Marche du 12 novembre 2023
Une « marche pour la République et contre l'antisémitisme » a lieu dans plusieurs grandes villes de France le , à la suite d'une recrudescence des actes antisémites dans le contexte de la guerre Israël-Hamas de 2023.
Contexte
Attaque du Hamas contre Israël et guerre Israël-Hamas
Vague d’antisémitisme suivant la guerre au Proche-Orient
À la suite de l'attaque du Hamas contre Israël du , les actes antisémites se multiplient[1] sur l'ensemble du territoire français. Le 7 novembre 2023, la présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, et le président du Sénat, Gérard Larcher, appellent conjointement à une « grande marche civique » contre l'antisémitisme entre le Palais Bourbon et celui du Luxembourg[2]. Il s'agit de la neuvième manifestation contre l'antisémitisme en France depuis le début des années 1980[3].
Déroulement
À Paris, la marche, silencieuse, débute sur l'esplanade des Invalides à 15 heures, passe devant l'Assemblée nationale puis, empruntant le boulevard Saint-Germain et le boulevard Saint-Michel, rejoint le Sénat, place Edmond-Rostand, deux heures plus tard. Elle rassemble 105 000 participants, parmi lesquels[4] :
- Les ex-présidents François Hollande et Nicolas Sarkozy (et son épouse, l'ex-mannequin et chanteuse Carla Bruni)
- Les ex-premiers ministres Jean Castex, Édouard Philippe, Bernard Cazeneuve, Manuel Valls et Jean-Marc Ayrault
- la première ministre Élisabeth Borne et une trentaine de membres de son gouvernement[5]
- le président du Conseil Constitutionnel Laurent Fabius
- la maire de Paris Anne Hidalgo
- la syndicaliste Marylise Léon (CFDT)
- les personnalités politiques Sébastien Chenu, Marine Le Pen, Jordan Bardella, Marine Tondelier, Sandrine Rousseau, Marion Maréchal, Éric Zemmour, Rachida Dati, François Baroin, Eric Ciotti, Yannick Jadot, Jean-Louis Debré, Fabien Roussel, Olivier Faure, Sylvain Maillard, Stéphane Séjourné
- les comédiens et comédiennes Bruno Solo, Raphaël Personnaz, Richard Berry, Tomer Sisley, Élie Semoun, Jean Dujardin, Natalie Portman, Laura Smet, Isabelle Vitari
- les présentatrices et présentateurs Karine Le Marchand, Sophie Davant, Elsa Fayer, Arthur, Cyril Hanouna, Thierry Ardisson
- les journalistes Anne Sinclair, Jean-Baptiste Marteau
- le cinéaste Élie Chouraqui
- le chef-cuisinier Thierry Marx
- le président de SOS Racisme Dominique Sopo
- le président de la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (LICRA) Mario Stasi
- le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) Yonathan Arfi
- le grand-rabbin de France Haïm Korsia
- l'évêque de Nanterre Matthieu Rougé
- le président de la Fédération protestante de France (FPF) Christian Krieger
Le président de la République Emmanuel Macron affirme dans une lettre aux Français que l'antisémitisme est « odieux » et que cette marche est un « signe d'espérance ». Cependant, son absence à la manifestation est critiquée[réf. souhaitée].
En France, on dénombre 182 000 participants[6]. La mobilisation est très faible dans certaines villes de province comme Rennes (700 participants)[7],[8], Clermont-Ferrand (500 participants)[9], Dijon (400 participants)[10], Le Mans (250 participants)[11], Le Havre (200 participants)[12] et Amiens (150 participants)[13].
Toutes les formations politiques représentées dans la XVIe législature de la Cinquième République française répondent à l'appel de cette marche civique pour la République et contre l'antisémitisme, à l'exception de La France insoumise. Cependant, plusieurs députés de la France insoumise (François Ruffin, Alexis Corbière, Clémentine Autain, Raquel Garrido) participent à la marche organisée à Strasbourg[14].
Controverses
Jean-Luc Mélenchon, fondateur de la France insoumise, estime que cette marche est une marche d'extrême droite qui a pour but d'apporter un soutien inconditionnel à la riposte israélienne sur la bande de Gaza[15].
Un certain nombre d'élus de la France insoumise déposent le matin même des gerbes de fleurs au Vel' d'Hiv'. Leur venue est perturbée par des manifestants qui reprochent au parti de Jean-Luc Mélenchon ses ambiguïtés sur cette question[16].
Jordan Bardella, président du Rassemblement national (RN), déclenche également la polémique lors d'une interview télévisée quelques jours plus tôt lorsqu'il remet en question l'antisémitisme de Jean-Marie Le Pen, bien qu'il reconnaisse les différentes condamnations dont celui-ci a fait l'objet[17].
Le collectif de juifs de gauche Golem, fondé la veille de la marche, se mobilise au sein de la marche contre la participation du RN[18],[19].
Lors de la manifestation, des membres de la Ligue de défense juive, qui assurent le service d'ordre du RN, agressent un passant qui protestait contre Marine Le Pen et attaquent des manifestants du collectif Golem[20],[21].
Références
- Margaux Gable, « Explosion des actes antisémites : «On assiste à un accroissement des menaces» », Libération, (lire en ligne , consulté le ).
- Guillaume Jacquot, « Gérard Larcher et Yaël Braun-Pivet appellent à l’organisation d’une grande marche contre l’antisémitisme », Public Sénat, (consulté le ).
- Soazig Quéméner, « Marche contre l'antisémitisme : 10 personnalités sortent du silence », La Tribune, (lire en ligne , consulté le ).
- Sandrine Bajos et Catherine Balle, « Marche contre l’antisémitisme : François Hollande, Marylise Léon, Agnès Jaoui... pourquoi ils s’engagent », Le Parisien, (consulté le ).
- Marie-Pierre Bourgeois, « Après la marche contre l'antisémitisme, Yaël Braun-Pivet salue "un succès populaire" », BFM TV, (consulté le ).
- « Marche contre l’antisémitisme : plus de 182 000 personnes ont défilé en France, dont 105 000 à Paris », Le Monde, (lire en ligne, consulté le ).
- Camille Bluteau, « Rassemblement contre l'antisémitisme : À Rennes, déception dans la foule "je suis venue en pensant trouver une vraie manifestation" », France 3 Bretagne, (consulté le ).
- Pascal Simon, « À Rennes, « je suis venu soutenir nos compatriotes juifs, pas faire de la petite politique ! » » , Ouest-France, (consulté le ).
- Catherine Lopes et Fabien Gandilhon, « Rassemblement contre l’antisémitisme : environ 500 personnes à Clermont-Ferrand », France 3 Auvergne-Rhône-Alpes, (consulté le ).
- Dimitri Morgado, « Dijon : environ 400 personnes rassemblées contre l'antisémitisme », France Bleu Bourgogne, (consulté le ).
- « Contre l’antisémitisme, plus de 250 personnes rassemblées devant la préfecture de la Sarthe », Ouest-France, (consulté le ).
- Laure Ferrari, « Au Havre, 200 personnes réunies pour dire « non à l’antisémitisme », dimanche 12 novembre », Paris Normandie, (consulté le ).
- « Amiens : 150 personnes réunies contre l'antisémitisme » [vidéo], Le Courrier picard, (consulté le ).
- Yolande Baldeweck, « À Strasbourg, les députés insoumis se sont fondus dans la foule de la marche contre l’antisémitisme » , Le Figaro, (consulté le ).
- « Comment Jean-Luc Mélenchon s’est éloigné de la lutte contre l’antisémitisme », Le Figaro, (lire en ligne, consulté le ).
- « Des manifestants perturbent un rassemblement de La France insoumise contre l’antisémitisme », Ouest-France, (consulté le ).
- Clément Guillou, « Jordan Bardella nie l’antisémitisme de Jean-Marie Le Pen et rediabolise le Rassemblement national », Le Monde, (lire en ligne , consulté le ).
- Marius Veillerot, « Marche contre l’antisémitisme : qu’est-ce que le collectif Golem, qui a barré la route à l’extrême droite ? » , Le Parisien, (consulté le ).
- Capucine Licoys, « Antisémitisme : Golem, un collectif de militants juifs mobilisés contre le RN », La Croix, (ISSN 0242-6056, lire en ligne , consulté le ).
- Tristan Berteloot, « Pourquoi la Ligue de défense juive a-t-elle marché aux côtés du Rassemblement national contre l’antisémitisme ? » , Libération, (consulté le ).
- Christophe Cécil-Garnier, « Tabassage, intimidations et soutien au RN, la Ligue de défense juive est de retour » , sur StreetPress, (consulté le ).