrovic (1883-1962), sculpteur croate renommé pour son art
monumental. Datant de 1930, le monument, sans doute unique du
genre, représente une statue de femme dans toute sa puissance,
dressée sur un haut socle orné de bas-reliefs qui illustrent la
fraternité d’armes avec la France pendant la première guerre mondiale,
comme en témoigne l'inscription qui y figure : "Aimons
la France comme elle nous a aimés". Mestrovic a étudié à
Vienne et Paris, où il a eu l’occasion de s’inspirer des oeuvres
de Bourdelle, Maillol et surtout de Rodin, dont il fut l'ami et
le disciple, et qui le qualifia de "plus grand phénomène
parmi les sculpteurs contemporains".
|
Statue
de saint Jérôme réalisée
par le grand sculpteur croate, Ivan Mestrovic,
trônant devant l'ambassade de Croatie à
Washington. |
SAINT
JÉRÔME.
Aux côtés de saint Ambroise, de saint Augustin et de
Grégroire le Grand, l’un des quatre Pères de l’Eglise,
saint Jérôme (v. 347-419), est né en Dalmatie,
à Stridon, aux confins de la Pannonie romaine. On lui
doit notamment la fameuse Vulgate, cette première
Bible latine dont Jérôme établit l’Ancien Testament
d’après l’hébreu, et qui à partir du VIIe siècle
s’imposera à tout l’Occident. Surnommé saint patron
des traducteurs (outre le latin et l'hébreu,
il maîtrisait le grec) et parfois celui des humanistes,
il est aussi le saint patron de la Dalmatie. Son œuvre
occupe une position clé dans la transmission de la
culture que le Moyen Âge héritera de l’Antiquité, si
bien que sa figure inspirera les plus grands artistes
: Botticelli, Dürer, Ghirlandaio, Giotto, El Greco,
Georges de la Tour, de Vinci, Rubens, Raphael, parmi
tant d'autres.
LA
PLUS ANCIENNE...
La cathédrale Saint-Domnius (Sveti Dujam) de Split,
sur la côte dalmate, est quant à son architecture
la plus ancienne cathédrale du monde. En effet, sa nef
et son abside ne sont autre que l'ancien mausolée de Dioclétien
érigé vers la fin du IIIe siècle. C'est en
650 qu'il fut reconverti en cathédrale par l'archevêque
Jean de Ravenne qui y installa les reliques des saints martyrs
Domnius (Dujam) et Anastase (Stas). Seul le campanile, aujourd'hui
symbole de Split, fut élevé entre le XIIIe et le
XIVe siècle. L'ironie de l’histoire veut que l’empereur
Dioclétien resta dans les mémoires comme l'un des
plus féroces persécuteurs des chrétiens...
...
ET LA PLUS PETITE CATHÉDRALE DU MONDE. Edifiée
au IXe siècle à Nin, la plus ancienne ville royale
croate, située à 18 km au nord de Zadar, l'église
paléochrétienne Sainte-Croix est aujourd'hui considérée
comme "la plus petite cathédrale du monde". Malgré
sa très modeste taille, elle fut jadis église cathédrale
de l'évéché de Nin, jusqu'à son abolition
en 928. Des études archéologiques récentes
ont permis de découvrir que ses proportions et l'emplacement
de ses fenêtres en font également à la fois
un calendrier solaire sophistiqué et un observatoire astronomique
rudimentaire. Le plus célèbre des évêques
à y avoir siégé fut sans doute Grégoire
de Nin (v. 900-929), fervent partisan de l'autonomie nationale
et religieuse.
L'ALPHABET
GLAGOLITIQUE
a été inventé au IXe siècle, probablement
par saint Cyrille et son frère saint Méthode. Jamais
utilisée dans les autres pays slaves, ou bien cessant de
l'être au XIIe siècle, cette écriture demeura
prédominante dans les contrées croates jusqu'à
la fin du XVe siècle et son usage perdura dans certaines
communautés religieuses de Dalmatie et d'Istrie jusqu'au
XIXe siècle. Les plus vieux textes glagolitiques croates
conservés datent du XIe siècle. Dès leur
christianisation, les Croates utilisèrent le slavon et
l'écriture glagolitique dans leur liturgie. Seuls catholiques
européens autorisés par Rome à ne pas se
servir du latin ni de l'alphabet romain, les Croates imprimèrent
le premier missel en caractères glagolitiques en 1483.
LA
CROATIE AU « PARADIS » DE DANTE.
« Tel est celui qui vient de Croatie
peut-être, afin de voir notre Véronique,
et qui par faim ancienne ne s'en rassasie pas,
mais dit dans sa pensée, tant qu'on la montre :
"Mon Seigneur Jésus-Christ, Dieu vrai,
Votre visage était donc ainsi?" »
DANTE,
La Divine Comédie,
Le Paradis, 1321,
trad. Jacqueline Risset, GF-Flammarion, 1992.
LA
VOÛTE RÉVOLUTIONNAIRE DE LA CATHÉDRALE DE
SIBENIK.
Oeuvre de l'architecte croate Juraj Dalmatinac (v. 1420-1473),
inscrite en 2000 sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO,
la cathédrale St-Jacques à Sibenik, fut en son temps
le seul bâtiment d'Europe dont la voûte en pierre
fut construite sans mortier ni charpente en bois. Novateur, Dalmatinac
imagine une nouvelle méthode d'assemblage, sans joint,
à l'aide de dalles de pierre taillées sur mesure
et insérées dans des arcs doubleaux grâce
à des languettes et des rainures. A sa mort, Nikola Firentinac,
fidèle à son projet, termine la partie supérieure.
Fait remarquable, la cathédrale St-Jacques compte aussi
parmi les tout premiers édifices de la première
Renaissance, bâtis hors d'Italie.
LE
MAÎTRE DE LA MINIATURE.
Julije Klovic ou Giulio Clovio (1498-1578), peintre miniaturiste
originaire de Grizane, fut l'élève de Giulio Romano
à Mantoue. Il peignit pour le pape à Rome et pour
Côme Ier de Médicis à Florence, il devint
l'ami de Michel-Ange, Vasari, Bruegel le Vieux et du Greco.
LES
« CROATES » DU LOUVRE.
Dans l'aile Denon du musée du Louvre, consacrée
à la sculpture italienne du Quattrocento, se trouvent,
dans la première salle au rez-de-chaussée, au pied
de l'escalier, quatre sculptures et bas-reliefs de deux sculpteurs
qui, malgré l'italianisation posthume de leur nom, ne sont
pas si "italiens" que cela : Franciscus
de Laurana et Giovanni Dalmata de Traù. Il s'agit en
réalité de deux sculpteurs croates : Franjo
de Vrana (près de Zadar) et Ivan
Duknovic de Trogir (près de Split). Sur les quatre
sculptures, trois sont de Franjo de Vrana (deux bustes et le blason
sculpté des Anjou)
et un bas-relief de la tombe du pape Pie II, par Ivan Duknovic.
Franjo de Vrana [Vrana 1430-Avignon 1502] fut
l'un des plus grands sculpteurs du XVe siècle. Il travailla
d'abord en Croatie, puis en Italie, avant de devenir sculpteur
à la Cour du roi René d'Anjou en Provence. Parmi
ses oeuvres en France on compte notamment l'Autel Saint-Lazare
dans la cathédrale de la Major à Marseille, le Retable
de la montée au Calvaire à Saint-Didier d'Avignon,
ou encore le Tombeau de Charles du Maine au Mans. On lui
doit également les sculptures de l'Arc triomphal du
Castelnuovo de Naples réalisées pour le roi Alphonse
d'Aragon.
Quant à Ivan Duknovic de Trogir, célèbre
sculpteur de la haute Renaissance,
il est notamment l'auteur de la sculpture de la Vierge à
l'Enfant qui surplombe désormais le tombeau du pape Jean
Paul II, dans la crypte de la Basilique Saint-Pierre de Rome.
L'
« ANDERSEN » CROATE.
Auteur de contes et d'histoires pour enfants, Ivana
Brlic-Mazuranic (1874-1938) fut en 1937 la première
femme à entrer à l'Académie yougoslave
des sciences et des arts. Le dessin animé Lapitch,
le petit cordonnier est une adaptation de son conte
Segrt Hlapic.
LA
GUZLA.
Seul mot croate entré dans la langue française retenu
par le Petit Robert : Guzla [gyzla] n. f. - 1791; mot croate.
Instrument de musique monocorde, espèce de violon, en usage chez
les peuples dalmates. « La Guzla », récit de Mérimée. Un second
terme, ban, figure quant à lui uniquement dans l'édition
du Grand Robert et désignait le plus haut titre de noblesse
en Croatie, après le roi. Voir également cravate.
L'ÉCOLE
DE HLEBINE.
Cette école de peintres naïfs a été
fondée dans le nord-est de la Croatie, à Hlebine,
par Ivan Generalic, Franjo Mraz et Mirko Virius, peintres paysans
qui, contrairement aux naïfs d'Europe occidentale, œuvrèrent
côte à côte et non en solitaires. S'attachant
à évoquer de façon idyllique les paysages
et les activités de leur région, ils utilisèrent
la couleur sans souci de réalisme, ainsi que des motifs
décoratifs originaux. On compte parmi ses représentants
les plus célèbres, Dragan Gazi, Ivan Generalic,
Mijo Kovacic, Ivan Lackovic et Ivan Vecenaj, qui se firent connaître
surtout après 1945. Plusieurs de leurs oeuvres sont exposées
en France, notamment au Musée
international d'Art naïf Anatole Jakovsky à Nice,
au Palais
de l'art naïf de Bages (Pyrénées orientales),
au Musée International
d'Art Naïf de Vicq ou encore au Musée
du Vieux Château de Laval.
LA
MUSE D'ERNEST HEMINGWAY. C'est Adriana Ivancic,
une jeune Croate qu'il rencontre à Venise en 1948 et dont
il tombe éperdument
amoureux qui inspira à Hemingway
le personnage de Contessa Renata, dans Au-delà du fleuve
et sous les arbres paru en 1950. L'auteur y dépeint
la romance amoureuse atypique du colonel Cantwell, un officier
américain d'âge mûr qui se sait condamné
par son coeur malade, et d'une belle aristocrate vénitienne
de dix-neuf ans...
LES
LOINTAINES ORIGINES DALMATES D'ÉMILE
ZOLA. Par
son père Francesco, l'écrivain français Emile
Zola (1840-1902) était originaire de la ville croate de
Zadar, en Dalmatie, sous domination vénitienne jusqu'en
1797. Descendant d'une lignée
d'officiers, l'arrière grand-père d'Emile Zola, Antonio
Zola (Colic ["Tsolitch"], puis Zolic), était capitaine
des Fanti, soldats italiens au service de la Sérénissime.
Son grand-père, Carlo Zola, lieutenant au corps des Ingénieurs,
puis capitaine du génie, épousa une jeune fille grecque de Corfou,
nommée Nicoletta Bondioli. Leur fils, Francesco, père d'Emile,
naquit à Venise, le 8 août 1795.
LE
MONUMENT À LA PAIX,
qui trône devant l’entrée du siège
de l’Organisation des Nations unies, à
New York, est l’œuvre du grand sculpteur
et résistant
croate Antun Augustincic (1900-1979), sculpteur
naturaliste qui travailla avant tout sur la fugure
humaine. Cofondateur en 1929 de Zemlja, groupe qui
militait pour un art social, il créa à
Gornja Stubica (Croatie) un immense monument à
la jacquerie de 1573
menée par Marija Gubec.
|
"J'attribue
mon caractère entier et bourru à la part
croate que j'ai en moi".
Josiane Balasko
(L'Express, 4/01/96)
|
|
Lors
de ses vacances en Croatie à l'été
2005, où l'a suivie le photographe du
magazine Elle (n°3105), l'actrice
française Emmanuelle Béart a confié
qu'elle avait des origines croates par sa grand-mère. |
CÉLÉBRITÉS
DU SHOW-BUSINESS.
Le monde du show-business compte quelques figures d'origine
croate. En France, les plus célèbres
sont certainement les actrices Josiane Balasko, née
Balaskovic, et Emmanuelle Béart, qui a confié
avoir des origines croates par sa grand-mère,
ainsi que Patricia
Spehar, étudiante parisienne d'origine croate
élue Miss France 1997.
A
l'étranger, on compte quelques stars hollywoodiennes
d'origine croate, tel l'Américain John Malkovich
(Les liaisons dangereuses, Dans la peau de John
Malkovich, Libertin) ou l'acteur australien
Eric Bana (Banadinovic de son vrai nom - La Chute
du Faucon noir, Hulk, Troie, Munich), tous deux
originaires de Zagreb, sans oublier Goran
Visnjic, originaire de Sibenik (Welcome to Sarajevo,
Le Pacificateur, Les Ensorceleuses, Hypnotic, Duga
mracna noc). Acteur vedette de la série
télévisée Urgences, ce
dernier y incarne le séduisant Dr Luka Kovac.
Du
côté des producteurs, Branko
Lustig, né en 1932 à Osijek, est
certainement l'un des plus prestigieux avec un palmarès
impressionnant (Dogadjaj, La Liste de Schindler,
Le Pacificateur, Gladiator, Hannibal, La Chute du Faucon
noir, Kingdom of Heaven).
Le
monde de la musique compte également quelques
artistes d'origine croate mondialement connus. C'est
notamment le cas du pianiste Ivo Pogorelich (1958),
de la célèbre chanteuse de jazz américaine
Helen Merrill,
de son vrai nom Jelena Milcetic, ou encore de Chris
Novoselic, qui s'est fait connaître comme bassiste
du groupe Nirvana. Dans
le milieu de la mode, les mannequins les plus célèbres
sont Miranda Vadek, découverte par le grand
public depuis sa liaison avec Bruce Willis, Korina
Longin et Ljupka
Gojic (Mango, Naf Naf). Une place à part
revient à Nina Moric, ancienne Miss Croatie
et Mannequin de l'année au concours
Elite en 1998, héroïne du clip endialblé
"Livin' La Vida Loca" de Ricky Martin,
devenue une véritable star du petit écran
en Italie où elle compte des millions de fans.
Sciences
et techniques
|
Le
mathématicien grec Euclide, regardant à travers une
lunette astronomique, en compagnie de Hermann le Dalmate,
un astrolabe dans la main droite. Dessin de Matthieu Paris
publié dans sa Chronique majeure (XIIIe s.). |
LE
PLANISPHÈRE, LE CORAN, LES ÉLÉMENTS
ET ARISTOTE. C’est
à Hermann le Dalmate (v.1110-ap.1154), philosophe
et traducteur croate du XIIe siècle, que l’on
doit la traduction latine, publiée à
Toulouse en 1143, du Planisphère, célèbre
traité de projection cartographique du Grec
Ptolémée. Son séjour à
Bagdad et sa remarquable connaissance de l'arabe lui
permirent aussi de traduire en latin non seulement
les Eléments d'Euclide, (parallèlement
à Adélard de Bath), mais également
les Tables de Al-Khwarizmi, le père
de l'algorithmique. Dans sa traduction de la Grande
introduction à la science astronomique
d'Abu Ma'shar (787-886), son interprétation
de la dénomination de la constellation de la
Vierge, reprise dans le Roman de la Rose, contribua
à l'instauration de la fête chrétienne
de l'Assomption. En Espagne, il rencontre en 1142 Pierre
le Vénérable, abbé de Cluny, qui
l'encourage à traduire avec Robert de Ketton
le Coran, pour la première fois dans la chrétienté.
La traduction sera l'élément central
du corpus chrétien de textes arabes, dit Corpus
de Tolède. Il traduit également De
l'ascendance et de la jeunesse de Mahomet et De
la doctrine de Mahomet. Bien que platonicien et
disciple de Thierry de Chartres, il figure parmi les
premiers à réintroduire les idées
aristotéliciennes en Occident, notamment à
travers ses nombreux écrits scientifiques et
en particulier dans son oeuvre principale intitulée
De essentiis (Des essences), achevée
à Béziers en 1143.
LE
PARACHUTE.
Si dès 1495 Léonard de Vinci décrivit et
dessina un parachute, c'est à Faust Vrancic (1551-1667),
originaire du port croate de Sibenik et connu en Italie sous le
nom de Veranzio, que l'on doit l'étude de la résistance
de l'air sur la voilure, Machinae novae, où figure
la première représentation d'un parachutiste, dénommé
homo volans (1615). En 1783, Louis Sébastien
Lenormand proposa le mot parachute, et le 27 octobre 1797,
André-Jacques Garnerin effectua la première descente
réelle (environ 1000 m), à partir d'un ballon.
PRÉCURSEUR
DE L'ATOMISME.
Physicien, astronome, mathématicien, architecte, philosophe
et diplomate, Rudjer Boskovic
(1711-1787), savant jésuite natif de Dubrovnik, inventa
la lunette achromatique et fut le précurseur de l'atomisme
moderne, notamment par sa théorie des puncta, particules
matérielles élémentaires régies par
des champs de forces alternativement attractifs et répulsifs.
Celui auquel Nietzsche a cru bon de rendre justice en le postant
avec Copernic parmi les "victorieux adversaires de l’apparence"
et à propos de qui Heisenberg, le père de la bombe,
affirma que "sa théorie énonce des hypothèses
qui ont trouvé leur confirmation au cours des cinquante
dernières années", fut également
directeur de l'Optique royale de la Marine sous Louis XV, consolida
la coupole de la basilique St-Pierre de Rome et la flèche
centrale du Duomo de Milan. Il contribua également à
la découverte d'Uranus. Découvreur de plusieurs
formules de trigonométrie sphérique, il est aussi
l'auteur d'une définition originale quoique particulièrement
concise de la droite et du plan euclidiens : "cercle, respectivement
sphère, dont le centre se situe à l'infini".
A Paris, à deux pas de l'Académie des Sciences,
dont il fut membre, une plaque
rappelle le séjour parisien de ce savant, croate d'origine
et français d'adoption, qui a également laissé
son nom à un cratère de la Lune.
LA
PREMIÈRE GRAMMAIRE DU SANSKRIT.
Pionnier de l'indologie européenne, le missionnaire croate
de l'ordre du Carmel (carmes déchaux) Paulus de saint Bartholomé,
Filip Vezdin (1748-1806) de son vrai nom, est l'auteur de la première
grammaire du sanskrit à être imprimée en Europe.
Parue sous le titre de Sidharubam seu gramatica samscrdamica,
elle fut publiée à Rome en 1790, puis rééditée
et augmentée en 1804. Fils de Jurje (Georgius) Vezdin et
Helena Bregunic, Filip Vezdin est natif du village croate de Cimov
(Hof) dans le Burgendland, région de basse-Autriche qui
compte encore de nos jours une très importante minorité
croate.
LA
TORPILLE ET L'HÉLICE MARINE.
C'est à Rijeka, premier port croate, doté
dès le XIXe siècle d'industries puissantes
et de chantiers navals, qu'Ivan Lupis (1813-1875) mis
au point en 1866 la première torpille. Arme
redoutable, elle fut rapidement employée par
toutes les marines de guerre du monde et bouleversa
rapidement la stratégie militaire navale.
Quant à l'hélice marine, sans laquelle
nous en serions encore à la marine à
voile, elle vit le jour non loin de là, à
Motovun, petite cité d'Istrie, en 1827. L'hélice
marine est en effet née de l'imagination féconde
de Joseph Ressel (1793-1857) dont le premier prototype
a été construit en bois. Les premières
hélices furent testées sur un bateau
dans le port voisin de Trieste. La première
traversée transatlantique d'un navire à
hélice a été accomplie en 1839
en moins de 40 jours. Il était équipé
de l'hélice de Ressel, améliorée
par le Suédois John Ericsson. L'histoire veut
que Joseph Ressel, qui était d'origine germano-tchèque,
mais s'était installé en Croatie où
il exerçait la profession d'ingénieur
des eaux et forêts, se soit inspiré simplement
de la spirale d'un tire-bouchon...
LE
MOHO,
ou ligne de discontinuité qui marque un changement dans
les propriétés des roches à 35 km sous les
continents et à 5 km sous les océans, et dont la
détermination permet la localisation précise des
épicentres sismiques, doit son nom à son découvreur,
le géophysicien croate Andrija Mohorovicic (1857-1936).
LE
STYLO MÉCANIQUE. A
l’instar de Waterman, l’ingénieur
zagrébois Slavoljub Penkala breveta en 1907
le stylo mécanique à réservoir
intégré, ancêtre du fameux Rotring,
bien connu des dessinateurs industriels. Le succès
fut tel en quelques années qu’il s’exporta
dans le monde entier, de Paris à Tokyo, de Vienne
à Los Angeles.
LE BALLON DIRIGEABLE. L'inventeur
zagrébois, David Schwartz (1852-1897), a construit le premier
ballon dirigeable à armature métallique dont les
prototypes volèrent à Saint Petersbourg (1894) et
à Berlin (1897). A sa mort, ses plans furent rachetés
à sa veuve par le célèbre constructeur allemand,
le comte von Zeppelin, qui fit voler en 1900 son premier "Zeppelin".
LA
TECHNIQUE DES « EMPREINTES DIGITALES »,
ou méthode dactyloscopique, est l’invention du criminologue
croate Ivan Vucetic (1858-1925), d’où également
le terme de méthode « vuceticienne »,
toujours employé dans la police.
DEUX PRIX NOBEL DE CHIMIE.
Deux savants croates naturalisés suisses se sont vus décerner
le prix Nobel de chimie pour leur recherches. Lavoslav Ruzicka
(1887-1976) l'a reçu en 1939 pour ses travaux portant sur
les stéroïdes et sa synthèse partielle des
hormones mâles, testostérone et androstérone.
Son disciple, Vladimir Prelog (1906-), qui a par ailleurs largement
contribué à la compréhension des réactions
enzymatiques, l'a reçu en 1976 pour ses travaux sur les
liaisons organiques et la stéréochimie. On lui entre
autres doit la "règle de Prelog", utilisée
pour établir la configuration d'alcools dits chiraux.
TESLA, PÈRE DU RADAR, DE L'ÉNÉRGIE
HYDROÉLECRIQUE ET DU MOTEUR À INDUCTION.
Nikola Tesla (1856-1943), physicien croate naturalisé américain,
compta parmi les plus grands génies de son époque
et consacra sa vie à dompter la "Fée électricité".
Auteur de nombreuses inventions et découvertes capitales,
il découvre notamment le principe du radar
dès 1900, inventa la lampe à pastille de carbone
(ancêtre du tube néon,
dont le principe servira au développement du microscope
électronique et du cyclotron), et surtout met au point
le fameux moteur à induction (ou moteur
électrique à courant alternatif), qui fait toujours
tourner la plupart de nos appareils électriques domestiques
ou industriels. On lui doit également le moteur asynchrone,
les courants polyphasés ou la bobine dite "de
Tesla", utilisée encore de nos jours dans
tous les téléviseurs, ordinateurs ou appareils haute-fidélité.
Rival d'Edison partisan du courant continu, il développe
la technologie du courant alternatif dont il
démontre la supériorité énergétique
et économique. Dès la fin du XIXe siècle
on utilisera bientôt exclusivement le courant alternatif
de Tesla : toute l’électricité utilisée
dans le monde à cette époque sera produite, transmise,
distribuée et transformée au moyen de système
polyphasé de Tesla.
Père
de l’hydroélectricité et constructeur
du premier barrage hydroélectrique, il inventa la génératrice
de courant qu’il exploitera pour produire du courant
électrique à partir de l’énergie hydraulique
fournie par les chutes du Niagara. Et c'est en connaissance de
cause que B.A. Behrend, président du American Institute
of Electrical Engineers, déclara à son sujet : "Si
nous devions saisir et éliminer de notre monde industriel
les résultats des travaux de monsieur Tesla, les roues
de l’industrie s’arrêteraient, les trains seraient
immobilisés, nos villes seraient jetées dans la
pénombre et nos usines seraient mortes [...] Son nom marque
une époque dans l’avancement de la science électrique.
De ce travail jaillit une révolution."
Véritable
inventeur de la radio, il gagnera en 1943 son procès
intenté à Marconi pour contrefaçons de brevets :
trop tard, le nom de Marconi restera attaché à la
radio. Pionnier de la radiodiffusion mondiale, Tesla entrevoit
dès 1898 la possibilité, grâce à son
système radio, de transmettre non seulement la voix humaine,
mais aussi des images à toute la planète. Parmi
ses plus grandes découvertes, on peut citer les ondes
terrestres stationnaires ou "onde Tesla" (1899)
qui lui permettent, lors d'une expérience célèbre,
d'éclairer 200 lampes à 40 kilomètres...
sans fil! La transmission d'énergie sans fil
est née... Il détient toujours un record - celui
de l'étincelle artificielle ayant eu la plus longue durée
de vie.
Le 6 novembre 1915, la une du New York Times annonce
que les prochains lauréats du prix Nobel de physique sont
Edison et Tesla, sur la foi d'une dépêche de l'agence
Reuters de Londres. Le 14 novembre, le bureau de Stockholm de
l'agence dément l'information : le prix est attribué
à W.H. et W.L. Bragg. L'affaire ne sera jamais élucidée.
Tesla obtient néanmoins en 1934 la médaille John
Scott, une récompense aussi prestigieuse que le prix Nobel
et attribuée aux scientifiques depuis 1816.
Il
laissera son nom à l'unité d’induction du flux
magnétique, le Tesla (symbole : T).
Figure emblématique de l'intégration exemplaire
des Serbes de Croatie, Tesla se déclarait "Serbe d'origine,
Croate de coeur" ["Srpski rod, Hrvatska domovina"], selon son
mot désormais célèbre. Né à
Smiljan (Croatie) le 9 juillet 1856, il s'éteint à
New York, le 7 janvier 1943.
En savoir plus
:
Nikola
Tesla, rencontre avec un génie méconnu
Tesla,
la passion d'inventer (éd. Belin),
Tesla,
un homme hors du temps
Nikola
Tesla, un moteur de notre société
Nikola
Tesla (1857-1943) [PDF].
PATHOCÉNOSE
ET SIDA.
Concept fondamental établi par Mirko
Grmek, historien des sciences d'origine croate, la pathocénose
est une notion selon laquelle la présence et l'importance
d'une maladie dans une population donnée et à une
époque donnée ont un rapport intime avec celles
des autres maladies. Il la développe notamment dans son
Histoire du Sida où il expose les conséquences
inattendues de la découverte de la pénicilline et
la disparition progressive des maladies bactériennes que
cela a engendré, sur le développement de pandémies
virales, jusque-là latentes.
MUTAGENÈSE,
RÉPARATION DE L'ADN ET SPÉCIATION.
Les mécanismes de conservation de l'information génétique,
de même que les mécanismes des mutations génétiques
responsables des maladies héréditaires, du cancer,
ainsi que ceux régissant l'évolution de la vie sur
Terre ont été découverts par le généticien
croate Miroslav
Radman (né à Split en 1944), élu membre
régulier de l'Académie des Sciences de Paris en
2002, Grand Prix de
l'Inserm 2003. On lui doit aussi bien la découverte
du système cellulaire de correction des erreurs de réplication
génétiques (SRM), que celle du système SOS
de production des mutations, deux concepts qui figurent aujourd'hui
dans tous les manuels de biologie moderne. La plus spectaculaire
de ses contributions fut cependant la découverte du mécanisme
moléculaire d'apparition de nouvelles espèces (spéciation).
Nature,
sports et art de vivre
LE
SPORT.
Avec le tennis, basket-ball, le football est le sport le plus
populaire en Croatie. En 1998 en France, l'équipe nationale
de football, emmenée par le meilleur buteur de la compétition,
Davor Suker, s'est distinguée lors de sa première
participation à la coupe
du monde en se classant troisième, derrière
les Bleus d'Aimé Jacquet et le Brésil.
L'équipe
de basket-ball, qui comptait dans ses rangs des stars de la NBA
(Toni Kukoc, Drazen Petrovic ou Dino Radja), a quant à
elle remporté la médaille d'argent aux JO de Barcelone
en 1992, juste derrière la Dream Team américaine.
Quatre ans plus tard, à Atlanta, la Croatie a remporté
l'or en handball et en water-polo.
Parmi
les joueurs
de tennis, les plus célèbres sont
Goran
Ivanisevic, vainqueur de Wimbledon en 2001, et
Iva Majoli, qui s'est imposée en 1997 en finale
du Simple dames à Roland Garros.
En
2005, la Croatie (Ljubicic, Ancic, Karlovic et Ivanisevic)
a même gagné la Coupe
Davis entrant ainsi dans le cercle très
fermé des nations à avoir remporté
le très convoité "saladier d'argent".
Enfin,
en ski, Janica Kostelic
a été sacrée championne du monde
de ski alpin en 2001. Mais c'est à JO de Salt
Lake City qu'elle a fait la surprise en décrochant
quatre médailles (trois d'or et une d'argent),
exploit qui lui valut d'être surnommée
la "reine
des Jeux".
En
2002, le gardien croate de l'OM, Vedran
Runje, a été sacré "Olympien de
l'année" par les supporters du club phocéen.
Pour sa part, l'attaquant monégasque, Dado
Prso, s'est illustré par un remarquable palmarès
de buteur. Enfin, huit ans après l'argent au Mondial de
Reykjavik, et sept ans après l'or olympique à Atlanta,
la Croatie a remporté son premier titre de champion
du monde de handball en décrochant l'or au Mondial
2003 à Lisbonne.
Dernièrement,
les nageurs croates engrangent de plus en plus de médailles,
notamment Gordan Kozulj, recordman européen et médaille
d'argent en 200 m dos au championnat du monde de Barcelone
(2003) ou Sanja Jovanovic, médaillée de bronze en
200 m dos au championnats d'Europe à Madrid (2004).
Depuis 1948, les sportifs croates ont remporté
en tout 206 médailles olympiques, dont 55 depuis l'indépendance
de la Croatie, en 1992. 55, c'est aussi le nombre de médailles,
dont 16 en or, remportées par les athlètes originaires
de la seule ville de Split, sur la
côte dalmate, qui avec ses 200 000 habitants s'impose
comme la championne croate toutes catégories.
DEUX
FOIS SUR LE TOIT DU MONDE.
Né à Split en 1951, Stipe
Bozic est l'alpiniste croate le plus renommé. en 1979,
il réussit l'ascension de l'Everest en empruntant pour
la première fois l'arête de la voie ouest. Il est
également le deuxième Européen - après
l'Italien Reinhold Messner - à avoir atteint deux fois
le Toit du monde. Il prévoit de s'y rendre une troisième
fois en 2006 afin de promouvoir la paix dans le monde dans le
cadre du Everest
Peace Project. Stipe Bozic a exploré le Pôle
Nord et s'est lancé dans l'ascension des Sept Sommets (le
pic le plus élevé de chacun des six continents) :
l'Everest (Asie), l'Aconcagua (Amérique du Sud), le McKinley
(Amérique du Nord), le Kilimandjaro (Afrique), le Mont-Blanc
et l'Elbrus (Europe) et le Kosciusko (Australie). Le fait qu'il
ait pu filmer la plupart de ses ascensions himalayennes rend celles-ci
particulièrement intéressantes. Il a ainsi pu réaliser
une série de films et de documentaires
sur l'alpinisme dans lesquels on le voit, caméra au poing,
sur le K2 (Kangchenjunga et Manaslu). Il est également
descendu à 1395 m de profondeur dans le goufre de Lukina
jama, dans le massif du Velebit (Croatie), ce qui fait de lui
le détenteur du record du monde du plus grand dénivelé
entre sommets et profondeurs de la Terre. (cf: Footprint
Gallimard Croatie)
GEORGE
BERNARD SHAW, LES KORNATI ET DUBROVNIK.
Après une visite de l'archipel, l'écrivain irlandais
George Bernard Shaw écrivit qu' "au dernier
jour de la Création, Dieu a voulu couronner son oeuvre
et, d'un mélange de larmes, d'étoiles, et de souffle,
a créé les Kornati". Le plus dense de toute
la Méditerranée, cet archipel rassemble près
de 150 îles sur moins de 300 km². Tout autant émerveillé
par la beauté de l' "Athènes croate",
il ajouta que "ceux qui recherchent le paradis sur terre
devraient venir à Dubrovnik".
DES
BERMUDES À L'ADRIATIQUE.
Les eaux de la Neretva sont réputées pour leurs
truites si particulières et leur anguilles abondantes qui,
nées au large des Bermudes, dans l'Atlantique, viennent
mourir dans le delta du fleuve, à mi-chemin entre Split
et Dubrovnik.
DES
ESPÈCES ENDÉMIQUES. Plusieurs
espèces animales endémiques ont élu domicile
en Croatie. Parmi les plus remarquables d'entre elles figure la
salamandre noire, qui vit dans les forêts humides
des Alpes orientales et de l'ouest des Chaînes dinariques.
Fait inhabituel, elle met au monde des petits ayant achevé
leur métamorphose. Plus à l'ouest, l'île de
Cres abrite quant à elle une soixantaine de couples de
vautours à tête blanche, une espèce
très rare dont le plus proche cousin se trouve en Afrique
du Sud. Ces oiseaux restent fidèles au même partenaire
toute leur vie. Une réserve leur est consacrée à
Beli. Pour sa part, le protée, amphibien de 20 à
30 cm de long ne vit que dans les eaux du karst dinarique. Son
système respiratoire très particulier combine poumons
et ouïes (branchies). Selon la température, il peut
pondre ou mettre bas!
LE
DALMATIEN.
Comme son nom l'indique, la Dalmatie, région côtière
de la Croatie, est la patrie d'origine de ce chien atypique qui
fut jadis employé comme chien de garde aux confins de la
Croatie et de la Dalmatie, notamment dans la guerre contre les
Turcs : les Croates, inférieurs en nombre, les avaient
dressés à attaquer les chevaux des Ottomans, avant
la bataille, pour désorganiser leur cavalerie. La première
description des dalmatiens en Croatie a été faite
par l'évêque Petar en 1374. On le trouve aussi très
fréquemment figuré sur le blason de certains nobles
croates. Son poil blanc à tâches noires, reconnaissable
entre tous, lui valu sans doute de devenir le héros du
célèbre dessin animé de Walt Disney, Les
101 Dalmatiens.
LES
GULLIVERS DE DALMATIE. Une étude menée
en 2001 par un spécialiste français est venue confirmer
ce que les habitants de Dalmatie (Sud
de la Croatie) savent depuis bien longtemps : les Dalmates
sont, devant les Hollandais, les plus grands des Européens,
avec 1,85 m de taille moyenne! Dans l'arrière-pays de Split,
on compte jusqu'à un jeune Dalmate sur quarante de 2 mètres
ou plus... Par comparaison, cette proportion est de 1 pour 330
chez leurs homologues allemands et nordiques (1,80 m de taille
moyenne), et de 1 pour 10 000 chez les Français (1,76 m
en myenne). Mais tous les Dalmates ne sont pas pour autant logés
à la même enseigne. Ainsi, la taille moyenne
est-elle de 182 cm à Dubrovnik, 183 cm à
Zadar, 185 cm à Split et 185,5 cm à Sibenik,
Imotski et Sinj. Mais la palme revient dans l'arrière-pays
dinarique à Drnis où l'on atteint les vertigineux
188 cm pour les hommes et 174 cm pour les femmes ! C'est
également sa taille extraordinaire - 2 m 37 !
- qui valu au plus grand Croate de tous les temps, Grgo Kusic
(1892-1918), originaire de Grabovac près d'Omis, de faire
partie de la garde impériale personnelle de l'empereur
François-Joseph, à Vienne. Plus grand soldat de
l'armée austro-hongroise, il fut aussi l'un des plus grands
humains de l'histoire : selon le Livre des Records, l'homme le
plus grand du monde est actuellement un Tunisien, mesurant 2 m 34,
soit 3 cm de moins que Grgo Kusic...
LE
MARASCHINO. Parmi les spiritueux de fabrication locale,
figure le marasquin ou maraschino, liqueur claire titrant
à 25°, à base de cerises acides appelées
marascas. Dans son roman Un début dans la vie (1842),
Honoré de Balzac cite Zadar comme "cette ville où
l'on fabrique le maraschino", liqueur qui devint célèbre
dans toute l'Europe au XIXe siècle.
LA
PLUS GRANDE TRUFFE DU MONDE.
C'est près de Buje en Istrie, dans le nord-ouest
de la Croatie, qu'a été découverte,
le 2 novembre 1999, la plus grosse truffe du monde,
pesant pas moins de 1,310 kg ! Le poids et les
dimensions exceptionnelles (19,5 cm de long, 12,4 cm
de large et 13,5 cm de haut) de cette truffe blanche
(Eutuberaceae tuber) ont d'ailleurs valu à
son découvreur, Giancarlo Zigante,
de figurer désormais dans le fameux Livre
Guiness des records. Avec cette distinction, l'Istrie
consolide encore la réputation de ses fameuses
truffes...
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