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Pietro Marubi

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Pietro Marubi
Pietro Marubi, photographie, vers 1880.
Biographie
Naissance
Décès
Nationalités
italienne ( - )
albanaiseVoir et modifier les données sur Wikidata
Activités

Pietro Marubi[N 1], connu en Albanie sous le nom de Pjetër Marubi, né en Italie à Piacenza en et mort en Albanie à Shkodër en , est un photographe et artiste albanais d'origine italienne. Né dans une période de révolutions en Europe, il est contraint en 1856 de quitter l'Italie en raison de sa participation au mouvement de Garibaldi ; il s'installe à Shkodër où il a ouvert le premier studio de photographie en Albanie et dans les Balkans.

Biographie

La procession du Corpus Christi à Shkodër en 1939-1940 ; à gauche, le bâtiment abritant le studio Marubi.

Pietro Marubi est né en 1832 dans la ville de Plaisance qui fait alors partie du duché de Parme. Dans sa jeunesse, il est impliqué dans le mouvement politique et social qui consolide les différents États de la péninsule italienne en un seul État unitaire ; a ce titre, il est considéré comme un partisan de l'expédition de Garibaldi contre les Austro-Hongrois. En 1856, il est contraint de quitter son pays natal après avoir été accusé d'avoir participé à l'assassinat du duc de Parme Charles III. Avec son épouse Maria-Marietta, il tente d'obtenir l'asile dans l'Empire ottoman, en se rendant à Corfou puis à Vlora en Albanie, mais il ne parvient pas à ses fins. Il décide de s'installer à Shkodër, dite aussi Scutari d'Albania, peuplée de catholiques et d'une petite communauté d'Italiens[1].

À Shkodra, Marubi est désigné sous le prénom de Pjetër. Il a 24 ans, se consacre à la photographie ; son premier cliché représente Hamze Kazazi (en), l'un des leaders de l'insurrection de Shkodër en 1835 contre l'empire ottoman ; c'est le premier cliché connu d'un Albanais[2]. Marubi ouvre en 1865 un studio de photographie qu'il nomme « Dritëshkronja », ce qui signifie « Écrit avec la lumière » en albanais.

Plusieurs des photographies de Marubi montrent des événements politiques, des personnages et des événements qui ont changé l'histoire de l'Albanie, tels que la Ligue de Prizren où il photographie la délégation de Shkodër en 1878[3] ou le soulèvement de Mirdita en 1876-1877.

Marubi forme à la photographie plusieurs jeunes gens de Shkodër. Kolë Idromeno, fils d'Arsen Idromeno, un ami de Marubi, devient son apprenti ; Marubi l'aide à se rendre à Venise pour étudier la peinture à l'Académie des beaux-arts de Venise ; Idromeno installe en 1883 à Shkodër un atelier de photographie qu'il nomme « Dritëshkronja Idromeno » ; au début du XXe siècle il s'intéresse au cinéma, correspond avec les frères Lumière et projette des films à Shkodër[4]. Marubi se lie d'amitié avec un montagnard, Rrok Kodheli, prend sous son aile ses deux fils, Mati et Mikel, pour leur apprendre la photographie. Mati est envoyé à l'Académie des arts de Venise puis à Trieste comme apprenti dans le studio photographique Sebastianutti & Benque ; mais il meurt subitement en 1881 à l'âge de 19 ans[5]. Mikel Kodheli succède à son frère comme assistant dans le studio photographique de Marubi ; enthousiaste, désireux d'apprendre, Kel, comme on l'appelait, est lui aussi envoyé à Trieste pour y suivre une formation de photographe[6],[7].

Marubi travaille comme photojournaliste pour des magazines étrangers, tels que L'Illustration, The Illustrated London News, La Guerra d'Oriente et L'Illustrazione Italiana[7],[8].

Pjetër Marubi meurt en 1903. Sans enfant, il lègue son atelier à son élève, Mikel « Kel » Kodheli ; ce dernier, en signe de gratitude, change son nom de famille en Marubi, pour perpétuer la mémoire et l'œuvre de son maître. La contribution à la photographie de Kel Marubi (en) est tout aussi importante que celle de Pietro Marubi ; la dynastie Marubi se poursuit avec le fils de Kel, Gegë Marubi (en), qui se forme auprès des frères Lumière à Lyon dans les années 1920 et qui sera actif jusqu'à la fin de la seconde guerre mondiale[2],[9].

Collections

Au début des années 1950, le studio Marubi est transformé en coopérative anonyme par l'état communiste albanais qui interdit toute activité privée

Gegë Marubi rassemble et préserve les photographies et les archives des trois générations de Marubi et en fait don à l’État en 1970 ; d’autres photographes installés à Shkodër, souvent anciens élèves de Marubi, font de même. L'ensemble des archives du studio Marubi, plus de 100 000 négatifs, constitue le fonds du Musée national albanais de la photographie Marubi (en) inauguré à Shkodër en 2016[2],[10].

Expositions

  • -  : L’âge d’or de la photographie albanaise. La dynastie Marubi et les rhapsodes de lumière 1858-1945, Maison européenne de la photographie, Paris[11].
  • -  : Dynasty Marubi – A Hundred Years of Albanian Studio Photography, Fotografiemuseum Amsterdam (FOAM)[12].
  • -  : L'archivio Marubi. Il rituale fotografico, Triennale de Milan ; l'exposition est organisée par le Musée national albanais de la photographie Marubi en collaboration avec le Museo di fotografia contemporanea de Cinisello Balsamo[13],[8],[14].
  • -  : Dynasty Marubi: A Hundred Years of Albanian Studio Photography, Musée national albanais de la photographie Marubi, Shkodër.
  • -  : Piccoli tesori dell’800. Marubbi, Naretti, Callotipi, Dagherrotipi e variazioni, Palazzetto Baviera, Senigallia, dans le cadre de la première Biennale di Senigallia ; un ensemble de 24 études de costumes albanais en épreuves albuminées de 1878, coloriées par Marubi, est exposé[15],[16].
  • -  : Pietro Marubbi dhe fotografët e Periudhës Osmane / Pietro Marubbi and the photographers in the Ottoman Era, Musée national albanais de la photographie Marubi, Shkodër[17].

Galerie

Notes et références

Notes

  1. On trouve également Pietro Marubbi, comme sur l'enseigne du studio photographie à Shkodër

Références

  1. (it) « Scutari tra fotografie e maschere », sur www.storiain.net (archivé sur Internet Archive).
  2. a b et c Jean-Pierre Thibaudat 1995.
  3. (sq) Albert vataj, « Delegacioni nga shkodra per Lidhja e Prizrenit,viti 1878 nga Pieter Marubi », sur shkodraloce.wordpress.com, .
  4. (sq), (en) Abaz Hoxha, 100 vjet kinema në trojet shqiptare / 100 years of cinema in Albanian dwellings, Tirana, Marin Barleti, 2002, 400 p. (ISBN 9789992739211).
  5. (en) Costanza Caraffa et Tiziana Serena, Photo Archives and the Idea of Nation, De Gruyter, (lire en ligne).
  6. Loïc Chauvin et Christian Raby 2011.
  7. a et b (en) Robert Elsie, Historical Dictionary of Albania, Lanham, Scarecrow Press, , 2e éd. (ISBN 9780810861886, lire en ligne), p. 295.
  8. a et b (it) « Il garibaldino di Piacenza che fotografò l’Albania », La Stampa,‎ (lire en ligne).
  9. Loïc Chauvin et Christian Raby 2011, p. 31.
  10. (nl) Hans van de Veen, Albanië, Amsterdam, KIT Publishers, coll. « Landenreeks », (ISBN 9789068326925, lire en ligne), p. 120-121.
  11. « L’âge d’or de la photographie albanaise. La dynastie Marubi et les rhapsodes de lumière 1858-1945 », sur Maison européenne de la photographie.
  12. (en) « Dynasty Marubi », sur Fotografiemuseum Amsterdam.
  13. (it) « L’archivio Marubi. Il rituale fotografico », sur www.triennale.org (archivé sur Internet Archive).
  14. (it) « L'archivio Marubi - Il rituale fotografico », sur zero.eu.
  15. (it) Pietro Marubbi. I primi ritrati albanesi colorati con pigmenti naturali, Serge Plantureux, , 72 p. (ISBN 978-88-32191-00-4, lire en ligne).
  16. (sq) Luan Rama, « Kur Marubi ngjyente fotografitë bardhezi » [« Quand Marubi coloriait les images en noir et blanc »], sur gazeta-shqip.com, .
  17. (en) « Pietro Marubbi and the photographers in the Ottoman Era », sur marubi.gov.al.

Bibliographie

Liens externes

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