Isaac Kitrosser
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Isaac Kitrosser, né à Soroca en Moldavie le et mort à Paris le , est un photojournaliste français, photographe d'art, ingénieur chimiste et inventeur des procédés photographiques.
Biographie
[modifier | modifier le code]Famille
[modifier | modifier le code]Isaac Khunovich Kitrosser est né le à Soroca en Moldavie (alors en Russie). Il est l'aîné des trois fils de Khuna Isaakovich Kitrosser (1874-1941), propriétaire foncier et photographe daguerréotype, et de Blyuma Moiseevna Kitrosser. Ses deux frères sont Louis et Samuel, qui est devenu également un innovateur photographique aux États-Unis avec Polaroid Corporation, Itek Corporation, et Cordell Engineering, Inc. [1],[2]
Les deux parents ont péri durant la Shoah[3],[4].
Son père, ainsi que ses cousins Osip Moiseevich Kitroser et Grigory Moiseevich Kitroser, ont été abattus à la suite de l'occupation allemande et roumaine de Soroca en . Sa mère est morte après son expulsion[5],[6].
Une autre des cousines de son père, Berthe Moiseevna Kitroser, était la compagne et l'épouse du sculpteur Jacques Lipchitz. Modigliani les a peints tous les deux dans Jacques et Berthe Lipchitz (1916).
Isaac Kitrosser épousera Eugenia Brodskaya et avoir une fille, Ariane Kitrosser Scarpa[1].
Carrière
[modifier | modifier le code]Avant la guerre
[modifier | modifier le code]Kitrosser est diplômé du gymnasium de Soroca en 1916 et de l'Institut Électrotechnique de l'Université de Prague, après avoir étudié le génie mécanique et électrique. Il s'installe à Paris en 1922 et ouvre un magasin de matériel photographique, poursuivant ses activités de photographe et d'artiste[7]. Dans les années 1930, il a inventé une technique de photographie chromogénique utilisant la lumière ultraviolette et les rayons X. Avec cette technique, il a réalisé des photographies aux rayons X colorées de choses telles que la main de l'homme, des fleurs, et des hippocampes[2].
Dès 1930, Kitrosser utilisait un appareil photo Leica, l'un des premiers photojournalistes en France à le faire[8]. Il est devenu photographe pour le cinéaste Abel Gance. Son portrait de Gance en tant que Jésus-Christ dans La Fin du Monde (1931) est devenu célèbre[7]. Son travail a attiré l'attention de Lucien Vogel, créateur de Vu, qui l'a engagé pour le magazine. Dans les années 1930, ses photographies d'art et son photojournalisme sont apparus à Paris-Soir ainsi qu'à Vu[9].
Kitrosser, surnommé "Kitro", était habitué des salles de rédaction de magazines européens des années 1930. À l'instar de son collègue photographe Erich Salomon à Londres, il est devenu célèbre pour avoir discrètement photographié les coulisses, une vogue journalistique des hebdomadaires européens d'avant-guerre[10]. Sujets qui l'intéressaient étaient l'architecture ancienne et nouvelle et la politique. Il s'est rendu à Cormeilles-en-Parisis (Val-d’Oise) pour photographier le lieu de naissance et ville natale de l'innovateur photographique Louis Daguerre et a réalisé des photographies abstraites du design d'intérieur du grand magasin Printemps et de l'exposition Optique au Palais de la découverte de Exposition universelle de 1937[11].
Life
[modifier | modifier le code]Kitrosser devint correspondant du magazine américaine Life en 1938[7]. Le numéro du publiait ses photographies de réfugiés républicains espagnols dans les Pyrénées. Le même numéro proposait un autoportrait photographique, « se livrant à son passe-temps, photographiant des insectes à la lumière infrarouge » avec une brève biographie. La photographie, pour Kitrosser, a toujours été une opportunité pour "immobiliser la vie"[7]. Life a rapporté que Kitrosser « est extrêmement gros et fier de l'être. Ingénieur de formation, il est photographe depuis dix ans, mais se considère toujours comme un amateur »[12].
Parmi les autres travaux de cette période figurent des portraits de Luigi Pirandello, lauréat du prix Nobel de littérature 1934; des dirigeants locaux de l'Afrique coloniale française (Tchad, Soudan, Côte d’Ivoire, Afrique équatoriale, Gabon et Sénégal) assistants aux célébrations du en France en 1938; et le ministre des Finances Paul Reynaud après une réunion du Cabinet français.
Il a couvert des événements tels qu’Édouard Belin, l’inventeur du bélinographe, lors d'une célébration en l'honneur de Louis Daguerre, sur scène avec l’actrice Mona Goya; une fête champêtre au Château Saint-Firmin; une grève à Citroën en 1938; et la mobilisation des réservistes français le .
Lors d'un bal à l'ambassade américaine à Paris le , il photographia l'ambassadeur américain William C. Bullitt; les politiciens français Joseph Paul-Boncour et Paul Reynaud; le sculpteur américain Jo Davidson; le danseur russe Serge Lifar; et la duchesse de Windsor s'entretenant avec Marthe Lahovary, la princesse Bibesco[11].
Kitrosser s'est engagé dans la Résistance française pendant la Seconde Guerre mondiale. Il est arrêté par la Gestapo et interné à Septfonds (Tarn-et-Garonne) où il réussit à photographier. Ses photographies, notamment Cérémonie juive dans le camp de Septfonds, comptent parmi les premières photos de camps de concentration publiées après la libération de 1944[10].
Après la guerre
[modifier | modifier le code]Après la guerre, Kitrosser travailla au personnel de Paris-Match (1948-1955). Ses photographies illustrent la Bibliothèque de l'amitié, une série de livres pour jeunes publiée par Rageot de 1959, dont les couvertures ont été illustrées par des personnes en situation réelle. En tant qu'ingénieur chimiste, il a été membre de l'Union des ingénieurs certifiés russes en France (1968-1978)[9].
Il est décédé à Paris le .
Notes et références
[modifier | modifier le code]- « Descendants d'Alter et Tova Kitrosser » (consulté le )
- David Haham, « Les célébrités du monde viennent de Moldavie: Photographe Isaac Kitrosser », sur Locals.md (consulté le )
- The Central Database Of Shoah Victims' Names Ver. B-110.3, « Khuna Kitroser », sur Yad Vashem - The World Holocaust Remembrance Center (consulté le )
- The Central Database Of Shoah Victims' Names Ver. B-110.3, « Blyuma Kitrosser », sur Yad Vashem - The World Holocaust Remembrance Center (consulté le )
- « Denkmal für die Opfer des Faschismus Soroca » (consulté le )
- « Letter from Red Army to Samuel Kitrosser » (consulté le )
- « Musée français de la photographie, Histoires De Photographies » (consulté le )
- Prestige de la Photographie no. 3 (December 1977), 137-153.
- « BnF data » (consulté le )
- Elisa Fuksa-Anselme, « Le Camp de Septfonds par Kitrosser », sur Musée français de la photographie (consulté le )
- « Kitrosser stock photos », sur getty images (consulté le )
- « An Army Corps of the Spanish Loylists Skis to Refuge in France », Life, (consulté le )
Liens externes
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- Ressource relative aux beaux-arts :
- Khuna Kitrosser et ses trois fils, d'Arkady Mazur Pages de l'histoire des juifs de Soroca Paris, 1933
- Abel Gance en tant que Jésus-Christ dans La Fin du monde et photos chromogéniques des années 1930
- Autoportrait et "Un corps d'armée des loyalistes espagnols se réfugie en France en skis" Life
- Getty images, Archives du magazine Life des photographies de Kitrosser
- « Le camp de Septfonds », Musée français de la photographie, Histoires de photographies
- « Cérémonie juive dans le camp de Septfonds », Musée français de la photographie, Histoires de photographies