An alarc'h (« Le cygne » en breton), est une chanson bretonne, issue duBarzaz Breiz, considérée comme un chant patriotique. Elle est reprise par des chanteurs bretons contemporains (Alan Stivell, Gilles Servat, Tri Yann...). Francis Gourvil a prétendu dans sa thèse sur le Barzaz Breiz que ce chant nationaliste a en fait été composé par le vicomte de La Villemarqué ; une thèse elle-même en grande majorité invalidée par les travaux de Donatien Laurent, à la suite des découvertes d'une partie des cahiers de collectage de La Villemarqué.
An alarc'h raconte le retour d'exil triomphal du ducJean IV (an aotroù Yann), pour reconquérir son duché, après en avoir été chassé six ans auparavant par ses sujets. Cependant, l'indépendance du duché étant encore plus menacée sans lui qu'avec lui, les seigneurs bretons avaient envoyé une délégation en Angleterre où il avait trouvé refuge pour lui demander qu'il revienne. Il débarque alors à Dinard le pour reconquérir le trône de Bretagne. Le « traître » à la fin de la chanson serait le chevalier breton Bertrand Du Guesclinconnétable de France qui, pourtant, n'engagea pas le combat contre le retour du Duc. An Alarc'h c'est le cygne qui, dans la chanson, assiste à la scène depuis le sommet de la tour du château d'Arvor[1].
Neb a drouc'h 'vel a douc'hez-te
N'en deus aotrou nemet Doue !
Dalc'homp, Bretoned, dalc'homp mat !
Arsav na truez ! Gwad oc'h gwad !
Itron Varia Breizh, skoaz da vro !
Fest erbedenner, fest a vo !
Dare' ar foenn; piv a falc'ho ?
Dare' an ed; piv a vedo ?
Ar foenn, an ed, piv o fako ?
Ar roue gav' gantañ 'raio
Dont a ray a-benn ur gaouad
Gant ur falc'h arc'hant da falc'hat
Gant ur falc'h arc'hant er bro-ni
Ha gant ur falz aour da vediñ
Mar plije gant ar C'hallaoued
Daoust hag int mank ar Vretoned ?
Mar plije gant 'n Aotrou roue
Daoust hag-eñ eo den pe Zoue ?
Skrignañ 'ra bleizi Breizh-Izel
O klevet embann ar brezel
O klevet ar youc'h, e yudont
Gant c'hwezh ar C'hallaoued e reont
En heñchoù, e-berr a welour
O redek ar gwad evel dour
Ken yey ruz-glaou brusk an houidi
Hag ar wazi gwenn o neuiñ
Muioc'h a dammoù goaf, e sklent
Eget skoultroù goude barr-went
Ha muioc'h a bennoù-marv
Eget e karnelioù ar vro
Paotred Bro-C'hall 'lec'h ma kouezhint
Betek deiz ar varn e c'hourve'int
Betek deiz ar varn hag ar fust
Gant an Trubard a ren ar rustl
An diveradur eus ar gwez
'Ray dour benniget war e vez !
Un cygne, un cygne d'outre-mer,
Au sommet de la vieille tour du château d'Armor !
Refrain :
Dinn, dinn, daon ! Au combat ! Au combat ! Oh !
Dinn, dinn, daon ! Je vais au combat
Heureuse nouvelle aux Bretons !
Et malédiction rouge aux Français !
Un navire est entré dans le golfe
Ses blanches voiles déployées
Le seigneur Jean est de retour
Il vient défendre son pays
Nous défendre contre les Français
Qui empiètent sur les Bretons
Un cri de joie part
Qui fait trembler le rivage
Les montagnes du Laz résonnent
La cavale blanche (la mer) hennit et bondit d'allégresse
Les cloches chantent joyeusement
Dans toutes les villes, à cent lieues à la ronde
L'été revient, le soleil brille
Le seigneur Jean est de retour !
Le seigneur Jean est un bon compagnon
Il a le pied vif comme l'œil
Il a sucé le lait d'une Bretonne
Un lait plus sain que du vin vieux
Sa lance, quand il la balance, jette de tels éclairs
Qu'elle éblouit tous les regards
Son épée, quand il la manie, porte de tels coups
Qu'il fend en deux homme et cheval
Frappe toujours ! Tiens bon ! Seigneur duc
Frappe dessus ! Courage ! Lave-les (dans leur sang) ! Lave-les !
Quand on hache comme tu haches
On n'a de suzerain que Dieu !
Tenons bon, Bretons ! Tenons bon !
Ni merci, ni trêve ! Sang pour sang !
O Notre-Dame de Bretagne ! Viens au secours de ton pays !
Nous fonderons un service, un service commémoratif !
Le foin est mûr : qui fauchera ?
Le blé est mûr : qui moissonnera ?
Le foin, le blé, qui les emportera ?
Le roi prétend que ce sera lui
Il va venir faucher en Bretagne
Avec une faux d'argent
Il va venir faucher nos prairies avec une faux d'argent
Et moissonner nos champs avec une faucille d'or
Voudraient-ils savoir, ces Français
Si les Bretons sont des manchots ?
Voudrait-il apprendre, le seigneur roi
S'il est homme ou Dieu ?
Les loups de la Basse-Bretagne grincent des dents
En entendant le ban de guerre
En entendant les cris joyeux, ils hurlent
À l'odeur de l'ennemi, ils hurlent de joie
On verra bientôt, dans les chemins
Le sang couler comme de l'eau
Si bien que deviendra rouge comme la braise le plumage des canards
Et des oies blanches qui les passeront à la nage
On verra plus de tronçons de lances éparpillés
Qu'il n'y a de rameaux sur la terre, après l'ouragan
Et plus de têtes de morts
Qu'il n'y en a dans les ossuaires du pays
Là où les Français tomberont, ils resteront couchés
Jusqu'au jour du jugement
Jusqu'au jour où ils seront jugés et châtiés
Avec le Traitre qui commande l'attaque
L'égout des arbres sera l'eau bénite
Qui arrosera son tombeau !
Dans des versions récentes un couplet a été ajouté : « Enor, enor d'ar gwenn-ha-du ! Ha d'ar C'hallaoued mallozh ruz ! » (Honneur, honneur au « blanc-et-noir » [drapeau breton] ! Et malheur rouge aux Français !)[2]. Il a parfois été adapté en « Ha d'an dretourien mallozh ruz ! » (Et malheur rouge aux traîtres !)