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-------------------------------------------"Le loup des Vosges, l'État et les éleveurs", "Quatre-vingts animaux égorgés en huit mois : quelle est l'insaisissable \"bête de Senonges\" et qui va payer ses méfaits ?", "", "", "SENONGES (Vosges) de notre envoyé spécial - Sur cinq centimètres de neige vierge et poudreuse, tout se sait et tout se lit. La danse des chevreuils, l'envol d'un corbeau ou la fuite des sangliers. A la nuit tombante, à la lisière du \"Bois de curé\", quand le mercure plonge pour la nuit en dessous de zéro (jusqu'à moins dix-sept la semaine passée), la lumière est diffuse entre conifères et feuillus. Soudain, un départ de buse. Et là, à portée de jumelles, une queue touffue dans les graminées enneigées : est-ce la \"bête\" ? Ou rien qu'un renard nonchalant, reniflant çà et là quelques menus rongeurs ?",
"", "Le \"Bois de curé\", deux petits kilomètres carrés de forêt giboyeuse, est le dernier repaire connu du loup de Senonges, dont on n'a plus de nouvelles depuis qu'il ôta la vie, le 5 décembre à Esley (commune voisine), à \"Guimauve\", une jeune pouliche appartenant à M. Lassausse.", "", "Au début en mai, ce ne fut qu'un gros chien repéré par la présidente de Faune-environnement (section vosgienne), Jocelyne Boukine, institutrice à Senonges et secrétaire de mairie. Puis, à deux reprises, en juin et en août, Serge Merour, naturaliste amateur, saisit l'animal sur son Caméscope, donnant miraculeusement corps à l'apparition. La frayeur de sa vie. La bête se faufile à deux mètres, dans un passage à sangliers. \"J'étais \"dans le vent. J'en tremblais\", se souvient cet homme pour lequel l'affût, jumelles en poche, est une deuxième nature.",
"", "PLUS DE QUATREVINGTS VICTIMES", "", "L'animal, gris-blanc, tête plus grosse et pied plus fin qu'un chien, est de suite identifié par les spécialistes : canis lupus, variante du Canada. C'est bien un loup, peut-être un rien \"croisé\" avec un chien husky, perdu ou abandonné, pense-t-on, par un propriétaire peu scrupuleux. Ce ne serait pas la première fois : déjà en 1987, il avait fallu abattre à Fontan (Alpes-Maritimes) l'un de ces quadrupèdes de légende temporairement domestiqué, dont La Fontaine expliquait fort bien qu'il préférait la liberté aux serviles tÂches du chien : \"Flatter ceux du logis, à son maître complaire.\" Et puis les zones de peuplement de la gent lupine en Europe paraissent décidément trop lointaines, selon les spécialistes, pour envisager une migration comme ce fut le cas en 1992 de ces loups venus des Abruzzes jusqu'aux Alpes du Mercantour.",
"", "Très vite, donc, le loup se fait connaître par sa faim. Et rappelle la sauvagerie que causa, à la fin des années 70, la désastreuse et mystérieuse \"bête des Vosges\" (jamais retrouvée). Dans la nuit du 10 au 11 juin, il attaque le troupeau de François Barlerin, soixante-cinq ans, dernier éleveur de Dommartin-les-Vallois, un petit bourg de quarante Âmes. \"Trois brebis tuées sur le coup, huit qu'il a fallu abattre, six qu'il a fallu recoudre. Un véritable carnage !\" Puis ce fut à nouveau trois attaques en août, une en septembre, une en octobre \"presque sous nos fenêtres, sans un bruit\". En trois mois, dix-sept brebis et huit agneaux ont ainsi été tués chez M. Barlerin.",
"", "Peu farouche à ses débuts on le voit jouer avec des souris derrière une moissonneuse, le loup peaufine progressivement sa technique, \"individualise\" ses proies et, coup de crocs en pleine gorge, les tue plus nettement. Fin décembre, il compte à son bilan plus de quatre-vingts victimes : brebis, béliers, génisses, poulain et pouliche, soit près de 100 000 francs de dommages causés aux éleveurs sur l'exercice 1994, pertes sèches et soins vétérinaires inclus. L'un d'eux, Michel Ferry, quarante-six ans, a vu périr, en quatre attaques, le cinquième de son troupeau d'appoint, soit vingt-cinq brebis. \"Ici, dans la plaine, l'élevage est souvent un complément d'activité\", précise cet artisan affûteur, qui évolue dans des volutes de rubans de scie et qui eut la bonne idée d'assurer \"à 80 %\" son troupeau contre les morsures.",
"", "Entre-temps, investi d'une charge ancestrale créée par Charlemagne, Gérard Mathieu, lieutenant de louveterie et coiffeur à Vittel, a mandat de la préfecture de capturer l'animal, voire de le \"détruire par tir\"... \"Et le temps de mesurer à quel point les citadins peuvent être imprégnés du mythe du loup !\" Si personne ne l'entend hurler, nombreux sont ceux en revanche qui voient l'animal : une lycéenne de Mirecourt, le fils de Michel Ferry, un sculpteur, quatre gardes-chasse, parmi lesquels Aimé Breton, qui s'amuse de \"ceux qui voient des yeux, un chat et croient que c'est le loup\"... Nombreux sont ceux aussi qui volent à son secours : l'Agha Khan, Brigitte Bardot, qui offre 10 000 francs pour sa capture, un radiesthésiste qui se propose de le localiser.",
"", "\"COMMANDÉ PAR ULTRASONS\"", "", "Dans le \"triangle de Senonges\" où sévit la bête, il y a désormais ceux qui ont vu le loup. Et ceux qui ont vu ceux qui l'ont vu. Puis ceux qui n'y croiront que lorsqu'ils l'auront vu. Car le loup, pas Ysengrin pour deux sous, est malin. Aucun piège n'en est venu à bout. Ni la brigade mobile de l'Office national de la chasse (ONC) de Bar-le-Duc arrivée en renfort l'été dernier pour veiller jour et nuit sur les charrettes de paille de M. Barlerin. Ni même Karine, louve du zoo d'Amnéville (Moselle), dépêchée en vain sur les lieux pour tenter de réapprendre à son congénère des rudiments de vie communautaire...",
"", "Finalement, n'étaient les dégÂts causés par son appétit à une lieue du parc thermal de Vittel, le loup insaisissable commençait de faire partie de la plaine et du paysage vosgiens, les habitants, à l'accueil et la mirabelle chaleureux s'amusant volontiers de voir les médias, ces prédateurs modernes, se jeter dans la gueule d'un mythe indélébile.", "", "Quand, subitement, l'affaire rebondit.", "", "Car, pour anecdotique qu'elle pourrait l'être, celle-ci a pris une drôle de tournure, mardi 3 janvier, après que la Fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles (FDSEA), associée aux onze éleveurs concernés, a déposé plainte contre \"X\" avec constitution de partie civile. Selon les éleveurs, les méfaits du loup sont commis \"à l'instigation d'une personne humaine, pratiquant une expérience aux fins de le forcer à attaquer divers animaux dans des lieux précis, selon un plan déterminé, dans un but de cruauté et d'expérimentation scientifique\".",
"", "Alors, les langues se délient. Il y a ceux qui, comme le maire d'Esley, Albert Fah, soixante-quatorze ans, croient dur comme fer à la thèse du loup téléguidé. \"Il est commandé par ultra-sons\", affirme l'édile bientôt couronné du Mérite agricole. Il y a ceux qui doutent, mais s'étonnent de ce curieux goût prononcé de la bête pour l'épaule gauche (et elle seule) des ovins qu'il occit. Et ceux, enfin, qui, comme Maurice Regnier, soixante-quatre ans, ancien contremaître à la Société des eaux de Contrexéville et maire de Senonges, en ont déjà \"tellement entendu, des on-dit, des rumeurs et des ragots\" !",
"", "Alors qui se cache derrière le loup ? Cet habitant d'Esley jugé \"marginal\" qui a déménagé, \"précipitamment\" dit-on, juste à la mi-décembre (depuis que le loup ne donne plus signe de vie) ? Beaucoup ont peine à penser qu'il ait pu élever un tel animal sans éveiller les soupçons de ses voisins. Ou \"quelqu'un qui vous veut du mal, comme l'a affirmé à M. Barlerin, vendredi 6 au soir, un \"corbeau\" anonyme téléphonant \"de Meurthe-et-Moselle\" ?", "", "\"Qu'importe pour les éleveurs, précisent Daniel Gremillet, président de la FDSEA des Vosges, et M Jean Kopf, leur conseil. Ils n'ont d'ailleurs rien contre le loup. Ceux-ci cherchent avant tout à ce que l'enquête reprenne pour dire enfin si oui ou non l'animal est réputé sauvage.\" Car, pour les éleveurs, de deux choses l'une : ou bien l'animal a un propriétaire et il appartient à la justice de retrouver le civilement responsable (la plainte, fondée sur l'article 511 du nouveau code pénal, oblige en ce sens à reprendre l'enquête); ou bien l'animal est réputé sauvage mais est protégé par la Convention européenne de Berne ratifiée par la France en 1990, et ses méfaits doivent être imputés, selon eux, à l'État, qui dit vouloir les protéger.",
"", "Or le ministère de l'environnement ne l'entend pas de cette oreille : le loup comme tout animal sauvage, rappelle-t-on, est res nullius, c'est-à-dire qu'il n'appartient à personne. Seuls les dégÂts causés par du grand gibier (cerfs, daims, chevreuils, mouflons... ), et exceptionnellement ceux de l'ours des Pyrénées, peuvent faire l'objet d'une indemnisation administrative. Quant aux dégÂts des six loups du Mercantour (vingt-deux brebis tuées en décembre), ils font l'objet d'une prise en charge particulière opérée par le Fonds français pour la nature et l'environnement (FFNE).",
"", "Cependant, souhaitant clore une \"affaire ridicule\", la préfecture des Vosges indiquait vendredi 6 avoir trouvé une solution de compromis afin d'indemniser les éleveurs. Tandis que la traque des gardes-chasse, dans la neige, se poursuivait. Et qu'au-delà des lippées désastreuses du canidé redevenu sauvage, tous avouaient, avec une étincelle dans le regard, cette secrète et dernière envie : \"Voir le loup.\" Tant \"il force le respect\", dit Serge Merour, le naturaliste qui tutoie passereaux et blaireaux. Quoique, à Senonges, on finissait par se demander si ce sans-abri désormais légendaire, silencieux depuis trois semaines, n'avait pas finalement quitté les lieux. Et orienté ses pas qui sait ? vers un nouveau monde."
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-------------------------------------------"le billet", "", "En l'absence d'ours", "", "Le cerf n'est pas l'ours. Dans notre massif, sa réintroduction ne suscite pas la levée de boucliers que provoque le plantigrade dans les Pyrénées. Parce qu'il est d'origine française et non slovène ?", "", "Plus sérieusement, parce qu'il ne se nourrit pas d'ovins et se chasse pour le trophée ? Contrôlée par le monde cynégétique, l'expansion de la grande faune s'accompagne, dans l'arrière-pays niçois, d'un relatif consensus. A l'exception du loup , dont les détracteurs continuent d'affirmer qu'il n'est pas venu naturellement de l'Italie.",
"", "Un temps, Canis lupus a mis le feu au Mercantour comme l'ours le fait actuellement en Haute-Garonne. Sans disparaître, la contestation s'est essoufflée. Des éleveurs ont pris le fusil, d'autres les aides compensatoires. Au conflit parfois violent a succédé une paix armée.", "", "Recensement L'ensemble des ongulés est en sensible progression", "", "Un impact du loup « limité »", "", "Mercantour : la grande faune se porte à merveille", "", "recensement L'ensemble des ongulés est en sensible progression",
"", "Un impact du loup « limité »", "", "D'aucuns voyaient le loup se transformer en « super prédateur » et décimer la faune du Mercantour. Ils annonçaient la chute des populations d'ongulés sauvages et l'extinction de l'espèce réputée très vulnérable, le mouflon. Ces noirs pronostics sont mis à mal par les comptages de la haute Tinée. Même si les relevés, à confirmer lors la prochaine campagne de prospection, ne concernent qu'une vallée. « Dans ce secteur, résume Bernard Baudin, l'impact du loup paraît limité ». « La pression de Canis lupus reste faible sur ce territoire, ajoute Benoît Lequette, chef du service scientifique du parc du Mercantour. Toute généralisation, cependant, serait hasardeuse. Tant les loups de haute Tinée, moins nombreux qu'en Vésubie, passent une partie de l'année de l'autre côté de la frontière, sur le versant italien ». Une enquête de longue haleine est en cours. Elle devrait déterminer avec précision les préférences alimentaires du loup .",
"", "", "", "reconquête", "", "Mercantour : la grande faune se porte à merveille", "", "reconquête", "", "Espèce emblématique des Alpes, le bouquetin a failli disparaître de l'ensemble du massif. Au début du XXe siècle, il ne subsistait que dans le Gran Paradis italien.", "", "l'apport du roi d'Italie", "", "Le roi Victor Emmanuel II a initié le retour du bouquetin dans les Alpes du Sud en lâchant dans les années 1920 23 animaux dans la réserve royale de Valdieri.", "", "St-Etienne en pointe",
"", "Seule à héberger les cinq ongulés (bouquetin, chamois, mouflon, cerf et chevreuil), Saint-Etienne-de-Tinée a été retenue pour étudier l'impact du loup .", "", "", "1. les comptages ne portent que sur ces trois ongulés", "", "", "Mercantour : la grande faune se porte à merveille", "", "recensement L'ensemble des ongulés est en sensible progression", "", "A l'intérieur comme à l'extérieur du parc du Mercantour - en zone protégée comme en secteur de tir - la grande faune se porte bien. Elle connaît une expansion dont témoignent les derniers comptages de la Fédération départementale de chasse. Réalisés par hélicoptère et en partenariat avec le parc, ces relevés font autorité. Et s'ils ne concernent cette année que sept communes de la haute Tinée, ils attestent d'une situation prévalant sur l'ensemble du massif.",
"", "Dernier arrivé dans les Alpes-Maritimes, où il fut lâché à partir de 1991, le chevreuil connaît le plus fort développement, avec + 26 % par an. La tendance devrait s'amplifier tant l'ongulé dispose encore de zones vierges à coloniser.", "", "Autre « importé » - dès 1954 dans le massif du Cheiron - le cerf n'est pas en reste. L'espèce progresse de 14 % par an, malgré le gonflement des quotas de chasse. Son acclimatation ne fait pas que des heureux. Le cerf ravage parfois les potagers et en forêt hypothèque la survie de certains arbres. En mangeant les bourgeons de jeunes plants ou se raclant les bois contre les troncs. A l'inverse, il participe à la sauvegarde de la biodiversité. En luttant, par son gros appétit, contre l'embroussaillement d'anciennes parcelles agricoles et en maintenant ouverts des milieux propices à des plantes rares.",
"", "Le mouflon redresse les cornes", "", "Dernier de liste (1), le mouflon semblait condamné à une lente disparition. La faute au loup , attendait-on ici et là, qui a inscrit en tête de menu une proie goûteuse et facile à attraper. Mais le lointain cousin du mouton ne régresse plus. Il connaît même, en haute Tinée, une remontée de 9 % par an. « Les plans de chasse ont été réduits de manière drastique, souligne le président de la fédération, Bernard Baudin. Et puis l'animal s'est sans doute habitué au prédateur. Il est devenu plus sauvage ».",
"", "La grande faune atteint donc un niveau digne du potentiel de nos montagnes. Bernard Baudin s'en réjouit, tout en appelant à rester vigilant sur le risque d'épizootie.", "", "Pour stopper en Seine-Maritime la tuberculose bovine, les cerfs de la forêt de Bretonne sont actuellement abattus.", "", "", "1. les comptages ne portent que sur ces trois ongulés", "", "Particulièrement agile en haute altitude, le bouquetin n'a guère à craindre que la maladie. ")
-------------------------------------------"Mercantour : le mouflon menacé de disparition", "L'ongulé le plus mal adapté à la montagne et le plus vulnérable au loup voit sa population décliner rapidement", "Le mouflon, une espèce mal adaptée à la montagne.", "", "Réintroduit dans les années cinquante par les chasseurs, le mouflon pourrait bientôt disparaître du Mercantour, ou tout du moins voir sa population - la seconde de France au début des années 90 réduite à un seuil extrêmement bas.", "Le constat est commun à la fédération de chasse et aux responsables du parc national.",
"Seules divergent les analyses respectives d'un phénomène qui n'est pas forcément vécu comme un signe inquiétant, un appauvrissement de l'écosystème (voir encadré). Réimplanté à partir de 1949, le mouflon avait paru, jusqu'à ces dernières années, parfaitement s'acclimater. Suite à une série de lâchers achevés en 1989, le nombre d'animaux avait atteint 1600 en 1992. Cotte population, dont le taux de croissance annuel approchait 30 %, concurrençait désormais les ovins sur les alpages. Une progression démographique qui inquiéta les autorités, au point qu'elles décidèrent d'inverser la courbe et d'augmenter en conséquence les plans de chasse. Mais l'homme n'eut pas à",
"intervenir. Deux hivers rigoureux, en 1994 et 1996, et plus encore le loup l'ont fait à sa place.", "Perdu dans la neige", "Animal de moyenne montagne, le mouflon est mal adapté à l'altitude. Il s'enfonce lourdement dans la neige alors que le chamois s'y déplace sans difficulté, grâce aux deux ongles du sabot qui s'écartent et se transforment en véritable raquette. Dans la poudreuse, le mouflon, comme tétanisé, perd son instinct de survie. Sur 90 animaux bloqués en 1994 dans la neige du Lauzanier, 75 sont morts de faim et de froid. Deux ans plus tard, dans le même secteur, 48 sur 96 sont décédés. En Haute Tinée qui abritait la plus forte colonie du département, leur nombre a diminué de moitié en quatre ans, suite aux rudes conditions hivernales, Un comptage par hélicoptère avait dénombré 800 animaux en 1992, quatre ans plus tard ils n'étaient plus que 427.",
"Le plat favori de « Canis lupus »", " « Canis lupus » n'était pas encore présent dans ce secteur. Son installation fin 1992 dans le vallon do Mollières puis son « essaimage » dans les autres vallées aurait précipité le déclin de l'ongulé.", "Gros mouton de 35 à 40 kg,", "le mouflon est moins agile que ses « cousins » bouquetin ou chamois, il est également moins vigilant et plus facile d'approche. A l'inverse des brebis, il ne bénéficie pas de la protection de chiens patou. Autant de raisons qui en font le plat favori du loup. « Il fut l'élément décisif de la fixation et du développement du prédateur » affirme Bernard Baudin, président de la fédération départementale de chasse.",
"Un comptage à l'automne", "Le mouflon voit donc sa population décliner rapidement. « Celle-ci a été réduite de", "moitié depuis deux ans. L'avenir de l'espèce se pose en haute-montagne » note le dernier. « Monts et merveilles », le journal du parc du Mercantour.", "L'ongulé pourra-t-il se maintenir dans certaines zones naturellement protégées ? Bernard Baudin et la directrice du parc du Mercantour, Marie-Odile Guth, pensent que oui. Tous doux demeurent toutefois prudents, dans l'attente du comptage d'automne. Cette opération, qui réunira pour la première fois chasseurs et gardes-moniteurs, devrait permettre de se faire une idée plus précise de l'avenir du mouflon...",
"Fronzes", "Faut-il réagir ?", "Faut-Il s'alarmer d'une raréfaction, voire d'une disparition du mouflon ? ", "Question peut s'apparenter à de la provocation, dans le contexte (actuel) très passionnel de protection de le nature en général et de le faune en particulier. Elle est néanmoins posée -- officieusement - par de nombreux responsables.", "Le mouflon, on l'a vu, n'est pas adapté a nos massifs. Certains animaux sont, en outre, issu de croisements impurs. Si les souches de Cadarache dans le Vaucluse et de Caroux, dans l'Hérault, sont génétiquement saines, d'autres, comme Cammbord, sont plus controversées. Les",
"descendants de ces dernières « lignées présentant des anomalies, dont une altération de la couleur de la robe qui tire sur le jaune et leur vaut le surnom d'« Isabelle ». Quelques mouflons se sont également hybridés avec des moutons, suite à des accouplements survenus entre « proches parents » dons les alpages.", "Est-il donc opportun de protéger une espèce partiellement abâtardie, dans un", "milieu qui n'est pas vraiment le sien ? Le loup ne loue-t-il pas, dans ces conditions, un",
"rôle salutaire d'épurateur » ?", "Bernard Baudin ne veut pas prendre position sur ce", "sujet « sensible ». il affirme néanmoins que « si toutes les garanties de souche sont réunies, le mouflon demeure un animal Intéressant, dont la chasse demeure très prisée ».", "Sur le versant italien des Alpes, l'ongulé, en raison de tares génétiques, était jugé indésirable du début des années 90. Des plans de chasse, équivalents au nombre de mouflons, avaient été attribués. L'espèce, dont la population a fortement chuté, est mieux acceptée depuis l'arrivée du loup, Les autorités considérant qu'elle sert de nourriture au prédateur,.,",
"")
-------------------------------------------"Le grand retour des animaux. Chevreuils, loups, chamois, sangliers sont aux portes des villes. Colloque forêt méditerranéenne et faune sauvage les 3, 4, 5 novembre à la Sainte-Baume.", "", "Même si certaines forêts, ravagées par le feu ou la cochenille, ont perdu de leur superbe, les espaces naturels progressent.", "", "En volume, en surface, en substance, la forêt fait boom: 37,3% de la surperficie totale de la région avec un peu plus de 11.000km2. Même si environ 10.000ha flambent en moyenne chaque année dans les six départements Provence Alpes Côte d'Azur, la forêt avance: reboisement, abandon d'espaces agricoles sauf des vignes, protection des POS contre la pression foncière, etc.",
"", "Fondement de la vie paysanne jusqu'à il y a environ cinquante ans, source de nourriture et d'énergie, la forêt, victime de la concentration des hommes et de leurs activités le long du littoral ou des fleuves, regagne le terrain hier exploité, défriché, pâturé. Cette reconquête du bois se fait ici anarchique, sauvage, là organisée sous le contrôle de l'ONF, pour les forêts publiques, du CRPF pour les privées.", "", "La croissance de la forêt sur des espaces en jachère ne renouvelle pas que les arbres et le paysage. Sur ce champ laissé libre à la nature et sa biodiversité, les animaux hier disparus, chassés, aujourd'hui reviennent. Dans les forêts, les collines, les maquis, les landes, ils recolonisent souvent plus que les forestiers ou agriculteurs ne le souhaiteraient: jeunes plants broutés, prairies défoncées, récoltes... récoltées.",
"", "On a longtemps parler de la forêt en oubliant l'évolution des populations animales, leurs réactions: les tortues souffrent des incendies, l'aigle de Bonelli de la disparition des cultures où il se nourrissait d'animaux... Même les chasseurs sont surpris par l'évolution de la faune sauvage. Il faut dire qu'il y a de quoi!", "", "Un peu partout les chevreuils s'installent, les sangliers encombrent et on découvre des chamois là où on ne les attend pas, séduits par des milieux reconstitués et accueillants. Dans le Mercantour, même les loups ont retrouvé leur place et on les imagine déjà en Provence. Loups, chevreuils, chamois aux portes des villes, voilà de quoi bouleverser les objectifs des forestiers et l'équilibre déjà bien fragile d'écosystèmes passés en un demi siècle de l'usage pastoral à la recherche agronomique.",
"", "Avant de trouver des solutions à un problème pas encore posé l'association «Forêt Méditerranéenne» de Marseille lance le grand débat qu'elle a préparé avec ses réseaux de forestiers, de sylviculteurs, d'amis de la nature, d'associations naturalistes, d'organisations cynégétiques. Intitulé «Forêt Méditerranéenne et faune sauvage», ce colloque réalisé avec le concours des conseils général et régional et du ministère de l'environnement, aura lieu les jeudi 3, vendredi 4 et samedi 5 novembre à la Sainte-Baume (Plan d'Aups).",
"", "On y parlera du cerf élaphe dans le Cheiron et l'Estérel, des tortues de Gonfaron, du loup dans le Mercantour, du sanglier dans le Var, des petits oiseaux nicheurs dans le chêne vert... Le chevreuil dans l'Estérel. (Photo N.M.) Contact: Association «Forêt Méditerranéenne», 14 rue Louis Astoin. 13001 Marseille. Tel: 90.56.06.91.", "")
-------------------------------------------"", "Le loup, révélateur de la crise du pastoralisme", "", "", "", "", "", "CELA NE S'ÉTAIT jamais produit depuis que l'espèce est protégée : le 20 août, le Conseil d'Etat a validé un arrêté ministériel autorisant l'abattage de quatre loups dans les Alpes du Sud (Le Monde du 23 août). Les éleveurs de moutons trouvent la mesure dérisoire, les associations de défense de l'environnement crient au scandale... Et la majorité des citoyens ne sait plus, entre celle du loup et celle du berger, à quelle cause se vouer.",
"", "", "Certitude : en 1992, Canis lupus franchit la frontière italienne, redécouvre le versant français des Alpes et le trouve suffisamment à son goût pour s'y reproduire. Combien sont-ils aujourd'hui ? Plus de 120 selon les éleveurs, tout au plus 55 (dont 39 clairement identifiés) d'après les écologistes et les experts gouvernementaux. Si ces derniers ont raison, l'abattage de quatre loups représente près de 10 % de l'effectif global. Beaucoup trop, estiment leurs défenseurs, pour une population encore instable. Sans danger pour l'espèce, rétorque l'Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS), en faisant valoir que la croissance annuelle des meutes déjà installées est de l'ordre de 25 %. Un débat quelque peu irréel au regard du combat sans nuance que l'homme livra autrefois contre la bête, promise dans toute l'Europe à une destruction systématique à partir du Moyen Age.",
"", "« La disparition du loup coïncide avec l'expansion des cultures ouest-européennes, lesquelles sont caractérisées, entre autres, par leur adhésion à un système agropastoral et la christianisation de leurs populations » , note l'ethnozoologue Geneviève Carbone, auteure avec Gilles Le Pape d'un précieux ABCdaire du loup (éd. Flammarion, 1996). Dès lors que le loup se fait diable, l'Europe tout entière met en oeuvre les grands moyens pour éradiquer l'espèce. A l'exception notable de la très catholique Italie, qui, de tout temps - hommage à la mère nourricière de Remus et Romulus ? - sera plus tolérante à l'égard de compère Isengrin.",
"« Vous ne m'épargnez guère,/Vous, vos bergers et vos chiens », se plaint-il avec raison à l'agneau de La Fontaine. « Il n'y a rien de bon dans cet animal, que sa peau (...). Désagréable en tout, la mine basse, l'aspect sauvage, la voix effrayante, l'odeur insupportable, le naturel pervers, les moeurs féroces, il est odieux, nuisible de son vivant, inutile après sa mort », lui répond Buffon un siècle plus tard.", "", "En 1843, il n'y aura guère que Vigny - « Ah ! Je t'ai bien compris, sauvage voyageur,/Et ton dernier regard m'est allé jusqu'au coeur ! » - pour sublimer dans La Mort du loup le destin de la bête. Devant si constante hargne, Canis lupus finira par rendre les armes : au milieu du XXe siècle, il disparaît enfin du territoire français.",
"", "Fallait-il en passer par là pour qu'on pardonne au grand méchant loup de notre enfance de nous avoir fait si peur ? A partir des années 1940, aux Etats-Unis puis en Europe, le regard porté sur l'espèce se fait plus scientifique et, partant, plus amène. On découvre un animal certes prédateur, mais non destructeur. Craintif vis-à-vis de l'homme, mais attentif à ses congénères. Social, fidèle en amour, pratiquant l'entraide autour des louveteaux de la meute... Et c'est ainsi, petit à petit, que le loup redevint fréquentable.",
"", "", "", "RÉGULER L'ÉCOSYSTÈME", "", "", "", "Exemple extrême de cette réhabilitation : au nord des Etats-Unis, dans l'immense parc de Yellowstone, 31 loups gris du Canada ont été volontairement introduits en 1995 et 1996. Le but ? Réguler l'écosystème, et mettre fin à une prolifération incontrôlable de wapitis.", "", "Fin 2003, les nouveaux venus constituaient 16 meutes. Soit une population totale de 170 individus, qui semble s'être parfaitement acquittée de sa mission. « Depuis la réintroduction du loup à Yellowstone, la population de wapitis a diminué de moitié », précise le mensuel Pour la science (no 323, septembre 2004).",
"", "", "Conséquences en chaîne : les jeunes plants de saule dont se nourrissent les wapitis ont pu se développer, attirant les castors qui, avec leurs barrages, ont créé des étangs permettant la multiplication des truites... Autant de changements positifs « dont la mise en place par des moyens artificiels aurait été extrêmement coûteuse », voire impossible.", "", "", "Sans doute. Mais les Alpes ne sont pas le Yellowstone. Et si le loup, la majeure partie de l'année, s'y nourrit à 75 % d'ongulés sauvages (chamois, chevreuil, cerf, mouflon, sanglier ou bouquetin), la période estivale, durant laquelle 700 000 moutons montent dans les alpages, marque un changement notable de ses proies. « Les ovins représentent, durant l'été, entre 20 % et 50 % du régime alimentaire de certaines meutes », affirme Christophe Duchamp, de l'ONCFS. Dès lors, qu'importe si l'animal n'est responsable que d'une fraction minime des pertes dans les troupeaux. Et qu'importe s'il est presque impossible de discerner les indices de sa présence - et de ses attaques - de ceux d'un chien errant.",
"", "", "Le diable est dans la bergerie : cela suffit aux éleveurs, qui ne se résignent pas à ce que la survie d'un animal sauvage passe avant la leur. On évoque des solutions de compromis, la réintroduction des chiens patous, le parcage du bétail la nuit ? Ils rétorquent qu'ils n'ont pas de leçons à recevoir des citadins sur l'art et la manière d'exercer leur métier en perdition. Quel que soit l'espoir que l'on nourrisse pour la bête mythique, on ne saurait leur donner tort.")