Abstract
This article shows that Paul Ricoeur and Carol Gilligan develop their theories of the self by borrowing critically from Freudian aesthetics, adding an ethical dimension missing in it. Ricoeur critiques, completes and endorses the Freudian interpretation of the Oedipus, while Gilligan rejects it, since she considers it distorted by patriarchal ideology. Both are reclaiming the Freudian theory of culture by focusing on what Freud called the «life drive» as opposed to the «death drive». But Ricoeur does not pay the same attention as Gilligan to patriarchal ideology conveyed by Greek tragedies. Thus, his ethics remains deeply rooted in the language of the tragic conflict (Oedipus, Antigone), while Gilligan’s ethics seeks to renew the language of pleasure (Cupid and Psyche). -/- ----------- Cet article montre que Paul Ricœur et Carol Gilligan développent leurs théories du soi en puisant de manière critique à l’esthétique freudienne, y ajoutant la dimension éthique manquante. Si Ricœur critique, complète et entérine l’interprétation freudienne de l’Œdipe, Gilligan se distingue davantage de Freud, qu’elle juge biaisé par l’idéologie patriarcale. Tous deux se réapproprient la théorie freudienne de la culture en mettant l’accent sur ce que Freud appelait la «pulsion de vie» par opposition à la «pulsion de mort». Mais comme Ricœur n’accorde pas la même attention que Gilligan à l’idéologie patriarcale véhiculée par les tragédies grecques, son éthique reste profondément enracinée dans le langage du conflit tragique (Œdipe, Antigone), alors que celle de Gilligan cherche à renouveler le langage du plaisir (Cupidon et Psyché).