1970 Le Parsifal Devoile

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Le Parsifal Dévoilé

Message de Noël 1970-1971

Première édition, Colombie 1970

Par Samaël Aun Weor


1. Le Parsifal 4
2. Les Chevaliers du Saint Graal 8
3. Le Calice et la Lance 12
4. Klingsor, le mage noir 17
5. Amfortas, Roi du Graal 20
6. L’Amazone Sauvage 22
7. Le Chaste Innocent 24
8. Le Fils d’Herzéléide 27
9. Les Mots de Kundry 30
10. L’Hymne du Graal 32
11. La Sainte Relique 35
12. Bayreuth 39
13. Le Mercure de la Philosophie Secrète 42
14. La Svastika merveilleuse 46
15. La Force Sexuelle 50
16. La Pierre Philosophale 55
17. Lucifer 59
18. Anges ou Diables 63
19. Le Précieux Baume 70
20. Absurde Justification 72
21. Le Papapurusha 75
22. Réveillez-Vous ! 79
23. La Force Serpentine 82
24. Le Miracle de la Transsubstantiation 92
25. Cherchez et Vous Trouverez 100

2
26. Le Spectre de Kundry 103
27. Les Nymphes 106
28. La Diablesse Originelle 109
29. Le Baiser Terrible 112
30. Métaphysique Pratique 115
31. Le Nervus Sympathicus 118
32. Adam-Kadmon 121
33. Le Couple Divin 124
34. Fal-Parsi 129
35. La Clé Suprême 132
36. Hatha-Yoga-Pradipika 135
37. La Confession Égyptienne 140
38. La Bête Mugissante 153
39. Les Trois Traîtres 157
40. Sérénité et Patience 162
41. La Reine des Jinas 169
42. Le Dragon des Ténèbres 176
43. Conclusion des Travaux Lunaires 181
44. Énigmes 186
45. L’illumination Finale 191
46. Tantrisme Blanc 197
47. Le Troisième Acte 209
48. Le Signe de Jonas 214
49. La Partition de Parsifal 220

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1. Le Parsifal

Que n’a-t-on pas écrit dans la vie, mais il est nécessaire


d’approfondir.

Nous allons maintenant révéler, en toute justesse, le


PARSIFAL, le chef d’œuvre de WAGNER. Que les Dieux
veuillent nous aider !

Les muses savent bien que cette œuvre diamantine du grand


Maître, occupe une place particulière, spéciale, dans le
Drame Wagnérien.

Le verbe du Maître s’y écoule délicieusement, comme une


rivière d’or sous l’épaisse forêt du soleil.

Du Parsifal, on pourrait vraiment dire ce que Goethe disait


de son second Faust :
« J’ai accumulé en lui les grands mystères et les problèmes
ardus, que les générations à venir prendront la peine de
déchiffrer ».

Certes, et au nom de la vérité, je dois confesser que je ne suis


pas le premier, ni le dernier qui s’occupe du Parsifal…

Cependant, il est ostensible que je suis en effet le premier à


dénuder la vérité renfermée au sein des augustes mystères
du Parsifal.

Don Mario Roso de Luna, l’insigne écrivain théosophe a dit :


« Dans le Parsifal, la pensée de Wagner semble voilée,
intentionnellement ; en effet, et pour démêler le sens
d’allusions philosophiques précises, quand on y parvient, nous

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devons faire un grand effort de travaux pour deviner et pour
se reconcentrer mentalement, parce que dans cette œuvre,
comme dans un cauchemar, nous trouvons confondus les
éléments les plus divers : hautes questions philosophiques,
rappels bibliques et orientaux, mysticismes, orthodoxie,
vestiges de culte catholique, rituels païens, nécromancie,
somnambulisme et hypnose, pratiques de la chevalerie
médiévale, extase, ascétismes, piété, rédemption, affinités de la
nature matérielle avec l’âme humaine, amour dans son
acception la plus rustre, amour dans son acception la plus
pure… »

Toute lumière faite, il ressort avec l’entière clarté de midi,


que Wagner fut un grand initié, un vrai ésotériste, un
illuminé authentique.

Dans le Parsifal de Wagner, existent : science, philosophie,


art et religion… Nouveau Docteur Faust, ce grand musicien
semble avoir fouillé de très anciennes écritures religieuses…

Ce qui m’étonne le plus est quelque chose de terrible : je


veux faire allusion à la magie innée. D’où la sortit-il ? Qui la
lui enseigna ? Dans quelle école l’apprit-il ?

Vient ensuite le déroulement du Drame, avec un magisme


traditionnel authentique… Mystères Majeurs que la foule ne
comprend pas.

Pénétrer dans cet occultisme archaïque, sonder plus


profondément dans les Mystères Christiques, examiner le
Bouddhisme ésotérique contenu dans cet Évangile
Wagnérien, est précisément ce que nous prétendons faire
dans ce livre.

Il est évident que beaucoup de pseudo-ésotéristes vont se


scandaliser de nos révélations.

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Il est indiscutable que beaucoup de sincères fourvoyés et
pleins de bonnes intentions, indignés, déchireront leurs
vêtements et proféreront des choses horribles, contre nous
les gnostiques…

Ceci vient du fait que le Parsifal provoque toujours de


terribles discussions ; il est évident que les enfants des
ténèbres haïssent la lumière.

Rappelons-nous que le Parsifal fut présenté dans tous les


meilleurs théâtres d’Europe, précisément le 1er Janvier
1914, et ceci nous invite à méditer.

« L’année 1914, avec l’éclatement de la Première Guerre


Mondiale et la grande première de Parsifal dans le monde
cultivé, restera mémorable dans les annales de l’humanité. »

Si Wagner n’avait pas interdit la production sur scène de son


Magnus Opus hors de BAYREUTH, il est indiscutable que le
monde l’aurait connu avant.

Heureusement et pour le bien du Grand-Œuvre du Père, la


volonté de l’immortel musicien ne put s’accomplir, car pesait
sur elle des traités internationaux relatifs à la propriété
intellectuelle. Il est ostensible qu’en Allemagne, il y a
prescription de la propriété des œuvres après 30 ans à partir
de la mort de leur auteur.

Puisque le 1er janvier 1914, les trente ans en question


s’accomplirent, la propriété intellectuelle du Parsifal
s’éteignit et alors, le monde put connaître cette œuvre
magistrale.

1914 mystérieuse union… Parsifal et la Première Guerre


Mondiale. Il est indubitable que l’Évangile Wagnérien
résonne sur les champs de bataille ; il est catastrophique,

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terrible, il resplendit glorieusement au sein de la tempête de
tous les exclusivismes.

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2. Les Chevaliers du Saint Graal

Entrons sur scène : le lieu de l’action, nous pouvons et


devons le situer dans les ineffables montagnes bleutées du
septentrion de l’Espagne Gothique…

Il s’avère indiscutable que Wagner voit là précisément et


nulle part ailleurs, les terres et le château de Montsalvat,
occupé par les sublimes Chevaliers Templiers, terribles
Gardiens du Saint Graal.

En caractère de feu dans le grand livre de la nature, est écrite


la Loi des Contrastes.

Il est évident que la limite de la lumière, ce sont les


ténèbres ; l’ombre de tout Sanctuaire de Gloire est toujours
un antre ténébreux.

Il est donc d’aucune manière étrange que par là, précisément


sur le versant méridional de cette montagne, tourné vers
l’Espagne arabe, se trouve également le château enchanté du
nécromancien Klingsor…

Don Mario Roso de Luna, l’illustre écrivain théosophe, dit :


« Les habits des Chevaliers du Graal et de leurs écuyers sont
des tuniques et des manteaux blancs, semblables à ceux des
Templiers, mais au lieu de la croix TAU rouge, ceux-ci arborent
une colombe en vol plané sur leurs armes et brodée sur leurs
manteaux ».

Le lieu de la scène est finalement, certes plus sévère et


mystérieux, que lugubre.

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Le terrain austère, nécessairement rocheux, en accord avec
les traditions initiatiques, resplendit au centre, dans un
espace très clair.

Tout illuminé peut voir sur la gauche le douloureux chemin


qui mène au château du Saint Graal.

Au fond, le terrain s’incline délicieusement vers un lac sacré


de la montagne. La piscine sacrée, le lac initiatique de la
représentation des mystères, éternelle scène de tout temple,
comme on le voit dans les sanctuaires hindous, ne saurait
manquer dans ces contrées du Saint Graal.

« Après le soleil et son feu, c’est-à-dire leurs vibrations


fécondes éveillant la vie en tous lieux de la planète, l’eau,
l’élément féminin terrestre, la Grande Mère ou vache
nourricière, est la base même de la vie, symbolisée dans toutes
les théogonies par mille noms lunaires : Io, Maya, Isis, Diane,
Lucine, Ataecina, Calquihuitl, et bien d’autres encore… »

Il est évident et tout le monde le sait, que dans ce monde qui


est le nôtre, le fluide élément cristallin se présente toujours
sous deux aspects opposés, je veux faire allusion au statique
et au dynamique.

Il n’est pas superflu de rappeler le lac profond et délicieux,


toujours paisible, et la rivière tourmentée…

L’ambiance de calme lacustre nous invite à la réflexion… En


réalité, l’eau n’est jamais aussi active que lorsqu’elle se
montre à nous dans la fontaine tranquille.

Donc, en entrant dans ce thème de méditation profonde,


nous avertissons immédiatement que le concept légitime de
« lac » peut, et même doit, être élargi philosophiquement, de
manière véritablement ésotérique.

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Il convient de savoir très clairement que de ces « eaux
statiques », spermatiques, génésiaques ou lacustres, vient le
splendide hiéroglyphe substantiel du zéro éternel…

Il est urgent de comprendre que des « eaux dynamiques » ou


fécondatrices du fleuve tourmenté, surgit comme par
enchantement, la double ligne du Verseau, hiéroglyphe
initial de la lettre M par laquelle on désigne partout
l’élément féminin éternel : Mère, Mater, Maman, Mama,
Marie, Maya, Mer.

La ligne droite du ruisseau cristallin, traversant


audacieusement le lac paisible, vient former le hiéroglyphe
primitif IO, c’est-à-dire le saint 10, terrible fondement de
notre système décimal.

Ceci vient nous rappeler les symboles terriblement divins de


Shiva, l’Esprit Saint : Le Lingam noir, mis dans le Yoni.

Dans l’évangile chrétien, ce fait contient une signification


profonde, selon laquelle, dans les moments les plus
extraordinaires de la prédication du Grand Kabîr Jésus, le lac
et la mer jouent un rôle formidable et mystérieux…

L’Évangile parle clairement, et nous dit que JÉSUS commença


sa mission à Capharnaüm, cité maritime de Galilée, dont le
prophète Isaïe avait sagement dit :
« Le peuple, qui était dans les ténèbres, vit une grande lumière,
et la lumière naquit pour tous ceux qui demeuraient sur la
terre, dans l’ombre de la mort ». (Matthieu 4:16)

Le grand Kabîr, allant alors par les rives de la mer de Galilée,


prit comme premiers disciples les pêcheurs Pierre et André
« pour faire d’eux des pêcheurs d’hommes ».

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Quand le Baptiste fut décapité, le Grand Kabîr s’en alla en
barque, jusqu’à un lieu désert et retiré, c’est-à-dire à la terre
des Jinas, où il réalisa pour les multitudes affamées,
l’extraordinaire et étonnant miracle de la multiplication des
cinq pains et des deux poissons, grâce auquel 5000 hommes,
sans compter les femmes et les enfants, mangèrent, et dont il
resta en outre 12 corbeilles, remplies de morceaux.
(Matthieu 14:15-21)

Il serait donc plus qu’impossible que manque, dans les terres


du château de Montsalvat, le lac sacré des grands mystères
archaïques.

L’eau ésotérique, en soi, est l’ens-seminis des antiques


Alchimistes Médiévaux, à l’intérieur duquel se trouve l’ens-
virtutis du feu.

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3. Le Calice et la Lance

Dans le chant délicieux des oiseaux a point l’aurore, délice


aux doigts de rose.

Le vieux sage Gurnemanz, accompagné de deux jeunes


écuyers, dort profondément à l’ombre enchanteresse d’un
arbre touffu et taciturne.

Du côté vétuste et noble du château du Graal, résonne


puissante, la solennelle sonnerie de trompette qui, de ses
formidables notes, salue victorieuse, l’agréable aurore…

Le vieux Gurnemanz et ses écuyers, en écoutant l’hymne


glorieux et triomphal, s’agenouillent humblement, emplis
d’infinie vénération, et prient avec profonde dévotion.

Il convient de rappeler, en arrivant à cette partie sublime du


présent chapitre, ce magnifique poème de Don Ramon del
Valle-Inclan.

Roses astrales

Empires éternels ! Tabernacles dorés !


Clefs du grand tout ! Prière sur leurs luths !

Volontés tranquilles ! Solennelles vertus !


Entrailles du monde ! Ardents ovaires !

Rites incandescents des lares célestes !


Destins scellés du chœur humain !

Soleils que les principes protègent du Trésor Démiurgique !


Secrètes roses stellaires !

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Arcane céleste ! Arcane Gnostique
Où le Trismégiste atteignit les énigmes.
Pour vouloir te lire, Julien ouvrit.

Dans son empire la discorde, et se fit antéchrist,


Exégète, Gnostique du ciel païen.
Il vit en le Christ une métamorphose solaire.

Du Graal, deux chevaliers au pas majestueux viennent


explorer en avant-garde l’âpre sentier que va suivre
Amfortas, le roi de ce joyau si précieux.

Le grand prêtre de la braise sacrée, souffre visiblement au-


delà de toute expression, depuis ce jour fatal où hélas pour
lui, le mage noir Klingsor le blessa d’une lance sinistre.

L’auguste successeur du roi Titurel vient plus tôt que de


coutume, prendre son bain dans la piscine sacrée du lac.

Le vénérable seigneur a, depuis qu’il reçut pour son malheur


la lance mortelle, un pressant besoin d’alléger les terribles
douleurs qui l’affligent.

Les divins et les humains connaissent bien Klingsor, et ses


néfastes arts ténébreux.

Ce pervers personnage de l’ombre, non seulement arracha la


lance sacrée des mains d’Amfortas le roi du Graal, mais
encore l’en blessa au côté.

Ah !… Si les gens comprenaient tout ceci… S’ils comprenaient


la profonde signification de la lance…

Tout ceci est pure sexualité, c’est ostensible : phallisme


transcendantal, érotisme.

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Il est indiscutable que la lance gnostique-ésotérique du
Graal, ainsi que cette autre, celle des pactes magiques
maniée par Wotan, sont au fond, une seule et même chose :
l’emblème de la force sexuelle masculine, le phallus.

Un grand sage dit : « Jusqu’à un certain point, les troncs ou


tables de la Loi, où Moïse écrivit par ordre de Jéhovah les
préceptes du Décalogue, ne sont rien qu’une double lance des
Runes, nous ne pouvons-nous arrêter ici sur sa signification
phallique mais au moins, elle peut se voir dans le deuxième
tome d’Isis dévoilée ».

Le double usage de la lance sacrée est écrit en caractères de


feu, dans le Livre de la Sagesse Cosmique. Indubitablement,
la lance blessa horriblement le côté du seigneur, et
évidemment, de sa blessure jaillirent sang et eau. Il est
ostensible qu’elle a guéri la blessure au côté d’Amfortas.

Des explications ?… Patience, cher lecteur, nous ne faisons


qu’asseoir encore les débuts ; nous irons tout au fond dans
ces chapitres futurs.

Des énigmes ?… Oui, et de nombreuses… Aussi graves que


celles du Saint Graal, le Yoni féminin, la coupe, les organes
sexuels de la femme…

Il y a tant de traditions du Saint Graal… Il existe par là, dans


les vieux livres médiévaux, une strophe lyrique, qui dit :
« Père, Ô père de ma vie, par celle du Saint Graal, donnez-moi
votre assentiment pour aller chercher le Comte ».

On nous a dit que le grand calice fut en le pouvoir


d’Abraham ; on nous a informé que Melchisédech, le Génie
de la terre, ou Chamgam – comme on l’appelle aussi –
l’emporta au pays de Sémiramis, à la terre féconde de
Canaan ; ceci se passa à l’époque même où notre régent

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planétaire commença quelques fondations sur le lieu béni où
Jérusalem, la cité chérie des prophètes, s’élèvera plus tard.

D’antiques traditions qui se perdent dans la nuit des siècles,


affirment que Melchisédech l’utilisa en Liturgie, lorsqu’il
célébra le sacrifice au cours duquel il offrit le pain et le vin
de la transsubstantiation, en présence d’Abraham, et qu’il le
laissa à son Patriarche.

Quelques très vieilles légendes assurent, affirment que ce


vase divin se trouva également dans l’arche de Noé.

Il n’est pas superflu d’affirmer que cette vénérable relique,


fut emportée en Égypte, et qu’elle fut en la possession de
Moïse.

Elle était faite d’une matière très singulière, compacte


comme celle d’une cloche, et elle n’avait franchement pas
l’apparence d’avoir été travaillée comme les métaux ; mieux,
elle semblait être le produit d’une espèce de végétation.

La reine de Saba, avant de faire de lui le dépositaire de cette


sublime relique, soumit le roi Salomon à de nombreuses
épreuves.

Le Grand Kabîr Jésus le Christ, l’eut en son pouvoir quand il


célébra la dernière Cène et y but le vin de la Sainte
Eucharistie.

Au pied de la croix sur le Calvaire, le sénateur romain, Joseph


d’Arimathie, recueillit dans cette même coupe les gouttes
purpurines du sang qui coulaient des blessures de
l’Adorable…

Les traditions disent que ce sénateur, plus intelligent et plus


sage qu’aucun autre, sut garder secrètement ce trésor si
précieux…

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Le prix de son recel sacré fut très élevé, car cet homme, pour
refuser de remettre le vase sacro-saint et la lance de
Longinus à la police romaine, fut fait prisonnier…

Bien des années plus tard, Joseph d’Arimathie enfin libre,


s’en fut à Rome avec les saintes reliques en quête de
chrétiens, mais face aux persécutions qui sévissaient là-bas,
il poursuivit son chemin par les régions de la Méditerranée…

Les antiques écritures disent qu’une nuit, en songe, le vieux


Sénateur fut visité par un ange qui lui dit :
« Ce vase a un pouvoir magnétique très grand car en lui est
contenu le sang du rédempteur du monde, enterre-le là ».

Ce vieillard vit alors le temple de Montserrat en Catalogne,


en Espagne…

Joseph d’Arimathie conclut sa terrible mission en mettant


ces reliques archaïques dans ce temple…

Ce qui arriva ensuite, les initiés le savent ; aujourd’hui, le


château de Montsalvat – dans lequel se trouve le temple – et
une partie de la montagne de Montserrat, entrèrent en état
de « Jinas », se cachèrent de la vue des profanes.

Les croisés cherchèrent en vain ce Saint Graal en Terre


Sainte ; pour commémorer ces efforts, on a gardé la coupe
d’argent qu’on remet aux champions olympiques.

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4. Klingsor, le mage noir

Les légendes disent que Klingsor, le pervers mage, vivait


dans une solitude terrible, au fond exotique d’une
accueillante vallée, très proche de la terre sacrée des
mahométans.

« J’ignore, certes » dit le vieux Titurel, « quels furent ses


péchés, mais là-bas, il voulut être pénitent et saint. »

Sincère fourvoyé et rempli de bonnes intentions, impuissant


à en finir avec la luxure, il empoigna un couteau assassin et
se mutila épouvantablement, il se castra.

Le pieux héros Titurel, qui connaissait très bien Klingsor et


ses arts ténébreux, raconte que le malheureux pénitent du
mal, étendit ensuite ses mains ensanglantées, suppliantes
vers le Graal, mais il est évident qu’il fut alors rejeté par le
gardien avec indignation.

Se voir répudié par les chevaliers du Saint Graal ? Et après


s’être mutilé dans le « sain » propos d’éliminer les passions
animales ? Quelle horreur ! Mon Dieu !

Dans la fureur de son douloureux dépit que les mots seraient


impuissants à décrire, l’eunuque des ténèbres chercha
l’arme de vengeance, et il la trouva évidemment.

Titurel, la voix du passé, dit que le ténébreux transforma


alors ce désert de pénitent frustré, en un jardin ensorcelé de
voluptueux délices sexuels, où vécurent de magnifiques
femmes, exquisément malignes.

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« Là-bas en secret, dans la demeure des délices » dit Titurel, le
vieux roi, « le mauvais mage attend les chevaliers du Graal,
pour les entraîner délicatement dans la luxure et les peines
infernales… »

« Qui se laisse séduire, est sa victime », dit le vieux monarque,


« et il réussit à mettre bon nombre d’entre nous, sur le chemin
de perdition. »

En arrivant à cette partie de notre présent chapitre, me vient


à la mémoire ce magnifique poème de Don Ramon del Valle-
Inclan.

Rose du péché

Le chat qui ronfle ! La porte qui grince !


La gouttière, glou-glou-glou !
Seuls dans la maison ! À la porte rugit
La bête avortée quand moi je naquis.

La nuit d’Octobre ! Ils disent que de lune,


Dans un vent rude et des bonds de mer :
Sous ses étoiles se haussa ma fortune,
Mer et rudes vents me virent arriver.

La nuit d’Octobre ! Ma mort annoncée !


Nuit mienne, ouverte entre terre et soleil !

Le mage revêtit le manteau étoilé,


Un géant nu souffla dans la conque.

La bête à la porte brame, frémissante.


La nuit automnale reste dans ses yeux.
Et lointaine cette nuit de ma vie,
Avec ses deux chemins ! Et je suivis celui du mal !

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Ta chair m’appela, rose du péché !
Seuls dans la maison, moi en insomnie,
La nuit d’Octobre, la mer soulevée…
La gouttière, glou-glou-glou !

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5. Amfortas, Roi du Graal

Femme précieuse, née pour le meilleur ; femme diablesse


trouvée pour l’abîme ; perle tombée du trône du Seigneur,
ineffable rose de feu qui grandit dans l’Éden et arrachée par
des mains infernales ; cygne enchanteur au cou d’albâtre,
chantant dans l’impudique bacchanale… Comme tu as bien
fait… Comme tu as mal fait ! Oh mon Dieu !

Mais… Il y a mieux à faire, parlons un peu maintenant du roi


Amfortas, successeur du vieux Titurel, qui se moqua des
astuces du Démon avec tant d’habileté…

La légende des siècles dit, et ceci nos aïeux le savent très


bien, que le bon roi eut à souffrir l’indicible…

Et Dieu me pardonne, tout ceci par elles ou par elle, la


diablesse originelle, le prototype de la perdition et de la
chute, à laquelle pas même Amfortas en personne, le
Seigneur du Graal, ne put résister…

Et les gens qui passent par là, disent que le bon seigneur
tomba aussi, dans les bras d’une tumultueuse blonde qu’ils
appelaient Hérodiade, Kundry, Gundrigia, et je ne sais
comment encore…

Le souverain voulut mettre un terme aux enchantements


magiques de Klingsor, le pervers mage, et voyez ce qu’il lui
arriva…

Le malin, qui certes, ne fut jamais une douce brebis, sut tirer
un bon parti de cette merveilleuse occasion et, s’approchant
bien calmement jusqu’au couple luxurieux qui se renversait

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sur le lit de plaisir, arracha la lance sacrée et, avec elle,
blessa épouvantablement le côté d’Amfortas, puis il s’éloigna
en riant.

Ô toi, Divine lance, merveilleuse en tes blessures et qu’il est


défendu à tous de chercher – poursuit le vieux Gurnemanz –
ce furent mes yeux, mes propres yeux, qui te virent brandir
par la main la plus sacrilège !

Le roi fut escorté dans sa retraite par le vieux Gurnemanz ;


mais une plaie brûlait à son côté : C’est la blessure du
remords, qui jamais ne voudra guérir !

Récitons maintenant un beau poème de Don Ramon del


Valle-Inclan :

Rose d’Orient

Dans sa démarche, la grâce du félin,


en tout, pleine de profonds échos,
sa bouche obscure enroule sur ses lèvres, des contes d’Aladin
en de mauresques ensorcellements.

Les yeux noirs, chauds, rusés,


le sourire triste de la science ancienne,
et la jupe de fleurs, respire une brise
d’institutions indiennes et sacrées.

Sa main coupa dans un jardin d’Orient


La pomme de l’arbre défendu
et le Serpent s’enroula autour de ses seins.

Il décore la luxure d’un sens


sacré. Dans les ténèbres transparentes
de ses yeux, la lumière est un sifflement.

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6. L’Amazone Sauvage

Par le sentier solitaire, tels des fantômes vagabonds, abattus,


vacillants, tête basse, déguenillés, les vaincus s’acheminent
lentement vers le lac. Et regardant la lointaine tour du
temple, sous la lumière opalescente du jour qui point dans
les cieux, ils retardent le pas, comme s’ils craignaient
d’arriver…

Kundry, vaincue par le sommeil autant que par les terribles,


épouvantables remords, se jette sur la terre parfumée…

En ces instants, venant du château du Graal, arrive


l’infortuné cortège qui conduit le roi jusqu’au bain saint.

Le monarque affligé ne garde dans son cœur endolori aucun


ressentiment ; il comprend pleinement ses propres erreurs,
reconnaît sa culpabilité et humblement, rend grâce à sa
servante, la femme ! L’éternel féminin. L’Ève monumentale
de la Mythologie Hébraïque, éternel jouet des biens et maux
de la terre, suivant l’usage que les hommes font d’elle.

La Magdala Wagnérienne, vilement convertie en jouet du


malin, aspire également à seconder des Divins idéaux du
Graal, mais toujours elle tombe vaincue…

« Femme ! » S’exclame Amfortas… « Es-tu par hasard un


démon vomi par l’enfer pour m’ouvrir cette blessure ? »

« Peut-être es-tu un ange qui descendit d’Uranie, afin de veiller


sur mon existence infortunée ? »

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L’amazone farouche et rude, la femme symbole de la
Dramatique Wagnérienne, prototype magnifique de ce qu’il y
a de plus abject et de plus excellent à la fois dans le monde,
est certes formidable…

Son vêtement sauvage et rude, est retroussé en haut par un


ceinturon, d’où pendent de larges peaux de couleuvres.

Sa noire chevelure ondoie miraculeusement en de libres


mèches épaisses, sombre nuance parée de roux.

Dans son délicieux visage féminin, resplendissent des yeux


de couleur noire, enchanteurs, qui scintillent parfois avec
fierté, et s’immobilisent souvent d’une épouvantable rigidité
de mort…

Kundry, telle la Madeleine Juive, apporte un flacon de cristal


de l’Arabie exotique. Le roi du Graal, certes, a besoin d’un
précieux baume pour guérir son cœur endolori…

Bénie soit la femme ! Bénis soient les êtres qui s’adorent !

Hermès Trismégiste a dit : « Je te donne l’amour dans lequel


est contenu tout le Summum de la sagesse ».

Aimer ? Comme il est beau d’aimer ! Seules les grandes âmes


peuvent et savent aimer…

L’amour commence avec un étincelle de sympathie, se


substantialise avec la force de l’affection et se synthétise en
adoration…

Un mariage parfait est l’union de deux êtres, un qui aime


plus, l’autre qui aime mieux…

L’amour est la meilleure religion accessible…

23
7. Le Chaste Innocent

Gurnemanz, la voix du passé, le vénérable vieillard, ayant


relaté solennellement tout ce qui arriva autrefois dans ces
mystérieuses régions du château de Montsalvat, après
l’horrible perte de la sainte lance, poursuit en ces termes :
« Devant le sanctuaire dévasté, orphelin de la sublime relique,
gisait Amfortas en fervente prière, implorant inquiet, un signal
de salut.
Du Graal, émana alors une lumière divine éblouissante,
intense à l’extrême, tandis qu’une vision de rêve céleste lui
disait ces paroles d’un accent clair : “Le sage, l’illuminé par la
compassion, le chaste innocent, le fou pur, attends-le, il est
mon élu”. »

À ce moment précis, Ô Dieu ! La légende des siècles dit qu’il


se produisit un grand scandale parmi les gens du Saint Graal,
car du côté du lac sacré, au fond du bois solitaire, un garçon
ignorant fut surpris, qui en errant par ces rives, blessa d’un
coup sûr avec son arc, un très beau cygne, parfait symbole de
l’esprit Saint.

Mais pourquoi tant de brouhaha, de tumulte et de désordre ?


Qui n’a pas blessé à mort le cygne Kala-Hamsa ?

Qui n’a pas violé le sixième commandement de la Loi de


Dieu, lequel dit : Tu ne forniqueras pas ?

« Celui qui se sent libre de péché, qu’il jette la première


pierre… »

24
Ô béni Hamsa miraculeux, force sexuelle du Troisième
Logos, immortel Ibis, blanche Colombe du Graal !

La conquête de l’ultra-mare-vitae, le monde super-liminal et


ultra-terrestre, n’est possible qu’avec la pierre initiatique –
le sexe – dans laquelle est contenue la religion-synthèse, qui
fut la religion primitive de l’humanité, la sagesse mystique
de Janus ou des Jinas.

Éliminer le sexe ? Oh non, non, non. Le dépasser ? C’est


évident… Aimer, est ce qu’il y a de meilleur.

Récitons maintenant ce très beau poème d’Amado Nervo, qui


a pour titre :

Le jour où tu m’aimeras

Le jour où tu m’aimeras aura plus de lumière que Juin ;


la nuit où tu m’aimeras sera de pleine lune,
en des notes de Beethoven vibrant chacune en éclair,
en choses ineffables,
et il y aura plus de roses ensemble
que dans tout le mois de Mai.
Mille sources cristallines
iront par les pentes
bondissantes et chantantes.
Le jour où tu m’aimeras, les bocages cachés
résonneront d’arpèges, jamais entendus.
Quand tu m’aimeras, tous les printemps
passés et futurs du monde seront l’extase de tes yeux.
Cueillies de la main, comme blondes petites sœurs,
luisantes de gouttes candides, les marguerites
iront par monts et prairies,
devant tes pas, le jour où tu m’aimeras…
Et si tu en effeuilles une, il te dira,

25
ce pétale blanc ultime et innocent : Passionnément !
Tous les trèfles auront quatre feuilles devineresses
quand se lèvera l’aube du jour où tu m’aimeras,
et dans la mare, nids de germes inconnus,
fleuriront les mystiques corolles des lotus.
Le jour où tu m’aimeras, chaque nuage coloré
sera une aile merveilleuse ; chaque couchant sera un mirage
des Milles et Une Nuits, chaque brise un cantique,
chaque arbre une lyre, chaque colline un autel.
Le jour où tu m’aimeras, pour nous deux
tiendra en un seul baiser
la béatitude de Dieu.

26
8. Le Fils d’Herzéléide

Il est évident que Parsifal, le chaste innocent avait lui aussi,


dans un passé lointain, blessé de sa flèche le cygne à la
blancheur immaculée, le miraculeux Hamsa…

Aux différentes questions qu’on lui pose avec insistance, il


garde le silence. Évidemment, il ignore tout, il a éliminé le
Moi, ne se rappelle même plus le nom de son progéniteur
terrestre, il a reconquis l’innocence édénique.

Il sait encore que sa mère eut pour nom HERZÉLÉIDE et que


le bois le plus profond était sa demeure.

Sa pauvre petite mère au cœur douloureux le mit au jour


orphelin de père, alors que celui-ci, appelé Gamuret, tombait
glorieusement sur le champ de bataille, parmi les heaumes
et les boucliers.

Pour protéger son fils du signe prématuré des héros,


l’adorable mère l’éleva dans un désert, avec une infinie
tendresse, étranger aux armes et dans la plus profonde
ignorance.

Cependant, un jour, ce jeune homme d’héroïque lignage, vit


des flammes humaines dans le bois…

Tel fut le brillant des chevaliers aux habits reluisants – les


chevaliers du Graal – qui eurent la bonne idée de passer par
ces solitaires parages boisés, que le jeune homme, poussé
par son instinct de héros, résolut de les suivre à travers les
montagnes.

27
Ce rapace, protégé par les armes de Vulcain, combattit les
bêtes de l’abîme, viles représentations de ses antiques
erreurs, et les réduisit en poussière cosmique.

Ainsi, le garçon avança-t-il jusqu’aux domaines du Graal…


(Ainsi devons-nous avancer nous-mêmes).

Kundry, Hérodiade, l’informe que son adorable mère est


morte. Cette cruelle nouvelle le plonge dans une amertume
infinie, que les mots sont impuissants à décrire…

Épouvantable instant que celui-là ; il se précipite comme fou


sur l’hétaïre, tombe ensuite évanoui ; celle-ci lui porte
secours sur-le-champ, avec l’eau délicieuse de la source…

Vient ensuite l’heure terrible : la Gundrigia lui dit des choses


terribles ; tout a son heure et son jour.

Il convient maintenant de rappeler ce merveilleux poème de


Don Ramon del Valle-Inclan, intitulé :

La rose de l’horloge

C’est l’heure des énigmes,


quand l’après-midi d’été,
envoya des nuages, un milan
sur les bénignes colombes.
C’est l’heure des énigmes !
C’est l’heure de la colombe :
le regard d’un enfant suit
son vol. Après-midi rosée,
musical et divin coma.
C’est l’heure de la colombe !
C’est l’heure de la couleuvre :
le diable s’arrache un cheveu blanc,
la pomme tombe de l’arbre

28
et le cristal d’un rêve se brise.
C’est l’heure de la couleuvre !
C’est l’heure de la poule :
le cimetière a des lumières,
se sanctifient devant les croix,
les dévotes, le vent agonise.
C’est l’heure de la poule !
C’est l’heure de la demoiselle :
larmes, lettres et chansons,
l’air embaumé de fleurs d’orangers,
la soirée bleue, une étoile seulement.
C’est l’heure de la demoiselle !
C’est l’heure de la chouette :
le vieillard déchiffre des écritures,
le miroir soudain se brise,
la vieille sort avec la burette.
C’est l’heure de la chouette !
C’est l’heure de la renarde :
une vieille fait le tour de la rue,
la vieille apporte à la jeune fille,
un anneau avec une rose.
C’est l’heure de la renarde !
C’est l’heure de l’âme en peine :
une sorcière au croisement,
par une prière excommuniée,
demande au mort sa chaîne.
C’est l’heure de l’âme en peine !
C’est l’heure du lubrique :
le hibou guette dans le sapin,
le brigand sur le chemin,
et dans le lupanar, Satan.
C’est l’heure du lubrique !

29
9. Les Mots de Kundry

Kundry, l’Ève merveilleuse de la Mythologie Hébraïque,


inconsciente victime du mage pervers, face au Parsifal
Wagnérien, s’exclame avec une infinie douleur :
« Je ne fais jamais le bien, je ne veux que le repos… seulement
le repos, pour cette misère exténuée ! »

Dormir et ne jamais s’éveiller ! Elle commence en ce


moment, à expérimenter les fluides de la suggestion à
distance du mage, et se dressant tremblante de terreur, elle
s’exclame :
« Non ! Ne pas dormir ! Non ! Tout ceci me fait horreur ».

Elle pousse ensuite un cri sourd, tout son corps tremble,


comme un brin d’herbe agité par la tempête, jusqu’à ce que,
impuissante face au maléfice, elle laisse tomber ses bras
inertes, incline la tête, et faisant quelques pas vacillants, elle
tombe hypnotisée parmi les broussailles, en gémissant :
« Résistance inutile. C’est l’heure. Dormir… Dormir… Il le faut,
il faut dormir ».

La femme par antonomase, la femme symbole, la diablesse


originelle, le prototype de la perdition et de la chute – à
laquelle pas même Amfortas en personne, le Roi magnifique
du Saint Graal n’avait pu résister alors – dort maintenant,
sous le pouvoir hypnotique du mage du mal…

Nous te voyons, Kundry, plus que belle ! Tu naquis, tel un


miracle, dans l’Éden de toutes les merveilles ! Tu es la pensée
du Créateur, la plus belle, qui fut faite chair, sang et vie !

30
Ton corps délicieux, semble avoir été pétri des roses
délicates de la lisière de la campagne, qui rend fertile UAD-
AL KEBIR.

Les frondaisons taciturnes, argentées par la lune pâle, ont


posé une ombre douce sur tes cils…

Tes paupières, à l’exotique enchantement, furent créées des


divines feuilles de l’oranger. L’essence de sublimes nards,
dans tes entrailles se cache…

Tes tresses fascinantes semblent plutôt des cascades de nuit


tombant sur tes nubiles épaules…

Comme tu es belle ! M’écoutes-tu ? Ta bouche enchanteresse


sourit : ta langue lutte avec le songe pour former des
paroles…

Le ciel étoilé s’ouvre comme une rose : tu dors, Kundry,


empoisonnée par un mystère exotique, auquel personne ne
comprend rien…

Tu dors, oui ! Je le sais… Le bois des Mille et Une Nuits te


prête son feuillage, où nichent les oiseaux au doux chant ; le
bosquet suavement susurre, la rivière sur sa couche de
roches, murmure. Tout invite au repos et tu dors, Ève,
Kundry, Gundrigia, Hérodiade…

Dors dans tes lamentations secrètes : tu es l’inconsciente


victime d’un sortilège fatal…

Mais… Mon Dieu ! Quelle idée terrifiante te poursuit en


rêve ? Que fais-tu, ne le voulant pourtant pas ?

31
10. L’Hymne du Graal

On voit passer la litière du roi, qui de retour de son bain


délicieux et très agréable, se dirige vers le château de
Montsalvat.

Le vénérable vieillard Gurnemanz se joint au cortège et


gentiment, invite le jeune homme à prendre part au festin
sacré.

Il est nécessaire qu’il reçoive, lui aussi, les bienfaits du


Graal…

« C’est à peine si nous marchons et je sens pourtant que nous


sommes déjà loin », dit Parsifal.

Le vieillard, blanchi de sagesse, lui répond avec grande


assurance :
« Tu le vois bien, mon fils, ici, le temps est espace ».

Le temps en soi est la Quatrième Dimension, ceci est évident.

La Quatrième Coordonnée se résume en deux aspects


totalement définis : le temporel et le spatial.

Indiscutablement, l’aspect chronométrique de la Quatrième


Dimension n’en est que la surface.

Indubitablement, l’aspect spatial de la Quatrième Verticale se


trouve dans le fond…

Il y a toujours à l’intérieur du monde tridimensionnel où


nous vivons, une quatrième verticale. Celle-ci en soi est le
temps.

32
Dans l’éternité, le temps n’existe pas…

L’Éternel, c’est clair et tu le sais déjà, est la Cinquième


Dimension.

Tout dans l’éternité se déroule à l’intérieur de l’éternel


maintenant…

As-tu entendu parler de ce qui est par delà le temps et


l’éternité ? Il est clair qu’il y a la Sixième Dimension.

Et que dirions-nous de la dimension zéro inconnue ? Esprit


pur ? Oui ! Oui ! Oui !

Le vieux Gurnemanz, dans cette sagesse blanchie par le


temps, comprenait tout, et sagement conduisait le fils
d’Herzéléide vers le Saint Graal…

La scène se transforme lentement, à mesure qu’avancent le


vieux Maître et son jeune disciple.

Déjà, laissant en bas derrière eux le bois solitaire, ils


escaladent patiemment tous les deux la monstrueuse masse
de granit.

On entend de mieux en mieux le doux appel des trompettes


et l’auguste volée des cloches du temple…

Le Maître et le disciple, finalement, arrivent à un magnifique


salon, dont la majestueuse coupole se perd dans les
hauteurs…

Parsifal reste sans voix, extasié face à tant de divine,


indescriptible, magnificence…

Deux larges portes s’ouvrent dans le fond, pleines de gloire,


par lesquelles entrent les chevaliers du Saint Graal…

33
Les hommes de la lumière vont se placer en ordre, devant
deux grandes tables recouvertes de nappes ; elles sont
parallèles, et entre elles, un espace reste libre.

Il y a sur ces tables du bonheur, des calices et des coupes,


mais aucun mets délicieux.

D’autre part, apparaissent de vaillants écuyers et des frères


convers, qui apportent le roi Amfortas dans sa litière, et il y a
devant lui quelques purs enfants semblables à des anges au
souriant visage…

Ces créatures apportent une arche, recouverte de toile


pourpre, à l’intérieur de laquelle sont cachés les mystères du
sexe.

Le sublime cortège place le roi Amfortas sur un lit au fond


sous un dais, et sur la table de marbre face à l’Arche sacrée…

La congrégation de la lumière entonne alors, heureuse,


l’hymne de Graal, des différents endroits du temple :

« Jour après jour, disposé pour l’ultime cène de l’Amour Divin,


le festin sera renouvelé, comme s’il devait en ce jour pour la
dernière fois, consoler celui qui s’est complu en bonnes œuvres.
Approchons-nous de l’agape pour recevoir les augustes dons.

Ainsi, comme un jour dans d’infinies douleurs, coula le sang


qui racheta le monde, que mon sang soit répandu d’un cœur
réjoui, pour la cause du Héros Sauveur. Par sa mort, vit en
nous le corps qu’il offrit pour notre salut…

Que vive pour toujours notre foi et que sur nous ne cesse de
planer la colombe, propice messagère du Rédempteur. Mangez
le pain de la vie, et buvez le vin qui a jailli pour nous… »

34
11. La Sainte Relique

Les ultimes notes des cantiques délicieux expirent dans le


mystère… Tous les augustes chevaliers à l’aspect divin ont
occupé leur siège aux tables sacrées. Et un silence imposant
suit…

La vision stupéfiante, totalement nue, s’accompagnait des


blancheurs du nard, attrayante, fatale… Exotique mystère…

D’un profond lointain, comme sortant de la noire sépulture,


on entend la voix du vieux Titurel…

Il ordonne à son fils impérativement, de découvrir le Saint


Graal, afin de le contempler une dernière fois.

Amfortas résiste, et dit :


« Non, laissez-le couvert ! Oh, serait-il possible que personne ne
soit capable d’apprécier cette torture que je souffre à
contempler ce qui vous ravit ?

Que signifie ma blessure, la rigueur de mes douleurs face à


l’angoisse, à l’infernal supplice de me voir condamné à cette
atroce mission ?

Cruelle hérédité dont on me charge, moi, unique délinquant


parmi tous… gardien de la sainte relique…

Il me faut implorer la bénédiction pour les âmes pures…

Ô châtiment, châtiment sans égal que m’envoie le Tout


Puissant Miséricordieux que j’offensai terriblement…

35
Pour lui, pour le Seigneur, pour ses bénédictions et ses grâces,
je dois soupirer dans une véhémente angoisse…

Je ne dois arriver à LUI que par la pénitence, par la plus


profonde contrition de mon âme…

L’heure approche, un rayon de lumière descend pour illuminer


le Saint Miracle, le voile tombe…

Le contenu Divin du vase consacré brille d’un pouvoir


resplendissant…

Palpitant dans la douleur de la suprême jouissance, je sens se


déverser en mon cœur, la fontaine de sang céleste…

Et le bouillonnement de mon propre sang pécheur devra


refluer, tel un torrent fou, et se répandre avec une terreur
horrible, pour le monde de la passion et du délit.

De nouveau, il rompt sa prison et il jaillit en abondance de


cette plaie semblable à la sienne, ouverte par un coup de la
même lance qui là-bas blessa le Rédempteur, cette blessure
par laquelle il pleura des larmes de sang, pour l’opprobre de
l’humanité dans l’aspiration à sa Divine compassion.

Et maintenant, de cette blessure qui est la mienne en le lieu le


plus saint, où je veille sur les Biens Divins, moi, gardien du
baume de rédemption, coule le sang bouillant du péché
toujours renouvelé, dans la fontaine de mes angoisses et
qu’aucune expiation ne peut plus éteindre…

Pitié ! Compassion ! Toi, le Tout Miséricordieux, aies peine de


moi ! Délivre-moi de cet héritage, ferme-moi cette blessure et
fais que, guéri, purifié et sanctifié, je puisse mourir pour toi !…

Je ne sais qui je suis réellement dans cette cruelle flamme


d’angoisse, de douleur, de jouissance et de pleurs, où naît le

36
Mystère d’un enchantement qui détruit ma vie et l’alimente.
Mais je pressens quelque chose de terriblement Divin…

Je ne sais qui je suis dans ce filet fatal de ma propre existence,


moi qui contemple avec étonnement mystique des poissons,
d’écume en vertiges d’épouvantes, et une source séculaire qui
s’éleva, pour apaiser inutilement cette insatiable soif qui me
tourmente…

En ce vain monde de ténèbres et d’amertumes infinies, je


m’interroge d’une voix inconnue qui semble être une voix
étrangère et grave…

Et ma pauvre raison reste évanouie, ombre misérable du


péché… »

Amfortas, après ces paroles, tomba sans connaissance, et le


Saint Graal est découvert…

Les vieilles traditions qui se perdent dans la nuit des


innombrables siècles, racontent que, lorsque cet homme
illustre, sublime, sortit le calice sacré (parfait symbole du
yoni féminin), un crépuscule dense (la nuit sexuelle du
Tabernacle Hébreu), se répandit délicieusement par tout
l’espace merveilleux du Sanctuaire.

Ceci nous rappelle le Sahaja Maïthuna dans son instant


suprême… Les Mystères du lingam-yoni sont terriblement
divins…

De là-haut, du ciel, d’Uranie, descend un rayon de lumière


très pur, lequel tombant sur le calice, le fait briller d’une
purpurine splendeur, infinie, inépuisable…

Amfortas sait utiliser la croix phallique, et le visage


transfiguré, il élève le Graal, bénit le pain et le vin de la
transsubstantiation.

37
Les chœurs résonnent délicieusement, aimant et adorant…

Amfortas repose dans l’Arche, l’ardeur sacrée qui pâlit


lentement, à mesure que se dissipe à nouveau l’épais
crépuscule sexuel.

Et le pain et le vin sont répartis sur les tables, auxquelles


tous s’assoient ; seul Parsifal reste debout et dans une extase,
dont il ne sort finalement que par les lamentations
d’Amfortas, qui font souffrir au jeune homme un spasme
mortel. Gurnemanz le croyant abruti et inconscient de tout
cela, l’attrape par un bras et le rejette brutalement de
l’enceinte sacrée, tandis que s’éteignent dans l’espace les
voix des jeunes gens, enfants et chevaliers qui chantent la
sanctification dans la Foi et dans l’Amour Divin.

38
12. Bayreuth

Il faut donc savoir pour le bien de la grande cause, que


Wagner interdit la représentation de son Parsifal hors de ce
merveilleux théâtre de BAYREUTH…

En effet nous avons déjà dit que le délai légal accompli,


Parsifal fut connu dans tous les théâtres d’Europe.

S’agissant de la vérité, nous devons être très francs ; il est


certes lamentable que la veuve et le fils de Wagner, joints à
quelques autres musiciens, aient intenté de modifier la loi
sur la propriété intellectuelle dans le propos évident de
limiter la représentation de Parsifal au vieux théâtre de
Bayreuth, exclusivement…

Évidemment ces sincères, qui se trompaient, ne parvinrent


pas à réaliser leur intention.

Il est indiscutable que la douleur des uns est allégresse pour


les autres. L’échec de ces personnes si bien intentionnées eut
de formidables répercussions internationales parmi les
publics d’Europe qui, ainsi, ne se virent pas privés de
connaître la grande œuvre.

Les grandes œuvres ne peuvent être limitées dans l’espace ni


dans le temps. Il est absurde de vouloir cacher le soleil avec
un doigt…

Les gens racontent par là que l’œuvre en question fut


chantée avant 1914, au théâtre Métropolitain de New York,
tout genre d’obstacle légal ayant été sauté allégrement à
cette occasion.

39
Il s’avère pathétique, clair et défini, que l’entreprise paya son
amende avec un plaisir infini, car c’est évident, il lui resta de
substantielles finances.

Cependant, grand Dieu ! N’arriva-t-il pas la même chose à


Monte-Carlo ? Tout le monde sait qu’on voulut présenter le
poème sacré ; malheureusement l’œuvre, à cause de la veuve
et du fils de Wagner, ne put être chantée qu’en
représentation privée.

Nous allons transcrire maintenant, avec grand soin, un


article de journal certes très intéressant :

« Le sujet de Parsifal surgit à l’esprit de Wagner en 1854, mais


il ne commença à travailler sur le poème qu’au printemps
1857 ; interrompant plusieurs fois son travail, pour le terminer
enfin, le 23 Février 1877.

Bien avant de terminer le livret, il composa quelques


fragments musicaux, les premiers en 1857, mais en réalité, il
ne commença à travailler sérieusement la partition qu’en
automne 1877, c’est-à-dire l’année même où il écrivit la
dernière phrase du poème.

L’œuvre se trouva définitivement terminée le 13 Janvier 1882.


Peu après, les préparatifs commencèrent pour la première, et
après avoir bien répété, on présenta Parsifal le 26 Juillet 1882
au théâtre de Bayreuth.

Parsifal obtint un succès énorme, qui arracha des larmes à ce


génie, si audacieux dans la lutte et si habitué à
l’incompréhension.

Wagner ému, embrassa avec enthousiasme Materna et Scaria,


qui interprétèrent respectivement le rôle de Kundry et
Gurnemanz, ainsi que le grand maître Hermann Lévi qui

40
dirigea l’orchestre, que nous avons connu et avons applaudi, il
y a 12 ou 14 ans à Madrid, au cours de ces célèbres concerts du
Prince Alphonse, où se succédèrent tant de fameux chefs
allemands.

Il est juste de dédier, en parlant de cela, un souvenir


d’admiration et de sympathie au grand maître Mancinelli, qui
fut réellement celui qui “amena les foules”, c’est-à-dire, qui
nous fit connaître presque tout Wagner, et le premier à
organiser ces grands concerts.

Cette saison d’auditions, sous la baguette de Mancinelli,


constitue une époque mémorable pour l’histoire du
développement de l’art lyrique en Espagne.

Wagner ne survécut que six mois à peu près, au grand


triomphe de Parsifal.

Peu après la première, le Maître s’en alla passer l’hiver à


Venise comme il avait coutume de le faire depuis 1879. Et là
brusquement, la mort le surprit, le 13 Février 1883, à côté de
son épouse Cosima Liszt (fille du célèbre musicien du même
nom) et de son ami Joukowsky.

Deux jours plus tard, les restes mortels du glorieux créateur du


drame lyrique étaient transportés à Bayreuth, où ils reposent
dans le jardin de la petite maison de Wahnfried, sous une dalle
de marbre sans inscription, ni le moindre élément de
décoration. »

41
13. Le Mercure de la Philosophie
Secrète

Il n’est pas superflu, en ces instants d’allégresse mystérieuse,


de rappeler ce poème subliminal d’Horace, l’auteur des
Épodes et Satyres qui virent le jour dans les années 35 et 30,
avant Jésus Christ.

Mercure

Mercuri, facunde nepos Atlantis,


Qui feros cultus hominum recentum
Voce formasti catus et decorae
More palaestrae.
Te canam, magni Iovis et deorum
Nuntium curvaeque lyrae parentem,
Callidum, quidduid placuit, iocoso
Condere furto.
Te, boves olim nisi reddidisses
Per dolum amotas, puerum minaci
Voce dum terret, viduus pharetra
Risit Apollo.
Quien et atridas duce te superbos
Ilio dives Priamus relicto
Thessalosque ignes et iniqua Troiae
Castra fefellit.
Tu pias laetis animas reponis
Sedibus, virgaque levem coerces
Aurea turbam, superis deorum
Gratus et imis.

42
Traduction :

Mercure, petit-fils d’Atlas, ta verve


De l’homme primitif fut maîtresse :
De la parole, tu polis sa rudesse,
Et l’usage accordeur de la joute.
Nonce du haut Jupiter et des dieux,
Inventer la lyre courbe fut ta gloire,
Ta grâce est d’emporter avec élégance
Tout ce qui inspire désir à ton génie audacieux.
Enfant, tu dérobas les troupeaux de Phœbus,
Et lui te grondait à furieuses clameurs,
Mais il dut rire, en voyant, ahuri,
Que tu lui avais volé, jusqu’à son carquois.
Priam sortit d’Ilion, chargé de présents royaux,
Quand la troupe grecque l’entourait :
Atrides sans pitié, bûchers thessaliens,
Il se joua de tout, sous ta conduite.
Ton bâton d’or emmène à l’éternelle jouissance
Les âmes pieuses, ombres légères.
Agréable déité pour tous les dieux,
Enchantement de l’Olympe et de l’Averne !

Il convient, ayant chanté ce poème si sublime, de la lyrique


horacienne, de savoir maintenant ce qu’est Mercure…

C’est indiscutable, et n’importe quel gnostique peut le


comprendre ; en tant que planète astrologique, il est
évidemment beaucoup plus intéressant que Vénus même, et
identique au Mithra Mazdéen, le Bouddha, ou Génie ou Dieu,
formidablement établi entre le Soleil et la Lune, sublime
compagnon éternel du disque solaire de la Sagesse Divine…

43
Pausanias, dans son livre V, nous le montre sagement : il a un
autel commun avec Jupiter tonnant, le Père des Divins et des
Humains…

Les antiques légendes disent qu’il ouvrait ses ailes radieuses


de feu comme pour montrer qu’il assistait le Christ Soleil
dans son éternel voyage ; à juste titre, on l’appelait, en
d’autres temps, Messager et Loup du Soleil : « solaris luminis
particeps ».

Nous devons affirmer, comme suite et corollaire, que


Mercure était le chef et l’évocateur des âmes, l’Archimage et
le Hiérophante.

Virgile, l’illustre poète de Mantoue, le décrit intelligemment,


prenant son marteau, ou caducée aux deux serpents, pour
évoquer de nouveau à la vie les malheureuses âmes
précipitées dans l’Orcus (le limbe) : « Tu virgam capit, hac
animas ille evocat Orco », dans l’évident propos de les faire
retourner à la céleste milice, comme on nous l’enseigne dans
VENDIDAD…

Mercure est la planète ésotérique dorée, l’ineffable, que les


austères et sublimes Hiérophantes, interdisaient de
nommer ; et, en étudiant de poussiéreux manuscrits
millénaires, nous pourrions vérifier que dans la Mythologie
Grecque, elle se trouve symbolisée par ces chiens, ou lévriers
gardiens du troupeau céleste, qui toujours s’abreuvent aux
puits cristallins de la Sagesse occulte, ce pourquoi il
(Mercure) est connu également comme Hermes-Anubis et
aussi, comme bon inspirateur ou Agatho Daïmon.

Rappelez-vous que l’empereur Julien priait toutes les nuits le


Soleil Occulte, par intercession de Mercure…

44
Vossius dit, à juste titre : « Tous les Théologiens assurent que
Mercure et le Soleil sont un… »

Il y a une bonne raison pour que cette planète ait été


considérée comme le plus éloquent et le plus sage des
Dieux ; il n’est donc pas étrange que Mercure, se trouvant si
près de la Sagesse et du Verbe (ou Logos), ait été confondu
avec les deux.

45
14. La Svastika merveilleuse

La piscine sacrée, le lac initiatique de la représentation des


Mystères Divins, dans les domaines du Saint Graal est, sans
doute aucun, le Mercure de la Philosophie secrète, ce verre
liquide, flexible, malléable, contenu dans nos glandes
sexuelles.

Philippe Théophraste Bombast Von Hohenheim (Aureolus


Paracelsus) dit que dans l’ens-seminis se trouve tout l’ens-
virtutis du feu.

Après l’irradiant Soleil et ses langues de feu ardent qui


crépitent dans l’ineffable orchestration des sphères, il y a le
Mercure de la Philosophie secrète, l’ens-seminis, l’eau
chaotique du premier instant, l’éternel élément féminin, la
Grande Mère ou Vache nourricière, le fondement même de
toute vie cosmique.

Transmuter intelligemment ces eaux de la vie libre en son


mouvement, ce Mercure Sophique des sages, signifie
travailler intensivement dans le laboratorium oratorium du
Troisième Logos.

Il est écrit en caractères de feu dans le grand livre de la vie,


que dans la croix Jaïna ou Jina, se cache miraculeusement
l’indicible secret du grand arcane, la clef merveilleuse de la
transmutation sexuelle.

Il n’est pas difficile de comprendre que cette croix magique


est la Svastika des grands Mystères, elle-même…

46
Dans la délicieuse extase de l’âme ardente, nous pouvons et
même nous devons nous mettre en contact mystique avec
JANUS, l’austère et sublime Hiérophante Jina, qui enseigna
au monde autrefois, la science des Jinas.

Il y a au Tibet secret deux écoles qui se combattent


mutuellement : je fais clairement allusion aux Institutions
Mahayana et Hinayana.

« Car étroite est la porte et resserré le chemin qui mène à la


vie, et il y en a très peu qui les trouvent. » (Matthieu 7:14)

Le chemin Hinayana est hors de doute, Bouddhique et


Christique. On le cite dans les livres sacrés. Le chemin
Hinayana est mentionné dans les 4 Évangiles.

Les âmes pures, en état de parfaite béatitude, peuvent


expérimenter de manière directe l’intime relation existant
entre la Svastika et le sentier Hinayana.

Ce grand martyr du siècle passé, H.P.B., avait raison de nous


dire que la Svastika des tankas, est le symbole le plus sacré
et le plus mystique : la Svastika brille en effet sur la tête du
grand serpent de Vishnu, le Shesha Ananta aux mille têtes,
qui habite dans le Patala ou région inférieure.

En avançant et en portant la croix jusqu’au Mont des Crânes,


nous pouvons vérifier dans les temps anciens que les nations
mirent la Svastika à la tête de tous leurs symboles sacrés.

La pleine lucidité de l’esprit nous permet de comprendre que


la Svastika est le marteau de Thor, l’arme magique forgée
par les Pygmées contre les géants ou forces Titaniques
précosmiques définitivement opposées à la loi d’harmonie
universelle, le marteau producteur des tempêtes, que les
Ases ou Seigneurs célestes utilisent.

47
Dans le Macrocosme aux splendeurs infinies, ses bras pliés
en angles droits, expriment avec plénitude la rotation
terrestre, toujours infatigable, ainsi que l’incessant
mouvement rénovateur du jardin cosmique…

La Svastika dans le Microcosme représente l’homme


montrant le ciel avec la dextre, tandis que la gauche, telle
l’ombre fatale de l’hiver, se dirige vers le bas, comme pour
montrer notre monde affligé avec une douleur infinie.

La Svastika est également un signe alchimique,


cosmogonique et anthropogonique, sous sept clefs
d’interprétation distinctes.

Enfin comme vivant symbole de l’électricité transcendante,


c’est l’Alpha et l’Oméga de la force sexuelle universelle, qui
descend par les degrés d’or de l’Esprit jusqu’au monde
matériel. Il se trouve donc, que celui qui parvient à englober
intégralement toute la signification mystique de la Svastika,
se retrouve libre de toute Maya (illusion).

La Svastika est le moulinet électrique des physiciens ; en elle


se cachent les terribles mystères du lingam-yoni.

Le Sexo-Yoga Hindou, exotique, avec tous ses parfums


orientaux, est le mystérieux érotisme du KAMA-KALPA, le
Sahaja Maïthuna aux positions sexuelles ardentes comme le
feu. Il est évident qu’ils sont scellés avec la Croix Svastika.

La partie verticale de la Sainte Croix Svastika est masculine,


virile, puissante. Sa ligne horizontale est féminine,
délicieuse. La clef de tout pouvoir se trouve dans la Svastika,
dans le croisement de ces deux madriers éternels.

La Svastika est la croix en mouvement, le sexe en pleine


activité, la transmutation sexuelle en action.

48
Bienheureux le sage qui, aimant une femme, se submerge
heureux dans les Mystères érotiques sacrés de Minna ; les
terrifiantes ténèbres d’un véritable amour, qui est frère de la
mort, lui permettront de sublimer et de transmuter le
Mercure de la philosophie secrète.

L’enchanteresse nuit de l’amour, symbolise autant la


vulgaire infra-obscurité de l’ignorance et de la mauvaise
magie, que la super-obscurité du silence et l’auguste secret
des sages (les Yaksha et Rakshasa du Mahabharata).

Il est écrit en mots de Diamant dans le livre de toute


création : « Celui qui veut monter doit d’abord descendre ».

La conquête de l’ultra-mare-vitae ou monde super-liminal et


ultra-terrestre, serait absolument impossible sans la sage
transmutation du Mercure Sophique.

Les nubiles jeunes filles et les sages mâles de l’Amen-Smen, le


Paradis égyptien, souffrirent trop dans l’Averne, quand ils
vivaient aux bords de la Lagune Stygienne, tu le sais.

Transmuter l’eau en vin comme l’enseigna le grand Kabîr


Jésus dans les Noces de Canaan est plus amer que la bile.

La blanche colombe de l’Esprit Saint forgée dans les armes et


brodée sur les manteaux des chevaliers du Saint Graal, le
Cygne Sacré, le Hamsa miraculeux, l’Oiseau Phénix du
Paradis, l’Ibis immortel, resplendissent merveilleusement
sur les eaux profondes de la vie.

Du fond insondable de la Lagune Stygienne, dans les


terribles profondeurs de l’Averne, surgissent des Dieux qui
se perdent dans l’espace abstrait absolu.

La lumière sort des ténèbres et le cosmos jaillit du Chaos…

49
15. La Force Sexuelle

Il faut donc savoir que cette légende merveilleuse du Saint


Graal est certes très connue en France.

Si nous scrutions avec toute la ténacité d’un moine dans sa


cellule, avec une ardeur infinie, tous ces poussiéreux
manuscrits de la chevalerie médiévale, nous pourrions
mettre en évidence nombre de traditions relatives au Saint
Graal.

Ces œuvres très antiques sont en vérité très fameuses, telles


celles de « La Balade de Merlin » et « La quête du Saint Graal ».

Ces Bardes chevelus de l’Allemagne Bohémienne, qui


réjouirent autrefois toute l’Europe, utilisèrent toujours le
double « A » pour parler du SAINT GRAAL. S’ils y tiennent,
tant pis pour eux…

Les Bretons qui, certes, eurent toujours bonne réputation


avec la légende celtique, appelèrent toujours la coupe sacrée,
Graal.

Il est bien facile de comprendre, toute lumière faite, que


l’oubli radical des principes christiques ésotériques nous
emporterait mal à propos au labyrinthe confus de tant
d’incohérentes étymologies, qui en vérité, n’ont rien à voir
avec cette coupe, délice des mystères archaïques.

Il n’est pas superflu de rappeler cette strophe d’Arcipreste


de Hita, décrivant une cuisine de son temps :

50
« Écuelles, poêles, jarres et chaudrons,
Éviers, barils, toutes choses domestiques,
Il fait tout laver à ses lavandières,
Broches, coupes, casseroles et couvercles ».

Nous devons boire le nectar Initiatique des Dieux Saints


dans le vase régénérateur ou yoni sexuel féminin.

Le Saint Graal est le miraculeux Calice de la boisson


suprême, la coupe initiatique de Sukra et de Manti…

Le vin exquis de la spiritualité transcendante est contenu


dans le Saint Vase de la féminité enchanteresse.

La conquête de l’ultra-mare-vitae ou monde super-liminal et


ultra terrestre, serait vraiment tout à fait impossible si nous
commettions l’erreur de sous-estimer la femme.

Le délicieux Verbe d’Isis surgit du sein profond de tous les


âges, attendant l’instant d’être réalisé.

Les paroles ineffables de la déesse Neith ont été sculptées en


lettres d’or sur les murs resplendissants du temple de la
Sagesse :

« Je suis ce qui a été, est, et sera, et aucun mortel n’a levé mon
voile. »

La religion primitive de Janus ou Jaïnus, c’est-à-dire, la


dorée, solaire, citoyenne et surhumaine doctrine des Jinas,
est absolument sexuelle… Tu le sais.

Il est écrit dans le livre de la vie avec des charbons


incandescents, que pendant l’Âge d’Or du Latium et de la
Ligurie, le Divin Roi Janus ou Saturne (Iao, Bacchus,
Jéhovah), régna sagement sur ces saintes gens, toutes de

51
tribus Aryennes, quoique d’époques et d’origines très
diverses.

Alors, Ô mon Dieu… En des époques semblables, chez


d’autres peuples de l’antique Arcadie, on pouvait dire que
Jinas et hommes, vivaient ensemble, heureux.

Dans l’ineffable idylle mystique, communément appelée


« Les enchantements du Vendredi Saint », nous sentons au
fond de notre cœur qu’il existe dans nos organes sexuels une
force terriblement Divine qui peut réduire l’homme en
esclavage comme elle peut le libérer.

L’énergie sexuelle contient en elle-même le prototype vivant


du légitime Homme Solaire, qui en se cristallisant en nous,
nous transforme radicalement.

Bon nombre d’âmes souffrantes voudraient entrer dans le


Montsalvat transcendant, mais cela est malheureusement
plus qu’impossible à cause du Voile d’Isis, ou voile sexuel
adamique.

Il existe certainement dans la félicité ineffable des paradis


Jinas une humanité divine, invisible pour les mortels à cause
de leurs péchés et de leurs limites, nés de la mauvaise
utilisation du sexe.

La Fraternité Blanche possède évidemment des trésors


grandioses comme l’inestimable Saint Graal.

À chaque instant, le Verbe des Dieux Saints, résonnant dans


le fond de la nuit profonde des siècles, vient rappeler le
premier amour et la nécessité d’apprendre à sublimer et à
transmuter l’énergie sexuelle.

Il est certes impossible, tant que nous ne dominons pas le


sexe, tels les Mahatmas, d’entrer en contact direct avec la

52
super humanité sacrée, dont a toujours parlé pourtant toute
légende universelle…

Ces Maîtres de compassion, sont les fidèles gardiens du Saint


Graal, ou de la Pierre Initiatique, c’est-à-dire de la suprême
religion-synthèse, qui fut la religion primitive de l’humanité.

Parlons clairement et sans ambages : nous n’exagérons


aucunement, si nous insistons sur l’idée fondamentale que le
sexe est le centre de gravité de toutes les activités humaines.

Nous affirmons en conséquence : quand l’homme a


rencontré sa compagne sexuelle, la société a commencé.

La mécanicité est chose différente. Nous, gnostiques,


rejetons l’automatisme inconscient…

La mécanicité du sexe se révèle évidemment infra-humaine.


Nous, nous voulons une action consciente…

Il faut savoir que le plus commun, l’habitude, la règle, le


guide à suivre, est l’écoulement de l’énergie sexuelle d’en
haut vers le bas, du dedans au dehors…

Faire retourner l’énergie créatrice du Troisième Logos à


l’intérieur et vers le haut signifie de ce fait, entrer sur le
chemin béni de la régénération ; c’est cela précisément la
bonne Loi du Saint Graal.

Il est évident que cette lance, dont le centurion Romain


appelé Longinus, blessa cruellement le côté de l’Adorable sur
le mont des Crânes, joue également un grand rôle dans les
innombrables traditions du monde asiatique, c’est
ostensible, soit avec le symbolisme exposé plus haut, soit
comme instrument ésotérique de salut et de libération.

53
Le vénérable Amfortas, grand seigneur, Roi du Graal,
successeur du vieux Titurel, blessé autrefois par le sexe
(Phallus ou lance), tandis qu’il tombait victime de la
séduction sexuelle, ne put être guéri que par l’Arme même
qui le blessa.

Nous pouvons déduire, en conséquence logique, que ce bon


seigneur aux amertumes tellement nombreuses, dut
travailler intensément dans la forge incandescente de
Vulcain…

Transmuter est ce qu’il y a de meilleur, les Matrones


Romaines qui se mirent sous la tutelle de la Déesse Junon ne
l’ignorèrent jamais…

Dans la torpeur profonde de la nuit des siècles, dort cette


cité légendaire des Sabins, opportunément fondée par
Medius Fidius et Himella ; les vieilles traditions Aryennes
disent qu’alors, ces bonnes gens connaissaient les mystères
sexuels de la lance, très à fond.

Maintenant et avec ces affirmations insolites, nos très aimés


lecteurs gnostiques pourront comprendre la raison pour
laquelle les héros étaient récompensés d’une petite arme ou
lance de fer.

Cette lance avait pour nom Hastapura. Ceci nous rappelle la


cité sacrée d’Hastinapura, vivant symbole de la Jérusalem
Céleste.

54
16. La Pierre Philosophale

Un « IT » sur une pierre merveilleuse. Quelle est la


signification profonde de ce terrible Mystère ?

« Ô, chaste clerc » chantaient les bardes évocateurs du


Gaedhil ou de Galicie préhistorique irlandaise, en parlant de
leurs glorieuses traditions millénaires aux prêtres
catholiques qui allaient les évangéliser.

Sa signification profonde, magique et sublime… Qui pourra


la mettre à jour et la révéler ?

Personne sauf LUI, L’Élu ne pourra déchiffrer le Mystère de


la Pierre et de son « IT »…

Il n’est pas incongru, en vérité, s’agissant de ces prodiges


sacrés qui étonnent le mystique, que la Pierre en question, se
transforme en cratère, Vase Hermétique ou Calice aux
infinies splendeurs…

D’où vient donc tant de perplexité, vacillation et incertitude,


face au poème de Chrétien de Troyes (XIIe siècle).

Que le Saint Graal soit une Pierre précieuse, apportée à la


terre par les anges ou Devas ineffables, mise sous la jalouse
garde d’une fraternité secrète, n’est pas un obstacle à ce que
cette Gemme prenne la splendide forme du Vase d’Hermès.

Nous avons donc ici, la Pierre cubique de Jesod située par les
Kabbalistes hébreux dans nos organes sexuels eux-mêmes.

55
C’est la Pierre Bénie que le patriarche Jacob, très vivante
réincarnation de l’ange Israël, oignit autrefois d’huile
sacrée…

Petera initiatique des Collèges ésotériques… Pierre


Philosophale des vieux alchimistes médiévaux…

« Pierre d’achoppement et rocher de scandale », comme le dit


autrefois le Hiérophante Pierre ou Patar…

Il n’est pas superflu de transcrire dans ce chapitre, avec


infinie patience et profonde sérénité, le texte authentique de
Wolfram Von Eschenbach relatif à cette fameuse Pierre et la
Mystérieuse fraternité qui la garde :

« Ces héros sont animés par une Pierre.


Ne connais-tu pas son auguste et pure essence ?
Elle s’appelle lapis-electrix (Magnes).
Par elle, on peut réaliser toute merveille (Magie).
Elle qui tel le Phénix se précipite dans les flammes,
Renaît de ses propres cendres,
Car dans les flammes-mêmes il régénère son plumage,
Et brille, rajeuni, plus beau qu’avant.
Son pouvoir est tel, que tout homme,
Pour malheureux que soit son état,
S’il contemple cette Pierre,
Au lieu de mourir comme les autres,
Ne connaît plus l’âge,
Ni de couleur, ni de visage ;
Et homme ou femme,
Il jouira de la joie ineffable
De contempler la Pierre,
Pour plus de deux cents ans. »

56
Jésus le Grand Kabîr dit : « La Pierre (le sexe) que rejetèrent
les édificateurs (religieux) est devenue le sommet de l’angle.
Le Seigneur a fait cela, et c’est à nos yeux, chose merveilleuse. »
(Matthieu 21:42)

Loin dans le temps et la distance, Klingsor le pervers mage,


la relégua et elle devint pour lui tabou ou péché…

Il est écrit en lettres de feu dans le Drame Wagnérien, qu’un


couteau acéré rejeta violemment la Pierre Bénie…

Mieux encore, Maître Klingsor, capricieux et pleurard


comme personne, après une absurdité si terrible, étendit ses
mains ensanglantées et suppliantes vers le Graal.

Il est évident que le Gardien, indigné, le repoussa de la


pointe terrible de son épée…

Les gens d’autres temps racontent que là-bas, très loin où


commence la voluptueuse terre des païens, Klingsor, le
Seigneur des ténèbres, apprit à haïr le sexe…

Son érudition livresque est ostensible dans le désert


pénitent et disciplinaire.

Le malheureux cénobite crut en une possible mutation


transcendantale, par l’élimination de l’instinct sexuel…

Leurre impossible, inutile mirage, absurde miroir aux


alouettes que celui de cet anachorète exotique…

Homme illustre, venu de contrées lointaines, notoire


chevalier, seigneur fameux, étrange et contradictoire…

Ermite paradoxal, aux airs de sainteté, sot puritain aux


prétentions d’illuminé…

57
Il adora Shiva, le Troisième Logos, L’Esprit Saint, il cracha
cependant toute sa bave diffamatoire sur la Neuvième
Sphère (le sexe)…

Klingsor travaillait avec ténacité, à de multiples exercices


pseudo-ésotériques et se flagellait horriblement jusqu’à
l’exténuation…

Klingsor se revêtit des hardes immondes des mendiants ; il


jeta des cendres sur sa tête, porta des silices sur son corps
mortifié…

Insupportable végétarien, Klingsor fut le créateur d’une


religion de cuisine ; ceux qui le virent, disent que jamais, il ne
but ni vin ni cidre…

Klingsor guida les autres, alors que lui avait grand besoin
que quelqu’un le guide, et ne se préoccupa jamais de
l’élimination du Pharisien intérieur…

Cependant tout fut vain : une fois la Petera Initiatique


rejetée, les portes merveilleuses du Montsalvat transcendant
se refermèrent devant l’indigne…

58
17. Lucifer

Prométhée, le Dieu Grec, est Maha-Asura, le LUCIFER


Hindou, qui se rebella contre Brahma le Seigneur. Raison
pour laquelle SHIVA, le Troisième Logos, indigné, le précipita
dans le Patala inférieur.

Le Dante Florentin, illustre disciple de Virgile, le fameux


poète couronné de Mantoue, trouve précisément à Dité,
Prométhée-Lucifer dans la Neuvième Sphère, au centre de la
terre évidemment. Dans le puits profond de l’Univers, « dans
le lieu où les ombres étaient complètement recouvertes de
glace et étaient transparentes comme de la paille de verre ».

Maha-Asura, fatalement enchaîné au sévère rocher du sexe,


passe rigoureusement et crûment par d’indicibles
amertumes ; les féroces flammes de la luxure le torturent
épouvantablement ; le vautour insatiable des processus du
raisonnement inutile lui ronge les entrailles.

Prométhée-Lucifer, est un feu mystérieux détaché du Logos


Solaire et sagement fixé au centre de la terre par la force de
la gravité et le poids de l’atmosphère

Il est écrit en paroles d’or dans le livre de la vie :


 L’ingrédient superlatif de l’Anima Mundi est le Phosphore
Luciférien ».

En conséquence et corollaire, il est opportun ici d’affirmer


instamment ce qui suit : le travail stérile de Mime dans sa
forge, l’échec retentissant des pouvoirs créateurs, survient
quand le feu s’éteint.

59
Le crépitement ardent du feu élémental des sages sous le
creuset alchimiste, est un axiome de la Philosophie
Hermétique.

INRI : (Ignis Natura Renovatur Integram). Le feu rénove


incessamment la nature toute entière. Tu le sais…

Excluez Lucifer, le Maha-Asura du Yoga du sexe, et observez


ensuite ce qui se passe… contemplez l’échec…

Dans l’aube resplendissante du Mahamanvantara, quand


l’homme et la chaîne terrestre allaient apparaître comme par
enchantement de la présence du Logos, se produisit un Ange
(l’ombre du Seigneur) rempli de désir ambitieux, et
évidemment le Divin Architecte de l’Univers lui donna la
domination des mondes infernaux.

Il est donc indiscutable que la ressemblance supérieure de


ce vil ver qui traverse le cœur du monde est : IOAN, SWAN,
CHOAN, JUAN, JEAN, le Verbe, L’Armée de la Voix, le Logos.

Prométhée Lucifer descendant au fond de l’Averne pour


délivrer les victimes de leurs tortures, nous rappelle
Hercule, le Dieu Solaire, descendant à l’Hadès ou Caverne de
l’Initiation pour sauver les âmes perdues.

Lucifer est l’énergie active et centrifuge de l’Univers, feu, vie,


auto-indépendance, rébellion psychologique.

L’enfer de son impétuosité révolutionnaire est l’expansion


vitale de la nébuleuse, pour se convertir en nouvelles unités
planétaires.

Prométhée-Lucifer dérobe valeureusement le Feu divin pour


nous aider sur le sentier de l’insurrection spirituelle.

60
Lucifer est le Gardien de la porte et des clés mystérieuses du
Sanctuaire où personne ne doit pénétrer, sauf les oints qui
possèdent le terrible secret d’Hermès.

Le resplendissant Seigneur des sept demeures glorieuses,


connu sous les noms sacrés de Lucifer Prométhée, Maha-
Asura, etc., est certes le splendide Ministre du Logos Solaire.

Les Sept Seigneurs du Temps (les sept Chronides) savent


bien qu’on a confié à Lucifer-Sabaoth l’épée et la balance de
la Justice Cosmique, car il est la norme du poids, la mesure et
le nombre, l’Horus, l’Ahura-Mazda, etc.

Prométhée-Lucifer déposant son Verbe dans la bouche du


Titan affligé, en se référant aux misérables mortels,
s’exclame de toutes les forces de son âme :
« Pour qu’ils ne s’enfoncent pas emportés dans l’Hadès
ténébreux. Pour cela même, de terribles tortures m’oppriment.
Cruel sacrifice qu’inspire la pitié. Moi qui eus compassion des
mortels… »

Le chœur observe très pertinemment :


« Grand Bienfait pour les mortels, que celui que tu leur
octroyas ! »

Lucifer Prométhée répond :


« Oui et en outre, je leur ai donné le feu. »

Le chœur :
« Alors ces êtres éphémères possèdent le feu ardent ? »

Prométhée-Lucifer :
« Oui et par lui, ils apprendront de nombreux arts à la
perfection ».

61
Il est facile de comprendre cependant, qu’avec les arts qui
auto-ennoblissent et dignifient l’homme, le feu luciférien
reçu, s’est converti en la pire des malédictions.

L’élément animal et la conscience de sa possession ont


changé l’instinct périodique en animalisme et sensualité
chronique.

C’est ce qui menace l’humanité, tel un pesant drap funéraire.


Ainsi surgit la responsabilité du libre arbitre ; les passions
titanesques qui représentent l’humanité dans son aspect le
plus sombre.

Et puisque nous avons déjà parlé dans nos Messages de Noël


précédents des aspects ténébreux du Feu luciférien, il nous
reste seulement à dire maintenant, que ce Feu n’est ni bon ni
mauvais, tout dépend de l’usage que nous en faisons ; en ceci
précisément, se trouvent fondés le péché et la rédemption
tout à la fois.

Ah !… Si Amfortas, le Roi du Graal, illustre successeur du


vieux Titurel, avait mis à profit ce royal instant, le terrible
moment de la passion sexuelle, si en ces moments de
suprême volupté, il avait empoigné fermement sa lance
sacrée, le Pervers Mage n’aurait pas pu lui arracher la Pique
Sainte.

Cependant, ce noble seigneur, bien qu’il eût connu le secret


des Elohim, le Mystère du Feu Créateur, tomba vaincu entre
les bras de Kundry, Hérodiade…

62
18. Anges ou Diables

L’ultra moderne Lucifer Prométhée involuant


épouvantablement dans le temps, s’est maintenant converti
en ÉPIMÉTHÉE : « Celui qui ne voit qu’après l’événement »,
parce que la glorieuse philanthropie universelle du premier
a dégénéré il y a bien des siècles en intérêts et adorations
propres.

Ô Dieux Saints ! Quand pourrons-nous rompre ces chaînes


qui nous attachent à l’abîme du mystère ?

À quelle époque de l’histoire du monde ressurgira le brillant


Titan libre d’antan, dans le cœur de chaque homme ?

Mourir en soi-même est impératif, s’il est vrai que nous


aspirons de toutes les forces de notre âme, à harmoniser les
deux Natures (Divine et Humaine) en chacun de nous.

L’invulnérabilité devant les forces titanesques inférieures et


l’impénétrabilité à grande échelle, sont possibles si nous
éliminons intégralement nos défauts psychologiques, ces
horribles Diables Rouges mentionnés dans le livre de La
Demeure Cachée…

Seth, l’Ego animal, avec tous ses sinistres agrégats subjectifs,


peut vraiment être terriblement malin.

Il est écrit avec des charbons ardents, dans le formidable


livre du Mystère, que le don Luciférien, plus terrible qu’aucun
autre, devint plus tard, pour notre malheur et celui de tout
ce monde affligé, sinon la cause principale, du moins l’unique
origine du mal…

63
Zeus impétueux, celui qui amoncelle les nuages, représente
clairement l’armée des progéniteurs primordiaux, les Pitris,
les Pères qui créèrent l’homme à leur image et
ressemblance…

Les rares sages qu’il y a eu dans le monde n’ignoraient pas


que Lucifer Prométhée, Maha-Asura, le « Donneur du feu et
de la lumière », horriblement enchaîné sur le mont Caucase
et condamné à la peine de vivre, représente aussi les Devas
rebelles qui tombèrent dans la génération animale, à l’aube
de la vie…

Il n’est pas superflu de citer dans ce livre quelques-uns de


ces Titans, tombés à la naissance de l’aurore…

Rappelons-nous d’abord de Moloch, ange autrefois lumineux,


horrible roi taché de sang des sacrifices humains dans les
larmes des pères et des mères désespérés ; c’est à peine si, à
cause du son des tambours et des timbales, on entendait les
cris des enfants quand en les jetant dans le feu, on les
immolait impitoyablement à cet exécrable monstre, beau
Dieu, en d’autres temps…

Les Ammonites l’adorèrent à Rabba et dans sa plaine


humide, en Argob et en Basam jusqu’aux courants les plus
lointains de l’Arno…

La légende des siècles raconte que Salomon, fils de David,


Roi de Sion, érigea un temple à Moloch, sur le mont de
l’opprobre.

Les sept seigneurs du temps disent que, postérieurement, le


vieux sage dédia à cet ange tombé un bois sacré dans la
douce vallée d’Hinnom…

64
Pour cette raison si fatale, cette terre féconde et parfumée
changea alors son nom pour celui de Tophet et la noire
Géhenne, véritable prototype de l’enfer…

Derrière Moloch, homme-ange de l’archaïque Lémurie


volcanique, où les fleuves d’eau pure de vie s’écoulaient en
lait et miel, vient ensuite Baal Pehor, l’obscène terreur des
enfants de Moab, qui habitaient d’Aroer jusqu’à Nebo, et
même bien au-delà de la partie méridionale du désert
d’Abarim…

Gens de Hesebom et Heronaïm dans le royaume de Sion, et


par delà les florissantes vallées de Sibma, tapissées de
vignes, et en Eléalé, jusqu’au lac Asphaltite.

Épouvantable, sinistre, ténébreux BAAL PEHOR : dans le


SITTIM, il incita les Israélites au cours de leur marche par le
Nil à lui faire les lubriques oblations qui leur attirèrent tant
de malheur…

De là, cet Elohim tombé dans les rouges incendies


Lucifériens, étendit perfidement ses lascives orgies
ténébreuses jusqu’au mont même du scandale, très proche
du bois de l’homicide Moloch…

L’abominable concupiscence, évidemment, se trouva ainsi


établie au côté de la haine, jusqu’à ce que le pieux Josias les
jetât en enfer…

Avec ces Divinités terriblement malignes – qui dans le vieux


continent MU furent vraiment des hommes exemplaires
(anges humanisés) –, accoururent, des délicieuses rives qui
baignent les eaux tourmentées de l’antique Euphrate
jusqu’au torrent qui sépare l’Égypte de la terre de Syrie,
celles qui portent les indésirables noms de Baal et Astaroth…

65
Si nous continuons ensuite, en ordre successif, apparaît
Bélial : de l’Empyrée n’est tombé, certes, aucun esprit plus
impur ni plus grossièrement enclin au vice que cette
créature qui, dans les anciens temps lémures, fut réellement
un Maître ou Guru angélique aux splendeurs ineffables.

Ce démon – Déité en d’autres temps –, n’avait pas de temple,


on ne lui offrit jamais de sacrifice sur aucun autel ; pourtant,
personne ne se trouve plus souvent dans les temples et sur
les autels.

Quand le prêtre devient athée, tels les enfants d’Élie qui


malheureusement remplirent de prostitution et de violence
la maison du Seigneur, il se convertit de fait en esclave de
Bélial…

Hiérophante sublime des temps archaïques de notre monde,


ange délicieux, maintenant le mauvais Démon-Luciférien :
régna aussi dans les palais somptueux et les tribunaux et les
villes dissolues, où le bruit du scandale, la luxure et la colère
s’élèvent au-dessus des plus hautes tours…

Et quand la nuit obscurcit les rues, errent les fils de Bélial,


emplis d’insolence et de vin.

En sont témoins les rues de Sodome et cette horrible nuit


pendant laquelle une dame s’exposa à une porte de la Gaaba,
pour éviter un rapt plus dégradant.

Muses, inspirez-moi ! Dieux, parlez-moi, afin que mon style


ne soit pas indigne de la nature du sujet…

Et que dirons-nous maintenant d’Azazel, glorieux Chérubin,


homme extraordinaire de la terre antique ?

66
Aïe, aïe, aïe ! Quelle douleur… Cette créature si excellente
tomba également dans la génération animale… Qu’elle est
terrible la soif de la luxure sexuelle !

Cette créature tombée arborait l’enseigne impériale de la


lance brillante ; celle-ci, portée en avant, étendue et agitée
dans le vent, brillait comme un météore avec les perles et le
riche éclat de l’or, que dessinaient en elle les armes et les
trophées séraphiques…

Vient ensuite Mammon, le moins élevé des hommes-anges de


l’antique Arcadie, tombé lui aussi dans la génération
bestiale…

Il fut le premier à enseigner aux habitants de la terre à piller


le centre du monde ; et c’est ce qu’ils firent en extrayant des
entrailles de leur mère, des trésors dont il eût mieux valu
qu’ils restassent occultés pour toujours.

La bande cupide de Mammon ouvrit en peu de temps une


large blessure dans la montagne et arracha de son sein de
grands lingots d’or…

Quant à l’ange Mulciber, que dirons-nous maintenant ? Il ne


fut pas moins connu en vérité, ni ne manqua jamais
d’adorateurs fanatiques dans l’antique Grèce. Ceci, les Divins
et les humains le savent…

La fable classique rapporte comment il fut précipité du haut


de l’Olympe, jeté par Jupiter irrité par-dessus les cristallins
murs divins. Il ne lui servit donc à rien d’avoir élevé de
hautes tours dans le ciel.

Homme génial de la race pourpre sur le continent MU, tombé


dans les abîmes de la passion sexuelle…

67
Et pour conclure cette petite liste de Déités fulminés par le
rayon de la Justice Cosmique, il est nécessaire de dire que
dans le « Pandemonium », ne manque évidemment pas la
grande capitale de Satanas et ses Paires, Andraméleck, dont
nous avons tant parlé dans nos livres gnostiques précédents,
et Asmodée son frère…

Deux Trônes resplendissants du ciel étoilé d’uranie,


également tombés dans la génération animale…

Hommes exemplaires, des dieux avec des corps humains


dans le pays de MU, vautrés dans le lit abject de Procuste…

L’armée de Lucifer-Christ incarnée dans l’archaïque


Lémurie, induite par Némésis ou le Karma supérieur (qui
contrôle les ineffables et qui est connue comme la Loi de la
Katance), a commis l’erreur de tomber dans la génération
animale.

La chute sexuelle des Divins Titans, qui ne surent pas utiliser


le don de Prométhée et roulèrent à l’abîme, fut néfaste pour
l’espèce humaine.

Nos Sauveurs, les Agnishvattas, les Titans supérieurs du feu


Luciférien, jamais ne peuvent être trompés : eux, les brillants
fils de l’Aurore, savent très bien distinguer une chute d’une
descente.

Quelques fourvoyés sincères s’appliquent maintenant à


justifier la chute angélique.

Lucifer est de manière métaphorique la torche conductrice


qui aide l’homme à trouver sa route, à travers les récifs et les
bancs de sable de la vie…

68
Lucifer est le « Logos » dans son aspect le plus élevé et
« l’adversaire » dans son aspect inférieur, les deux se
reflètent en et à l’intérieur de chacun de nous.

Lactance parlant de la nature du Christ, fait du Logos, le


Verbe, le « Frère premier né de Satan et la première de toutes
les créatures ».

Dans la grande tempête du feu Luciférien se combattent


mutuellement des escadrons d’Anges et de Démons
(prototypes et antitypes).

Si ce bon Seigneur Amfortas, roi du Saint Graal, avait su


utiliser judicieusement le don Luciférien dans l’instant
suprême de la tentation sexuelle, il est ostensible qu’il serait
alors passé par une transformation radicale.

69
19. Le Précieux Baume

Kundry Hérodiade, Magdala Hébraïque d’autres temps,


apporte un flacon délicieux de l’Arabie exotique…

Amfortas, l’homme illustre du Saint Graal, demande


expressément un précieux baume pour guérir son cœur
endolori…

Mirifique passage de la Dramatique Wagnérienne, qui


devrait être sculpté glorieusement dans d’augustes marbres,
et en lettres d’or…

Cristalline concomitance dans ce cas, que celle du grand


Kabîr Jésus, oint par la belle du palais de Magdala…

L’Adorable a dit : « Une bonne œuvre me fut faite. Vous aurez


les pauvres avec vous et quand vous le voudrez, vous pourrez
faire le bien ; mais moi, vous ne m’aurez pas toujours. Celle-ci a
fait ce qu’elle a pu, parce qu’elle s’est avancée en oignant mon
corps pour la sépulture. » (Marc 14:6-8)

Féminité aux enchantements irrésistibles, brisant le vase


d’albâtre, pour le verser sur la tête du doux Rabbin de
Galilée…

Il est écrit en mots de mystère, que seule la femme symbole,


la Diablesse originelle – prototype de ce qu’il y a sur terre, de
plus éminent et de plus abject tout à la fois – est l’unique,
réellement, qui a le pouvoir de nous oindre pour la mort.

70
La compréhension et l’élimination radicale sont impératives,
s’il est vrai que nous voulons réellement mourir en nous-
mêmes.

Exiler les multiples agrégats psychiques (ou défauts), qui


dans leur horripilant ensemble constituent l’ego animal, ne
s’avère pas être en vérité, une tâche trop aisée, tu le sais…

Il est meilleur de boire la liqueur féminine, qui est liqueur de


mandragore ; si tu la bois, tu n’erreras jamais sur le chemin.

L’érotisme sexuel est indispensable ; aimer est certes


l’aspiration la plus pure et la plus délicieuse…

Un défaut découvert de manière intégrale doit être


supprimé, enlevé, séparé, sous les enchantements d’Éros…

N’oublie pas ta Mère Divine Kundalini : Isis, Rhéa, Cybèle,


Tonantzin, Marie, Adonia, Insoberte.

Le sexe est un Vase Saint, ne mettez en lui qu’un pur


sentiment… Derrière chaque baiser, il doit avoir une prière,
derrière chaque embrassement un rite de mystère…
Demandez pendant la copulation chimique sacrée et on vous
donnera, frappez et on vous ouvrira.

Celle dont aucun mortel n’a levé le voile, éliminera alors


l’indésirable, l’abominable, et ainsi tu mourras d’instant en
instant.

Levez aussi votre Coupe dans le festin de l’amour et veillez à


ne pas verser, même une goutte du précieux vin.

Ne répands pas le Vase d’Hermès, enivre-toi de baisers et de


tendresse à l’ombre de l’Arbre de la Connaissance, mais
n’avale pas les pommes d’or du Jardin des Hespérides.

71
20. Absurde Justification

Extraordinaire délire de suprême amertume, que celui où


Lucifer-Prométhée s’exclame :
« Ô Divin éther, vents volants… Voyez ce que moi, un Dieu, je
souffre des autres Dieux.
Mais que dis-je ? Je devinais clairement ce qui doit arriver… Ce
sort fatal, souffrir constamment puisque la Loi du Destin est
invincible. »

Avec quelle douleur, Ô Dieux, n’ai-je pas lu par là dans


quelque livre que je ne mentionnerai pas, un paragraphe qui
dit :
« La troupe qui s’incarna dans une partie de l’humanité, bien
que conduite en ce sens par le Karma ou la Némésis, préféra le
libre arbitre à l’esclavage passif, la douleur, et même la
torture intellectuelle consciente pendant “l’écoulement de
myriades de temps”, à la béatitude instinctive, imbécile et
vide. »

Et l’auteur en question poursuit, disant instamment :


« Sachant que cette réincarnation était prématurée et n’était
pas dans le programme de la nature, la troupe céleste,
Prométhée, se sacrifia quand même, pour faire du bien à une
partie de l’humanité au moins. »

Ceci nous amène évidemment au mythe par excellence de


toutes les antiques Théogonies, celui de la céleste rébellion
ou des Anges tombés, ces Titans qui s’aventurèrent à lutter
même avec les Dieux Saints.

72
Ineffables, terriblement Divins convertis en hommes…
Déités se réincarnant dans des corps humains…

Chose vaine que la confusion d’une descente avec une chute.


Ces Déités ne descendirent pas, ils tombèrent ! Et cela est
différent.

Pour cela et à juste raison, les Théogonies nous dépeignent


ces Logoï Divins comme châtiés.

Pour cela même, le Mythe Universel considère qu’ils sont des


ratés, châtiés et tombés, se voyant obligés de vivre avec leurs
légions ténébreuses dans cette région inférieure, l’enfer,
comme s’appelle l’intérieur de notre organisme planétaire
terre (voyez le chapitre 18 du présent livre).

Il est écrit en caractères terrifiants dans le Livre de la Loi,


qu’un tiers de la troupe des dénommés Dhyanis ou Arupa,
fut simplement condamné par la Loi du Karma ou Némésis, à
renaître incessamment dans notre monde affligé…

Des billions d’auras, haleines ou souffles horripilants,


involuent maintenant dans les mondes infernaux, dans les
pleurs, les ténèbres et les grincements de dents…

Malheureuses créatures de l’averne, tombant dans des


mondes à la densité toujours croissante, retournant au chaos
primitif…

Âmes perdues aspirant impatiemment à la seconde mort,


pour échapper au monde enfoui…

Précieuses essences embouteillées dans tous ces Ego


abyssaux ; Divines flammes souffrantes…

Bouddhatas d’anges tombés et désirant revenir aux paradis


élémentaux de la nature.

73
Auras, souffles, recommençant ensuite la marche évolutive
qui devra les conduire, une fois encore, de la pierre à
l’homme.

Ils savent bien, les Divins et les humains, que l’espèce


humaine ne gagna rien avec la chute de ces Titans du feu.

Qu’en fut-il de Moloch ? Qu’en fut-il d’Andraméleck et de son


frère Asmodée, de Bélial, de Baal Pehor, de Yahvé ? Lumière
des temps antiques, horripilants démons aujourd’hui.

Et l’or de l’Esprit, alors ? Les humanoïdes rationnels ne


furent jamais dotés de Manas (corps mental).

Le To Soma Heliakon, le Corps d’Or de l’Homme Solaire, les


véhicules suprasensibles de l’âme, doivent être créés dans la
forge incandescente de Vulcain, tu le sais.

Dans la symbolique pomme du Paradis, du Jardin des


Hespérides ou de Pippala, le doux fruit prohibé du sexe, se
trouve la clef de tout pouvoir.

En fait de véhicules paradisiaques que l’animal intellectuel


croit avoir, il existe seulement à l’intérieur de chaque
créature rationnelle, l’Ego, le Moi-même, Méphistophélès…

74
21. Le Papapurusha

Au nom des 100 000 vierges de l’ineffable mystère qui


s’occulte au fond de tous les âges, il convient maintenant de
parler un peu du fameux PAPAPURUSHA Hindoustan (le
Moi).

Les vieux ermites de la terre sacrée du Gange ont coutume


de le visualiser, mentalement, sur le côté gauche de la cavité
de l’estomac et de la taille du pouce ; ils l’imaginent d’un
aspect sauvage, les yeux et la barbe rouge, portant épée et
bouclier, les sourcils froncés, figure symbolique de tous nos
défauts psychologiques…

Inoubliable moment mystique d’exotique béatitude


orientale, que celui en lequel les anciens anachorètes
chantent leurs Mantras Sacrés et se concentrent, extatiques
sur la région du nombril…

En ces instants délicieux d’insoupçonnable joie, le Yogi doit


penser au papapurusha, l’imaginant réduit en cendres dans
le feu crépitant.

Des larmes de profond repentir pour les fautes commises


depuis les temps antiques tombent des yeux du pénitent, qui
en silence saint, supplie sa Mère Divine Kundalini qu’elle
élimine tel ou tel défaut psychologique de son intérieur.

C’est ainsi, en vérité que le sadhaka meurt d’instant en


instant ; le nouveau n’advient qu’avec la mort.

75
Le papapurusha est L’Ego lunaire, le Méphistophélès de
Goethe, l’épouvantable Klingsor de la Dramatique
Wagnérienne…

Ce fait terrible ressort crûment, que le papapurusha n’a pas


d’individualité légitime, il n’est pas un centre de
commandement, ni un rayon particulier.

Toute idée, un quelconque sentiment, une sensation ou


l’autre, « j’aime », « je n’aime pas », est sans aucun doute un
« Moi » différent, distinct.

Ces multiples « Moi » ne sont pas liés entre eux, ni


coordonnés d’aucune manière ; chacun d’eux dépend
réellement des divers changements extérieurs.

Tel « Moi » suit fatalement tel autre, certains se donnant


même le luxe d’apparaître accompagnés par d’autres, mais il
est évident qu’il n’y a parmi eux ni ordre, ni système.

Quelques groupes de « Moi » capricieux, querelleurs et


criards, ont entre eux certains liens psychiques, constitués
par des associations naturelles de type totalement
accidentel : souvenirs fortuits ou ressemblances spéciales.

Il est ostensible que chacune de ces fractions de l’horrible


papapurusha, chacun de ces agrégats psychiques ou « Moi »,
ne représente rien à un moment donné, rien qu’une infime
partie de toutes nos fonctions psychologiques ; néanmoins, il
est indiscutable que dans ce cas, n’importe quel type de
« Moi » croit très sincèrement représenter le tout.

Quand le pauvre animal intellectuel, improprement appelé


« Homme », dit « MOI », il a l’impression fausse de parler de
lui-même dans son aspect total, entier, mais en vérité, ce qui

76
parle est une quelconque des innombrables fractions
subjectives du papapurusha.

Peu de temps après, il peut l’avoir totalement oublié et


exprimer avec une identique conviction, n’importe quelle
idée antithétique, simple manifestation d’un autre « Moi ».

Les multiples contradictions de type psychologique ont pour


fondement le « Moi » pluralisé, les différentes facettes du
papapurusha.

Tous ces processus psychiques présentent un aspect grave,


qui est en vérité celui-ci : le pauvre humanoïde rationnel ne
se rappelle rien de telle ou telle chose, il donne crédit la
plupart du temps au dernier « Moi » qui a parlé, tant que
dure celui-ci, c’est-à-dire tant qu’un nouveau « Moi » parfois
sans aucune relation avec le précédent, n’a pas encore
exprimé son opinion, plus fortement.

Indubitablement, la conscience embouteillée dans toutes ces


fractions subjectives du papapurusha dort profondément ;
elle est subconsciente…

Nous devons convertir le subconscient en conscient, ceci


n’étant possible que par l’annihilation du papapurusha.

Il convient d’analyser, pour terminer le présent chapitre,


quelques paroles très intéressantes du sanscrit, voyons :

AHAMKRITA BHAVA : La signification de ces deux termes


hindoustans est condition egoïque de notre propre
conscience.

Il est évident que la conscience, prise dans tous ces agrégats


psychiques qui constituent le papapurusha, se développe
fatalement en fonction de son propre embouteillement.

77
ATMA-VIDYA : Mot mystérieux, terme sanscrit, empli d’une
signification profonde. Traduisez-le par conscience éveillée,
libérée du papapurusha, par la totale annihilation de ce
dernier.

Il est certain que la conscience, prise dans tous les éléments


subjectifs du papapurusha, ne jouit pas de l’authentique
illumination ; elle se trouve dans un état de torpeur
millénaire et dormant, elle est toujours victime de Maya (les
illusions).

ATMA-SHAKTI : Terme sanscrit divin ; nous montrons, nous


indiquons, à l’aide de cette parole d’or, le pouvoir
absolument spirituel.

En conséquence nous pouvons, nous devons même insister


sur l’idée classique suivant laquelle la conscience tant qu’elle
ne s’est pas libérée intégralement de sa condition egoïque,
ne peut jouir du légitime pouvoir spirituel.

Le Parsifal Wagnérien, protégé par les armes de Vulcain,


réduisit le monstre aux 1000 têtes en poussière cosmique, le
fameux papapurusha ; il put, à cette unique condition,
reconquérir l’innocence du mental et du cœur.

S’il est bien certain que dans un lointain passé, le fils


d’Herzéléide avait lui aussi blessé mortellement le cygne
Kala-Hamsa, il est ostensible et n’importe qui le comprendra,
qu’en entrant dans les terres de Montsalvat, il n’y avait en lui
plus aucune luxure, il était pur, il s’était converti en Saint,
avait atteint l’ATMA-VIDYA…

78
22. Réveillez-Vous !

Ô pauvres humanoïdes intellectuels ! Réveillez-vous de votre


épouvantable sommeil d’ajnana ! (ignorance)

Ouvrez les yeux et atteignez la pleine et absolue


connaissance d’Atman (l’Être).

Il convient que couronnés des bénis lauriers de la poésie,


nous versions de l’amphore d’or de la sagesse, le doux vin.

Au nom de Iod-Hévé, le Père qui est en secret et la Divine


Mère Kundalini, nous devons, cher lecteur, parler toi et moi.

Ah ! Si tu comprenais ce qu’est être éveillé.

Écoute, te dis-je ! Le DHAMMAPADA, l’œuvre sacrée du


Bouddha Siddhartha Gautama.

Pour le Nirvana suprême, celui qui est éveillé a pour suprême


pénitence d’être patient, d’être affligé ; parce qu’il n’est pas un
anachorète qui donne des coups aux autres, parce qu’il n’est
pas un ascète qui injurie les autres.

Les dieux eux-mêmes, envient ceux qui sont éveillés, ils ne sont
pas étourdis, s’adonnent à la méditation, ils sont sages et se
délectent dans le calme de l’éloignement du monde.

Ne pas commettre de péché, faire le bien et purifier son propre


mental, tel est l’enseignement de celui qui est réveillé.

Celui qui fait preuve d’obéissance à celui qui en est digne, à


celui qui s’est réveillé, à lui ou à ses disciples, celui qui a asservi
l’hôte malin (l’Ego animal) et traversé le torrent de la

79
tristesse, qui obéit à ceux qui ont atteint la libération et ne
connaissent pas la peur, acquiert des mérites que personne ne
peut mesurer.

En vérité, si nous ne haïssons pas ceux qui nous haïssent, si


parmi les hommes qui nous haïssent, nous habitons libre de
rancœur.

En vérité, nous vivons heureux si nous nous gardons d’affliger


ceux qui nous affligent, si vivant parmi les hommes qui nous
affligent, nous nous abstenons de les affliger.

En vérité, nous vivons heureux si nous sommes libres de


cupidité parmi les cupides ; nous mourrons libres de cupidité
parmi les hommes qui sont cupides.

En vérité, nous vivons heureux bien que nous ne disions


d’aucune chose qu’elle est nôtre. Nous serons semblables aux
Dieux resplendissants qui se nourrissent de félicité.

Le téméraire qui convoite la femme de son prochain gagne


quatre choses : déshonneur, lit inconfortable (immonde en
outre) ; en troisième lieu, châtiment et finalement, l’enfer.

Les hommes prudents qui n’injurient personne et qui


contrôlent constamment leur propre corps, iront au lieu où il
n’y a pas de changement (Nirvana), où lorsqu’ils seront
arrivés, ils ne souffriront jamais plus.

Ceux qui demeurent toujours vigilants, qui étudient nuit et


jour, qui s’efforcent de gagner le Nirvana, finiront par extirper
leurs propres passions.

Extirper, écarter ou éliminer les défauts Psychologiques est


primordial pour éveiller la conscience.

80
De multiples agrégats de type subjectif, appelons-les « Moi »,
singularisent et donnent leur trait caractéristique à nos
passions.

La compréhension et l’élimination sont indispensables pour


exiler toute cette variété d’éléments subjectifs qui
constituent l’Ego, le Moi-même, le Soi-même.

La compréhension n’est pas tout. Quelqu’un pourrait


comprendre intégralement ce que sont les trois formes
classiques de la colère : colère corporelle, colère de l’humeur
et colère de la langue, et continuer cependant à les avoir.

Nous pourrions même nous donner le luxe de contrôler le


corps physique, l’humeur et le mental ; ceci évidemment ne
signifie pas élimination.

Quand quelqu’un veut extirper des passions, il doit faire


appel à un pouvoir supérieur ; je veux me référer au pouvoir
serpentin solaire, le feu sexuel, qui se développe dans le
corps de l’ascète.

Le mot mystérieux qui définit ce pouvoir-là est Kundalini, le


serpent igné de nos pouvoirs magiques, la Mère Divine.

Il est indiscutable que cette énergie créatrice se particularise


en chaque créature.

En conséquence et corollaire, nous pouvons et devons même


insister sur l’idée transcendantale d’une Mère Cosmique
particulière en chaque homme.

Kundry, Hérodiade, Gundrigia, la femme par antonomase,


qui dort dans la terre de Montsalvat, doit se réveiller de son
sommeil millénaire.

81
23. La Force Serpentine

Lorsque nous conversons doucement dans le très pur


langage de la Divine Langue, qui telle un fleuve d’or court
sous l’épaisse forêt du soleil, il s’avère impossible pour nous
d’oublier le « S » magique, qui résonne dans l’ombrage
comme un sifflement doux et paisible…

C’est là la subtile voix, celle qu’entendit Élie dans le désert ;


Apollonius de Tyane s’enveloppait dans son fameux manteau
de laine pour prier les Dieux Saints leur demandant le son
énigmatique.

La note mystique, le « S » magique, conférait au vieil


Hiérophante le pouvoir de sortir consciemment en corps
astral.

Le « S » a, en vérité, quelque similitude avec la lettre


hébraïque « TSAD », tandis que le sigma grec, triforme, est en
relation avec le premier, et avec SHIN et SAMEK ; ce dernier
veut dire « soutien » et a pour valeur kabbalistique soixante
(60).

On nous a dit – et ceci le moindre kabbaliste le sait –, que


SHIN a valeur de 300 et signifie « dent ».

La somme de ces deux lettres équivaut, en conséquence, aux


360 degrés du cercle, et aux jours sidéraux de l’année
solaire.

Néanmoins, nous autres Gnostiques devons aller plus loin,


faire des investigations, enquêter, chercher, découvrir
l’intime relation existant entre le serpent et la croix.

82
Le « S » (Serpent) et le « T » (Croix) sont deux symboles
ésotériques qui se complètent profondément.

Le « S » est une vérité Jéhovistique et Védantine à la fois, le


pouvoir serpentin ou feu mystique ; l’énergie primordiale ou
Shakti potentielle qui gît endormie à l’intérieur du centre
magnétique de l’os coccygien.

Muladhara est le nom sanscrit du centre magnétique en


question ; c’est celle-ci, l’Église d’Éphèse.

La Kundalini est la force extrêmement pure de l’Univers, le


pouvoir occulte électrique sous-jacent dans toute matière
organique et inorganique.

La connexion du phallus et de l’utérus forme une croix ; la


Kundalini, le « S » magique, la couleuvre, se trouve en intime
relation avec cette Croix ou Tau.

Le feu serpentin s’éveille avec le pouvoir de la Sainte Croix,


c’est ostensible.

En hébreu « TAU » a précisément la signification


merveilleuse de « CROIX », terminant en tant que vingt-
deuxième lettre de l’alphabet, et dont la valeur numérique
est 400.

Il est facile de comprendre que la voyelle « U » est une lettre


moderne dérivée du « V », comme le « G » l’est de « C », par
nécessité urgente de distinguer clairement les deux sons, ils
en acquièrent ainsi, naturellement une forme pratique
identique à la grecque.

Observez très attentivement cette merveilleuse courbe, qui


descend et monte, l’humiliation ou descente aux mondes
infernaux, à la Neuvième Sphère (le sexe), préliminaire
nécessaire à l’exaltation ou sublimation.

83
« Qui veut monter doit tout d’abord descendre », c’est la Loi.
Toute élévation vient toujours précédée d’une humiliation.

La descente à la Neuvième Sphère (le Sexe), est depuis les


temps antiques, l’épreuve maximale pour la suprême dignité
du Hiérophante : Hermès, Bouddha, Jésus, Dante, Zoroastre,
etc., durent passer par cette terrible épreuve.

Là, Mars descend pour retremper l’épée et conquérir le cœur


de Vénus, Hercule pour nettoyer les écuries d’Augias, et
Persée pour couper la tête de la Méduse avec son épée
flamboyante.

Le cercle parfait avec le point magique, symbole sidéral et


Hermétique de l’astre-roi et du principe substantiel de Vie,
de la lumière et de la conscience cosmique, est sans aucun
doute un merveilleux emblème phallique.

Ce symbole exprime clairement les principes masculin et


féminin de la Neuvième Sphère.

Il est indiscutable que le principe actif de rayonnement et de


pénétration se complètent dans le Neuvième cercle, avec le
principe passif de réception et absorption.

Le Serpent Biblique nous présente l’image du Logos Créateur


ou force sexuelle, qui commence sa manifestation depuis
l’état potentiel latent.

Le Feu Serpentin, le Serpent Sacré, dort enroulé trois fois et


demi à l’intérieur de l’Église coccygienne.

Si nous réfléchissons très sérieusement à cette intime


relation entre le « S » et le « Tau », croix ou « T », nous
arrivons à la conclusion logique que c’est seulement au
moyen du Sahaja Maïthuna (Magie Sexuelle), qu’on peut
éveiller le serpent créateur.

84
La « clef », le « secret », je l’ai publié dans presque tous mes
livres antérieurs et il consiste à ne jamais répandre le « Vase
d’Hermès » pendant la transe sexuelle.

Connexion lingam-yoni (phallus-utérus) sans jamais éjaculer


l’ens-seminis (l’entité du semen), parce que dans cette
substance se trouve latent tout l’ens-virtutis du feu.

I.A.O. est le Mantra fondamental du Sahaja Maïthuna.


Chantez chaque lettre séparément dans le laboratorium
oratorium du Troisième Logos (pendant la copulation
sacrée).

La Transmutation sexuelle de l’ens-seminis en énergie


créatrice, est un légitime axiome de la sagesse hermétique.

La bipolarisation de ce type d’énergie cosmique dans


l’organisme humain fut analysée depuis les temps antiques,
dans les Collèges Initiatiques d’Égypte, Mexique, Grèce, Inde,
etc.

L’ascension de l’énergie séminale jusqu’au cerveau est


rendue possible grâce à une certaine paire de cordons
nerveux, qui se développent magnifiquement en forme de 8
à droite et à gauche de l’épine dorsale.

Nous sommes donc parvenus au Caducée de Mercure, aux


ailes de l’esprit toujours ouvertes.

Cette paire de cordons nerveux dont il est question ne


pourrait jamais être trouvée avec le bistouri, car ses cordons
sont de nature éthérique, tétra-dimensionnelle.

Ce sont là les deux témoins de l’Apocalypse, les deux oliviers


et les deux chandeliers qui sont devant le Dieu de la Terre, et
si quelqu’un veut leur faire du tort, de leur bouche sort du
feu et ils dévorent leurs ennemis.

85
Dans la terre sacrée des Védas, cette paire de nerfs est
connue sous le nom d’Ida et Pingala ; le premier est en
relation avec la fosse nasale gauche et le deuxième avec la
droite.

Il est évident que le premier de ces deux fameux Nadis est de


nature Lunaire ; il est non moins évident que le second est de
type solaire.

Beaucoup d’étudiants gnostiques peuvent être quelque peu


surpris de ce qu’Ida, étant de nature froide et lunaire, ait ses
racines dans le testicule droit.

Il pourra sembler insolite et bizarre à beaucoup d’étudiants


de notre Mouvement Gnostique, que Pingala étant de type
strictement solaire, parte réellement du testicule gauche.

Nous ne devons cependant pas être surpris, parce que tout


dans la nature se base sur la loi des polarités.

Le testicule droit trouve son antipode exact dans la fosse


nasale gauche.

Le testicule gauche trouve son antipode parfait dans la fosse


nasale droite.

La physiologie ésotérique enseigne que dans le sexe féminin,


les deux témoins partent des ovaires.

Il est évident que l’ordre de ces deux oliviers du temple


s’intervertit harmonieusement chez la femme.

De vieilles traditions surgissant dans la nuit profonde de


tous les âges disent que, quand les atomes solaires et
lunaires du système séminal entrent en contact dans le
Triveni près du coccyx, s’éveille alors par induction

86
électrique une troisième force magique ; je fais allusion au
Kundalini, le feu mystique de l’ahrat gnostique.

Il est écrit dans les vieux textes de la sagesse antique, que


l’orifice inférieur du canal médullaire se trouve fermé
hermétiquement, chez les personnes ordinaires et
courantes. Les vapeurs séminales l’ouvrent pour que la
couleuvre sacrée y pénètre.

Le long du canal médullaire se déroule un jeu merveilleux de


plusieurs canaux ; rappelons-nous SUSHUMNA, VAJRA,
CHITRA, CENTRALIS et BRAHMA-NADI : le Kundalini monte
par ce dernier.

C’est un épouvantable mensonge que d’affirmer qu’après


avoir incarné le JIVATMA à l’intérieur du cœur, le serpent
sacré entreprend le voyage de retour jusqu’à se retrouver
enfermé à nouveau dans le Chakra Muladhara.

Il est horriblement faux d’affirmer que le serpent igné de nos


pouvoirs magiques, après avoir joui de son union avec
Paramashiva, s’en sépare commençant un voyage de retour
par le chemin initial.

Ce retour fatal, cette descente vers le coccyx, n’est possible


que quand l’initié répand le semen ; il tombe alors fulminé
sous le terrible rayon de la Justice Cosmique.

L’ascension du Kundalini le long de son canal spinal se


réalise très lentement en accord avec les mérites du cœur.
Les feux du Cardias contrôlent la miraculeuse ascension du
Serpent sacré Kundalini.

Devi Kundalini n’est pas quelque chose de mécanique,


comme beaucoup le supposent ; le serpent sacré s’éveille

87
avec le vrai amour entre l’homme et la femme, et ne monte
jamais par l’épine dorsale des adultères et des pervers.

Il est bon de savoir que, quand Hadit, le serpent ailé de


lumière s’éveille pour commencer sa marche le long du canal
médullaire spinal, il émet un son mystérieux très similaire à
celui de n’importe quel serpent excité par un bâton. Ceci
vient nous rappeler le « S » magique.

La Kundalini se déroule, révolutionne et monte dans la


merveilleuse aura du Maha Chohan.

Il n’est pas superflu de comprendre que le feu serpentin


arrivant à la hauteur du cœur, les ailes ignées du Caducée de
Mercure s’ouvrent ; nous pouvons alors pénétrer dans
n’importe quel département du Royaume, instantanément.

L’ascension du feu sacré le long du canal spinal, de vertèbre


en vertèbre, de degré en degré, se révèle terriblement lent.

Il est ostensible que les 33 degrés de la maçonnerie occulte


d’un Ragon ou d’un Leadbeater, correspondent à cette
somme totale des vertèbres spinales.

Quand l’Alchimiste renverse le Vase d’Hermès (je me réfère


à l’éjaculation de l’ens-seminis), il est indiscutable qu’il y a
perte de degrés ésotériques, car la Kundalini descend d’une
ou plusieurs vertèbres suivant l’ampleur de la faute.

Amfortas, le Vénérable Seigneur du Saint Graal, épanche le


Mercure de la Philosophie Secrète entre les bras de Kundry,
Gundrigia, Hérodiade, l’Ève tentatrice de la Mythologie
Hébraïque. Il tombe alors fulminé par l’Arcane 16 de la
Kabbale.

La chute des anges rebelles ne fut un bénéfice pour personne


et porta malheureusement préjudice à tout le monde.

88
S’ils n’avaient pas répandu le Vin sacré, leur Némésis aurait
été bien différente ; la lyre d’Orphée ne serait jamais tombée
en morceaux sur le pavé du temple.

Descendre à la Neuvième Sphère n’est pas interdit, cela est


même indispensable pour toute exaltation, mais tomber est
chose différente, et Amfortas tomba, tu le sais.

Quand la Kundalini atteint le chakra Sahasrara, le lotus aux


mille pétales situé dans la partie supérieure du cerveau, il
épouse le Seigneur Shiva, le Troisième Logos, l’Esprit Saint.

Il est écrit en lettres d’or dans le livre du mystère occulte,


que le fameux Tattva Shiva-Shakti gouverne le chakra
Sahasrara (l’Église de Laodicée).

Dans le Magistère du Feu, nous sommes toujours assistés


par les Elohim, ils nous conseillent et nous aident.

L’Université Adhyatmique des sages examine


périodiquement les aspirants.

Dans la moelle épinière et dans le semen se trouve la clef du


salut humain, et tout ce qui ne passe pas par là est perte de
temps inutile… Kundalini est la Déesse de la parole adorée
par les sages ; elle seule peut nous conférer l’illumination.

Aussitôt que Kundalini s’éveille et initie son ascension


subliminale vers l’intérieur et vers le haut, l’Alchimiste
atteint six expériences transcendantales à savoir :

ANANDA, une certaine allégresse spirituelle.

KAMPAN, une hypersensibilité électrique et psychique.

UTTHAN, une augmentation du pourcentage de conscience


objective.

89
GHURNI, d’intenses aspirations mystiques.

MURCHA, des états de lassitude ou de relaxation spontanée


pendant les exercices ésotériques.

NIDRA, un mode spécifique de sommeil qui combiné avec la


méditation se convertit en Samadhi (Extase).

Rendre témoignage de la Vérité ne peut jamais être un délit.


En tant que Kalki Avatar ou Sosiosh de la Nouvelle Ère du
Verseau, je déclare instamment ce qui suit :

Il est impossible d’éveiller Kundalini avec les multiples


procédés pseudo-ésotériques à la mode dans diverses
écoles.

Le système soufflet avec toute la variété de Pranayamas, les


diverses Asanas et formes du Hatha Yoga, les Mudras,
Bhaktis, Bandhas, etc., ne pourront jamais mettre en activité
le feu serpentin.

Les particules ignées qui peuvent s’échapper de la flamme


sacrée au cours de certaines pratiques yogiques, ne sont pas
significatives d’éveil de Kundalini ; malheureusement, bien
des sincères trompés et emplis de magnifiques intentions
confondent les étincelles avec la flamme.

Le feu serpentin ne peut s’éveiller et se développer qu’avec


la Magie Sexuelle (Sahaja Maïthuna) exclusivement.

L’avènement du feu est l’événement cosmique le plus


extraordinaire ; l’élément igné vient nous transformer
radicalement.

En ces instants où j’écris ces lignes ardentes, me vient à la


mémoire un souvenir transcendantal.

90
Une fois au cours d’un voyage incorporel, en état d’extase ou
Samadhi, je m’aventurai à interroger ma Mère Divine
Kundalini de la manière suivante : Est-il possible que
quelqu’un dans le monde physique puisse s’auto-réaliser
sans la nécessité de la Magie Sexuelle ?

La réponse fut terrible : « Impossible, mon Fils ! Ceci n’est pas


possible ». Et elle dit ceci avec une véhémence telle que je me
sentis franchement ému.

Le feu serpentin est la « DUADE » mystique ; le


dédoublement de l’unité, de la « MONADE » ; l’aspect féminin
éternel de Brahma, « Dieu Mère »…

La couleuvre ignée nous confère d’infinis pouvoirs ; parmi


eux, le MUKTI de la béatitude finale et JNANA de la
libération…

91
24. Le Miracle de la
Transsubstantiation

Revenons à la lyre horacienne, et chantons un peu.

À une amphore de vin

« O nata mecum consule Manlio,


Seu tu querellas sive geris iocos
Seu rixam et insanos amores
Seu facilem, pia testa, somnum ».

(Née avec moi sous le consul Manlius,


tu inspires tantôt querelles, jeux et plaisanteries,
tantôt disputes d’amis et folles amours,
tantôt rêves tranquilles, pieuse amphore.)

« Quocumque lectum nomine Massicum


Servas, moveri digna bono die,
Descende, Corvino iubente
Promere languidiora vina ».

(Le Massique pur, digne d’un grand jour,


que tu as fidèlement gardé – pourquoi faire ? Peu importe –
offre-le et descends à l’appel de Corvinus
ton fluide languide, mesquine, ne le réduis pas.)

« Non ille, quemquam Socraticis madet


Sermonibus, te negleget horridus :
Narratur et prisci Catonis
Saepe mero caluisse virtus ».

(Il ne te fera pas de grimaces, même si en profondeurs


de livres socratiques il s’engouffre à plaisir ;

92
Car même Caton l’Ancien savait – dit-on –
Chauffer de vin sa vertu renfrognée.)

« Plerumque duro ; tu sapientium


Tu lene tormentum ingenio admoves
Curas et arcanum iocoso.
Consilium retegis Lyaco ».

(Poulain au tourment plaisant, fais que parle celui


qui, par la lenteur de son esprit, ne trouve pas de mots.
Toi, tu délies la langue du sage qui recouvre
ses plans secrets et ses afflictions profondes.)

« Tu spem reducis mentibus anxiis


Viresque et addis cornua pauperi,
Post te neque, iratos trementi
Regum apices neque militum arma ».

(L’espérance revient au sein qui doute,


au pauvre donne de l’entrain et lui, après quelques coupes,
affronte fermement les diadèmes des rois hautains
et les armes de leur cour.)

« Te Liber et, si laeta aderit Venus,


Segnesque nodum solvere Gratiae
Vivaeque producent lucernae,
Dum rediens fugat astra Phœbus ».

(Si Bacchus, si Vénus, accourent souriants,


si viennent les Grâces qui ensemble sautillent,
tu demeureras à la lumière de lampes fidèles
jusqu’à ce que l’aurore éteigne les astres.)

Nous trouvons dans la Messe Gnostique un récit précieux qui


dit textuellement ce qui suit :

93
« Et Jésus, le Divin Grand Prêtre Gnostique, entonna un doux
cantique en louange du Grand Nom, et dit à ses disciples :
Venez à moi, et ainsi firent-ils.

Il se dirigea alors vers les quatre points cardinaux, étendit son


regard tranquille et prononça le nom profondément sacré
“LEW”, bénit et souffla sur leurs yeux.

Regardez vers le haut s’exclama-t-il : Maintenant, vous êtes


clairvoyants. Eux, levèrent alors leur regard à l’endroit que
Jésus leur montrait, et ils virent une grande Croix qu’aucun
être humain ne pourrait décrire.

Et le Grand Prêtre dit : Détournez votre regard de cette


grande lumière et regardez de l’autre côté. Ils virent alors un
grand feu et de l’eau, du vin et du sang (et là, a lieu la
bénédiction du pain et du vin).

Et il poursuivit : En vérité, je vous le dis, je n’ai rien apporté au


monde que le feu, l’eau, le vin et le sang de rédemption.

J’ai apporté le feu et l’eau du lieu de la lumière, du dépôt de la


lumière, de là où se trouve la lumière.

Et j’ai apporté le Vin et le Sang de la demeure de Barbélos.


Quand quelques temps se furent écoulés, le Père m’envoya
l’Esprit Saint sous la forme d’une blanche colombe, mais
écoutez : Le feu, l’eau et le vin, sont pour la purification et le
pardon des péchés. »

L’évangile de Tacianus rend témoignage du sacrement du


corps et du sang, en disant :

« Et Jésus prit le Pain et le bénit. Et il le donna à ses disciples en


disant : Prenez et mangez. Parce que ceci est mon corps qu’on
vous donne.

94
Et prenant le calice, il rendit grâce et l’offrit à ses disciples. Et
il dit : Prenez et buvez. Parce que ceci est mon sang qui va être
versé pour la rémission des péchés. Et à partir de maintenant,
je ne boirai plus du fruit de la vigne, jusqu’au jour où je le
boirai avec vous dans le royaume de mon Père. Faites ceci en
mémoire de moi. »

Luc révèle intelligemment la profonde signification de cette


cérémonie mystique et magique, en disant : « Arriva le jour
des pains sans levain où il est nécessaire de sacrifier l’Agneau
Pascal. Et Jésus envoya Pierre (dont l’évangile est le sexe) et
Jean (dont l’évangile est le Verbe) en disant : Allez et
préparez-nous la Pâques pour que nous la mangions ».

Le nom secret de Pierre est « PATAR » avec ses trois


consonnes, d’une importance capitale en haut ésotérisme.

« P » nous rappelle le Père qui est en secret, l’Ancien des


jours de la Kabbale Hébraïque.

« T » ou TAU, lettre croix, étudiée dans notre chapitre


antérieur, fameuse dans le sexo-yoga.

« R », RA, FEU SACRÉ, Divinité, Logos.

JEAN (JUAN) se décompose en les cinq voyelles I.É.O.U.A.


(IEOUAN, SWAN, CHOAN, IOAN), Le Verbe, la parole.

Pierre meurt crucifié sur une croix inversée, tête en bas et


pieds vers le haut, nous invitant à descendre dans la Forge
des Cyclopes, dans la Neuvième Sphère, pour travailler avec
l’eau et le feu, origine des mondes, des bêtes, hommes et
dieux.

Toute Initiation Blanche authentique commence par là.

95
Jean l’ineffable appuie sa tête sur le cœur du Grand Kabîr
Jésus, comme pour déclarer : l’Amour s’alimente d’amour.

Toutes lumières faites, il est très facile de comprendre que le


Verbe créateur attend à l’affût mystique, blotti au fond de
l’arche, le moment précis d’être réalisé.

« À celui qui sait, la parole donne pouvoir, personne ne la


prononça, personne ne la prononcera, sauf celui qui l’a
incarnée. »

« Au début était le Verbe et le Verbe était avec Dieu, et le Verbe


était Dieu. »

Il est écrit en paroles de feu dans le grand livre de l’existence


cosmique, que nous devons d’abord parcourir avec pleine
fermeté le sentier de PIERRE.

Le Verbe qui gît occulte dans le fond mystérieux et profond


de tous les âges, enseigne clairement qu’après il est
nécessaire de marcher sur le chemin de JEAN.

Il est cependant indiscutable qu’entre ces deux sentiers


terriblement Divins, s’interpose un abîme.

Il est urgent et indispensable de tendre un pont de


merveilles et de prodiges entre les deux chemins… et ensuite
mourir de moment en moment.

Transmuter, pour parler dans le langage extrêmement pur


de la Divine Langue, est certes la profonde signification
mystique de l’Onction Gnostique.

Le pain et le vin, la semence de blé et le fruit de la vigne,


doivent être royalement transformés en la chair et le sang du
Christ intime.

96
Le Logos Solaire, de sa vie robuste et active, fait germer la
semence afin que croisse l’épi de millimètre en millimètre, et
qu’il reste ensuite enfermé dans la ferme dureté du grain,
comme à l’intérieur d’un précieux coffre.

Les rayons solaires en pénétrant, solennels, dans le cep de la


vigne, se développent et progressent en secret jusqu’à mûrir
dans le saint fruit.

Le Prêtre Gnostique en état d’extase, perçoit cette substance


cosmique du Christ Soleil enfermée dans le pain et le vin et
agit, les déliant de leurs éléments physiques, pour que les
atomes Christiques pénètrent victorieux à l’intérieur des
organismes humains.

Ces atomes solaires, ces vies ignées, ces agents secrets de


l’Adorable, travaillent silencieux dans le Temple Cœur, nous
invitant une fois encore à suivre le sentier qui doit nous
conduire au Nirvana.

La mystérieuse aide des Atomes Christiques ressort


clairement.

Et resplendit la lumière dans les ténèbres, et apparaissent


sur l’autel les Douze Pains de la Proposition, manifeste
allusion aux signes du zodiaque, ou modalités distinctes de
la substance cosmique.

Ceci nous rappelle la douzième lame du Tarot, l’Apostolat ; le


Magnus Opus, le lien de la croix avec le triangle.

Quant au Vin qui dérive du fruit mûr de la vigne, c’est le


merveilleux symbole du feu, du sang et de la Vie, qui se
manifeste dans la substance.

97
Il est indiscutable que pour avoir des origines différentes, les
mots Vin, Vie, Vigne, ne laissent cependant pas d’avoir
certaines affinités symboliques…

Il n’en va pas autrement de Vin et de Vis « Force » et Virtus


« Force morale », ainsi que Virgo « Vierge » (Le Serpent Igné
de nos pouvoirs magiques).

Le Sahaja Maïthuna (la Magie Sexuelle) entre mâle et


femelle, Adam-Ève, dans la couche délicieuse de l’amour
authentique, garde en vérité de sublimes concordances
rythmiques avec l’agape mystique du grand Kabîr Jésus.

Le Germe enchanteur de l’épi sacré a son intime


représentation dans la semence humaine.

Le fruit sacro-saint de la vigne est réellement l’emblème


naturel de la vie, qui se manifeste dans toute sa splendeur
dans la substance.

Le miracle le plus extraordinaire du Sexo-Yoga est de


transformer le Pain (Semence) en chair solaire, et le Vin
délicieux en Sang Christique et Feu Saint.

Le Corps d’Or de l’Homme Solaire, le fameux « To Soma


Heliakon » (synthèse complète des Véhicules Christiques),
est chair, sang et vie du Logos créateur ou Démiurge.

La vivante cristallisation secrète de l’énergie sexuelle, dans


la forme resplendissante de ce corps glorieux, n’est possible
que par la magie amoureuse.

Einstein, une des grandes lumières de l’intellect, écrivit un


sage postulat qui dit textuellement : « La masse se transforme
en énergie. L’énergie se transforme en masse ».

98
Il est évident qu’au moyen du Sahaja Maïthuna, nous
pouvons et devons transformer l’ens-seminis en énergie.

Il est indiscutable que notre « modus operandi sexuel » nous


permet de transformer l’énergie créatrice en la chair
glorieuse du corps d’or de L’Homme-Christ.

Transformer le Pain en Chair et le Vin (Vie) en Sang Réel, en


Feu vivant et Philosophal, c’est réaliser le formidable miracle
de la Transsubstantiation.

Le Parsifal Wagnérien, après bon nombre d’amertumes, est


sagement conduit par son Guru Gurnemanz jusqu’au
Sanctuaire Sacré du Saint Graal, avec l’évident propos qu’il
lui enseigne les mystères de la Transsubstantiation.

D’en haut du ciel d’Uranie, descend comme par


enchantement un très pur rayon de lumière, lequel en
tombant sur la Divine Coupe, la fait resplendir d’une couleur
purpurine.

Amfortas, le visage transfiguré, lève le Calice (symbole


vivant du yoni féminin) et très lentement, le meut dans
toutes les directions, bénissant avec lui le Pain et le Vin pour
les tables, tandis que les chœurs heureux chantent l’Hymne
Eucharistique…

99
25. Cherchez et Vous Trouverez

Les écritures sacrées disent : « Cherchez et vous trouverez,


demandez et vous aurez, frappez et on vous ouvrira ».
(Matthieu 7:7)

Il est écrit avec des charbons ardents dans le livre de tous les
mystères, que le Lanu ou disciple doit demander et
interroger, s’il est vrai qu’il aspire réellement de toutes les
forces de son âme à l’auto-réalisation intime.

Les divins et les humains savent bien que Parsifal, en tant


que chela ou disciple ne parvint pas à être Roi du Graal,
parce qu’il ne se posa pas la question des douleurs
d’Amfortas.

Le pain et le vin de la transsubstantiation sont répartis sur


les tables sacrées, auxquelles tous les frères s’assoient à
l’exception de Parsifal, qui demeure debout et en état de
ravissement mystique ; situation délicieuse et ineffable, dont
il ne sort finalement que par les déchirantes lamentations du
bon Seigneur Amfortas.

Gurnemanz, le vieil Hiérophante, le croyant inconscient et


même impitoyable face à tout ceci, prend de ce fait une
attitude sévère et le retire indigné, de la sainte enceinte.

En considérant très sérieusement la brillante thématique de


ce magnifique Drame Wagnérien, plus glorieux qu’aucun
autre, nous pouvons découvrir, non sans un certain
étonnement mystique, les trois degrés ésotériques
classiques : apprentis, compagnons et maîtres.

100
Cet adolescent de la première partie du Drame Wagnérien
ne sait rien encore de la demeure des délices, ni du coin de
l’amour avec ses femmes-fleurs dangereusement belles, ni
rien de cette Kundry, Hérodiade, Gundrigia, très
délicieusement pécheresse ; il est encore l’Apprenti de la
Maçonnerie Occulte…

Le Parsifal de la deuxième partie du Drame Wagnérien est


l’homme qui descend valeureux au Neuvième Cercle
Dantesque ; l’aspirant qui travaille dans la forge
incandescente de Vulcain, le COMPAGNON.

Le Héros de la troisième partie du Drame Wagnérien est le


MAÎTRE qui revient au temple, après avoir beaucoup
souffert.

Le garçon de la première partie du Drame Wagnérien n’a


même pas éveillé sa conscience, il n’est que l’un des
nombreux pèlerins qui voyagent en grand secret dans les
obscures forêts de la vie, à la recherche d’un errant
compatissant, qui aurait parmi ses trésors un précieux
baume pour guérir son cœur endolori.

Grande est sa joie lorsqu’il rencontre sur son douloureux


chemin le vieil ermite Gurnemanz qui lui sert alors de guide
ou de guru.

Le Parsifal de la seconde partie du Drame Wagnérien est


l’ascète qui descend consciemment aux mondes infernaux ;
l’homme qui travaille dans la Forge des Cyclopes ; le
mystique qui vainc les sept prêtresses de la tentation…

Le dévot de la troisième partie du Drame Wagnérien est


l’Adepte vêtu de la robe de noce de l’âme – merveilleuse
synthèse des corps solaires – dans lequel sont contenus

101
l’émotion supérieure, le mental authentique et la volonté
consciente.

Le retour triomphal au temple du Graal est la caractéristique


principale de la troisième partie de Parsifal.

L’anachorète revient dans l’enceinte sacrée, empoignant


dans sa dextre formidable la Sainte Pique, la lance bénie.

102
26. Le Spectre de Kundry

Dans le deuxième acte du Drame Wagnérien apparaissent


avec une clarté sinistre l’intérieur et l’horrible cachot d’un
vétuste donjon à moitié en ruines.

Une galerie de pierre vive conduit inévitablement au donjon


de la muraille Dantesque.

L’obscurité règne, terrifiante, dans le fond mystérieux de cet


antre noir, celui vers lequel on descend toujours à partir du
terrifiant contrefort du mur.

Une grande quantité d’instruments de Magie Noire et


d’appareils de Nécromancie apparaissent éparpillés, ici et là.

Dans l’effrayant contrefort de l’abject mur des abominations,


le ténébreux Klingsor est fatalement assis d’un côté, face au
fameux miroir métallique de la Magie.

Dans le modèle perfide, le sinistre personnage des ombres


voit défiler astralement tous les extraordinaires événements
de l’acte antérieur qui se sont succédés dans les domaines du
Saint Graal.

L’humanité a des moments suprêmes et celui-ci est


précisément l’un d’eux ; l’instant terrible est arrivé, l’heure
des grandes décisions.

Le lugubre Mage des ténèbres est parvenu à attirer dans son


antre l’ingénu Parsifal comme tant d’autres infortunés
chevaliers, dans l’évident et machiavélique propos de le faire

103
tomber épouvantablement dans les enchantements des
irrésistibles femmes-fleurs à la terrible beauté.

Ce sommeil hypnotique fascinant et terrible dans lequel il


avait submergé Kundry, la femme sans nom, la diablesse
originelle, la sanguinaire Hérodiade, la harpie Gundrigia,
nourrit maintenant tous ses atroces défauts.

Le Seigneur des Ténèbres clame à grande voix du fond de


l’abîme, il invoque et appelle…

Le spectre de Kundry apparaît entre les vapeurs bleutées et


fétides de l’ignominie ; dans les brûle-parfums se consument
la myrrhe, le soufre, l’encens et nombre d’autres parfums
évocateurs.

Ah ! Ah ! Nuit ténébreuse ! Mystère, folie, furie !… Sommeil,


sommeil de douleur et de malheur… Sommeil profond… Mort !
S’exclame déchirée l’originelle et gentille diablesse des
diablesses.

Le sinistre et sombre personnage donne des ordres


impératifs. Kundry proteste en vain, se voyant finalement
obligée d’obéir.

Se résigner une fois encore à servir d’instrument de


perdition… Quelle horreur !… Envelopper Parsifal dans ses
enchantements, le faire tomber, comme le roi Amfortas est
l’ordre, et la malheureuse affligée n’est qu’une esclave au
service du pervers.

L’ordre suggestif accompli, ce malin s’enfonce rapidement


avec toute la tour et comme par magie, surgit alors un
délicieux jardin qui occupe toute la scène.

104
Une splendide végétation tropicale et luxuriante s’étend,
lascive comme dans l’attente vorace de la pleine satisfaction
de ses plaisirs bestiaux…

Le spectre de Kundry avec un très beau vêtement de la


gamme des soies, et couronné de branches d’arbres roux, se
dresse pour regarder de loin le magnifique et ample
panorama.

Elle écoute muette, perplexe, le fleuve blanc qui, entre les


rochers, gronde en se divisant et veille à refléter dans ses
miroirs du soleil doré, l’omnipotente flamme.

Les étoiles, en trône d’amarante dans l’espace immense, se


dressent toutes proches, constellant de gouttes cristallines
les noires feuilles de l’acanthe endormie.

105
27. Les Nymphes

Dans le fond caverneux du Mystère exotique, on contemple


le donjon fatal aux murailles vétustes, où s’appuient
latéralement les saillies étranges de cet édifice millénaire, le
château de Klingsor et ses splendides terrasses de style
arabe…

Dans la terreur sacrée de ces curieux créneaux de l’énigme,


surgit comme par enchantement, le Parsifal Wagnérien
contemplant, ravi, les jardins ensorcelés.

Les féminines beautés de la Sainte Prédestination,


malheureusement perverties par l’esprit du mal,
apparaissent de partout.

De toutes parts, des jardins comme du magnifique palais,


surgissent comme par magie de nombreuses jeunes
Nymphes dangereusement belles.

Les unes viennent en groupe, les autres isolées, en nombre


toujours croissant, demi-nues, magnifiques, terriblement
provocantes.

Celles qui dormaient heureuses avec leurs amants – les


infortunés chevaliers du Graal tombés dans leurs filets
amoureux – comme s’éveillant d’un sommeil érotique,
abandonnent maintenant leur couche de plaisirs.

C’est l’heure de la tentation et elles sont revenues à leurs


antiques aventures, en quête d’une nouvelle victime.

106
Elles sont venues par tous les sentiers de la nuit. Voyez-les,
là ! Il y a des têtes dorées au soleil comme mûres, d’autres
semblent touchées d’ombre et de mystère. Têtes couronnées
de lauriers. Têtes qui voudraient reposer dans le ciel. Il y en
a quelques-unes qui ne parviennent pas à humer le
printemps, et beaucoup d’autres qui transcendent les fleurs
d’hiver.

Ardeur terrible que celle agitant les entrailles de chaque


Nymphe, qui voit le navire s’en aller, brodant sur l’eau son
fugitif sillage !

Elles, les délicieuses beautés féminines, tentent maintenant


de séduire le jeune homme Wagnérien par leurs
enchantements, mais celui-ci, indigné, les écarte de son bras
herculéen !

« Unique amour déjà tout à moi, qui mûrira avec le temps.


Pourquoi me déprécies-tu ? » s’écrie une désespérée…

« Mes mains t’ont oublié mais mes yeux te virent, et quand le


monde est amer, je ferme les yeux pour te voir », s’exclame une
autre…

« Je ne veux jamais te rencontrer parce que tu es avec moi, et je


ne veux pas que ce que mon rêve fabrique, déchire ta vie »
ainsi parle une rêveuse.

« Comme un jour tu me la donnas, je possède ton image


vivante, et chaque jour, mes yeux lavent ton souvenir avec des
larmes » susurre la plus provocante à l’oreille du garçon.

Les Nymphes, changeantes femmes de tous les temps,


maintenant préoccupées… Souffrant pour Parsifal, faisant
même l’impossible.

107
Le passage musical qui souligne toute cette scène,
comparable à celles des mille et une nuits, a totalement
fasciné les publics les plus exigeants du monde entier.

Dans ce passage igné du colosse, il y a couleur, amour,


parfum, sortilèges indicibles, tout ce qui sait en vérité
séduire les sens humains.

Cependant le Héros, évidemment, ne succombe pas dans la


bataille des tentations.

Pourtant ce n’est pas tout, il manque le plus terrible, la


rencontre avec Kundry, la femme par antonomase, la femme
symbole, l’Ève merveilleuse de la mythologie hébraïque.

108
28. La Diablesse Originelle

Entre la rêverie de quelques fleurs ensorcelées surgit la voix


magique de Kundry, la diablesse originelle, le prototype de la
perdition et de la chute, à laquelle pas même Amfortas, le Roi
merveilleux du Saint Graal ne put jadis résister.

La féminité mystérieuse s’exclame, passionnée, appelant le


héros par son propre nom, celui dont l’appelait tendrement
sa gentille mère en d’autres temps.

« Parsifal, arrête-toi ! Lui lance la douce voix. Le plaisir et la


joie t’invitent un moment !… Écartez-vous de lui, femmes
vulgaires, amoureuses, frivoles enfants, fascinantes fleurs
éphémères qui vous flétrissez si vite ! »

À ces mots les Nymphes volubiles, changeantes, versatiles,


sont profondément attristées.

Il est écrit et ceci, beaucoup de gens le savent, que ces


beautés malignes s’éloignèrent ensuite en riant sur le
chemin du retour au ténébreux château de Klingsor.

Parsifal dirige un regard peureux vers ce lieu des amours,


d’où avait surgi la voix…

Il contemple alors cette vision juvénile à la splendide beauté,


la provocante Kundry, étendue dans un massif de fleurs
exquises et vêtue du vêtement le plus fantastique et
tentateur dont ne pût jamais rêver le raffinement arabe.

« Est-ce toi par hasard, sublime beauté féminine qui


m’appela ? Moi qui n’ai jamais eu de nom ?

109
Et… Ô Dieux ! As-tu grandi et jailli du bocage parfumé ? »

« Oui » répond Kundry, cette tumultueuse blonde qu’on


appelait Hérodiade, et ses paroles si douces résonnent avec
les accents émouvants d’une très douce lyre…

« Toi, innocent et pur, je t’appelai FAL-PARSI…

C’est ainsi que ton père valeureux Gamuret, moribond, dans


l’exotique terre des Califes et Sultans, nomma et salua,
heureux, le fils qu’il avait engendré. J’attendais ici, précisément
pour te le révéler.

Je ne suis certes pas née de ce jardin de merveilles comme les


autres beautés…

Ma Patrie est très éloignée de tous ces enchantements des


mille et une nuits, j’étais dans cet endroit de joies passionnelles
seulement pour que tu me rencontres.

Je suis venue de terres très lointaines et j’ai vu beaucoup de


choses extraordinaires, j’attends que tu m’écoutes…

Il est bon que tu saches que j’ai eu l’immense joie de connaître


ta mère Herzéléide…

Cette femme exceptionnelle ne savait que pleurer, se rendant à


la douleur par l’amour et pour la perte de ton père ; elle voulut
te préserver de la même aventure, se donnant en cela comme
devoirs les plus impérieux et les plus élevés, de t’éloigner de
l’exercice des armes pour te garder et te sauver de la fureur
des hommes.

Jolie petite mère, petite mère brune, qui eut un jour des lèvres
de grenade, des dents de marbre, des boucles qui roulaient en
cascades sur ton dos tiède et parfumé, et sur ton corps taillé
au burin…

110
Petite mère sainte qui eut un jour tous les enchantements de la
belle houri ; tendre petite mère, blanche et parfumée comme
un lys, qui en ouvrant son calice se convertit en berceau pour
te bercer.

Il n’y eut pour elle qu’ombres et craintes, que tu n’avais jamais


à connaître. N’entends-tu pas par hasard ses appels angoissés,
ceux mêmes dont elle t’appelait quand tu t’éloignais trop ?

Jolie petite mère, petite mère brune, toi qui en ces nuits de
pleine Lune, mettais la balançoire dans le grand arbre de ton
jardin…

Elle t’apportait là-bas les douceurs et le souper au parfum de


mousse, d’œillet, de verveine, de rose, de pêche et de jasmin…

Jamais pourtant tu ne connus ses peines, ni le délire de ses


souffrances ; un jour tu partis pour ne jamais revenir…

Elle t’attendit anxieuse de nombreux jours, jusqu’à ce que ses


propres lamentations l’eussent rendue muette, puis elle
mourut… »

111
29. Le Baiser Terrible

Terriblement intéressé par le merveilleux récit de Kundry, la


diablesse originelle, Parsifal tombe aux pieds de la belle,
saisi et embrumé par la douleur la plus acerbe.

« La douleur jusqu’à ce moment fut pour toi inconnue, jusqu’à


maintenant tu n’as même pas pu sentir en ton cœur, les
douceurs du plaisir – lui dit Kundry – Apaise maintenant dans
les consolations qui sont le naturel butin de l’amour, la peine
et l’angoisse de tes sanglots !

Le savoir transformera l’inconscience en connaissance. Essaie


de connaître donc, cet amour qui embrasa un jour le cœur de
Gamuret quand l’inonda l’ardente passion d’Herzéléide. Cet
amour qui te donna un jour corps et vie, cet amour qui mettra
la mort en fuite ainsi que ta maladresse, et qui doit t’offrir
aujourd’hui comme ultime salut et bénédiction de ta mère… le
premier baiser de la passion. »

Tandis qu’elle parle si délicieusement dans cet émouvant


langage, Kundry, la beauté la plus terrible, a incliné
complètement sa tête d’enchantements sur celle de Parsifal,
unissant finalement ses lèvres de pourpre maudite aux
siennes, en un long et ardent baiser.

Cependant il y a un moment pour tout ; le contact igné d’une


passion sexuelle si épouvantable engendre dans le héros du
Drame Wagnérien une intense terreur.

Arraché par l’angoisse, il crie de toutes les forces de son


âme : « Amfortas ! La blessure ! La blessure ! »

112
« Elle brûle déjà dans mon cœur ! Ses lamentations déchirent
mon âme ! J’ai vu saigner cette blessure… Qui saigne
maintenant en moi… Ici, ici même…

Non ! Non, ce n’est pas la blessure ! Ce sang doit encore couler


à torrents ! C’est l’incendie, ici, ici, en mon corps !

C’est l’horrible angoisse qui m’étreint et soumet les sens avec


violence ! Oh ! Supplice de l’amour !

Tout mon être palpite, brûle, tremble et tressaille en de


pécheresses aspirations. »

Vient ensuite le meilleur : le héros évoque le souvenir du


Vase Sacré et du Divin Sang que répandit le péché ; il rejette
héroïquement Kundry, la Madeleine Wagnérienne qui se
renverse terriblement sur son lit de fleurs, agitée par la plus
sombre luxure.

C’est en vain alors que Kundry recourt à tous les


enchantements, leurres et artifices que lui suggère sa ruse.
Le Héros lui échappe.

La pécheresse exaspérée et vaincue, mais sans vouloir


renoncer à ce qu’elle croyait être une proie facile, appelle le
mage à son secours, lequel apparaît dans la muraille
brandissant la lance du Seigneur.

Lance qu’il jette contre Parsifal dans l’intention de le blesser


comme Amfortas, mais comme le héros est pur, il est donc
invulnérable ; la lance reste suspendue sur la tête de celui-ci,
qui la prend et dans un geste extatique, il forme avec elle le
signe de la croix.

Sous une telle conjuration, le ténébreux château de Klingsor


tombe dans l’horrible précipice, converti en poussière
cosmique.

113
Le jardin des délices se réduit à un simple désert de
pénitents, et les femmes-fleurs se flétrissent et roulent sur le
sol traînées par de terribles ouragans.

Moment terrible que celui en lequel Kundry, la beauté


maligne, lance un cri et s’effondre comme blessée mort.

Parsifal victorieux s’éloigne et disparaît.

114
30. Métaphysique Pratique

La Magie authentique, la Métaphysique pratique de Bacon,


est la science mystérieuse qui nous permet de contrôler les
forces subtiles de la nature.

La Magie pratique, selon Novalis, est l’art prodigieux qui


nous permet d’influer consciemment sur les aspects
intérieurs de l’homme et de la nature.

L’amour est, sans aucun doute, l’ingrédient intime de la


magie. Il est ostensible que la substance merveilleuse de
l’amour œuvre magiquement.

Goethe le grand initié allemand en personne, se déclarait en


faveur de l’existence magique de l’être créateur, pour une
Magie animique qui agit sur les corps.

La Loi fondamentale de tout influx Magique se base sur la


polarité. « Nous tous les êtres humains, sans exception aucune,
avons quelques forces électriques et Magnétiques en nous, et
exerçons comme un aimant, une force d’attraction, l’autre de
répulsion… Cette force magnétique, entre hommes et femmes
qui s’adorent, est spécialement puissante et il est indiscutable
que son action va très loin ».

Le mot MAGIE dérive de la racine aryenne MAB (de là, en


Perse MAGA ; en sanscrit MAHAS ; en latin MAGIS ; en
allemand MEHR, c’est-à-dire Plus) ayant la signification, au
sens propre, d’un savoir et d’une connaissance au-delà de la
moyenne.

115
Au nom de la vérité nous devons dire ce qui suit : ce dont
l’humanité a besoin pour vivre, ce ne sont pas les hormones
ou les vitamines mais une pleine connaissance du Toi et Moi,
et en conséquence, l’échange intelligent des facultés
affectives les plus sélectes entre l’homme et la femme.

La Magie Sexuelle, le MAÏTHUNA, se fonde sur les propriétés


polaires de l’homme et de la femme, qui ont indubitablement
leur élément potentiel dans le phallus et l’utérus.

Le fonctionnalisme sexuel dépourvu de toute spiritualité et


de tout amour, est uniquement un pôle de la vie.

Soif sexuelle et aspiration spirituelle en pleine fusion


mystique constituent en elles-mêmes les deux pôles
radicaux de tout érotisme sain et créateur.

Pour nous les gnostiques, le corps physique est quelque


chose comme une âme matérialisée, condensée, et non un
élément impur, peccamineux, comme pour les auteurs de
traités de l’ascèse absolue de type médiéval.

En opposition à l’ascèse absolue avec son caractère négateur


de la vie, surgit comme par enchantement, l’ascèse
révolutionnaire de la nouvelle Ère du Verseau : mélange
intelligent du sexuel et du spirituel.

Il ressort très clairement que la Magie Sexuelle, le sexo-yoga,


conduit intelligemment à l’unité mystique de l’âme et de la
sensualité, soit la sexualité vivifiée. Le sexuel cesse alors
d’être un motif de honte, de dissimulation ou de tabou, et
devient quelque chose de profondément religieux.

De la pleine et intégrale fusion de l’enthousiasme spirituel


avec la soif sexuelle, surgit la Conscience Magique.

116
Il est urgent, impératif, indispensable, de nous émanciper du
cercle vicieux de l’accouplement vulgaire, et de pénétrer
consciemment dans la glorieuse sphère de l’équilibre
magnétique.

Nous devons nous redécouvrir dans l’être aimé, trouver en


lui le sentier du fil du rasoir.

La Magie Sexuelle prépare, ordonne, enlace, attache et défait


à nouveau, en rythmes harmonieux, ces milliers de millions
de dispositifs physiques et psychiques qui constituent notre
propre univers particulier intérieur.

Nous reconnaissons les difficultés ; le double problème que


présentent les courants nerveux et les subtiles influences qui
agissent sur notre état d’âme de manière consciente ou
inconsciente est indiscutable.

Gouverner sagement de si délicats mécanismes, courants et


influences pendant la transe sexuelle, n’est possible qu’à
travers l’expérience personnelle de chacun.

Ce type spécifique de connaissance s’avère intransmissible ;


il est le résultat de l’expérimentation individuelle ; ce n’est
pas quelque chose que l’on peut montrer comme ce qui
s’apprend et ce qui est visible.

117
31. Le Nervus Sympathicus

Le « nervus sympathicus » est fondamental dans tous les


rituels de Haute Magie, donc sans aucun doute, celui-ci en soi
est ce condensateur omnipotent du sentiment, qui alterne et
concentre tout le circuit merveilleux de nos facultés
animiques, et par lequel se gouvernent les pensées,
conceptions, désirs, idées, aspirations, etc.

La physique nucléaire a démontré de manière évidente,


claire et définitive, que toute matière est immatérielle.

Il s’avère indiscutable que tous les rythmes cellulaires


internes sont animiques (animae).

L’unité de corps et d’essence se manifeste normalement sous


forme de vibrations électroïdes, au travers du monde des
sensations extérieures et intérieures.

Les hommes et femmes qui s’adorent ne peuvent arriver à


être réellement complets, entiers, unifiés que par l’intime
aspiration ésotérique vers le tout, l’inévitable,
l’infranchissable.

Il est écrit en mots d’or dans le grand livre de l’existence


cosmique que dans cette plénitude masculine-féminine,
seulement les sexes opposés peuvent rencontrer l’équilibre
réciproque parfait.

Dans la remise simultanée qu’ils font d’eux-mêmes au Père


qui est en secret et à la Divine Mère Kundalini, l’homme et la
femme ont en main le fil d’Ariane de l’ascension mystique, le

118
fil doré qui les conduira des ténèbres à la lumière, de la mort
à l’immortalité.

Il est indubitable – et ceci tout ésotériste idoine le sait – que


les authentiques forces procréatrices, animiques
et spirituelles, se trouvent dans le fond vital ou Linga
Sarira de notre organisme.

Le « sympathicus » ou système nerveux secondaire, est, avec


toute sa chaîne de sensibles mailles ganglionnaires, le
médiateur et conducteur à la réalité intérieure, qui non
seulement influe définitivement sur les organes de l’âme
mais encore, gouverne, dirige et contrôle les centres les plus
importants à l’intérieur de notre organisme.

Il est donc certain, clair et manifeste que le « sympathicus »


guide de manière tout aussi mystérieuse, les merveilles de la
conception fœtale et les activités du cœur, reins, capsules
surrénales, glandes sexuelles, etc.

Par la direction du courant moléculaire et la cristallisation


de rayons cosmiques, le « sympathicus » équilibre dans les
rythmes du feu universel, tous les éléments physiques et
psychiques qui lui sont subordonnés.

Le « nervus sympathicus » est également un « nervus


ideoplasticus » merveilleux, extraordinaire, formidable.

Nous devons mettre l’accent sur l’idée que le système


secondaire agit comme médiateur entre la vie subjective,
tridimensionnelle, et le monde intérieur de l’objectivité
spirituelle.

Le « nervus sympathicus » est le grand équilibreur, moyen qui


apaise et réconcilie les paires d’opposés de la philosophie
dans le fond vivant de notre conscience.

119
Le Mouvement Gnostique révolutionnaire affirme que
l’ascèse chrétienne médiévale est maintenant dépassée,
obsolète, réactionnaire.

Il est ostensible que par ces temps de l’Ère du Verseau, de


nombreux cultes sexuels antiques, souvent d’origine
asiatique, vont à nouveau s’éveiller à la vie.

120
32. Adam-Kadmon

L’homme primitif, l’Androgyne sexuel, Adam-Kadmon, se


reproduisait par le pouvoir de l’imagination et de la volonté
unie en vibrante harmonie.

Il est écrit avec des charbons ardents dans le livre de tous les
mystères, que dans l’union de ces deux pôles magiques se
trouve la clef de tout pouvoir.

Les vieilles traditions Kabbalistes racontent que l’homme


perdit ce pouvoir créateur, imaginatif et évolutif, par la chute
dans le péché… Ils disent que pour cela précisément, il fut
expulsé de l’Éden.

Il résulte avec une entière clarté méridienne que cette


conception Kabbaliste a des fondements solides.

Rétablir cette unité originelle de l’androgyne primordial est


précisément l’objectif principal de la Magie Sexuelle.

Au moyen du sexo-yoga, avec son fameux Sahaja Maïthuna,


nous nous rendons entiers, unifiés, complets.

Le fond cosmique transcendantal de la sexualité est


indiscutable. La Sexologie ésotérique nous permet de
réaliser un enlacement électro-biologique entre ces zones
mystérieuses, transcendantes du Psychique et du
Physiologique, pour nous convertir en authentiques
mutants.

121
L’amour pour le conjoint ou la conjointe se relie
mystiquement à de splendides représentations qui ont leur
origine dans le monde de l’esprit pur.

L’heure est arrivée de regarder les fonctions sexuelles, non


en tant que motif de honte, tabou ou péché, mais comme
quelque chose d’infiniment élevé, sublime et terriblement
Divin.

Ainsi donc le sexo-yoga, le Maïthuna, agit en nous


transfigurant radicalement et en donnant évidemment une
accentuation idéale à ce qui est sexuel dans l’âme de chacun
de nous.

Sont capables de Magie Sexuelle ces personnes intelligentes


et compréhensives qui essaient de transcender ce dualisme
qui sépare le monde animique du monde physique.

L’imagination créatrice est le merveilleux agent de la vie


sexuelle et elle possède en soi une qualité cosmique divine.

Le miroir magique de l’Imagination est seul à accueillir en


soi la Volonté de notre Père qui est en secret.

La Volonté et l’Imagination de deux amants qui s’adorent,


homme et femme, consiste donc en le fait de donner forme à
leur univers intime au moyen de l’ardeur sexuelle commune.

Dans tous les livres de sagesse antique, on parle toujours de


« l’Île Sacrée » et des Dieux Saints.

Cette île bénie et impérissable, jamais au grand jamais dans


l’histoire des innombrables siècles, n’a eu de part dans la
Némésis des autres continents. Pour être certes l’unique
dont le destin est de durer du début jusqu’à la fin du
Mahamanvantara en passant par chaque Ronde.

122
Elle est sans aucun doute, l’archaïque berceau paradisiaque
d’Adam-Kadmon, la première race humaine, gens
androgynes, protoplasmiques, capables de se reproduire
comme nous l’avons déjà dit, par le pouvoir de la volonté et
de l’imagination unies en vibrante harmonie.

Île vénérée, exotique demeure de l’ultime mortel Divin,


choisi alors comme Shishta pour semence de cette humanité
pygmée.

Terre des mille et une nuits des paradis « Jinas » dans les
régions septentrionales du monde.

L’étoile polaire du nord fixe sur elle son vigilant regard de


l’aurore jusqu’à la fin du crépuscule d’un jour du Grand
Souffle.

Île bénie que nous devons chercher dans le fond même de


notre conscience intime.

Adam-Kadmon doit naître en chacun de nous par le


merveilleux pouvoir de la Magie Sexuelle.

Tu rempliras cent vases du sel de tes yeux, tu soupireras


terriblement jusqu’à lutter avec impétuosité dans le
douloureux vent qui passe, détruisant cruellement les
pétales parfumés des fleurs de tes jardins, tu sangloteras
amèrement jusqu’à blesser mortellement les entrailles de la
nuit étoilée. Je te jure par l’éternel Dieu vivant, que d’aucune
manière ton auto-réalisation intime ne sera possible, si tu
écartes de ta vie la joie de l’amour, la Magie Sexuelle.

123
33. Le Couple Divin

C’est au moment terrible que doivent entrer en jeu les armes


érotiques de l’amour passionnel asservissant, patrimoine
très spécial de Kundry, la femme supérieure, la plus
enchanteresse et pernicieuse de toutes les créatures, dans
son éternelle victoire.

Le grossier vêtement de la pénitente de la terre sauvage, de


la fidèle messagère du Saint Graal, a disparu.

Kundry, Hérodiade, Gundrigia, est maintenant la nubile


beauté féminine, avec tout le pouvoir merveilleux de sa
fascination magique, irrésistible.

On comprend, dans la délicieuse pénombre du jardin, que


l’exhortation ensorcelée du mauvais mage l’a enveloppée
dans ses fatals sortilèges, épouvantablement.

L’accomplissement asservissant du désir abyssal est


maintenant franchement inévitable et, naturellement,
l’infortunée beauté souffre dans les lointaines profondeurs
de sa conscience intime.

La très belle et épouvantable scène de la tentation sexuelle a


commencé parmi les fascinants miroirs de la vie.

Et ce qui se passe dans le fond animique de cette femme


provocante, Dieu seul le sait.

Indiscutablement, dans cette féminité si adorable, la femme


lutte contre la femme, la tentatrice contre la salvatrice,
l’amour contre la cruelle perfidie qui envenime tout.

124
Il est évident que les deux Kundry luttent à bras-le-corps
dans l’âme miraculeuse de la beauté.

Il est ostensible que cette douce créature fascinante se


révèle être, dans le fond du mystère, une victime de plus des
élans naturels pervertis.

Esclave de la passion sexuelle qu’exerce sur elle le délice de


la suggestion de l’homme, contrainte par la puissance
magique de la conjuration, elle recourt alors au génie
féminin, pour soumettre le jeune homme à ses tentations.

En entrant dans cette partie du Drame Wagnérien, il


convient de rappeler que les Perses voyaient en la femme
l’aspect de l’illusion, l’élément de la séduction absolue.

Quant au genre de leur idéologie, ces allégories et histoires


adaptées du Coran le montrent avec clarté ; spécialement,
celle de Joseph et Putiphar où on montre la femme sous
l’aspect de danger universel.

Ainsi à Firdusi, Putiphar à l’instar de Luleica, n’induit pas


seulement Joseph en tentation par ses enchantements
physiques, mais elle tente en outre de prendre le vertueux,
de manière magique dans l’hallucinant filet de sa lascivité.

Ainsi, elle reçut Joseph dans une salle de miroirs ; la rousse


chevelure, les lèvres de pourpre maudite, les pointes rosées
de ses seins de nacre dressés, le corps entier oint et
ondulant, l’éblouissaient ici et là, partout où il dirigeait son
regard.

Le Patriarche Joseph, selon l’interprétation perse, ne put


résister et succomba à l’artifice.

125
Dans cette représentation merveilleuse des miroirs
magiques, se trouve occulté tout le mystère de la fascination
sexuelle.

La nature disposée à la volupté passionnelle est, sans doute


aucun, une séduction unique et œuvre sur toutes les
créatures vivantes de manière hypnotique.

Le monde tridimensionnel des vaines apparences nous


emprisonne ainsi horriblement, étant donné que nous
succombons invariablement à l’enchantement de l’anti-pôle
sexuel.

Kundry, Gundrigia, Hérodiade, la Madeleine mystique du


Parsifal Wagnérien n’ignore pas le secret vivant de sa propre
existence et sait très bien par nature, et par instinct, qu’elle
pourra se libérer du sinistre pouvoir ténébreux de Klingsor,
uniquement si elle rencontre sur son chemin d’amertumes
un homme fort, capable de se vaincre lui-même et de la
rejeter.

« Tous faibles… tous tombent avec moi, traînés par ma


malédiction… » s’exclame la tentatrice.

La tentation sexuelle est feu. Le triomphe sur la tentation


sexuelle est lumière. Bénie soit la femme, béni soit l’amour,
bénis soient les êtres qui s’adorent.

Les vieux cultes religieux, en Grèce, Chaldée, Égypte, Perse,


Inde, Mexique, Pérou, etc., furent indubitablement de nature
sexuelle, à cent pour cent.

Sans doute aucun, la reconnaissance de la puissance sexuelle


en tant que force supra-terrestre génitrice et créatrice, est
fondamentalement plus auto-exaltante et dignifiante que

126
l’attitude médiévale qui relègue le sexe, le considérant bas,
pécheur, sale et ennemi de l’âme.

Dans le culte sexuel des grecs antiques, le couple mortel


aspirait de toutes les forces de son âme à refléter en lui-
même la joie du Couple Divin.

La légende des siècles conte qu’en Grèce, comme à Rome, la


célébration des fiançailles Sacrées était en usage.

L’homme et la femme – Adam et Ève – oints, précieusement


parés et couronnés de fleurs sublimes, se dirigeaient à la
mutuelle rencontre, tels Dieu et Déesse après une cérémonie
dans le temple, pour prendre part dans l’embrassement
rituel à cette félicité du couple suprême qui régissait ciel et
terre.

Chaque homme représentant Zeus, chaque femme Héra,


dans l’acte sexuel amoureux, se réalisait une connexion
magnifique du lingam-yoni.

Il est évident que le couple bienheureux se retirait de l’acte


sans épancher le Vase d’Hermès.

La question sexuelle était alors une réplique d’un événement


cosmique formidable, qui faisait frémir tout l’Univers.

Ceci est une chose que nous ne devons jamais oublier ; une
identification si sublime avec le Divin ne pourrait jamais être
atteinte, sinon par des couples vraiment éveillés,
individualisés, illuminés.

Expérience sacrée, noces alchimiques, embrassement rituel,


joie sans limite du couple suprême, accessible uniquement
aux Adeptes de la Fraternité Blanche.

127
Homère, le grand poète Grec, a réalisé une description
sublime et magique, du divin couple ZEUS-HÉRA : « Sous eux,
la germinatrice terre prodiguait verdure fleurie, lotus, trèfles
juteux, jacinthes et safran, lesquels pressés, turgescents et
tendres, se levaient du sol, et eux reposaient là ; ils
entraînaient là-haut les nuages scintillants et dorés, et
l’étincelante rosée se répandait sur la terre ».

128
34. Fal-Parsi

Dans l’œuvre grandiose Parsifal, de Richard Wagner, se


trouve l’Évangile de la Nouvelle Ère du Verseau.

C’est la doctrine de la synthèse, la Religion primitive de


l’humanité, occulte depuis les tristes jours en lesquels la
sagesse Archaïque, le Temple symbolique, fut enseveli par
les ruines des Mystères Initiatiques, avec le ténébreux
avènement du Kali-Yuga.

Kundry, avec tout l’artifice délicieux de ses enchantements,


surgissant du bosquet parfumé pour tenter Fal-Parsi, est la
beauté à la sainte prédestination, pervertie par l’esprit du
mal.

Le salut de Kundry est dans la résistance, dans la chasteté du


jeune homme, mais elle n’a pas confiance, l’homme fort n’a
pas eu d’existence pour elle : les animaux intellectuels sont
très faibles.

La précieuse féminité comprend qu’elle pourra se libérer des


chaînes de l’esclavage, uniquement quand elle rencontrera
sur son chemin un homme suffisamment fort pour la rejeter
en plein accouplement sexuel.

Elle connaît Fal-Parsi le jouvenceau, devine sa mission et se


refuse à s’éloigner de lui, craignant de le vaincre et très sûre
du pouvoir du sortilège.

L’inoubliable beauté, vêtue de tant de raffinement arabe,


rusée, commence par l’appeler de son nom Fal-Parsi, et
continue ensuite avec la loi des associations intimes,

129
l’emportant finement sur le chemin du sentiment jusqu’à
l’origine sexuelle même de son existence.

L’exotique prêtresse de la délicieuse tentation des mille et


une nuits, établit une relation passionnelle, dans le centre
sexuel du jeune homme dans l’évident propos de le faire
tomber, évanoui, entre ses bras impudiques.

La séduction préliminaire des femmes-fleurs de Klingsor, le


Mage Noir, est également traditionnelle chez les asiatiques. Il
n’existe pas de Héros sacré qui ne soit passé par elle.

Krishna le conducteur de char, transperçant de ses yeux de


feu Nisumba, la Kundry orientale ; chez les druzes syriens,
les sept prêtresses de la tentation tentant de séduire les
Initiés, constituent en soi la racine fondamentale des études
ésotériques.

Le Grand Kabîr Jésus, tenté par la Kundry des Mystères


Égyptiens, fut certes le Parsifal du pays ensoleillé de KEM.

Et que dirons-nous des femmes-fleurs par lesquelles fut


assailli le Grand Maître avec tant d’ardeur, dans la terre des
Pharaons ?

La pierre de touche, l’alma-mater du Grand Œuvre se


rencontre dans Kundry, la femme par antonomase, la
Femme-Symbole ; sans sa présence nous sommes
inévitablement condamnés à l’abîme et à la seconde mort.

Femme adorable ! Tu es sur le sentier du fil du rasoir ! Le


rocailleux chemin qui conduit au Nirvana…

Qui me ferait prendre tes blanches mains, pour en presser


mon cœur, et les baiser ardemment, tout en écoutant
religieusement, de ton amour les très douces et fascinantes
paroles !…

130
Qui me ferait sentir sur ma poitrine, ta tête languissante
inclinée, et écouter tes divins soupirs d’amour et de
poésie !…

Qui me ferait poser mes lèvres chastes et suaves dans tes


cheveux, que tu sentes sangloter mon âme en chaque baiser
que je laisserais sur eux !…

Qui me ferait dérober un seul merveilleux rayon de cette


lumière de ton calme regard, pour avoir ensuite de quoi
illuminer la solitude de mon âme !…

Ô ! Qui me donnerait d’être ton ombre même, cette très


douce atmosphère qui baigne ton visage, et pour baiser tes
yeux célestes, la larme qui tremble à ton cil.

Et être un cœur tout de joie, nid de lumières et fleurs divines,


où dormirait ton âme de colombe, du sommeil virginal de tes
amours… Gundrigia, Hérodiade, Kundry, souviens-toi, tu es
le secret sentier du Mystère.

131
35. La Clé Suprême

Quand le monde, ce Tantale qui aspire en vain à l’idéal, plie


sous le poids du rocher de Sisyphe, et expire brûlé par la
tunique de Jésus…

Quand ténébreux et scintillant à la fois, il imite Barabbas et


abhorre le Juste, et que le pygmée aux soifs de géant se tord
sur le lit de Procuste…

Quand il gémit dans d’horribles convulsions pour expier ses


criminelles erreurs, mordu par ses avides passions, comme
Actéon par ses chiens voraces…

Quand soumis à sa chaîne fatale, il traîne ses malheurs dans


les boues, et que chacun dans son égoïste peine, y tourne le
dos à l’affliction de tous, naissent alors les grands avatars,
qui enseignent le chemin secret…

Le candélabre sacré qui dans la chapelle austère, brûle sans


trêve en offrande claire, et consume sa mèche et sa cire pour
dissiper le lugubre de l’autel ; glorieux vase où Dieu résume
combien il est amour…

Sublime Parsifal, qui a l’ambition de blesser Satan dans le


fracas de l’éclair et la terreur du tonnerre…

Oiseau Phénix qui en fulgurantes entreprises, avive le feu de


son bûcher, dure et meurt, se convertissant en flammèches
dont il renaît, victorieux et pur…

132
Voilà l’Initié dans son fatal exil !… Chanter Phyllis par son
doux nom, et ensuite… Le meilleur est aimer. Embrasser ?…
Oui, au moment suprême !

« Amfortas ! La blessure !… La blessure ! » S’exclame le héros


du Drame Wagnérien.

Ne pas éjaculer le semen… douleur pour la bête, plaisir pour


l’esprit… torture pour la brute…

Étrange symbiose d’amour et rébellion ; mystique


révolutionnaire du Verseau, nouvelle ascèse…

Femme, il y a un ciel dans tes bras ; je sens mon cœur


oppressé par la joie… Ô ! Maintiens-moi dans la vie de tes
embrassements pour ne pas me tuer de ton baiser.

En vain, l’érotique beauté recourt-elle alors à tous ses


enchantements ; Fal-Parsi ne répand pas le Vase d’Hermès et
se retire…

La pécheresse, exaspérée et vaincue, mais sans vouloir


renoncer à ce qu’elle croyait être une proie facile, utilise tous
les recours sexuels de son Klingsor intérieur, l’Ego animal,
Méphistophélès, jette contre le jeune homme, la lance du
Seigneur…

La lance bénie, emblème de la force sexuelle, flotte alors sur


la tête de l’Initié, suspendue. Celui-ci l’empoigne de sa dextre
et fait avec elle, le signe de la croix… Sous cette conjuration,
le château des iniquités que l’Adam de péché porte à
l’intérieur de lui, tombe dans le terrifiant précipice, converti
en poussière cosmique.

Elle, terriblement belle, épouvantablement délicieuse, laisse


échapper de sa gorge nubile un cri de luxure, s’évanouit
ensuite sur son lit de plaisirs…

133
Le héros victorieux, portant en sa splendide dextre la lance
de Longinus, s’éloigne du lit refuge en marchant lentement,
bien lentement, dans le jardin interne et délicat… Sous une
lumière diffuse d’or et de violet.

134
36. Hatha-Yoga-Pradipika

Le HATHA-YOGA-PRADIPIKA des Grands Initiés


hindoustans, insiste sur l’idée transcendantale qu’un coït
réalisé avec une femme consacrée est une véritable panacée
pour l’obtention des états mystiques les plus élevés.

L’acte sexuel est une jouissance légitime de l’homme. C’est la


consubstantialisation de l’amour dans le réalisme
psychophysiologique de notre nature.

Un grand sage, que je ne nommerai pas, dit en commentant


le tantrisme hindoustan :

« Une secte de Shiva à Bombay, en Inde, réalise aujourd’hui les


épousailles sacrées suivant les règles de VATSYAYANA,
l’auteur de KÂMA-SÛTRA.

On place une Shatki élue, nue sur un autel ; le Grand Prêtre


consume en elle son offrande par le coït.

La gigantesque image du Dieu Shiva, illuminée par de


nombreuses lampes à huile, contemple la copulation charnelle,
depuis le haut.

À un signal déterminé du Grand Prêtre, se réalise une


copulation générale dans laquelle chaque couple doit
représenter Shiva et sa Shakti (ou épouse).

Les adeptes de la secte croient glorifier par leur offrande


sexuelle, l’univers maintenu uniquement par l’éternelle
procréation spontanée de la Divinité, et parvenir par l’acte
précisément, à la consonance rythmique de l’éternité.

135
Le participant, bien des semaines avant le commencement des
“épousailles sacrées”, était dûment instruit par les prêtres.
Malheur à celui qui, en cet acte, laissait passer les moindres
pensées profanes ou cherchait en cet acte la satisfaction de ses
propres sens ! La colère de la Divinité devait s’abattre
impitoyablement sur lui. »

Quand, dans les temples d’Assyrie, d’Égypte, de Perse,


d’Inde, de Grèce, etc., les prêtres et les prêtresses
s’unissaient sexuellement devant les fidèles ou bien que
dans les temples de Shiva copulaient en même temps des
centaines de couples dans certaines festivités du Dieu, les
apparentes licences, les plus grandes, n’avaient qu’un sens
plus occulte et plus profond.

À travers le Sahaja Maïthuna, l’acte sexuel des prodiges, se


libère une essence fluide, un magnétisme extraordinaire,
merveilleusement omnipotent, lequel déchargé subitement
en un même point, se convertit en fait en « Genius Lucis » de
tous les enchantements magiques.

Un vieux proverbe japonais dit ceci : « Par la vénération, on


peut faire briller la dent d’un chien ».

« Tes dents sont plus blanches que les perles qui poussent dans
les mers » dit le Grand Kabîr Jésus, en se référant au cadavre
d’un chien en décomposition.

Toutes lumières faites, il ressort avec une clarté totale que


c’est la Magie traditionnelle, le fameux GUPTA-VIDYA
oriental, cette mystérieuse science au moyen de laquelle
nous pouvons atteindre définitivement la libération finale.

Parsifal, le héros mystique, réfrénant valeureusement l’élan


sexuel en se retirant, intrépide, de cette tumultueuse blonde
qu’on appelait Hérodiade, sans répandre le Vase d’Hermès,

136
l’ens-seminis, empoigne de fait, indiscutablement, dans sa
dextre omnipotente et terriblement Divine, cette lance de
Longinus, l’extraordinaire emblème du « genius lucis », la
force Odique ou magnétique, avec laquelle il fait le signe de
la croix pour convertir l’Ego animal en poussière cosmique.

La copulation collective des temps enfuis, en cette nouvelle


Ère du signe zodiacal du Verseau, s’avère déplacée, désuète,
obsolète, retardataire. C’est l’instant sidéral où nous tous
devons marcher sur le sentier amoureux du Mariage Parfait.

Il ne fait aucun doute, qu’empoigner vigoureusement la lance


vénérable dans le Laboratorium Oratorium du Troisième
Logos est primordial, s’il est vrai que nous voulons réduire
en cendres le sinistre et ténébreux château de Klingsor ou
Méphistophélès secret, que nous avons chacun à l’intérieur
de nous.

Compréhension et élimination, facteurs de base, décisifs,


fondamentaux. Il est indiscutable que tout défaut
psychologique doit avoir été préalablement compris en
totalité avant son élimination.

On a besoin d’une didactique, c’est évident ; nous l’avons


heureusement, et elle est vraiment très simple et puissante.

Prier dans l’alcôve du Jardin des Délices, dans le lit nuptial


des merveilles érotiques ! Supplier au moment des
jouissances, dans l’inoubliable instant du coït, demander à
notre Adorable Divine Mère Kundalini qu’elle empoigne avec
splendeur en ces moments de baisers et de tendresse, la
lance magique pour éliminer ce défaut que nous avons
compris dans tous les départements du mental. Et nous
retirer ensuite, sans répandre le Vin sacré, l’ens-seminis,
signifie mort, joie, ivresse, délice, jouissance…

137
La compréhension exclusiviste n’est pas tout ; elle est
urgente, indispensable, impérative, l’élimination radicale
absolue.

N’importe quel homoncule rationnel pourrait comprendre


clairement l’abominable défaut de la colère et pourtant
continuer à l’avoir, même si elle lui dévore les entrailles.

Ce pauvre mental animal, intellectuel, ne peut en vérité rien


altérer fondamentalement. Nous avons besoin d’un pouvoir
supérieur, d’une puissance vivante, capable d’éliminer ou
d’exiler totalement cette sinistre entité qui personnifie
psychiquement cette erreur que nous avons comprise. Cette
autorité est, sans doute aucun, notre Adorable Divine Mère
Kundalini, l’épouse sublime de l’Esprit Saint, le serpent igné
de nos pouvoirs magiques, ce feu électronique solaire qui se
développe et se déroule de splendide manière dans l’épine
dorsale de l’ascète.

Vaine chose que nous enorgueillir du mental animal et


lunaire… celui-ci, par lui seul, ne peut que nous conduire à
l’erreur…

L’intellect peut se donner le luxe de cacher des défauts, de


les répudier, de les condamner, de les justifier, de les
étiqueter sous différents noms, de les dissimuler de la vue
des autres, de les passer d’un département à un autre, etc.,
mais jamais de les éliminer.

La lance ésotérique christique du Saint Graal et la lance


païenne des actes, exhibée par Wotan, sont une seule et
même lance, arme ou Pique Sainte, tenue pour sacrée par
tous les peuples depuis l’antiquité la plus reculée.

Il ne fait aucun doute que c’est seulement avec l’arme d’Éros


maniée par la Divine Mère Kundalini pendant le coït sacré,

138
que nous pouvons en vérité éliminer radicalement une par
une toutes ces entités ténébreuses qui personnifient nos
défauts psychologiques et qui, dans leur ensemble,
caractérisent l’Ego animal.

139
37. La Confession Égyptienne

Je dus après avoir créé le « TO SOMA HELIAKON » dans la


Forge des Cyclopes (le sexe), passer par un temps de
profondes réflexions.

C’est le moment opportun pour expliquer que dans le


« Corps d’Or de l’Homme Solaire » comme dans un vase saint,
se trouvent contenus l’émotion supérieure, le mental de
l’ascète Gnostique et la volonté consciente.

Il n’est pas superflu d’insister sur ce fait transcendantal de la


« seconde naissance » qui advint après que je me fus vêtu de
l’habit des noces de l’âme dans le neuvième cercle
dantesque.

Je rencontrai dans la résidence de l’amour d’autres frères et


sœurs qui avaient également travaillé intensément dans « la
forge incandescente de Vulcain » (le sexe). Tous
resplendissaient glorieusement parmi les divins
enchantements indescriptibles du Vendredi Saint.

Il ressort clairement que je parle, de manière mystique, du


temple des « deux fois nés ».

Humanité Divine, extraordinaires gens de différentes


nationalités, peuples et langues !

J’en vins à comprendre dans cette « Aula Lucis », de manière


intégrale, l’idée transcendantale selon laquelle l’Homme doit
être aussi uni charnellement avec Dieu.

140
Indiscutablement, la créature humaine peut s’auto-réaliser
intimement, uniquement en remettant son corps à Dieu.

Il est ostensible, bien que cela semble paradoxal, que tous


ceux qui sont « deux fois nés » n’ont pas dissout le Moi.

Après la seconde naissance, je fus instruit intensivement


dans le temple ; je compris alors que je devais mourir
d’instant en instant si je ne voulais pas me convertir en
Hanasmussen, au double centre de gravité.

J’ai déjà expliqué dans mes livres précédents, que les


Hanasmussen sont des échecs cosmiques, des avortements
de la Divine Mère Kundalini, des cas perdus.

Il est indispensable, urgent, de mourir radicalement en notre


propre personne, dans notre chair, dans le Moi, avec le ferme
propos d’incarner la puissance de Dieu en nous.

Nous avons besoin de nous réconcilier avec le faiseur


Suprême, de manière à ce qu’il puisse reconnaître dans la
chair sa propre créature.

La lumière et la poussière doivent célébrer leurs noces, et


ciel et terre se libérer ensemble dans l’amour.

Un nouveau ciel est déjà disposé et de même ainsi doit se


créer une nouvelle terre, égale à lui, en beauté et en
magnificence.

L’extérieur n’est que la projection de l’intérieur. Qui est déjà


bien mort et a Dieu à l’intérieur de lui, projette un paradis.

De profondes réflexions ébranlèrent mon âme… Je compris à


fond et de manière intégrale chacune de mes propres
erreurs psychologiques.

141
Ô ! Mahalakshmi, Maha Saraswati, Isis, Adonia, Insoberte,
Tonantzin, Divine Mère Kundalini ! Om… Santi… Santi…

Mère Divine, sans toi, jamais je n’aurais pu éliminer les


démons rouges de Seth, ces entités des ténèbres qui
personnifient nos défauts !

Un jour quelconque, peu importent la date, le jour ou l’heure,


le Kether de la Kabbale hébraïque, « l’Ancien Des Jours »,
« mon Père qui est en secret », « l’occulte de l’occulte », « la
bonté des bontés », « la miséricorde des miséricordes » vint
me visiter.

Le Seigneur s’assit sur son Trône et dit : « Travaillant comme


tu le fais, tu vas très bien ; tu dois continuer ton travail… »

Le temps passait et je mourais, d’instant en instant…


Comprendre et éliminer, voilà quelle fut ma tâche.

Il est écrit en charbons ardents dans le grand livre des


splendeurs, que ceux qui sont morts en eux-mêmes, seront
reçus dans le monde des défunts…

Mon cas ne fut pas une exception à la règle funéraire. Vêtu


de ces Vêtements funèbres que j’ai coutume d’utiliser après
chaque désincarnation, je vécus alors heureux dans la
demeure occulte.

Je veux terminer le présent chapitre, en transcrivant et


même, en commentant brièvement chaque verset de la
CONFESSION ÉGYPTIENNE.

Papyrus NEBSENI :

1. « Ô Toi, Esprit, qui marches à grandes enjambées et qui


surgis dans Héliopolis, écoute-moi ! Je n’ai pas commis
d’action perverse ». (Il est évident que celui qui fut en vérité

142
capable de faits mal intentionnés, cessa d’exister. Seul l’Ego
commet ces actes-là. L’Être du défunt, même avec son corps
vivant, ne réalisera jamais rien de pervers.)

2. « Ô Toi, Esprit qui te manifestes dans Ker-aha et dont


les bras sont environnés de feu ardent ! Je n’ai pas agi
avec violence ». (Il ressort clairement, de toute évidence,
que la violence a de multiples faces. L’Ego brise les lois,
blesse les honneurs, profane, force le mental d’autrui, casse,
flétrit, ternit, intimide le prochain, etc. L’Être respecte le
libre arbitre de nos semblables ; il est toujours serein et
paisible.)

3. « Ô Toi, Esprit qui te manifestes dans Hermopolis et qui


respires le souffle Divin ! Mon cœur déteste la brutalité ».
(Certes, l’Ego est grossier, maladroit, incapable, ami de la
légèreté, bestial par nature et animal par instinct. L’Être est
distinct, raffiné, sage, capable, divin, doux, sévère, etc.)

4. « Ô Toi, Esprit qui te manifestes dans les sources du Nil


et qui t’alimentes de l’ombre des morts ! Je n’ai pas volé ».
(L’Ego se complaît dans le larcin, la rapine, le saccage, le
pillage, le rapt, la séquestration, la fraude, l’escroquerie ; il
aime enlever, emprunter et ne pas rendre, abuser de la
confiance des autres et détenir le bien d’autrui, exploiter le
prochain, se dédier à la spéculation, etc. L’Être se réjouit
dans le don en donnant, et même dans le renoncement aux
fruits de l’action ; il est serviable, désintéressé, charitable,
philanthrope, altruiste, etc.)

5. « Ô Toi, Esprit, qui te manifestes dans RE-STAU et dont


les membres pourrissent et empestent ! Je n’ai pas tué
mes semblables ». (L’assassinat est, sans aucun doute, le
plus grand acte de corruption qui existe dans le monde. Non
seulement on enlève et on éteint la vie des autres avec des

143
revolvers, gaz, couteaux, venins, pierres, bâtons, potences,
mais encore on annihile la vie de ses semblables avec de
dures paroles, de violents regards, des actes d’ingratitude,
infidélité, trahison, éclats de rires, etc. Nombre de pères et
mères de famille vivraient encore si leurs enfants ne leur
avaient enlevé l’existence par leurs mauvaises actions. Des
multitudes d’époux et épouses respireraient encore sous la
lumière du soleil si le conjoint ou la conjointe l’avait permis.
Rappelons-nous que l’être humain tue ce qu’il aime le plus.
Toute souffrance morale peut nous rendre malade et nous
mener au sépulcre. Toute maladie a des causes psychiques.)

6. « Ô Toi, Esprit qui te manifestes dans le ciel, sous la


double forme du lion ! Je n’ai pas diminué la mesure de
blé ». (L’Ego altère arbitrairement le poids des vivres.)

7. « Ô Toi, Esprit qui te manifestes dans Létopolis et dont


les deux yeux blessent, tels des poignards ! Je n’ai pas
commis de fraude ». (L’Être ne commettrait jamais
semblable délit.)

8. « Ô Toi, Esprit au masque éblouissant qui vas lentement


et à reculons ! Je n’ai pas soustrait ce qui appartenait aux
Dieux ». (L’Ego se plaît à saccager les sépultures des Grands
Initiés, à profaner les tombes sacrées, à dérober les reliques
vénérées, à sortir les momies de leurs demeures, à chercher
dans les entrailles de la terre les choses saintes pour les
profaner.)

9. « Ô Toi, Esprit qui te manifestes dans Hérakléopolis et


qui aplatis et tortures les os ! Je n’ai pas menti ». (L’Ego
prend plaisir à l’imposture, au leurre, à la fausseté, au
bobard, au canular, à la vanité, à l’erreur, à la fiction, à
l’apparence, etc. L’Être est différent ; il ne ment jamais, il dit
toujours la vérité quoi qu’il arrive.)

144
10. « Ô Toi, Esprit qui te manifestes dans Memphis et qui
fais surgir et croître les flammes ! Je n’ai pas soustrait
l’aliment de mes semblables ». (L’Ego se plaît à séparer la
nourriture de ses semblables, à négocier illicitement avec
l’aliment d’autrui, à soustraire, à extraire ne serait-ce qu’une
partie de ce qui ne lui appartient pas, à affamer les peuples
ou des groupes de gens, à accaparer les vivres, en augmenter
les prix, en tirer d’absurdes plus-values, à enlever, à dérober,
à commettre des larcins, refuser le pain à l’affamé, etc.)

11. « Ô Toi, Esprit qui te manifestes dans l’Amenti, Divinité


des deux sources du Nil ! Je n’ai jamais diffamé ». (L’Ego
aime la calomnie, l’imposture, le murmure, la médisance ;
discréditer les autres, les dénigrer, les injurier, etc. L’Être
préfère se taire plutôt que de profaner le Verbe.)

12. « Ô Toi, Esprit qui te manifestes dans la région des lacs
et dont les dents brillent comme le soleil ! Je n’ai pas été
agressif ». (L’Ego est, par nature, provocateur, caustique,
ironique, mordant, insultant, piquant ; il aime l’attaque,
l’assaut, l’agression ; il blesse du subtil sourire de Socrate et
tue avec l’esclaffement tonitruant d’Aristophane. Dans l’Être
toujours serein, s’équilibrent avec sagesse, douceur et
vérité.)

13. « Ô Toi, Esprit qui surgis près de l’échafaud et qui,


vorace, te précipites sur le sang des victimes ! Sache-le, je
n’ai pas donné la mort aux animaux des temples ». (Les
animaux consacrés à la divinité ; cependant, l’Ego blesse et
assassine les créatures dédiées à l’Éternel. L’Être ne sait que
bénir et aimer, faire toutes les choses parfaites.)

14. « Ô Toi, Esprit qui te manifestes dans la vaste salle des
trente juges et qui te nourris des entrailles des pécheurs !
Je n’ai frustré personne ». (L’Ego se plaît à usurper, enlever,

145
faire des malversations, voler frustrer, troubler, bouleverser,
etc.)

15. « Ô Toi, Seigneur de l’ordre Universel qui te manifestes


dans le Salon de la Vérité Justice, apprends-le ! Je n’ai
jamais accaparé les champs de culture ». (La terre
appartient à celui qui la travaille ; l’ouvrier travaille, laboure,
à la sueur de son front. Cependant les puissants, les
propriétaires terriens retiennent, et absorbent les terres
cultivables. Ainsi est l’Ego.)

16. « Ô Toi, Esprit qui te manifestes dans Bubastis et qui


marches à reculons, apprends-le ! Je n’ai jamais écouté
aux portes ». (L’Ego est curieux et pervers par nature et par
instinct. On dit que les haies de ronce, les murs extérieurs et
intérieurs ont des oreilles. Il est clair que les portes en ont
aussi. L’Ego est enchanté de s’immiscer dans les affaires
intimes d’autrui ; Méphistophélès ou Satan, est toujours
indiscret, perquisiteur, inquisiteur.)

17. « Ô Toi, Esprit, Asti, qui apparais dans Héliopolis ! Je


n’ai jamais péché par excès de paroles ». (Le Moi sait être
bavard, disert, beau parleur, loquace, il sait papoter,
bavarder comme une pie, pérorer, colporter des ragots,
parler pour ne rien dire, être mauvaise langue, et avoir la
langue bien pendue, etc. L’Être dit strictement
l’indispensable ; il ne joue jamais avec la parole.)

18. « Ô Toi, Esprit Tatuf, qui apparais dans Ati ! Je n’ai
jamais prononcé aucune malédiction contre personne,
quand on m’a fait du tort ». (L’Ego aime médire, dénigrer,
abominer, discréditer. L’Être ne sait qu’aimer, bénir,
pardonner.)

146
19. « Ô Toi, Esprit Uamenti qui apparais dans les caves de
torture ! Je n’ai jamais commis d’adultère ». (L’Ego est
mystificateur, corrompu, vicié, faux ; il jouit dans la
justification de l’adultère, le rendant sublime, lui donnant
des teintes ineffables, subtiles ; il s’offre le luxe de le couvrir,
de le cacher à soi-même et aux autres, de le décorer, de
l’enjoliver de normes légitimes, avec des lettres de divorce ;
de le légaliser en de nouvelles cérémonies nuptiales. Celui
qui convoite la femme d’autrui, est, de fait, un adultère,
même si jamais il ne copule avec elle ; en vérité, je vous dis
que l’adultère, dans les tréfonds du subconscient des gens
les plus chastes, a bien souvent de multiples facettes.)

20. « Ô Toi, Esprit qui te manifestes dans le temple d’Ansu


et qui regardes avec attention les offrandes qu’on
t’apporte ! Sache-le, je n’ai jamais cessé d’être chaste dans
la société ». (La chasteté absolue n’est possible que quand
l’Ego est bien mort. Nombre d’anachorètes qui atteignirent
dans le monde physique la pureté, la virginité de l’âme,
l’honnêteté, la candeur, etc., quand on les soumit à des
épreuves dans les mondes suprasensibles, échouèrent,
récidivèrent, tombèrent, tel Amfortas, entre les bras
impudiques de Kundry, Gundrigia, cette tumultueuse blonde
qu’on appelait Hérodiade.)

21. « Ô Toi, Esprit qui apparais dans Hehatu, toi, chef des
antiques Dieux ! Je n’ai jamais fait peur aux gens ». (L’Ego
aime terroriser, horripiler, épouvanter, intimider les autres,
menacer, abattre moralement le prochain, l’humilier,
l’effrayer, etc. Les maisons commerciales ont l’habitude
d’envoyer à leurs clients nonchalants des rappels souvent
très fins mais toujours menaçants.)

22. « Ô Toi, Esprit destructeur, qui te manifestes dans


Kaui ! Je n’ai jamais violé l’ordonnance des temps ». (L’Ego

147
change arbitrairement les horaires, et altère le calendrier. Il
est utile de rappeler l’ordre authentique des sept jours de la
semaine : Lundi, Mercredi, Vendredi, Dimanche, Mardi, Jeudi,
Samedi. Les pseudo-sapiens altérèrent cet ordre.)

23. « Ô Toi, Esprit qui apparais en Urit et dont j’écoute la


voix qui psalmodie ! Je n’ai jamais cédé à la colère ».
(L’Ego est toujours disposé à se laisser entraîner par la
colère, le courroux, l’emportement, la rage, l’irritation, la
mauvaise humeur, la fureur, l’exaspération, etc.)

24. « Ô Toi, Esprit qui apparais dans la région du lac


Hekat, sous la forme d’un enfant ! Je ne fus jamais sourd
aux paroles de la Justice ». (L’Être aime toujours l’équité, le
droit, l’impartialité, la rectitude, le juste. Il veut la légalité, ce
qui est légitime, cultive la vertu et la sainteté ; il est exact en
toute chose, juste, complet ; il aspire à la précision, à la
ponctualité. Par contraste, l’Ego essaie toujours de se
justifier et disculper ses propres délits ; il n’est jamais
ponctuel, il désire suborner, il veut soudoyer et corrompre
les tribunaux de la justice humaine.)

25. « Ô Toi, Esprit qui apparais dans Unes et dont la voix
est si pénétrante ! Je n’ai jamais fomenté de querelle ».
(L’Ego trouve agréable la plainte, la discorde, la dispute, la
querelle, la brouille, il est ami des chamailleries, des
altercations, des conflits, des procès, des litiges, des
discussions, des réclamations, des guerres, etc. Nous dirons,
en antithèse, que l’Être est distinct : il aime la paix, la
sérénité ; il est ennemi des dures paroles, abhorre les
altercations, les disputes. Il dit ce qu’il doit dire et garde le
silence, laissant à ses interlocuteurs pleine liberté de penser,
accepter ou rejeter ; après quoi il se retire.)

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26. « Ô Toi, Esprit Basti, qui apparais dans les Mystères !
Je n’ai jamais fait verser de larmes à mes semblables ».
(Les pleurs des opprimés tombent sur les puissants comme
un éclair de vengeance. L’Ego cause partout, lamentations et
regrets. L’Initié, bien mort, même si son corps est encore en
vie, laisse, partout où il passe, des étincelles de lumière et
d’allégresse.)

27. « Ô Toi, Esprit dont le visage est dans la partie


postérieure de la tête et qui sors de ta demeure occulte !
Jamais je n’ai commis de péché contre nature avec les
hommes ». (Les infra-sexuels de Lilith, homosexuels,
pédérastes, lesbiennes, efféminés, etc., sont des semences
dégénérées, des cas perdus, sujets qui, d’aucune manière, ne
peuvent s’auto-réaliser. Pour eux seront les ténèbres
extérieures, où l’on entend seulement pleurs et grincements
de dents.)

28. « Ô Toi, Esprit, à la jambe enveloppée de feu et qui sors


d’Akhekhu ! Je n’ai jamais péché par impatience ».
(L’anxiété, le désarroi, le manque de patience et de sérénité,
sont entrave, obstacle, empêchement, pour le travail
ésotérique et l’auto-réalisation intime de l’Être. Le moi est
par nature impatient, il a toujours tendance à se troubler, se
fâcher, rager, exploser, s’enflammer, s’emporter. Il ne sait
pas attendre et indiscutablement, il échoue.)

29. « Ô Toi, Esprit qui sors de Kenemet et dont le nom est
Kenemti ! Je n’ai jamais injurié personne ». (Il est évident
que l’Initié bien mort, parce qu’il a dissout le Moi, n’a, à
l’intérieur de lui, que l’Être et évidemment, celui-ci est de
nature divine ; en conséquence, il serait incapable d’injurier
le prochain. L’Être n’offense personne, il est parfait en
pensée, parole et œuvre. L’Ego blesse, maltraite, nuit, insulte,
outrage, offense, etc.)

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30. « Ô Toi, Esprit qui sors de Saïs et qui portes en tes
mains ton offrande ! Je n’ai jamais été querelleur ». (L’Ego
aime les tintamarres, le tapage, les bagarres, les disputes, les
heurts, le chahut, les rixes, les remue-ménages, les querelles,
etc.)

31. « Ô Toi, Esprit qui apparais dans la cité de Djefit et


dont les visages sont multiples ! Je n’ai jamais agi avec
précipitation ». (Le Moi a toujours la tendance marquée à
s’écheveler ; il est emporté, écervelé, étourdi, imprudent,
téméraire, irréfléchi, il veut courir, se dépêche, ne prend pas
de précaution. L’Être est très différent. Profond, réfléchi,
prudent, patient, serein, etc.)

32. « Ô Toi, Esprit qui apparais en Unth et qui es plein


d’astuce ! Je n’ai jamais manqué de respect aux Dieux ».
(Pendant ce cycle actuel ténébreux du Kali Yuga, les gens se
moquent des Dieux Saints, Prajapatis ou Elohim Bibliques ;
les multitudes de la future sixième grande race, vénéreront à
nouveau les ineffables.)

33. « Ô Toi, Esprit, orné de cornes, qui sors de Santiu ! Je


n’ai jamais usé de mots excessifs dans mes discours ».
(Qu’on observe les bavards des différentes émissions de
radio, ainsi est le Moi, toujours jacassant.)

34. « Ô Toi, Nefer-Tum qui sort de Memphis ! Je n’ai jamais


commis de frustration, ni agi avec perversité ». (La
frustration a de nombreux coloris de type psychologique. Se
sentent victimes de frustration, les fiancées leurrées, les
maris trahis, les pères et les mères abandonnés, ou
moralement blessés par leurs enfants, le travailleur
injustement licencié, l’enfant qui n’a pas reçu la récompense
promise, le groupe ésotérique abandonné par son guide, etc.

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Le Moi aime frustrer, pervertir, corrompre, infecter tout ce
qu’il touche.)

35. « Ô Toi, TUM SEP, qui sors de Djedu ! Jamais je n’ai
jamais maudit le Roi ». (Les chefs d’État sont des véhicules
du Karma. En cela jamais nous ne devons les maudire.)

36. « Ô Toi, Esprit dont le cœur est actif et qui sors de
Debti ! Je n’ai jamais pollué les eaux ». (Ce serait le comble
de l’absurde, qu’un Initié, à l’Ego bien mort, commette le
crime de jeter des ordures ou des cochonneries dans les lacs
ou les rivières. Il est évident cependant que l’Ego est
enchanté par ces crimes, jouit en faisant le mal, ne ressent
aucune compassion pour les créatures ; il ne veut pas
comprendre qu’en contaminant l’élément liquide, il porte
préjudice à tout ce qui est vivant.)

37. « Ô Toi, Hi, qui apparais dans le ciel ! Sache-le, mes
paroles n’ont jamais été hautaines ». (L’Ego est par nature
hautain, superbe, orgueilleux, arrogant, impérieux,
méprisant et dédaigneux. Néanmoins, il a l’habitude de
dissimuler son orgueil sous la tunique d’Aristippe –
vêtement à trous et reprises – et s’offre même le luxe de
parler avec une feinte mansuétude et des poses piétistes,
mais sa vanité se voit à travers les trous de son habit.)

38. « Ô Toi, Esprit qui donne les ordres aux Initiés ! Je n’ai
jamais maudit les Dieux ». (Les gens pervers abominent et
dénigrent les Dieux, les Anges ou Devas.)

39. « Ô Toi, NEHEB-NEFERT qui sors du lac ! Je n’ai jamais


été impertinent ni insolent ». (L’impertinence et l’insolence
sont fondées dans le manque d’humilité et de patience. L’Ego
a l’habitude d’être lourd, irrévérencieux, importun,
extravagant, grossier, précipité, maladroit.)

151
40. « Ô Toi, NEHEB-KAU, qui sors de la ville ! Je n’ai jamais
intrigué pour me faire valoir ». (L’Ego veut monter au
sommet de l’échelle, se faire sentir, être quelqu’un dans la
vie. Le Moi est acteur, brouillon, intrigant, auteur de
machinations, de mises en scènes, ami des conspirations, des
complots épineux, obscur, dangereux.)

41. « Ô Toi, Esprit dont la tête est sanctifiée et qui


promptement sors de ta cachette ! Sache-le, jamais je ne
me suis enrichi suivant un mode illicite ». (L’Ego vit en
fonction du « plus » ; le processus accumulatif du Moi est,
certes, horripilant : plus d’argent ; peu importent les moyens,
même s’il s’agit de falsifier, leurrer, frauder, escroquer,
piéger. Méphistophélès est un escroc, pervers, mauvais ;
Satan, le Moi-même, a toujours été ainsi.)

42. « Ô Toi, Esprit qui sors du monde inférieur et porte


devant toi ton bras coupé ! Jamais je n’ai dédaigné les
Dieux de ma cité ». (Ces Déités ineffables, anges protecteurs
des populations, Esprits familiers, etc., méritent notre
admiration et notre respect. Ce sont des Dieux Pénates des
temps antiques. Chaque cité, village, métropole ou hameau, à
son esprit recteur, son Prajapati. Il n’existe de famille, qui
n’ait son propre régent spirituel. L’Ego déprécie ces pasteurs
de l’âme.)

152
38. La Bête Mugissante

Avant la seconde catastrophe transalpine, qui altéra


fondamentalement l’aspect de la croûte terrestre, il y eut un
vieux continent qui gît aujourd’hui, submergé, dans les eaux
orageuses de l’Atlantique.

Je veux faire instamment allusion à l’ATLANTIDE, à propos


de laquelle existent partout d’innombrables traditions.

Voyez, des noms étrangers Atlantes ou de langues barbares,


comme savaient dire ces stupides Grecs, qui prétendirent
sacrifier Anaxagore, quand il s’aventura à soupçonner que le
soleil était un peu plus grand que la moitié du Péloponnèse.

Des noms, dis-je, traduits en Égyptien par les prêtres de Saïs


et revenus à leur signification première par le Divin Platon,
pour les traduire ensuite merveilleusement, en langue
Attique.

Voyez le fil diamantin de la tradition millénaire, depuis ceux-


là jusqu’à Solon, pour continuer ensuite, avec les deux Critias
et le Maître Platon.

Voyez, vous dis-je, d’extraordinaires descriptions de


botanique, géographie, zoologie, minéralogie, politique,
religion, coutumes, etc., des atlantes.

Regardez aussi avec des yeux d’aigle rebelle, des allusions


voilées aux premiers Rois Divins de ce vieux pays
antédiluvien, auxquels ont tant fait référence, de la même
manière, le paganisme méditerranéen et les textes sacrés du
monde oriental.

153
Rois sublimes, dont certaines notes étonnantes de Diodore
de Sicile, qu’il nous reste encore à étudier, nous donnent un
compte rendu détaillé.

Voyez enfin, et c’est le plus intéressant, ce sacrifice même de


la Vache Sacrée est une caractéristique des Brahmanes,
Hébreux, Mahométans, gentils européens et milliers d’autres
peuples.

Il est indiscutable que notre très célèbre et indestructible


cirque taurin, au fond, n’est qu’une survivance ancestrale,
très antique de cette fête de sacrifice Atlante, dont la
description se trouve encore dans de nombreux livres
secrets.

Les légendes existantes dans le monde sont en réalité


nombreuses sur ces taureaux lâchés dans le temple de
Neptune, animaux qu’on ne traitait pas brutalement comme
aujourd’hui, à coup de piques et d’épées, mais avec des
lassos et autres arts de la tauromachie classique.

Une fois vaincue dans l’arène sacrée, la bête symbolique était


immolée en l’honneur des Dieux Saints de l’Atlantide,
lesquels, comme Neptune lui-même, avaient involué depuis
l’état Solaire primitif, jusqu’à se convertir en gens de type
lunaire.

L’art classique de la tauromachie est, certes, quelque chose


d’initiatique, et relatif au mystérieux culte de la Vache
Sacrée.

Voyez, l’arène atlante du temple de Neptune et l’arène


actuelle : ce ne sont certes qu’un zodiaque vivant où s’assoit
en constellation l’honorable public.

154
L’Initiateur ou Hiérophante est le Maître torero, les
banderilleros à pied sont les compagnons. Les picadors, eux,
les apprentis.

C’est pourquoi ces derniers vont à cheval, c’est-à-dire avec


tout le lest sur leur corps non dompté qui peut tomber mort
dans la lutte.

Les compagnons, en mettant les banderilles, commencent


déjà à se sentir supérieurs à la bête, à l’Ego animal. C’est-à-
dire qu’ils sont déjà à la manière d’Arjuna dans la Bhagavad-
Gita, les poursuivants de l’ennemi secret. Tandis que le
Maître, avec la cape de sa hiérarchie sur la domination de
Maya et dans sa dextre l’épée flamboyante de la volonté, se
trouve être tel le Dieu Krishna de cet antique poème, non le
poursuivant mais le tueur du Moi, de la bête horrible
mugissant, qui voit aussi dans le KAMELOC ou KAMALOKA,
le Roi Arthur même, chef suprême des illustres Chevaliers de
la Table Ronde.

La resplendissante tauromachie Atlante, est donc un art


royal, profondément significatif, en ce qu’il nous enseigne, à
travers son brillant symbolisme, la dure lutte qui doit nous
conduire jusqu’à la dissolution du Moi.

Le moindre coup d’œil rétrospectif sur l’ésotérisme taurin


peut indubitablement nous conduire à des découvertes
mystiques d’ordre transcendantal.

Il n’est pas superflu, comme fait d’actualité immédiate, de


citer l’amour profond que ressent le toréador pour sa
Vierge ; visiblement, il se remet totalement à elle, avant
d’apparaître en habit de lumière dans l’arène.

Ceci vient nous rappeler les Mystères Isiaques ; le terrible


sacrifice de la Vache Sacrée, et les cultes archaïques d’IO,

155
dont les origines proviennent, solennels, de l’aube de la vie
sur notre planète Terre.

Il est donc pathétique, clair et défini que seule IO, Devi


Kundalini, la Vache Sacrée, la Mère Divine, possède en vérité
ce pouvoir magique serpentin, qui nous permet de réduire
en poussière cosmique l’Ego animal, le terrible taureau, la
bête mugissante de l’arène de l’existence.

Parsifal, le torero de l’astral, après la dure lutte dans la


merveilleuse arène de la vie, se convertit de fait et de droit
propre, en ce chaste innocent du Drame Wagnérien,
annoncée par la voix du silence, dans les exquises splendeurs
du Saint Graal.

156
39. Les Trois Traîtres

« Et je vis sortir de la bouche du Dragon, et de la bouche de la


bête, et de la bouche du faux prophète, trois esprits immondes
qui ressemblaient à des grenouilles.
Car ce sont des esprits de démons, qui font des signes et vont
aux rois de la terre, dans le monde entier, pour les réunir à la
bataille de ce grand jour du Dieu Tout Puissant. » (Apocalypse
16:13-14)

Il est écrit en charbons ardents dans le livre merveilleux de


toutes les splendeurs que ce sont là les trois traîtres qui
assassinèrent HIRAM ou plutôt, Chiram-Osiris, le Dieu Intime
de tout homme qui vient au monde.

Nous devons chercher avec une ardeur infinie, à l’intérieur


de nous-mêmes, ces trois assassins du Maître Secret, jusqu’à
finalement pouvoir nous exclamer, un jour quelconque, peu
importe la date, le jour ou l’heure, de toutes les forces de
notre âme : « Le Roi est mort, vive le Roi ! »

Il est ostensible que le premier traître est certes l’écœurant


démon du désir.

Il est indiscutable que le second infidèle est l’horripilant


démon du mental.

Il se révèle pathétique, clair et bien défini, que le troisième


traître, est le vil démon de la mauvaise volonté.

JUDAS est le premier, qui vend le Christ secret pour trente


pièces d’argent.

157
PILATE est le second ; qui toujours se lave les mains et se
déclare innocent, jamais il ne se reconnaît coupable.

CAÏPHE est le troisième ; il ne fait jamais la volonté du Père ;


il détesta le Seigneur et continue à le détester.

L’origine de ces trois scélérats est certes bien ténébreuse ; il


est indiscutable qu’ils viennent de la perversion
épouvantable des trois GUNAS.

SATTVA est le Guna de l’harmonie universelle.

RAJAS est le Guna de l’émotion.

TAMAS est le Guna de l’inertie.

Tout Hiérophante illuminé, en étudiant les registres


Akashiques de la Nature, pourra vérifier clairement par lui-
même le fait transcendantal de l’équilibre absolu des trois
Gunas du mystère pendant la profonde nuit du Grand
Pralaya.

Quand ces trois Gunas se déséquilibrent dans les plateaux de


la balance cosmique, alors l’aurore du nouveau jour
commence.

Krishna, cet homme illustre qui autrefois accomplit une


gigantesque mission dans la terre sacrée des Védas, dit en se
référant instamment aux trois Gunas de la sagesse antique :

« Si l’être incarné meurt quand prédomine SATTVA, il va alors


à la sphère des dévots qui adorent ce qu’il y a de plus élevé.

Si au moment où il meurt, prédomine RAJAS, il naît parmi la


gent dévouée à l’action ; et si prédomine TAMAS, il naît parmi
la gent des êtres qui ne raisonnent pas.

158
Ceux de tempérament SATTVIQUE vont en haut » (les sphères
supérieures de l’univers).

« Les RAJASIQUES demeurent au milieu » (renaissent dans un


corps humain de manière immédiate ou plus tardive, sans
s’être donné le luxe de quelques vacances dans les régions
ineffables).

« Et les TAMASIQUES vont en bas pour reculer » (involuant


dans le temps, descendant par les échelles animale, végétale,
minérale. Ils sortent ensuite de nouveau à la lumière du
soleil et recommencent une nouvelle ascension de type
évolutif, qui doit débuter à nouveau dans la pierre dure).

Et cet illustre Seigneur prit de nouveau la parole pour dire ce


qui suit :

« Quand la connaissance brille à travers les sens, on doit


considérer que SATTVA prédomine.

Quand prévalent la cupidité, l’activité, l’idée de nouvelles


entreprises, l’inquiétude et le désir, alors Ô Bharata ! RAJAS
prédomine.

Et quand prédomine TAMAS, Ô Kounteya, prévalent l’obscurité


mentale, l’inertie, l’inadvertance et l’hallucination.

L’être incarné, transcendant les trois GUNAS, qui causent ce


corps, se libère de la naissance, de la mort, de la vieillesse et de
la souffrance, et devient immortel. »

Le KUNDALINI YOGA enseigne brillamment que le


bhujanjini, ou pouvoir serpentin, se trouve enroulé trois fois
et demie à l’intérieur du chakra coccygien. Les trois queues
représentent les trois Gunas de Prakriti : SATTVA, RAJAS et
TAMAS.

159
Il est un axiome de sagesse occulte suivant lequel la demi-
queue restante, représente Vikriti, la modification de
Prakriti, l’éternel féminin.

L’Évangile du Seigneur Bouddha dit :

« Les trois filles de Mara (les trois Gunas pervertis) tentèrent


le Bodhisattva mais lui ne s’y arrêta pas, et quand Mara vit
qu’il ne pouvait incendier aucun désir au cœur du Sramana
victorieux, il commanda à tous les esprits malins d’obéir à ses
ordres, d’attaquer et de terrasser le grand MUNI.

Mais le Bienheureux les contempla, tel celui qui contemple les


jeux innocents des enfants et l’ardente haine des mauvais
esprits resta sans effet. Les flammes de l’enfer se firent brises
salutaires et parfumées, et les éclairs furibonds se
transformèrent en fleurs de lotus.

Avant cela, Mara (le Dragon des Ténèbres) et son armée,


prirent la fuite. Pendant ce temps là, des hauteurs célestes,
tombait une pluie de fleurs et on entendait les voix des bons
esprits.

Voyez le grand MUNI ! La haine n’ébranle pas son esprit ! Les


légions du mal (ces diables rouges qui constituent le fameux
Moi), ne l’ont pas intimidé. Il est pur et sage ; il est empli
d’amour et de compassion.

Comme les rayons du soleil balayent les ténèbres du monde,


celui qui persévère dans sa quête rencontrera la vérité et la
vérité l’illuminera. »

Ici s’arrêtent les quelques versets sacrés cités de l’évangile


de notre Seigneur Bouddha.

Bien des siècles plus tard, le Divin Rabbi de Galilée


s’exclamait de toutes les forces de son âme : « Vous

160
connaîtrez la Vérité, et la Vérité vous rendra libre ». (Jean
8:32)

« Dieu est Esprit (dit l’évangile Chrétien) et ceux qui l’adorent,


doivent l’adorer en Esprit et en Vérité. » (Jean 4:24)

« Cependant, quand viendra l’Esprit de Vérité, Lui, vous


enseignera toutes les vérités ; il ne parlera donc pas de ce qui
est à lui, mais dira toutes les choses qu’il aura entendues et
vous dira celles à venir. » (Jean 16:13)

Il est écrit, en caractères de feu ardent, qu’on peut incarner


l’Esprit de Vérité uniquement en mourant en soi-même. « À
celui qui sait, la parole donne pouvoir, personne ne la
prononça, personne ne la prononcera, sauf celui qui l’a
incarné. »

Siddhartha, le Bouddha, celui qui accomplit ce qu’il se


proposa, tel le Parsifal du Drame Wagnérien, empoigne
valeureusement la lance d’Éros, pour annihiler
premièrement les démons de Seth (l’Ego), et ensuite les trois
furies, qui demeurent dans les terribles abîmes de l’Achéron.

Gautama, certes, fut un Mage de l’Initiation Tantra ; il


pratiqua le Sahaja Maïthuna intensivement et mania la lance
avec une maîtrise singulière.

161
40. Sérénité et Patience

Chacun de nous savait bien que la dissolution de l’Ego


correspond au travail ésotérique dans les sinistres abîmes
de l’Achéron.

Il est ostensible que nous, les frères de l’Ordre Secret, étions


bien morts, néanmoins nous voulions accéder à un travail
supérieur.

Nous tous souffrions, pleins d’intimes aspirations ; nous


voulions réduire en poussière cosmique ces trois Furies
classiques que le Dante vit dans les abîmes infernaux.

On nous dit, dans le temple, que nous devions attendre avec


une infinie patience l’Abbé du Monastère, mais évidemment,
les heures devenaient pour nous longues et fastidieuses… Le
Vénérable ne paraissait certes pas pressé.

Il était assez insolite et curieux de voir ces Adeptes de la


Loge Blanche passablement fatigués, las et de mauvaise
humeur.

Quelques frères très respectables faisaient les cent pas en


protestant contre le retard bizarre du Supérieur.

Il y a dans la vie des circonstances surprenantes : l’une


d’elles fut l’entrée impromptue de l’Abbé dans le temple.
Tous les frères de notre ordre en restèrent bouche bée,
stupéfaits, car ils avaient bien perdu tout espoir de voir le
Maître.

162
Face à la fraternité sacrée, le Vénérable prit la parole et dit
en me désignant de l’index : « Mes frères, à vous, il vous
manque deux vertus que ce frère possède ».

Ensuite, de manière douce et impérative à la fois, il me dit :


« Dites-leur, frère, quelles sont ces deux vertus ! »

« Il faut savoir être patient, il faut savoir être serein. » Dis-je
d’une voix posée et claire…

« Vous voyez ? Êtes-vous convaincus ? » S’exclama l’Abbé.


Tous, effrayés et émerveillés en même temps, optèrent pour
garder un silence terrible…

Il est indubitable que tous les frères durent être recalés pour
le travail supérieur, car seule mon insignifiante personne
sortit victorieuse de cette difficile épreuve.

Beaucoup plus tard, je dus comparaître devant la fraternité


d’un autre monastère de la Loge Blanche pour recevoir
certaines instructions et signer quelques documents
importants. J’allais travailler intensivement dans les enfers
atomiques lunaires pour désintégrer les Trois Filles de Mara,
et évidemment, j’avais donc besoin d’être d’abord instruit et
admonesté.

Il n’est pas superflu de souligner le fait transcendantal de ce


qu’est un travail conclu dans le royaume minéral submergé
de la planète Terre ; car il est évident que dans le Tartare,
j’avais réduit en poussière cosmique l’Ego animal.

Néanmoins, il est indiscutable que le travail supérieur dans


les abîmes lunaires, éliminer les trois traîtres de Chiram-
Osiris, devait être indubitablement beaucoup plus difficile.

On me prévint et on me conseilla par les mots suivants : « Tu


dois bien te garder du froid lunaire » comme pour me dire

163
« N’abandonne pas la Magie Sexuelle. Ton Moi est bien mort,
mais si tu commets l’erreur de tomber à nouveau dans la
génération animale, alors l’Ego ressuscitera peu à peu ».

Je fus emporté par mon Divin Augoides, en état de Nirvikalpa


Samadhi, au monde lunaire ; alors on me conseilla sagement.

Mon âme s’émut dans ses profondeurs les plus intimes en


trouvant là, l’Ancien du temple de ceux qui sont deux fois
nés ; notre cher Recteur. Le vieillard sacré semblait avoir
toutes les caractéristiques psychologiques du citron, mais il
irradiait ostensiblement un amour infini.

Je compris que pour avoir droit à l’ascension vers le ciel


lunaire, je devais tout d’abord descendre aux enfers sélénites
et affronter valeureusement les trois furies.

« Viens, Méduse et nous te transformerons en pierre – crient


les perverses – nous avons mal agi en ne nous vengeant pas
de l’entrée audacieuse de Persée. »

Quand je voulus monter par la symbolique échelle de Jacob,


le vieillard sacré du temple arracha de l’Arbre de la
Connaissance une délicieuse branche, et me la fit respirer. Ce
parfum était nirvanique, paradisiaque : « Hume toujours cette
branche pour pouvoir monter ». Telles furent les paroles de
l’Adepte.

Nous devons nous nourrir des délicieux parfums de l’Arbre


de la Science du bien et du mal, mais non en manger… Ceci
est la Loi.

Dans les abîmes de Séléné, je commençai mon travail avec


Judas, le démon du désir, le Kama-Rupa Théosophique ; il est
lamentable que tant de gens ignorants confondent ce
premier traître avec le corps sidéral ou le corps astral, que

164
ceux qui sont deux fois nés fabriquèrent dans la forge
incandescente de Vulcain.

La Déesse à Tête de Scorpion (le troisième aspect cosmique


de ma Divine Mère Kundalini) marchant à l’intérieur du
monstre passionnel, déguisé en mystérieux scorpion, fit
pleuvoir sur lui sa coupe de destruction.

Là, les Dieux qui m’aidèrent, déchirèrent la poitrine de la


première Furie sans la moindre miséricorde. La Déesse à
Tête de Lion, épouvantablement Divine, immobilisa ses
membres et lui retira toute la force bestiale qu’elle
possédait.

Disons-le assurément et j’insiste beaucoup, à la bonne heure


et grâce au secours direct de ma Divine Mère Kundalini,
l’horrible démon du désir, Judas le scélérat, se retrouva
réduit en cendres.

Un peu plus tard, j’eus à poursuivre mon travail avec


l’inquiet démon du mental qui nous apporte tant
d’amertume, l’abominable Pilate de tous les temps.

Évidemment, cette vile Furie classique a engendré certaines


confusions dans l’intellect de chercheurs occultistes
notoires.

Il est ostensible que quelques auteurs très sérieux ont


confondu le Pilate intérieur de chacun avec l’authentique et
légitime corps mental que ceux qui sont deux fois nés ont
fabriqué patiemment dans la Forge des Cyclopes.

« Arrière, Ô Démon Mental, toi qu’Osiris (l’Être Intime de


chaque être humain) a en horreur ! Éloigne-toi de ma barque,
poussée par des vents propices. »

165
Et je m’exclamai à forte voix tel un lion rugissant, appelant
ma Divine Mère Kundalini de toutes les forces de mon âme,
et sept trônes répétèrent mes clameurs.

« Les Dieux de la vaste terre sont hardés ; va-t-en écœurant


Pilate, le Dieu, Seigneur de la région des morts te déteste ! »

Cette sinistre Furie dans son terrifiant déclin, en vint à


prendre la forme d’un enfant.

Ombre vaine réduisant lentement sa forme, monstre qui


s’embellit, elle perd sa taille originelle, se réduit à un point,
et disparaît pour toujours.

Annihilation… Mot terrible… Ceci fut la fin du fatal Pilate qui


me tourmentait.

Je poursuivis mon travail en attaquant Caïphe, le troisième


traître, la plus détestable de toutes les Furies.

Je vis monter le démon de la mauvaise volonté par le perron


de ma demeure ; il avait un aspect césarien.

Malheureusement, l’infortuné n’en avait pas la faute, je


l’avais créé moi-même, et pour comble, je commis l’erreur de
le fortifier d’atomes tyranniques, quand à Rome je
m’appelais Jules César.

Glorieuses époques de l’aigle romain : j’établis à cette


époque la scène pour les gens de la quatrième sous-race
Aryenne et fus assassiné par le perfide Brutus et ses
complices.

Que de méditations si profondes… Mon Dieu !

166
Ah, me dis-je en moi-même, je dois éliminer de ma nature
intime ce rebelle pervers, qui n’a jamais voulu obéir au
Père…

« Que les Dieux me concèdent ton trône ! Ô RA ! Ainsi que ton
corps glorieux.

Ta route, je la parcours ; et à l’aube, je rejette le démon de la


mauvaise volonté, qui arrive dissimulé derrière un rideau de
flammes passionnelles, et dans l’étroit et long couloir des
épreuves ésotériques, il m’attaque à l’improviste. »

Aïe-Aïe-Aïe ! Qu’en aurait-il été de moi sans le secours


cosmique de ma Divine Mère Kundalini ?

Vénus, Adonia, Insoberte, Réa, Isis, empoignant dans sa


dextre la lance d’Éros, combattit l’horrible bête.

Même l’amazone Camille, cheveux au vent, blonde comme


l’or, s’avançant telle Diane à la rencontre de ses ennemis,
n’aurait jamais pu rivaliser en beauté avec ma Mère.

La troisième Furie, certes, mourut, après avoir reçu


plusieurs coups de lance en son corps… Aucune n’égalait son
horrible apparence, ni n’avait dans sa chevelure autant de
serpents ; ses sœurs elles-mêmes la craignaient ; la
malheureuse portait en ses mains tous les venins
Gorgonéens de l’Enfer.

Je pus vérifier avec une clarté si totale qu’elle en étonne, tout


le processus de mort dans les trois Furies.

Elles passèrent, c’est indiscutable, par toutes les


transformations magiques chantées par Ovide.

Si au début, elles furent gigantesques et horribles, tel le


monstre Polyphème de la terre maudite (qui dévora

167
impitoyablement les compagnons d’Ulysse), elles eurent
ensuite, peu avant la venue de la souveraine Parque, l’aspect
d’enfants nouveaux nés.

Ces ombres sont mortes, et le parfum de la vie distilla dans


mes tréfonds un certain pourcentage de ma conscience qui
était resté embouteillé en elles.

168
41. La Reine des Jinas

Lance en arrêt, le solide bouclier sur la poitrine, corps


menaçant sur l’arçon, le barbare furieux, yeux fixes, visage
livide, menace le héros ; visage serein, le chevalier comme
contraint, brandit le fer étincelant, et recouverts de la
poussière qu’ils lèvent de la terre, ils épouvantent à
s’assaillir tout à tour.

La bataille devient confuse : le chevalier combat pour sa


Dame, tous les fils de Satan bouillant de colère s’acharnent ;
la maille rompue vole en morceaux, les coups rudes
martyrisent les corps ; point de recul, point de répit ;
barrière immobile, les fers croisés les hérissent mille fois,
incessamment ; ils se blessent, et redoublent d’ardeur, ils
méprisent la mort.

L’éternelle Dame, l’Âme-Esprit (Bouddhi), exige toujours de


son chevalier toutes sortes de prodiges, de courage et des
sacrifices inouïs.

Elle, la Divine Épouse parfaite est Guenièvre, la Reine des


Jinas, celle qui versait le vin à Lancelot.

Vin délicieux de la spiritualité transcendante, dans les


coupes initiatiques de Sukra et de Manti.

Coupes qui en somme, ne sont autre que le Saint Graal, dans


sa signification de Calice de la suprême boisson, ou nectar
initiatique des Dieux Saints.

Heureusement le chien Cerbère (l’instinct sexuel) guide la


harde qui aide le chevalier dans son aventure peu commune.

169
Hercule attrapa Cerbère, le chien à trois têtes, et malgré ses
aboiements, le sortit du Tartare attaché par le collier.

Antre horrible où hurle Cerbère, prodige de terreur, dont les


aboiements, les trois énormes têtes aplaties et le cou entouré
de serpents, remplissent d’épouvante tous les défunts.

Cerbère, le « Chien Guide » reconnaissant, conduit sur le


sentier du fil du rasoir, le chevalier qui est capable de le
sortir des tortures de l’enfer.

Cerbère, enfoui dans les enfers atomiques de l’homme, se


convertit quand il est affranchi, en le meilleur guide de
l’Initié.

Chien merveilleux (libido sexuelle) tirant la chaîne, oriente


l’Adepte qui cherche sa Bien-aimée.

Heureux le chevalier qui après la joute difficile, célèbre ses


noces avec la Reine des Jinas !…

Il est écrit en lettres d’or dans le livre de la vie que dans la


BOUDDHI, ce vase de cristal pur et transparent, brûle
miraculeuse, la flamme du Prajna (l’Être).

Précieuse Dame-Esprit, éternelle épouse adorable, femme


idéale ; bouddhique enchantement de l’amour.

Accepte-moi en gracieux honneur comme serviteur et


esclave, moi qui suis à toi. Sois mon aimée, moi qui ne suis
pas digne de toi…

Mais noble Dame Divine, je n’ose rien vous demander sinon


que vous permettiez mon service soumis. Car quant à moi,
en ce qui me concerne, je vous servirai en fidèle vassal.

170
Vois !… Soumis à toi, je me remets à ta volonté toute entière,
de toute mon ardeur et de tout mon zèle !…

Les Divins et les humains savent bien que le Seigneur de


Perfection (l’Atman Théosophique) a deux âmes, toi et moi…
(Le Bouddhi et le Manas supérieur ou Causal).

Le peu de sages qu’il y a eu dans le monde, n’ignore pas que


tu es mon adorée et que je suis ton adorateur.

Est-ce la lumière du jour qui m’illumine, ou est-ce le


souvenir de ta présence ? Où que je dirige ma vue, le monde
me semble empli de ton image. Dans le rayon de soleil qui
vacille dans l’eau et qui joue parmi les feuilles, je ne vois rien
que sa ressemblance avec tes yeux.

En quoi consiste ce changement qui a altéré mon être et qui


a fait changer l’aspect de l’Univers ?

Je ne vais chercher aucun remède à tes épreuves. Toutes


celles que tu m’imposeras, je m’y soumettrai. Je suis ton
sujet… Et toi ma reine. Je le proclame à voix haute et m’en
glorifie. En vérité, mourir pour toi doit être la plus grande
allégresse.

Une nuit d’indiscutables délices, j’eus la joie de rencontrer


ma bien-aimée, dans les parages secrets d’une montagne.

Le carrosse de ma promise avançait lentement par le sentier


solitaire…

La légende des siècles raconte, que la Marquise de Beaupré


se promenait dans une voiture de singulière beauté, elle était
faite de porcelaine pure. Mais le carrosse triomphal de mon
adorable Walkyrie ressemblait plutôt à cette voiture de
l’époque « rococo » qu’utilisait la femme du Duc de
Clermont : splendide attelage à six chevaux, lesquels

171
portaient ferrures d’argent et dont les roues et les jantes
étaient du même métal.

« Tu me ravis le cœur, ma sœur, ma fiancée, tu me ravis le


cœur par l’un de tes regards, par l’un des colliers de ton cou.
Que de charmes dans ton amour, ma sœur, ma fiancée !
Comme ton amour vaut mieux que le vin ! Et combien tes
parfums sont plus suaves que tous les aromates !
Tes lèvres distillent le miel, ma fiancée. Il y a sous ta langue du
miel et du lait, et l’odeur de tes vêtements est comme l’odeur
du Liban.
Tu es un jardin fermé, ma sœur, ma fiancée, une source
fermée, une fontaine scellée.
Tes jets forment un jardin, où sont des grenadiers, avec les
fruits les plus excellents, des fleurs de troène et de nard ;
Le nard et le safran, le roseau aromatique et le cinnamome,
avec tous les arbres qui donnent l’encens, la myrrhe et l’aloès,
avec tous les principaux aromates ;
Une fontaine des jardins, une source d’eaux vives, des
ruisseaux du Liban. » (Cantique des Cantiques 4:9-15)

Le carrosse triomphal de mon adorée s’arrête devant un


royal palais de porphyre reluisant, dont la richesse et la
splendeur orientale font briller murs et lambris.

Le splendide véhicule stationne devant les portes de bronze


resplendissant, effrayantes de tant de majesté.

Je vois aussitôt s’approcher de l’attelage une aimable


assistance : messieurs distingués, princes, nobles,
magnifiques dames et délicats enfants.

Quelqu’un fait un signe et j’obéis ; j’avance jusqu’au carrosse


de l’amour ; je vois ma Walkyrie à travers les cristaux de la
joie.

172
« Que tes pieds sont beaux dans tes chaussures, fille de prince !
Les contours de ta hanche sont comme des colliers, œuvre des
mains d’un artiste.
Ton sein est une coupe arrondie, où le vin parfumé ne manque
pas. Ton corps est un tas de froment, entouré de lys.
Tes deux seins sont comme deux faons, comme les jumeaux
d’une gazelle.
Ton cou est comme une tour d’ivoire ; tes yeux sont comme les
étangs d’Hesbon, près de la porte de Bath-Rabbim ; ton nez est
comme la tour du Liban, qui regarde du côté de Damas.
Ta tête est élevée comme le Carmel, et les cheveux de ta tête
sont comme la pourpre ; un roi est enchaîné par des
boucles !… » (Cantique des Cantiques 7:1-5)

Vêtue de la robe nuptiale, les habits de Noces de l’âme, ma


promise est arrivée dans son resplendissant carrosse pour
les épousailles.

Me marier devant le Saint Autel, avec mon Âme Jumelle, le


Bouddhi Théosophique. Quelle joie mon Dieu !… Néanmoins,
on me dit d’attendre encore un peu.

La virile dispensatrice de la force d’en haut me renvoyait, et


je souffrais avec une infinie patience.

Je dus alors me submerger profondément dans les mystères


sacrés de Mina, les effrayantes ténèbres d’un amour qui est
frère jumeau de la mort.

Je travaillai intensivement dans la super-obscurité du silence


et l’auguste secret des sages…

Je dus attendre un temps, des temps et la moitié… Je


soupirais pourtant pour Guenièvre, la Reine des Jinas.

173
Une nuit… Les étoiles resplendissantes dans l’espace que
tout embrasse, semblaient avoir un nouvel aspect.

Loin du tapage mondain, je me trouvais en Samadhi ; la porte


de ma chambre demeurait hermétiquement fermée.

Je pus alors célébrer les Noces Alchimiques ; elle entra en


moi et je me perdis en elle.

En ces instants de Béatitude, le Soleil de minuit, le Logos


Solaire, brilla intensément.

Je me sentis transformé de manière intégrale. L’Église de


Laodicée, le fameux chakra Sahasrara, le lotus aux mille
pétales, la Couronne des Saints, resplendissant dans la
Glande Pinéale, m’apporta une félicité légitime… (Param
Ananda.)

En ces instants de béatitude suprême, je me convertis


réellement en un authentique et légitime « Brahma-vid-
varishta ».

Les mille Yogas Nadis du Chakra Sahasrara me conférèrent,


de fait, le pouvoir sur certaines forces de la nature.

Bouddhi, ma Guenièvre, outre le fait d’amener le Shiva-


Shakti Tattva au maximum de son activité vibratoire, avait
mis le Padma coronaire dans un certain état de fonctions
mystiques intensifiées.

Je me vis alors converti en le Messager de la Nouvelle Ère du


Verseau, enseignant à l’humanité une doctrine aussi
nouvelle que révolutionnaire… (Et pourtant si antique.)

Quand j’ouvris la porte de la chambre, l’Œil de Diamant (la


Pinéale) me permit de voir d’innombrables ennemis. Il est
évident que la diffusion de la Gnosis, dans sa forme

174
révolutionnaire, augmentera progressivement le nombre de
mes adversaires.

Il n’est pas superflu de dire, qu’après ce grand événement


cosmique, je dus réaliser la cérémonie nuptiale dans le
temple… Beaucoup de gens assistèrent à ce grand festival de
l’amour.

175
42. Le Dragon des Ténèbres

Je dus, après les Noces Alchimiques avec cette femme qui


s’appelle GUENIÈVRE, la reine des Jinas, affronter
valeureusement le Dragon des ténèbres.

J’ai dit déjà dans le chapitre précédent, que la délicieuse


Walkyrie exige toujours de son adorable chevalier des
prodiges inouïs, de courage et de sacrifices en tous genres.

Dans le feu embrasant de l’univers, il n’y a certes pas


d’exception. Les Dames-Adeptes elles-mêmes doivent lutter
dans de nombreuses batailles ; comme les amazones
épiques, quand elles aspirent réellement à se marier avec le
Bien Aimé (Le BOUDDHI).

Je pensais qu’après les Noces Alchimiques avec mon adorée,


j’entrerais pleinement dans une lune de miel paradisiaque.
J’étais bien loin de soupçonner qu’entre les tanières
submergées du Subconscient, se cachait le sinistre et
ténébreux Mara, le père des trois Furies classiques.

Gigantesque monstre aux sept têtes infra-humaines


personnifiant amèrement les sept péchés capitaux.

Moi du Moi pluralisé, horripilant rejeton de l’abîme, à


l’intérieur duquel était embouteillé un bon pourcentage de
ma conscience.

En écrivant ces lignes, nous ne pouvons omettre de rappeler


ce verset de l’Apocalypse, lequel dit textuellement : « Il fut
jeté hors du Grand Dragon, l’antique serpent qui s’appelle
Diable et Satan, qui leurre le monde entier ; il fut précipité sur

176
la terre et ses anges (les Moi qui constituent l’Ego) furent
précipités avec lui ».

Si l’Archange Michel et ses lumineux Anges de la Lumière


Divine ont livré d’héroïques batailles contre le Dragon,
pourquoi devrais-je être moi, précisément, une exception à
la règle générale ?

Mon Dieu et Sainte Marie ! Même Bouddha Gautama


Siddhartha dut livrer de terrifiantes guerres contre
l’horripilant Dragon Mara et ses trois dégoûtantes Furies.

Il n’est pas superflu de transcrire ici, opportunément, un


certain verset de l’Évangile bouddhiste qui dit textuellement
ceci :

« MARA (le Dragon des ténèbres) proféra les menaces qui


inspirent la terreur et provoqua un ouragan tel, que les cieux
s’en obscurcirent et que la mer en rugit et en palpita. Mais
sous l’arbre de Bouddhi (le Figuier symbole du sexe), le
Bienheureux demeurait tranquille, sans rien craindre.
L’illuminé savait qu’aucun mal ne pouvait l’atteindre. »

Ah ! Si l’Adepte pouvait s’exclamer : « Je ne suis pas le


Dragon… » S’il pouvait dire : « Ce monstre n’a rien à voir avec
moi… »

Il est cependant écrit clairement dans le livre de toutes les


énigmes, que Mara est le Moi-même, le Soi-même, dans ses
états d’infra-conscience la plus profonde.

Zeus depuis l’Olympe gouverne le monde, et bien des fois, les


Dieux font ce à quoi on ne s’attend pas ; ce qui est attendu
n’arrive pas, et le ciel donne aux affaires humaines une issue
surprenante. C’est ce qui s’est produit maintenant.

177
Lutter contre le Dragon après la Noce ? Quelle surprise, mon
Dieu ! Ce qui m’arrive est étrange.

Il est facile de descendre aux mondes infernaux, mais il n’est


pas si facile d’en revenir ! Voilà la difficulté du travail ! Voilà
l’épreuve difficile !

Quelques héros sublimes, bien peu en vérité, ont réussi ce


retour triomphal. D’impénétrables bois séparent l’Averne du
monde de la lumière, et les eaux du fleuve pâle, le Cocyte,
tracent des replis en labyrinthes dans cette pénombre dont
la seule image fait frémir.

Et la grande bête rugit épouvantablement, comme un lion


qui rugit, et les puissances des ténèbres en frémirent
d’horreur.

Quand dans l’immense bois Silénien, dans l’ombre splendide


du Taburne, deux taureaux aux cornes effilées courent
furieux à la rencontre l’un de l’autre pour se battre, les
humbles bergers, effrayés, se retirent et naturellement, tout
le troupeau se tient immobile et muet de terreur.

De toutes leurs forces, ils s’ouvrent de terribles blessures, et


s’enfoncent leurs cornes effilées dans la chair de tout leur
poids ; leur cou et leur dos répandent du sang, et le bois
profond tout entier tremble de leurs mugissements.

De même, le Dragon des ténèbres et mon âme haletante


couraient l’un contre l’autre, se protégeant de leur écu, et
l’abîme s’emplissait de grondement.

Jupiter, le Père vénérable des Divins et des humains,


contemplant la joute âpre, tient en équilibre les deux
merveilleux plateaux de sa balance cosmique et dépose sur
chacun d’eux les destins des deux combattants. Lequel

178
succombera ? De quel côté pèsera la mort ? Le perfide Mara
se sent invulnérable dans son audace. L’espérance et l’excès
de haine l’agitent.

Le monstrueux empoigne dans sa sinistre main la terrible


lance de Longinus ; il tente trois fois de me blesser en vain,
désespéré il jette contre moi la Sainte Arme ; j’élude le coup
de la dure pique. En ces instants précis intervient ma Divine
Mère Kundalini ; elle s’empare de cette singulière relique et
blesse avec elle, mortellement, l’abominable rejeton de
l’enfer.

Le Dragon Rouge, peu à peu perd sa stature gigantesque, se


rapetisse épouvantablement, se réduit à un point
mathématique et disparaît pour toujours dans l’antre
ténébreux.

Terribles sont les secrets du vieil abîme, sombre océan sans


limite, où la nuit première née et le Chaos, aïeux de la nature,
entretiennent une perpétuelle anarchie au milieu de la
rumeur des guerres éternelles, se maintenant grâce à la
confusion.

La chaleur, le froid, l’humidité, la sécheresse, quatre terribles


champions, s’y disputent la supériorité et mènent au combat
leurs embryons d’atomes qui, se regroupant autour de la
bannière de leurs légions, et réunis en différentes tribus,
armés légèrement ou lourdement, aigus, arrondis, rapides ou
lents, fourmillent innombrables, tels les grains de sable du
Barce ou ceux des ardentes plages de Cyrène, traînés pour
participer à la lutte des vents et servir de lest à leurs ailes
véloces.

L’atome, auquel adhère une plus grande quantité d’atomes,


domine pour un moment. Progressivement le Chaos

179
gouverne en tant qu’arbitre, et ses décisions viennent
augmenter le désordre, grâce auquel il règne. Après lui, il est
évident qu’en ces régions submergées sublunaires, le hasard
dirige tout.

Devant cet abîme sauvage, berceau et sépulcre de la nature,


devant cet antre qui n’est ni mer, ni terre, ni air, ni feu, mais
qui est formé de tous ces éléments qui, confusément mêlés
dans leurs causes fécondes, doivent combattre toujours de la
même manière, à moins que le Logos créateur dispose de ses
noirs matériels pour former de nouveaux mondes ; devant ce
Tartare barbare, l’horripilant rejeton abyssal exhala son
dernier souffle.

Il arriva alors quelque chose d’insolite, de merveilleux,


d’extraordinaire. Cette fraction de ma conscience, autrefois
enfoncée dans le corps démesuré de l’abominable monstre,
retourna au fond de mon âme.

180
43. Conclusion des Travaux
Lunaires

Après avoir réduit en poussière cosmique Mara, le père des


trois Furies classiques, je dus affronter valeureusement les
bêtes secondaires de l’abîme.

Le jour s’achevait lentement ; l’air délicieux de la nuit invitait


les êtres vivants qui peuplent la face de la terre au repos des
fatigues ; et je ne me préoccupais de rien, sinon de soutenir
les combats du chemin et de choses dignes de compassion,
que ma mémoire écrira sans se tromper.

Ô ineffables Muses ! Ô divin génie élevé ! Venez à mon


secours ! Jupiter Vénérable Père des Divins et des humains !
Inspirez-moi afin que mon style ne trahisse pas la nature du
sujet !

Un coup de tonnerre retentit si fort qu’il interrompit mon


sommeil profond ; je tressaillis comme un homme que l’on
réveille violemment ; je me levai, et dirigeant mon regard
autour de moi, je fixai les yeux pour reconnaître l’endroit où
je me trouvais ; je me vis dans une maison solitaire à côté du
chemin ténébreux.

Assis sur un fauteuil rustique près de la fenêtre d’où je


pouvais contempler tout à mon aise le sentier escarpé,
j’évoquai alors les temps enfouis.

Certes, en d’autres temps je m’étais trouvé là, dans la


demeure de l’abîme et devant le même chemin.

Rien de cela ne me parut nouveau, je compris que j’étais en


train de récapituler des mystères ; me levant du fauteuil,

181
j’ouvris la vieille porte de cette demeure et sortis, marchant
bien lentement… Tout doucement… Par le chemin solitaire.

D’un seul coup d’œil, et transperçant du regard un espace à


la mesure possible de la pénétration de la vue spirituelle, je
vis ce lieu triste, dévasté et sombre.

Le sol était humide et je dus freiner intempestivement mon


pas, devant un certain câble électrique qui reposait tendu
sur le sol.

Un câble de cuivre à haute tension ? Quelle horreur ! Et


j’étais sur le point de marcher dessus !

« Il est préférable de mourir en étant libre que de vivre


prisonnier. » Ainsi s’exclama la Voix du Silence dans la nuit
du mystère…

Et moi qui, alarmé en ces instants précis, tentais de reculer,


je me sentis réconforté.

J’avançais résolument dans ces parages sublunaires, le long


du tortueux sentier abyssal.

Horrible voie entre les effrayantes entrailles de la Lune pâle,


mystérieux sentier du grand jour cosmique passé. Combien
de souvenirs m’apportes-tu !

Ah oui ! J’étais actif dans l’antérieur Mahamanvantara et je


vécus parmi les Sélénites du Monde Lunaire.

Ce vieux Monde Lunaire est aujourd’hui un cadavre et il ne


reste des Sélénites pas même un os.

Ces profondes réflexions ébranlèrent terriblement les fibres


les plus intimes de mon âme, tandis que silencieux, je
marchais sur ce sentier submergé.

182
Mon corps planétaire pendant ce temps, ici sur la terre, gisait
en profond repos.

Est-ce étrange, par hasard, que l’âme s’échappe du corps


physique au cours de la méditation ?

Rêver ? Non !… Il y a longtemps que j’ai cessé de rêver ; ceux


qui éveillent la conscience ne rêvent plus.

Auto-conscience ? C’est une faculté différente et je l’ai parce


que je suis bien mort.

Conscience objective ? Il est évident que si je ne l’avais pas, je


ne pourrais pas non plus informer mes lecteurs aimés sur la
vie dans les mondes supérieurs.

Des études ?… Oui, je les fais hors de mon corps physique au


cours du Samadhi.

Revenons cependant, cher lecteur, à notre récit et pardonnez


cette petite, mais importante digression.

Le sentier lunaire escarpé tournant brusquement à gauche,


je pénétrai dans certaines collines très pittoresques.

Je vis en elles quelque chose comme un parc public un


dimanche ; un ensemble bigarré de créatures humaines
paraissant profiter délicieusement de la prairie.

Pour la distraction et l’amusement de quelques-unes, des


vendeurs ambulants passaient par-ci par-là avec des ballons
de toutes les couleurs.

Vivant symbole de la vie profane, voilà ce que je compris ; il


est cependant évident que je voulus vivre tout ceci avec
intensité.

183
J’étais bien absorbé par tout cela, contemplant les foules de
toujours, quand soudain quelque chose d’insolite et bizarre
arriva ; il me sembla que le temps s’était quelque peu retenu.

En ces instants de terreur, surgit du maquis un loup aussi


sanguinaire que féroce, au regard torve, qui tente en vain de
saisir sa proie ; devant lui, quelques poules caquetantes
fuient de la féline Parque impitoyable. Extraordinaire
symbologie occulte : pusillanime oiseau de basse-cour, lâche,
timide ; loup sanguinaire, cruel, impitoyable.

Frayeur ! Terreur ! Épouvante !… États humains sublunaires


de l’infra-conscience humaine… Et moi qui étais mort en
moi-même… J’ignorais l’existence de ces animaux à
l’intérieur de mes propres enfers atomiques.

Heureusement, je n’ai jamais jeté ma Sainte Pique pendant la


lutte. Grâce à ma Mère Divine Kundalini, j’ai pu surpasser
nombre de gens en force et en habileté, avec la lance.

Les principaux démons abyssaux tombés, ces viles


représentations de mes défauts infra-humains, mes travaux
lunaires se conclurent d’une manière épique par la mort que
je donnai avec la sainte arme à beaucoup d’autres bêtes
infernales.

Il n’est pas superflu de dire que j’eus à recueillir le très riche


butin de la guerre, après tant de rudes batailles.

Je veux faire une claire allusion à ces multiples gemmes


précieuses de ma propre conscience, enfoncées dans les
corps abyssaux difformes.

La dernière partie du travail eut un caractère totalement


atomique ; expulser les intelligences malignes de leur
habitacle nucléaire n’a rien de facile.

184
C’est certes ce qu’on entend par transformer les eaux noires
en eaux blanches.

Ces atomes, maintenant, se sont convertis en merveilleux


véhicules de certaines intelligences lumineuses.

De magnifiques étincelles, capables de nous renseigner sur


les activités de l’Ennemi Secret.

J’eus une nuit l’honneur le plus grand qui puisse être fait à
un être humain, je reçus la visite du Christ Cosmique.
L’Adorable tenait dans sa main droite un grand livre et il me
dit : « Tu vas entrer maintenant dans la sphère de Mercure ».

Voyant le Maître, je ne pus rien que m’exclamer : « Seigneur,


vous êtes arrivé plus vite que je ne le pensais. Je ne vous
attendais pas encore ».

Le Christ vivant me répondit doucement : « Je tarde parfois à


arriver, quand je dois arriver au mois de Mars. Tu dois encore
continuer à mourir ».

« Comment ? Continuer à mourir ? »

« Oui, répondit l’Adorable, tu dois continuer à mourir ! »


Répéta-t-il…

Ce qui s’ensuivit fut prodigieux. Le Maître s’éleva lentement


jusqu’au soleil de minuit, se détachant ensuite un peu de
l’astre Roi, comme pour me bénir et me pardonner mes
anciennes erreurs.

185
44. Énigmes

Tieh Shan écrit :

Je connus le Bouddhisme dès l’âge de treize ans. À dix-huit


ans j’entrai dans le Sacerdoce. Ensuite, je lus un jour une
thèse apportée par un moine de Hsueh Yen, appelée
« Méditations Avancées ».

Cela me fit comprendre que je n’étais pas encore parvenu à


ce point. Alors, je m’en fus voir Hsueh Yen et suivis ses
instructions, sur la façon de méditer sur le mot WU.

La quatrième nuit, la sueur suinta de tout mon corps, et je


me sentis commode et léger.

Je demeurai dans la salle de Méditation, concentré, sans


adresser la parole à personne.

Je vis ensuite, Miao Kao Feng, lequel me dit que je devais


continuer à méditer sur le mot WU, jour et nuit sans
m’arrêter.

Quand je me levai avant l’aube, le Hua Tou (la signification


du mot, l’essence de la phrase) se présenta immédiatement à
moi.

Comme j’avais un peu sommeil, je laissai le siège et


descendis. Le Hua Tou (c’est-à-dire, le mot WU)
m’accompagna, tandis que je marchais, me préparais ma
nourriture ou le lit, quand je prenais la cuillère, ou laissais
les baguettes de côté. Il était avec moi tout le temps, dans
toutes les activités, jour et nuit.

186
Si on parvient à fondre son mental dans un tout continu et
homogène, l’illumination est assurée.

Le résultat de ce conseil est que je fus pleinement convaincu


d’avoir atteint cet état. Le 20 mars, le maître Yen s’adressa à
la congrégation.

Asseyez-vous bien droit, rafraîchissez votre mental, comme


si vous étiez au bord d’un précipice de 10 000 pieds et
concentrez-vous sur votre Hua Tou (le mot magique WU).

Si vous travaillez ainsi pendant sept jours (sans repos, pas


même une seconde), vous parviendrez sans doute à la
réalisation. J’ai réalisé cet effort là il y a quarante ans.

Je commençai à m’améliorer quand je suivis ces instructions.


Le troisième jour, je sentis que mon corps flottait dans l’air ;
le quatrième jour, je devins complètement inconscient de
tout ce qui se passait dans ce monde. Une nuit, je demeurai
un moment appuyé contre une balustrade. Mon mental était
aussi serein que s’il n’avait pas été conscient. Je maintenais
constamment devant moi le Hua Tou (le mot WU), et ensuite
je revenais à mon siège.

Au moment où j’allais m’asseoir, j’eus subitement la


sensation que tout mon corps depuis la fontanelle jusqu’à la
pointe des pieds, était divisé.

J’eus subitement la sensation qu’on me rompait le crâne, ou


qu’on m’élevait jusqu’aux cieux, d’un puits de 10 000 pieds
de profondeur.

J’ai conté alors au Maître Yen cette indescriptible extase et la


joie jaillissante que j’achevais d’expérimenter. Mais le Maître
Yen dit : « Non, ce n’est pas cela. Tu dois continuer à travailler
ta méditation ».

187
Il cita alors à ma demande quelques paroles du Dharma,
dont les ultimes vers étaient : « Pour propager et glorifier les
nobles prouesses des Bouddhas et des patriarches, il te
manque de recevoir un bon coup de marteau sur la nuque ».

Je me demandai : pourquoi ai-je besoin d’un coup de


marteau sur la nuque ? Il y avait encore évidemment dans
mon mental un léger doute, quelque chose dont je n’étais pas
sûr.

Je poursuivis ainsi, méditant un long moment tous les jours,


pendant la moitié d’une année. Un jour où je me préparai
une infusion d’herbes pour les douleurs de la tête, je me
rappelai un KOAN (phrase énigmatique), dans lequel Nez
rouge demandait à Naja : « Si tu rends tes os à ton père et ta
chair à ta mère, où seras-tu alors ? »

Je me rappelai alors que, quand le moine me reçut pour la


première fois et me posa cette question, je ne sus lui
répondre, mais maintenant, subitement, mon doute avait
disparu.

Je m’en allais voir Meng Shan. Le Maître Meng Shan me


demanda : « Quand et où pouvons-nous considérer que notre
travail Zen s’est achevé ? »

Cette fois encore, je ne sus que répondre. Le Maître Meng


Shan insista sur le fait que je devais travailler dans la
méditation (Dhyana) avec un acharnement plus grand, et
que je devais laisser de côté les pensées humaines
habituelles.

Chaque fois que j’entrai chez lui et que je donnai une


réponse à sa question, il disait que je n’avais rien compris.

188
Une fois, je méditai de l’après-midi au matin du jour suivant,
utilisant le pouvoir de Dhyana pour me maintenir et avancer
jusqu’à atteindre directement l’état de profonde subtilité.

Laissant le Dhyana, j’allai chez le Maître et lui contai mon


expérience. Il me demanda : « Quel est ton visage originel ? »

Comme j’allai répondre, le Maître me mit dehors et ferma la


porte. À partir de ce moment, je parvins chaque jour à une
subtile amélioration.

Je compris plus tard que toute la difficulté venait de ce que je


n’étais pas resté assez longtemps avec le Maître Hsueh Yen,
pour travailler dans les aspects délicats et subtils du travail.

Mais que j’eus de la chance en rencontrant un Maître Zen, si


excellent ! Grâce à lui seulement, j’ai pu en arriver à ce stade.

Je n’avais pas compris que si quelqu’un s’exerce de manière


incessante et insistante, il atteindra toujours quelque chose
de temps à autre et son ignorance diminuera à chaque pas
sur le chemin.

Le Maître Meng Shan me dit : « C’est la même chose que polir


une perle. Plus tu la polis, plus elle devient brillante, claire et
pure ».

Un polissage de cette sorte est supérieur à tout un travail


d’incarnation. Cependant, quand je voulais répondre à la
question de mon Maître, il me disait qu’il me manquait
quelque chose.

Un jour au milieu de la méditation, le mot « manquer » se


présenta à mon mental et je sentis soudain que mon corps et
mon mental s’ouvraient de part en part, depuis la moelle de
mes os, de manière totale.

189
Le sentiment fut celui d’une antique montagne de sable qui
se dissoudrait tout à coup sous le soleil ardent, surgi après
de nombreux jours obscurs et couverts.

Je ne pus l’éviter et me pris à rire aux éclats. Je sautai de mon


siège, attrapai le bras du Maître Meng Shan et lui dit : « Dites-
moi, que me manque-t-il ? Que me manque-t-il ? »

Le Maître me gifla trois fois et je me prosternai trois fois


devant lui. Il dit : « Ô Tieh Shan, tu as tardé de nombreuses
années avant d’en arriver à ce point ».

190
45. L’illumination Finale

La vérité doit être comprise au moyen d’une illumination


instantanée, mais le fait, l’auto-réalisation intime de l’Être
complète, doit être travaillée intensivement de manière
graduelle.

Le Mantra « Wu » se réfère principalement à l’éveil de


l’expérience mystique, dans son sens immédiat et le SAMYA
SAMBHODI (Chue en Chine) dénote l’illumination
permanente et complète.

Si par un exercice rétrospectif, nous revenons au point de


départ originel et que nous rendons théoriquement les os à
notre père et la chair à notre mère. Alors où serions-nous ?
Évidemment dans la semence, le semen.

Ceci nous induit à penser que sans le Sahaja Maïthuna, nous


ne pourrions jamais comprendre l’essence de la phrase du
fameux Hua Tou « Wu ».

Observez les verticales du « W », étudiez l’ensemble ; la


forme graphique des combinaisons insiste clairement sur
l’idée fondamentale des successives exaltations, précédées
toujours par de terribles humiliations.

Celui qui veut monter doit d’abord descendre, c’est la Loi,


l’Initiation est mort et mariage à la fois.

Pour une meilleure compréhension du Hua Tou, « Wu », il


n’est pas superflu de répéter ce qui suit : « La descente à la
neuvième sphère (le sexe) fut depuis les temps antiques
l’épreuve maxima, pour la suprême dignité du Hiérophante.

191
Jésus, Bouddha, Hermès, Dante, Zoroastre, etc., durent
passer par cette difficile épreuve ».

Là, Mars descend pour retremper son épée et conquérir le


cœur de Vénus ; Hercule pour nettoyer les écuries d’Augias ;
Persée pour couper la tête de la Méduse de son épée
flamboyante.

Cependant pour le bien de la grande cause, il convient de


rappeler qu’à côté du « W », le « U » radical resplendit dans
le ZEN, symbole vivant de « ce Grand ventre à l’intérieur
duquel sont en gestation les mondes ».

En grammaire cosmique, la Rune « UR » est certes la Divine


Mère-Espace ; la matrice sacrée où sont en gestation, bêtes,
hommes et Dieux. Il est indiscutable que, sans le pouvoir
ésotérique de Devi Kundalini, il serait impossible de
travailler dans la forge incendiée de Vulcain (le sexe).

Le Magistère du feu doit se réaliser en sept jours ou


périodes. Rappelons-nous notre formule astrologique : Lune,
Mercure, Vénus, Soleil, Mars, Jupiter, Saturne. Le ciel étoilé
d’Uranus et l’Empyrée classiques, reviennent à ceux qui ont
atteint la devise à laquelle ils aspirent.

J’ai gagné le droit d’entrer au ciel Lunaire après une


humiliation préliminaire. C’est la loi pour tous les mondes.
Personne ne saurait pénétrer définitivement dans les cieux
de Mercure, Vénus, etc., sans avoir tout d’abord travaillé
ésotériquement dans leurs enfers planétaires
correspondants.

Les expériences « Wu » sont une et nombreuses ; une parce


qu’elles sont identiques en essence, nombreuses en ce
qu’elles diffèrent par leur degré de profondeur, de clarté et

192
d’efficacité ; ceci donne une légère idée du sens et de la
nature du « Wu ».

« Quel est ton visage originel ? » Terrible question du Maître


Meng Shan !

La Genèse Hébraïque dit : « L’homme abandonnera père et


mère pour s’unir à son épouse, afin que les deux soient une
même chair ». (Genèse 2:24)

Que parlent les Dieux de l’aurore ! Que m’inspirent les


Muses ! Que rugisse l’ouragan !

Il est écrit en charbons ardents dans le livre de tous les


mystères, que tous les Avatars d’Ishvara présentent toujours
le réquisitoire de l’Omni-miséricordieux esprit universel de
vie : restaurer sur la face de la terre « le visage originel » ;
l’état de suprême pureté paradisiaque d’Adam-Kadmon,
l’être androgyne qui incarne la paire, homme et femme.

Ce précieux rétablissement de l’Être cosmique à l’intérieur


de chacun de nous se réalise précisément dans les délicieux
instants de cette extase suprême de l’amour, en lesquels
deux êtres, l’un masculin, l’autre féminin, en plein coït,
cèdent consciemment leur individualité différentielle pour
se fonde en un.

Comme cette unité n’est pas seulement physique, mais


d’espèce animique et spirituelle, les doctrines qui rejettent la
Magie Sexuelle d’Éros s’avèrent anti-humaines et anti-
divines.

On trouve dans l’ambiance culturelle et spirituelle de


l’époque, surtout dans les cercles ésotériques les plus
raffinés, la reconnaissance de l’homme en tant qu’image en

193
ressemblance du cosmos vivant, et en conséquence, le sens
cosmique de sa puissance sexuelle.

Les théologiens et naturalistes médiévaux connaissaient déjà


quelque chose sur la connexion entre l’énergie sexuelle et les
forces prodigieuses qui traversaient l’inaltérable infini.

Ainsi, Saint Albert le Grand était imprégné de la profonde


croyance que les astres exercent une influence décisive sur
la puissance sexuelle de l’individu.

Saint Albert avait l’opinion que les étoiles étaient bipolaires,


c’est-à-dire de nature angélique et animale ; il en arriva à la
conséquence logique que dans le mariage, on pourrait
arriver à une union double, spirituelle et animale.

Saint Augustin, le Patriarche Gnostique, insista sur l’idée que


la libido sexuelle embrasse non seulement tout le corps
physique, mais aussi l’être intime, qui dans l’agitation
charnelle s’enlace à l’animique, de sorte que se forme une
sensation de plaisir qui n’a point son égal chez les sensuels.
Ainsi, au moment où elle atteint son point culminant, toute
conscience et toute forme de compréhension sont
déconnectées.

Cette déconnexion entre conscience et intellect est


précisément celle qui peut transfigurer le délicieux coït en
surnaturel, spirituel, en quelque chose de terriblement divin.

C’est l’ultime devise des pratiques mystiques, comme par


exemple celle du Zen ou celle du quiétisme chrétien de Fray
Miguel de Molinos ; celle de nous mener à la quiétude et au
silence du mental.

Quand le mental est tranquille, quand le mental est en


silence, surgît le nouveau.

194
La conscience en ces moments d’indiscutables délices,
s’échappe du mental mortifiant, pour expérimenter le réel…

Le deuxième Patriarche Zen demanda au Bodhi-Dharma :


« Comment est-il possible d’atteindre le TAO ? »

Le Bodhi-Dharma répondit : « Extérieurement, toute activité


cesse, intérieurement, le mental cesse de s’agiter. Quand le
mental s’est converti en mur, alors, tu peux accéder au TAO ».

Les bouddhistes CHAN en Chine, parlent rarement du


SAMBODHI, l’illumination finale (le fameux Chue).

Comme le « Wu » est fondamentalement l’expérience


mystique de l’éveil à la vérité (Prajna), la personne qui
atteint le vécu « Wu », peut n’être pas capable de le dominer,
de l’approfondir, ni de le faire mûrir.

On a besoin de beaucoup de travail dans la « Neuvième


Sphère » avant de parvenir à la perfection, dans le but de
séparer les pensées dualistes, égoïstes et profondément
accrochées, qui surgissent des passions.

L’évangile du TAO a dit : « Purifie ton cœur, nettoie tes


pensées, coupe tes appétits et conserve la semence ».

L’auteur d’EL-KTAB, merveilleux écrit apprécié par les


arabes, ne se lasse pas de glorifier le coït. Ceci est pour lui à
juste raison, l’hymne de louange le plus magnifique et sacré,
l’aspiration la plus noble de l’homme et sa compagne, après
l’unité primitive et les délices paradisiaques.

L’amour est le Fiat Lux du livre de Moïse, le divin


commandement, la loi pour tous les continents, mers,
mondes et espaces.

195
Quand nous empoignons valeureusement cette lance d’Éros,
dans l’évident propos de réduire en poussière tous et chacun
des éléments que nous chargeons en nous, la lumière jaillit.

Il existe à l’intérieur de chaque entité subconsciente, une


Essence divine emprisonnée, lumière à l’état potentiel.

Ainsi, tel l’atome qui libère de l’énergie à sa fission, la


destruction totale d’un quelconque de nos éléments
infernaux libère de la lumière.

Nous avons besoin de faire de la lumière en chacun de nous :


« De la lumière, plus de lumière », dit Goethe à sa mort.

La Magie sexuelle est l’éternel fondement du Fiat Lumineux


et spermatique du premier instant.

La mort radicale de l’Ego et des autres éléments infra-


humains que nous portons à l’intérieur de nous, nous
conduit à l’illumination finale (SAMYA SAMBODHI).

Ainsi, l’illumination ZEN ou « Wu » varie beaucoup depuis


l’aperçu superficiel de l’Essence divine mentale par les
débutants, jusqu’au bouddhisme total tel qu’il fut réalisé par
Bouddha.

196
46. Tantrisme Blanc

Les authentiques doctrines tantriques du KÂMA-SÛTRA de


Vatsyayana et l’ANAGARANGA de Kayanamalla se
complètent avec le VAJROLI-YOGA et le PANCATATTVA.

Le Kâma-Sûtra hindou légitime n’a rien à voir avec certaines


éditions remaniées de type bâtard, adultéré, qui exhibant le
même titre, circulent à profusion par là, dans tous les pays
occidentaux.

Cette œuvre classique de l’art amoureux hindou se divise en


sept parties ; on expose dans la première à la fois l’élan de la
vie et les arts et sciences qui sont d’utilité pratique dans la
Magie Sexuelle.

N’entrent en considération, en tant que Maîtresses des


débutants, que ces femmes qui ont pratiqué la Magie
Sexuelle avec un homme. La disciple doit arriver à posséder
soixante-quatre arts de base.

Entre ceux-ci, le chant, la musique instrumentale, la danse, le


tatouage, la confection de lits de pétales de fleurs, l’exécution
musicale avec des verres contenant de l’eau pure ;
minéralogie, science chimique, organisation de combats de
coq, cailles et béliers, technique de travaux littéraires.
L’élève doit obligatoirement apprendre les arts magiques. Il
ne s’agit pas seulement pour elle de savoir préparer des
diagrammes ou des filtres amoureux d’efficacité ésotérique,
mais encore de s’instruire en sages sortilèges et mantras.

197
Le grand Maître Hindoustan Vatsyayana, dans la deuxième
partie du KÂMA-SÛTRA, expose sagement un abondant
enseignement ésotérique de l’art d’aimer, se préoccupant
très spécialement de cette chose extraordinaire qu’est, en
vérité, la division des types de femmes et hommes, selon la
taille de leurs parties sexuelles.

Il présente intelligemment trois sortes d’hommes qui sont


désignés, suivant leur PHALLUS, comme il suit :

1. lièvre

2. taureau

3. étalon âne (grand animal de l’Inde)

Face aux hommes, les femmes sont également classées en


trois catégories, selon la constitution de leur YONI (organe
sexuel) :

1. gazelle

2. jument

3. éléphante

Cette différenciation des deux sexes donne


fondamentalement neuf combinaisons amoureuses qui
viennent nous rappeler la neuvième sphère :

Jouissance sexuelle élevée :

a. lièvre avec gazelle

b. taureau avec jument

c. étalon âne avec éléphante

Unions sexuelles inégales :

198
a. lièvre avec jument

b. lièvre avec éléphante

c. taureau avec gazelle

d. taureau avec éléphante

e. étalon âne avec jument

f. étalon âne avec gazelle

Les neuf possibilités d’union sexuelle se subdivisent en trois


classes, selon la taille des organes sexuels :

1. la proportion de la même taille qui est


indubitablement la meilleure ;

2. la relation entre organes grands et petits dans


laquelle le profit du plaisir est le plus maigre ;

3. toutes les autres relations amoureuses qui peuvent


être classées simplement comme moyennes.

L’éventuel tempérament des conjoints, qui joue évidemment


un grand rôle dans l’acte sexuel, se regroupe en trois sortes :

a. froid

b. tempéré

c. ardent

De telle sorte que les neufs accouplements de la neuvième


sphère sont possibles, à savoir :

a. froid avec froid

b. tempéré avec tempéré

199
c. ardent avec ardent

Unions sexuelles inégales :

a. froid avec tempéré

b. froid avec ardent

c. tempéré avec froid

d. tempéré avec ardent

e. ardent avec froid

f. ardent avec tempéré

« La durée d’une jouissance sexuelle, soit la possibilité de


demeurer longtemps dans celle-ci, ne se base pas pour les
Hindous, par exemple, en une activité sensuelle purement
animale, mais en ce qu’ils le considèrent comme une question
vitale, qui exprime dans l’acte sexuel exécuté une
démonstration de culture très développée et plus exquise. Un
conjoint qui n’est pas réellement orienté sur les phénomènes
sexuels les plus intimes, est considéré comme étant déficient.
Selon Rasamanjuri, est déficient tout sujet qui dans le jeu de
l’amour ne réfléchit pas à ce qui doit se faire et à ce qui doit
cesser de se faire. »

Il ressort avec toute la clarté de midi que la durée de la


jouissance sexuelle se divise également en trois catégories :

1. rapide

2. moyenne

3. longue

200
Le secret de la félicité de Dieu consiste en sa relation avec
lui-même.

De cette relation provient en accord avec la loi des analogies


philosophiques, tout lien cosmique, tout enlacement sexuel.

La jouissance sexuelle est donc un droit légitime de


l’homme ; la félicité de Dieu s’exprimant à travers nous.

Mahomet dit : « Le coït est même un acte agréable à la


religion, dans la mesure où il se réalise avec l’invocation
d’Allah et avec la femme attitrée pour la reproduction ».

Le Coran dit : « Va, prends pour femme une jeune fille que tu
caresses et qui te caresse, ne passe pas au coït sans être
préalablement excité par les caresses ».

Le prophète souligne : « Vos épouses sont pour vous un champ


cultivable. Allez à lui comme il vous plaît, mais réalisez
auparavant, un quelconque acte de dévotion. Craignez Dieu et
n’oubliez pas qu’un jour, vous devrez vous trouver en sa
présence ».

Il est ostensible, selon cette conception, que le délicieux coït


avec l’adorable femme est certes une forme de la prière.
Nous nous convertissons en ces instants de joie suprême, en
collaborateurs du Logos Créateur ; nous poursuivons la
tâche rayonnante, et à chaque instant, recréatrice du
maintien de l’univers au sein mystérieux de l’éternelle Mère
Espace.

« Faites comme votre créateur, comme un homme puissant en


œuvres et force, ayez conscience de ce qui se fait et vous
devrez obtenir double jouissance ; une liqueur séminale
accrue, et des enfants saints et forts. »

201
Ainsi a dit Mahomet : « Dix grâces offre Allah à l’homme qui
octroie sa sympathie à la femme par des mains caressantes,
vingt, s’il la presse sur son cœur ; mais si son embrassement
amoureux est authentique, il obtient de Dieu trente grâces
pour chaque baiser ».

Kalyanamalla insiste sur l’idée transcendantale que


l’accomplissement exact du code de l’amour est beaucoup
plus difficile que le pense à tort l’humanoïde intellectuel.

« Les jouissances préparatoires sont déjà compliquées ; l’art


doit, en effet, être employé exactement suivant les préceptes,
afin d’aviver la passion de la femme, comme on avive un
bûcher, et que son YONI devienne plus mou, plus élastique et
adéquat à l’acte amoureux. »

Un auteur sage dit : « L’Anagaranga donne une grande


importance à ce que les deux composants du couple ne doivent
laisser s’introduire dans leur vie commune, aucune tiédeur,
lassitude ou satiété dans leurs relations, effectuant la
consommation de l’amour avec recueillement et remise totale.
La forme de l’acte sexuel, c’est-à-dire la position en soi, est
appelée ASANA. »

Il faut distinguer quatre modalités :

1. UTTANA-DANDA

2. TIRYAC

3. UPAWISHTA

4. UTTHITA

Comme l’étude ésotérique de ces quatre asanas tantriques


est d’un contenu compliqué, à des fins exclusivement
pédagogiques, nous nous limiterons dans le présent livre à

202
transcrire spécifiquement cette position sexuelle, appelée
« UPAWISHTA ». Il est clair cependant que, dans les futurs
traités, nous poursuivrons avec l’étude des autres asanas.

UPAWISHTA signifie : position assise, dont on donne douze


sous-postures :

a. Spécialement préférée : Padmasana. L’homme s’assoit


avec les jambes croisées sur le lit ou sur un tapis,
prend la femme sur ses jambes et celle-ci enveloppe
le corps de l’homme avec les siennes, de telle manière
que ses deux pieds font contact avec le coccyx
masculin. Ainsi, la femme absorbe le phallus.

b. Les deux assis, et pendant l’acte délicieux, la femme


tient d’une main, une de ses deux jambes.

c. Homme et femme enlacent leurs mains derrière leur


nuque respective.

d. Tandis que la femme prend en ses mains les pieds de


l’homme, ce dernier prend ceux de la femme.

e. L’homme prend dans ses bras les jambes de la


femme, les laisse reposer sur l’arc du coude, et
entrelace les bras derrière sa nuque à elle.

f. La posture de la tortue. Les deux s’assoient de


manière à ce que se touchent mutuellement, la
bouche, les mains, les jambes.

g. Assis, jambes écartées, l’homme fait pénétrer son


membre, et comprime entre ses cuisses, celles de la
femme.

h. Une posture exécutable seulement par un homme


très fort et une femme très légère : l’homme appuie la

203
femme de ses coudes levés, introduit son membre et
la fait osciller ensuite, de droite à gauche.

i. La même posture, mais l’oscillation de la femme se


réalise d’avant en arrière.

L’UPAWISHTA oriental est merveilleux ; cependant, il est


indiscutable que nous, gnostiques, ne sommes pas
exclusivistes. Il est évident que dans l’occident du monde,
beaucoup de mystiques préfèrent l’Asana suivant :

a. Femme étendue sur le dos dans le lit, jambes


écartées, c’est-à-dire ouvertes à droite et à gauche,
avec un coussin mince ou sans coussin.

b. Homme placé sur la femme, mis entre ses jambes,


visage, poitrine et ventre masculin, en contact direct
avec le corps de la femme.

c. Front contre front, poitrine contre poitrine, plexus


contre plexus, tous les centres astraux correspondant
superposés, afin de permettre un échange des
courants magnétiques et établir ainsi un
androgynisme complet.

d. Introduire le membre viril très doucement dans le


vagin : évitez les mouvements violents. Le
mouvement du phallus à l’intérieur de l’utérus doit
être lent et délicat.

e. Le coït doit durer au moins une heure.

f. Se retirer de la femme avant le spasme pour éviter


l’éjaculation du semen.

g. Le phallus doit être retiré de l’utérus très lentement


et avec la plus grande délicatesse.

204
Pierre Huard Ming Wong, parlant de la médecine chinoise,
dit :

« Le TAOÏSME a d’autres influences dans la médecine, comme


le prouve la lecture d’une recompilation de traités Taoïstes, le
SING-MING-KUEL-CHEN, de l’an 1622 approximativement.

On distingue trois régions dans le corps humain. La région


supérieure ou céphalique est l’origine des esprits qui habitent
dans le corps.

Le coussin de Jade (YU-CHEN) se trouve dans la partie


postéro-inférieure de la tête. L’os, dit du coussin, est l’occiput
(CHEN-KU).

Le palais du NI-HUAN (terme dérivé du mot sanscrit


NIRVANA) se trouve dans le cerveau, appelé aussi “Mer de la
moelle osseuse” (SUEI-HAI) ; c’est l’origine des substances
séminales.

La région moyenne est la colonne vertébrale, considérée non


comme un axe fonctionnel, mais comme un conduit qui unit les
cavités cérébrales avec les centres génitaux, qui termine en un
point dénommé la colonne céleste (TIEN-CHU), situé derrière
la nuque, à l’endroit où naissent les cheveux ; on ne doit pas
confondre ce point avec celui de l’acupuncture, qui porte le
même nom.

La région inférieure comprend le champ du cinabre (TAN-


TIEN) ; en elle s’assoit l’activité génitale, représentée par les
deux reins : le feu du tigre (YANG) à gauche, et le feu du
dragon (YIN) à droite.

L’union sexuelle est symbolisée par un couple ; un homme


jeune conduit le Tigre blanc, et une femme jeune chevauche le
Dragon vert ; le plomb (élément masculin) et le mercure

205
(élément féminin) vont se mélanger ; et tant qu’ils sont unis,
les jeunes jettent leur essence dans un chaudron de bronze,
symbole de l’activité sexuelle. Mais les liquides génitaux, en
particulier le sperme (TSING), ne s’éliminent ni ne se perdent ;
ils peuvent revenir au cerveau par la colonne vertébrale, grâce
à quoi on récupère le cours de la vie.

La base de ces pratiques sexuelles Taoïstes est le “coïtus


reservatus”, au cours duquel le sperme qui est descendu de
l’encéphale, jusqu’à la région prostatique (mais qui n’a pas été
éjaculé), revient à son origine ; c’est ce qu’on appelle faire
revenir la substance (HUAN TSING).

Quelles que soient les objections qu’on formule à propos de la


réalité de ce retour, il n’est pas moins certain que les Taoïstes
conçurent un domaine cérébral des instincts élémentaires, qui
maintient le degré d’excitation génésiaque sous le seuil de
l’éjaculation ; ils donnèrent ainsi à l’acte sexuel un nouveau
style et une finalité distincte de la fécondation.

Les pratiques sexuelles ont joué un grand rôle dans le


Taoïsme ; les pratiques publiques et collectives, signalées au IIe
siècle, disparurent au VIe siècle.

Les pratiques privées continuèrent si longtemps que TSENG


TSAO (XIIe siècle) leur consacre un tiré-à-part de son TAO
CHU.

En réalité, Taoïstes comme Bouddhistes, observaient la


continence – qui a sa base dans la Magie Sexuelle – mais les
premiers la considéraient comme une forme de détachement
qui devait les amener à la libération, tandis que les seconds,
outre leur aspiration au TAO, se maintenaient chastes pour se
concentrer, conserver leur substance et vivre longtemps.

206
Il est possible que, comme cela arriva avec les exercices
respiratoires, les Taoïstes se soient inspirés des Traités
Tantriques Hindous ; quelques-uns furent traduits en chinois à
l’époque des T'ANG, et connus par SOUEN-SSEU-MIAO.

Le PAO-P'U-TSEU, contient une section intitulée “l’alcôve” (dix-


huit chapitres) qui fut imprimée en 1066, et réimprimée en
1307, 1544 et 1604, par KIAO CHE-KING. »

Ces données furent prises de textes inclus dans les Annales


des Suei par TAMBA YASUYORI, dans son YI-SIN-FANG (982-
984), imprimé par TAKI GENKIN (mort en 1857).

« En 1854, ce résumé médical de trente chapitres, contient les


secrets de l’alcôve ; il fut réédité par YE TO-HEUI (1864-1927),
qui reconstruisit les textes perdus et en particulier l’ARS
AMATORIA du Maître TONG HIUAN. »

Un grand sage dit : « Par la pratique du VAJROLI-MUDRA, le


Yogi fait affluer en lui la SHAKTI, c’est-à-dire l’énergie sexuelle
universelle révélée, de manière à ce qu’il ne soit pas son seul
participant, mais son Seigneur aussi. Dans le VIPARITA-
KARANI, on dit : Cette pratique est la meilleure, la cause de la
libération pour le Yogi, cette pratique lui apporte la santé et
lui octroie la perfection ».

Si nous mettons à nu le VAJROLI-MUDRA, si nous déchirons


le voile d’Isis, reste la vérité dénudée, la Magie Sexuelle, le
Sahaja Maïthuna.

Le VIPARITA-KARANI ésotérique enseigne, de manière claire


et précise, comment le yogi fait monter lentement le semen
par la concentration, de façon à ce que l’homme et la femme,
en pleine copulation, puissent atteindre le VAJROLI.

207
« OM ! Obéissant à la déesse qui ressemble à un serpent
endormi dans le SVAYAMBHU-LINGAM, et merveilleusement
ornée, jouit de l’aimé et d’autres ravissements. Elle est allumée
par le vin et elle irradie de millions de rayons. Elle sera éveillée
– au cours de la Magie Sexuelle – par l’air et le feu, avec les
mantras YAM, DRAM et par le mantra HUM. »

Chantez ces Mantras pendant ces précieux moments, en


lesquels le lingam-yoni se trouvent connectés dans la couche
nuptiale. Ainsi, s’éveillera Devi Kundalini, le serpent igné de
nos pouvoirs magiques.

208
47. Le Troisième Acte

Don Mario Roso de Luna, insigne écrivain Théosophe, écrit


textuellement, commentant la troisième partie du Parsifal
Wagnérien :

Le troisième acte se déroule à nouveau dans les domaines du


Graal. C’est le printemps. Une souriante campagne, dont les
limites s’étendent de l’orée du bois jusqu’aux montagnes du
Graal, montre une source dans le bosquet, et face à lui,
appuyé contre les rochers, une pauvre cabane d’ermite.

C’est la première heure du Vendredi Saint ; Gurnemanz,


l’ermite vieilli, et sans autre vêtement que sa vieille tunique
de Chevalier du Graal qu’il conserve encore, sort de sa
cabane ; et il entend quelques gémissements profonds
comme ceux de quelqu’un qui, profondément endormi, lutte
contre un cauchemar.

Il se hâte alors vers le buisson d’où partent les gémissements


et trouve Kundry, froide et rigide, cachée ; on ne connaît pas
le temps dans les rudes buissons de l’hiver – la triste nuit
morale du pécheur – sans connaître l’arrivée du printemps
rédempteur…

Le vieillard arrache Kundry du buisson et commence à la


ranimer de son souffle. Elle se réveille finalement en lançant
un cri. Vêtue en pénitente, son teint est plus pâle, la sauvage
cruauté a disparu de son visage et de ses manières.

Elle contemple Gurnemanz d’un regard appuyé comme


quelqu’un qui évoque de vieux souvenirs ; elle se lève et se

209
dirigeant à la cabane de l’ermite, elle se dispose à la tâche de
le servir, comme elle le faisait jadis avec les saints chevaliers.

Elle sort donc un seau et le met dans la fontaine pour qu’il se


remplisse. Elle rentre ensuite à la cabane, où comme
d’habitude elle se prépare à travailler en hommage au
dernier survivant du Graal.

Pendant ce temps-là, Parsifal sort du bois, vêtu de noir, en


armure, visière relevée, la lance baissée et la tête inclinée
sous le poids de ses pensées contraires.

Gurnemanz s’approche pour l’aider en cas de besoin. Parsifal


ne répond pas aux attentions de l’ascète ; mais celui-ci lui
rappelle que c’est Vendredi Saint, jour dont la sainteté ne
doit pas être ternie par les armes.

Parsifal se lève, jette ses armes, cloue la lance en terre et


tombe à genoux devant elle, en une prière extatique.

Gurnemanz le contemple alors, ému et étonné, tandis qu’il


appelle Kundry par des gestes. Il reconnaît en lui celui qui
tua le cygne d’autrefois, pécheur qui est venu comme
l’homme à l’Enceinte Sacrée, par les chemins de la désolation
et du désarroi, cent fois maudits, par des lieux sans chemin,
et des conflits sans nombre…

L’ermite l’informe justement de l’état de disgrâce en lequel


sont tombés les chevaliers du Graal. Tous dispersés ou
morts, sauf lui, depuis qu’Amfortas, déjà impuissant à
résister à la malédiction de sa blessure, cherche la mort,
renonçant à découvrir le Vase Sacré, de sorte qu’il ne
continue pas à lui prolonger la vie par le souffle immortel.

Parsifal, face à une si grande douleur tombe évanoui à côté


de la fontaine. Gurnemanz le soutient, le fait asseoir sur la

210
pelouse et Kundry accourt avec un récipient d’eau pour
arroser son visage.

Non ! Dit Gurnemanz, « Que ce soit le récipient sacré lui-


même, le Vase (le Yoni) qui restaure le pèlerin.

Je prévois qu’il est appelé à réaliser aujourd’hui une œuvre


sublime, à exercer une mission Divine. Qu’il soit donc nettoyé
de toute tache et lavé ici des impuretés de son long
pèlerinage. »

À eux deux, ils conduisent Parsifal au bord de la fontaine ;


Kundry lui détache ses guêtres, et lui baigne les pieds,
pendant que l’ermite le dépouille de ses vieux vêtements
noirs de douleur et de lutte, ne lui laissant que la tunique
blanche du Néophyte qui est la tunique neuve de la pureté,
expurgé qu’il est maintenant de tout vieux ferment de péché,
comme dirait Saint Paul !

Ensuite, Kundry oint les pieds de l’élu, versant sur eux le


contenu d’une petite fiole en or qu’elle cachait dans son sein.

Telle une nouvelle Madeleine, elle le sèche de ses propres


cheveux, tandis que Gurnemanz lui oint également la tête,
comme celle d’un futur Roi, le baptisant Rédempteur du
Graal et sage par la compassion…

L’ineffable idylle connue en général comme les


Enchantements du Vendredi Saint résonne alors, triomphal
dans l’espace, saluant heureux le rédempteur au milieu de
l’auguste joie de la colline et de la forêt, où tout sourit à
l’approche du moment suprême de la libération…

Les cloches du Graal recommencent à sonner comme


autrefois, appelant à la sainte cérémonie.

211
Gurnemanz revêt le nouveau Roi de son juste-au-corps qui
était conservé, et de son manteau de chevalier ; avec lui, il
entreprend l’ascension jusqu’au château, dont les
splendeurs, grâce à la lance sacrée sexuelle, ne tarderont pas
à revenir.

L’enceinte de la grande salle du Graal se remplit de


chevaliers et d’écuyers, qui par un côté conduisent la litière
d’Amfortas, et par l’autre, le cadavre de Titurel, qui vient
recevoir l’ultime bénédiction du Graal.

Le fils affligé ne cherchant que le repos de la mort, a causé


inconsciemment la mort de son père en étant privé de
l’immortelle contemplation du Vase Régénérateur.

Les chevaliers exigent tous d’Amfortas une dernière fois,


qu’il accomplisse son devoir.

Amfortas, pressentant déjà proches de lui les douces


ténèbres de la mort, résiste à revenir à la vie que le Graal
découvert lui donnera, et déchire, indigné, ses vêtements en
réclamant la mort à cris, en terrible paroxysme…

Tous s’écartent de lui, surpris, quand la funeste blessure se


découvre, sanglante.

Parsifal qui est arrivé se détache du groupe, brandit la lance


et touchant de sa pointe le côté d’Amfortas, la ferme
finalement, miraculeusement.

Il hausse ensuite triomphalement la lance. Tous devant elle


se prosternent en extase, tandis qu’Amfortas extrayant de
l’arche la relique sacrée, fait que l’ambiance toute entière
s’imprègne de la gloire du Graal, et Parsifal est élevé à ce
moment à la dignité suprême, et bénit à partir de cet instant
et pour toujours avec LUI, la Sainte Assemblée restaurée…

212
Titurel, revenu un moment à la vie, se dresse dans le
cercueil, en même temps que, depuis la coupole, la blanche
colombe plane sur la tête du nouveau Roi, du sage par
compassion !… Tandis qu’éclatent, plus vigoureux que
jamais, les chants sacrés, Kundry, la femme symbole, tombe
inanimée et rachetée sur le sol, dans l’universel hommage
que les cieux et la terre rendent, glorieux, au Héros qui a
vaincu les puissances du mal, parvenant à la libération par
l’effort et le sacrifice.

213
48. Le Signe de Jonas

« Cette génération, mauvaise et adultère, demande un signe,


mais le signe ne lui sera pas donné, sinon celui du prophète
Jonas. Parce que tel Jonas, qui resta dans le ventre de la
baleine trois jours et trois nuits, le Fils de l’Homme sera dans
la terre trois jours et trois nuits. » (Matthieu 12:39-40)

Ce récit exotique, quelque peu confus, du livre merveilleux


de Jonas, a son fondement ésotérique dans une cérémonie
symbolique très antique, qui consistait à laisser l’Initié,
pendant trois jours et trois nuits, dans l’indicible mystère
d’une caverne ou d’une cavité semblable à un poisson par sa
forme.

Les vieilles traditions qui se perdent dans la nuit effrayante


des siècles, content que pendant ce laps de temps, tandis que
le corps de l’initié gisait comme un cadavre dans son
sarcophage, son âme, absente de la forme humaine dense,
expérimentait directement dans les mondes supérieurs le
rituel de la vie et de la mort.

L’eau élémentale comme la terre parfumée, éléments passifs


ou simplement négatifs, sans aucun doute, représentent la
purification préliminaire et la base sérieuse de tout
processus régénérateur, qui doit ensuite devenir effectif, au
moyen des éléments supérieurs et actifs, l’air et le feu,
symboles respectifs de l’Esprit et de la grande réalité.

La forme merveilleuse et extraordinaire de l’antique cercueil


d’Osiris, rappelle naturellement, par sa ressemblance et sa
signification initiatique, un autre poisson magnifiquement

214
représenté dans l’alphabet sémite par la lettre SAMEK, qui
occupe le quinzième lieu Kabbalistique, celle qui symbolise
indubitablement, dans un début, la fameuse constellation de
la baleine, sous la régence de laquelle nous devons réaliser
tous les travaux de la « Neuvième Sphère ».

Le quinze Kabbalistique de Typhon Baphomet (le Diable), la


passion animale, est représentatif de cette constellation ;
ceci nous invite à comprendre ce qu’est le travail dans la
« Neuvième Sphère » (le sexe).

L’Initié qui répand le Vase d’Hermès sera fulminé par


l’Arcane seize de la constellation du Bélier ; il tombera de la
tour sous l’éclair de la justice cosmique, comme le pentalphe
inversé, tête en bas, jambes en haut.

Si nous additionnons Kabbalistiquement les deux chiffres du


quinze, nous obtiendrons le résultat suivant : 1 + 5 = 6.

Six, dans le tarot, est l’Arcane 6 de l’Amoureux ; l’homme


entre la vertu et la passion. Apprenez à vous polariser
sagement avec l’Arcane 6, et vous aurez vaincu
l’épouvantable quinze de la Constellation de la Baleine.

Rappelle-toi, aimé lecteur, qu’au centre de la poitrine, tu as


un point magnétique très spécial qui capte les ondes de
lumière et de gloire, qui viennent de ton Âme Humaine.

Elle est TIPHERETH, l’Arcane 6 du Tarot. Écoute-la. Obéis


aux ordres qui émanent d’elle.

Agis en accord avec ces impulsions intimes. Travaille dans la


forge des Cyclopes quand elle veut qu’il en soit ainsi. Si tu
apprends à obéir, tu ne périras pas dans le ventre de la
Baleine.

215
Regarde ! Tu es devenu un poisson travaillant dans les eaux
du chaos du premier instant. Maintenant, vous comprendrez
pourquoi le cercueil d’Osiris a la forme d’un poisson.

Il est indiscutable que les sept jours ou périodes génésiaques


de Moïse, se synthétisent en ces trois jours et trois nuits de
Jonas, dans le ventre de la Baleine, cérémonie initiatique
répétée par le Grand Kabîr Jésus dans le Saint Sépulcre.

Quelques personnes, extrêmement mal informées,


supposent à tort que la simple cérémonie initiatique et
symbolique du Grand Sépulcre, avec ses fameux trois jours,
et la catalepsie du corps physique, sont tout.

Ces bonnes gens ignorent lamentablement que la simple


cérémonie n’est qu’un signe, le symbole ou l’allégorie de
quelque chose, immense et terrible, qui se projette dans
l’inconnu.

Jonas, le Prophète travaillant sous la régence de la


constellation de la Baleine, enfoui dans le puits profond de
l’univers, dans la « Neuvième Sphère » (le Sexe), réalise son
travail en trois jours ou trois périodes plus ou moins
longues.

a. Il fabrique la robe de noce de l’âme et établit en lui-


même un centre permanent de conscience.

b. Il élimine radicalement les trois traîtres du Christ


intime et réduit en poussière cosmique le Dragon des
ténèbres et les bêtes secondaires (travail sublunaire).

c. Il continue à mourir dans les sphères supérieures de


Mercure, Vénus, Soleil, Mars, Jupiter, Saturne, etc.

216
La première période de temps se conclut dans la « Seconde
Naissance » dont parle le Grand Kabîr Jésus au rabbin
Nicodème.

La deuxième période s’achève en merveilleuses noces. Rien


de moins que le « Mariage de l’Âme Humaine avec
Guenièvre », la reine des Jinas. Nous dirons alors des femmes,
qu’elles se marient avec l’éternel Bien Aimé…

La troisième période s’achève magistralement avec la


« Résurrection du Christ » secret, à l’intérieur de notre propre
cœur.

Les textes ésotériques hindous mentionnent constamment la


fameuse Trimurti : ATMAN-BOUDDHI-MANAS (Atman est
l’Intime avec ses deux âmes : Bouddhi et Manas).

De cette Trimurti, seule une fraction insignifiante du


troisième aspect est incarnée dans l’humanoïde intellectuel,
improprement appelé homme.

On appelle cette fraction « ESSENCE » ; dans le Zen nippon,


on l’appelle simplement le « Bouddhata ».

Malheureusement l’« Essence » gît dans des rêves à


l’intérieur de cet ensemble bigarré et grotesque d’entités
submergées, ténébreuses, qui constituent l’Ego, le Moi-
même, le Soi-même.

Cependant, cette « Essence » est la matière première pour


fabriquer l’âme ; concept qui, c’est regrettable, n’a pas
encore été compris par nos étudiants gnostiques.

Le TAO chinois enseigne clairement que l’« Essence »


embouteillée dans tout cet ensemble de Moi diables qui
constituent l’Ego, doit passer dans la « Neuvième Sphère »

217
par d’incessantes transformations alchimiques avant de se
convertir en la « Perle Séminale ».

Le merveilleux reflux de l’énergie sexuelle, en forme de


tourbillon lumineux, comme lorsqu’un rayon de lumière
revient en se heurtant à un mur, vient cristalliser en nous la
« Fleur d’or », laquelle comme on le sait, établit à l’intérieur
du néophyte un centre permanent de conscience.

La « Perle Séminale » se développant par la Magie Sexuelle et


le formidable travail avec la lance de Longinus, doit passer
par d’indicibles amertumes avant de se convertir en
l’« Embryon d’or » (la Fleur d’or).

La seconde Naissance est un événement cosmique


extraordinaire, merveilleux ; nous incarnons alors le
troisième aspect de la Trimurti : ATMAN-BOUDDHI-MANAS.

L’Âme Humaine (le Manas supérieur des Hindous) entre


dans l’« Embryon d’Or » dès cet instant, on dit de nous que
nous sommes des hommes avec une âme, des individus
sacrés, des personnes vraiment responsables, au sens le plus
complet du mot.

L’« Embryon d’Or » vêtu de la robe de Noce de l’âme


expérimente en vérité une jouissance suprême à l’instant où
il fusionne avec l’âme humaine.

Dans l’« Embryon d’Or » se trouvent résumées toutes les


expériences de la vie et pour cela même, il est ostensible
qu’il engendre des transformations de fond, dans les
principes pneumatiques immortels de l’homme. C’est ainsi
que nous nous convertissons en Adeptes de la Fraternité
Blanche.

218
Le Mariage avec Guenièvre, la Divine Amazone, est certes un
autre événement de merveilles, qui marque le final en
apothéose du deuxième grand jour ou période de temps. Il
est indiscutable que nous expérimentons alors une autre
transformation radicale, car dans le Bouddhi, comme à
l’intérieur d’un vase d’albâtre fin et transparent, brûle la
flamme de Prajna.

Il est pourtant indubitable que la transformation superlative


n’est possible qu’avec la Résurrection du Christ Intime, dans
le cœur de l’homme. C’est la phase culminante de la
troisième période ; l’instant formidable où la Brillante
Constellation de la Baleine vomit Jonas le prophète, sur les
plages de Ninive ; le moment suprême où Jésus, le Grand
Kabîr, ressuscite ; la seconde extraordinaire du triomphe de
Parsifal, dans le temple resplendissant du Saint Graal.

219
49. La Partition de Parsifal

Don Mario Roso de Luna, le Grand sage espagnol, écrit :

La partition de Parsifal – dit Rogelio Villar – étonne en


général par sa grandeur et sa majesté, et par l’inspiration, la
beauté de son tracé, la pureté de ses lignes, le coloris et la
nuance de sa sage et artistique instrumentation, douce et
suave, grandiose et solennelle. Elle marque le terme de
l’évolution, commencée dans Tannhauser et Lohengrin,
œuvres inspirées où se trouvent ébauchées ses théories sur
le drame lyrique, qui parviennent à leurs ultimes extrêmes
dans la très belle partition de Parsifal.

Les fragments mélodiques (leitmotivs) qu’on entend dans le


cours du drame de Wagner, dans les différentes situations,
sont d’une grande puissance expressive, et en relation avec
le caractère du poème, toujours subordonnés à l’esprit de la
phrase littéraire.

Le prélude et la consécration du Saint Graal (Cène des


Apôtres), page magnifique et d’une intense émotion dans le
premier acte. Le prélude et le jardin enchanté de Klingsor
(voluptueuse scène des fleurs) et le dramatique duo de la
séduction, entre Kundry et Parsifal dans le deuxième. Le bref
et mélancolique prélude, l’émouvante scène du baptême (un
des moments du Parsifal le plus haut en émotions), et les
enchantements du Vendredi Saint, pages d’une sublime
beauté dans le troisième. Le plus paisible et poétique, par ses
délicatesses et son orchestration riche et exubérante, comme
toutes les situations remarquables de l’opéra, emplies

220
d’enchanteresse poésie et d’exquise tendresse, délicates ou
douces, sombres ou lugubres, toujours dans le caractère du
poème.

D’autres fragments épisodiques intéressants par le travail


orchestral, de caractère descriptif, sont : la prière matinale
de Gurnemanz ; la sortie de Kundry ; le cortège du Roi, très
bien imaginé, comme la tirade de Gurnemanz à l’ombre d’un
arbre séculaire dans laquelle il raconte à ses écuyers
l’origine de l’Ordre du Graal, Kundry, les douleurs
d’Amfortas, et le maléfice de Klingsor.

Dans le deuxième acte, toute la sinistre scène du mage


infernal est également remarquable, où il se sert de ses
astuces, afin que Kundry, l’Ève de la mythologie Hébraïque,
séduise Parsifal. Et dans le troisième acte, la désolante scène
d’Amfortas, d’une émotion profonde, ainsi que la marche
funèbre.

Il y a dans la partition du Parsifal des fragments


symphoniques d’une impondérable beauté, de délicieuses
sonorités enveloppées et fondues avec un art si nouveau, si
adéquat à l’ambiance dans laquelle se déroule l’action, au
caractère du paysage, des images poétiques et musicales si
expressives, et de véritables trouvailles dans l’interprétation
de la légende du Saint Graal, qui subjuguent.

On entend dans l’orchestre, entremêlés avec un art sans


précédent, les thèmes de la Cène, Titurel (Ordre du Graal),
Kundry, Amfortas, Parsifal, qui symbolisent la foi, la
compassion, l’humilité, la mélancolie, l’amour, la résignation,
le Cygne, la lance et d’autres thèmes, dont il est nécessaire de
connaître la signification pour profiter intégralement de la
conception Wagnérienne dans toute sa grandeur et sa
magnitude. Amfortas symbolise le remord ; Titurel la voix du

221
passé ; Klingsor le péché (le Moi) ; Parsifal la rédemption ;
Gurnemanz (le Guru), la tradition ; Kundry (la séduction).

Samaël Aun Weor

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