Le Cygne (Cyg)
Cygnus (i) (804 degrés carrés) Carte 5
"Véga, Déneb, Altaïr" : le "Triangle
d'été"... qui ne l'a vu, ne l'a admiré,
isocèle dans sa forme, immense, culminant, au coeur de
l’été, au faîte de l'Empyrée, la
pointe tournée vers le sud. Accrochez-le à
l'étoile Polaire, et vous verrez alors apparaître un grand
losange : la voile fine et légère, tel un vaisseau
sidéral en partance vers des cieux nouveaux, des terres
nouvelles... Serez-vous du voyage ?...
"Déneb" = la "queue" du cygne, qui baigne dans le lait
répandu de la "Voie Lactée". Très facilement
identifiable. Queue brillante, parée de mille feux, de
plumes séductrices ! On dit qu'il s'agit là, sous les
traits déguisés du palmipède, de Jupiter
lui-même. Quelle ruse, sous cet accoutrement ailé,
a-t-il imaginé ? Il aime Léda, figurez-vous,
l'épouse de Tyndare, roi de Sparte. Comment gagner ses faveurs ?
Par la métamorphose ! stratagème coutumier des dieux de
l'Olympe, et pour leurs caprices quotidiens. Ainsi fut fait...
...A la claire fontaine,
au bord des grands bassins,
elle aime à deviser,
à flâner longuement...
...la
douce et tendre Léda. Un cygne au cou gracile, au plumage tout
blanc, l'approche sans façon... Son chant harmonieux remplit le
paysage. Jupiter est là, sous les apparences communes de la race
volatile, mais elle ne le sait pas. Il s'est avancé, le plus
près possible, au pied de la margelle. Comment ne pas
répondre à ses appels pressants ? D'une main prudente,
elle saisit le cou. Glou... Glou... Le voici immobile, aux ordres de sa
dame, son regard dans le sien. La séduire, l'enchanter... pour
enfin l'épouser... puis la diviniser... tel est son plan. Elle
n'imagine pas - comment le pourrait-elle ? - la ruse séductrice.
"Mon cygne, mon doux cygne, vous êtes le plus beau des
hôtes de ces eaux..." Et de le caresser de ses doigts
déliés, de le serrer dans ses grands bras... Un baiser,
deux baisers... La voici prise au piège d'un amour qui la
conduira loin, mais non à la gloire divine. Piètre destin
! Deux oeufs, pâles, efflanqués, sortirent de son sein,
d'où naquirent deux couples de jumeaux : "Castor et Pollux",
garçons rivalisant d'orgueil avec leur père ;
"Hélène et Clytemnestre", filles pour lesquelles s'alluma
l'inexpiable guerre de Troie. Maigre consolation : "Castor et Pollux"
jouiront de la postérité, transportés dans les
cieux : ils dessinent la constellation des Gémeaux.
Le Cygne,
beau, majestueux, survole la Voie Lactée. Mis à part le
bout de ses ailes, il est tout entier compris dans ce grand fleuve
blanc qui coule d'un horizon à l'autre du ciel nocturne. Son
cou, son corps, sa queue, suivent, avec une précision
remarquable, l'Equateur galactique. Regardez-le, cou tendu, ailes
à angle droit, qui dessinent une croix. Déneb en marque
le sommet, cinq étoiles sur la branche principale, trois
d’abord sur la petite, puis six : description suffisante
pour repérer l'ensemble de la constellation (voyez la carte).
Nous voyons passer Déneb au zénith de la France
(+45°).
Une
croix. Celle de Jésus-Christ ? La chose se concrétisa au
XVIIème siècle, lorsque le jésuite Schiller voulut
"christianiser" le ciel. La Grande Ourse devint la "Barque de saint
Pierre", Orion "Saint Joseph", Les signes du Zodiaque "Les 12
apôtres" ... le Cygne la "Croix de Sainte
Hélène"... Hélène, mère de
l'empereur Constantin, qui chercha et trouva la vraie croix, enfouie
sous le mont Calvaire, cachée par les Juifs pendant plus de 300
ans... Ce projet audacieux de dénomination chrétienne n'a
pas abouti.
Comment
passerai-je aux étoiles brillantes du Cygne sans visiter d'abord
un astre qui eut son heure de gloire. Une étoile juste visible
à l'oeil nu... Que de mesures, que de calculs à son sujet
! Pour elle, encre et salive ont coulé à flots. Son nom ?
elle n'en a pas ! Un numéro seulement : 61. Véridique
!... Vous la voyez poindre à grand peine, à l'est de
Déneb, proche de l'étoile Tau (voyez la carte), magnitude
: 4,81. Quel attrait 61 Cygni recèle-t-elle donc ? Son histoire
commence en 1753, quand Bradley découvrit sa duplicité.
Paire orangée, accessible à une petite lunette :
écartement pour l'an 2000 : 30"3. Magnitude de chacune des
composantes : 5,23 et 6,05. Période : 653 ans. Mais n'allons pas
trop vite. Revenons en l'année 1806. L'astronome italien Piazzi
l'examine avec attention. Il constate que de nombreuses étoiles,
plus faibles, encadrent la paire. "Occasion rêvée pour
s'exercer à la mesure!" Le voici à la tâche, son
micromètre à fils entre les doigts, ses bons yeux
à l'ouvrage. Mois après mois, il aligne les chiffres,
espérant déceler au moins son mouvement propre...
Effectivement, au bout d'un an, il fait les comptes : "61 Cygni a
bougé de 5" d'arc, parmi ses compagnes ". Un record !
Piazzi le clame à qui veut l'entendre : "Cette étoile est
proche, très proche, vu la valeur de son déplacement."
Oui, mais, à quelle distance ? Il ne le sait pas. Il n'a pu
mettre en évidence sa parallaxe - son déplacement annuel
dû au déplacement annuel de la Terre. Et si 61 Cygni
était l'étoile la plus proche ? Vite, il faut chercher,
et trouver sans plus attendre !...
Freidrich
Bessel, à Königsberg, reçoit l'écho de la
nouvelle. Il braque aussitôt sa lunette vers l'étoile en
question. Année après année, comme tant d'autres,
il accumule les mesures. Ceci jusqu'en 1838, où il
déclare : "Je trouve une parallaxe de 0"31 pour 61 Cygni, ce qui
porte l'étoile 600 000 fois plus loin que le soleil." Dam ! S'il
avait avancé d'un an sa publication, il devançait Struve,
qui publia en 1837 ses mesures faites - 15 ans plus tôt - sur
Véga (et Altaïr). Bessel, quant à lui, trouve une
étoile plus proche qu'Altaïr et Véga, d'où
l'intérêt de son travail. 61 Cygni : 10,5 a-l.
Hipparcos la situe aujourd'hui à 11,35 a-l (p = 0"287).
Bon résultat tout de même !
En 1839,
nouvel exploit ! L'astronome hollandais Henderson, déniche notre
voisine immédiate, recherchée par tous ! dans
l'hémisphère austral : "Rigil", c’est-à-dire
"Alpha du Centaure", très lumineuse (magnitude -0,01). Elle est
à 4,39 a-l : mesure Hipparcos (p = 0" 74212). La meilleure
mesure d'Henderson lui donnait une parallaxe de 0"98, soit une distance
de 3,3 a-l. Couple célèbre, découvert par le
père Richaud en 1689. Parée de jaune, vêtue de
cuivre, les deux étoiles se contournent en 80 ans. Le demi-grand
axe de l'orbite vraie s'élève à 17"5. Comme le
plan de l'orbite est très incliné sur notre rayon visuel,
l'écartement apparent peut descendre à 1"7 et grimper
jusqu'à 22". Il sera de 14"1 pour l'an 2000. Merveilleuse
compagne !
En 1916,
nouvelle surprise ! l'astronome écossais Innes, en mission
à Johannesburg, découvre (1) à 2°11'
d'Alpha Centauri une naine rouge, de magnitude 11,01, possédant
le même mouvement propre que Rigil. Aussitôt, il recherche
assidûment sa parallaxe. Il la trouve légèrement
supérieure à celle d'Alpha, ce qui situe cette naine
rouge plus proche encore. La mesure moderne donne 0"77233, d'où
une distance de 4,22 a-l. "Proxima Centauri" voici le nom qu'il lui
donna. Question : est-elle physiquement liée au couple Alpha
Centauri ? Oui ! le calcul ne laisse aucun doute : 15 000 UA la
séparent de Rigil, soit un quart d'année-lumière.
Or, l'influence de la gravité s'exerce, pour des étoiles
semblables au soleil, jusqu'au tiers d'a-l. Vous dire la période
de Proxima, impossible, car tout dépend de son
excentricité. Naine rouge rigoureusement immobile jusqu'à
présent...
Revenons
à 61 Cygni, notre paire orangée. Quoiqu'elle n'ait
parcouru qu'une fraction de son orbite depuis qu'on l'observe,
Messieurs de Caro et Veca ont tenté une évaluation de sa
période : 653,3 ans, nous l'avons dit. Ils lui attribuent un
demi-grand axe de 24"3, soit un écartement de 85 UA : le
diamètre de notre système planétaire. Un
troisième corps, invisible, semble interférer dans le
système. Une planète ? Pourquoi pas ? On y pense
sérieusement...
"Cygnus
X1, Cygnus X3"... Qui, quel astronome n'a ourdi ces noms aussi
énigmatiques que leur consonne ? De quoi s'agit-il ? De deux
sources de rayonnement X, situées précisément dans
la constellation du Cygne. Et pas n'importe quelles sources ! X1 est la
plus puissante connue à ce jour ! Les deux sont associées
à des couples d’étoiles serrées, aux
périodes orbitales très courtes : 5,6 jours et 4,8 heures
respectivement ! Alors pourquoi cette émission X, si
énergétique ? Sort-elle d’un "point chaud"
semblable à celui découvert dans le système de
Bêta Lyrae ? Possible, possible... Si proches, les deux astres
échangent de la matière, ce qui ne va pas sans
réaction vive ! (voyez Bêta Lyrae). Suspens, suspens...
autour de Cygnus X1 et X3...
"Cygnus
A"... Ah ! voilà autre chose ! Découverte en 1953, cette
radiosource bombarde le ciel de ses ondes très intenses, l'une
des plus fortes du ciel. Bip...Bip... Pourquoi ce message ? Quelle en
est l’origine ? Là, nous le savons. Il sort d'une galaxie
elliptique géante. Ce S.O.S. qui semble dramatique émane
du coeur. Une activité exceptionnelle s'y déroule, 10
millions de fois plus intense que celle d'une galaxie ordinaire. Ces
"radiogalaxies" - dont "Cygnus A" fut la première en date -
connaissent, c'est l'hypothèse la plus plausible, des explosions
en chaîne, gigantesques, dans leur noyau. Ce doit être beau
!... vu de loin bien sûr.
La
"boucle du Cygne", les "dentelles du Cygne", quel heureux possesseur
d'un Newton, d'un Cassegrain, d’une lunette... n'a jeté
l'oeil sur ces filaments ténus, bleus à la photographie,
qui embellissent la constellation du Cygne, et sur un large secteur ?
Un anneau incomplet, immense, de gaz encore chauds, donc
brillants, est décelable. D'où provient-il ? Des restes
d'une supernova qui aurait explosé il y a 30 000 ans.
Dépêchez-vous : le rayon de la boucle s'accroît de 4
milliards de km par an. Bientôt la dilution des gaz sera
totale... et le spectacle clos.
Il y eut,
en notre siècle, deux novae remarquables dans le Cygne ;
la première en 1920, magnitude 2, la seconde en 1975, magnitude
1,8. Très brillantes. Qu'en reste-t-il actuellement ? Deux
sources imperceptibles de mag. 16,2 et 21, totalement invisibles,
même à l'oculaire de nos modestes télescopes.
Dommage ! Jupiter, sous son déguisement ailé,
lancera-t-il un troisième feu spectaculaire d'ici la fin de
XXème ? ou au début du XXIème ?...
a Alpha Cygni : Déneb
a :
20 h 41 m 25 s d : 45°
16' 49" Sp : A2 Ia
T : 9800 K (BC : -0,4)
m =
1,25 M = -8,73 L = 260
000 p = 1,01 Dist : 3200 a-l
variable
"Déneb" = la "queue" séductrice, enjôleuse, plus
brillante que deux cents mille soleils, 260 000 exactement !
Déneb, supergéante, délicatement bleutée,
plus grande que deux cents soleils, 207 exactement - soit un rayon de
145 millions de km. La distance Terre-Soleil ! Sa chromosphère
viendrait caresser notre paysage : ce qu’il en resterait !
Caresses brûlantes : 9800 K ! Pluton sécherait sous ses
ardeurs ! Pour que la vie puisse résister à une telle
puissance, il faudrait habiter 13 fois plus loin que notre rayon
planétaire (40 UA) ! Imaginez alors la durée de
l'année : 2000 ans environ. Impossible de souffler même sa
première bougie !... mais le temps de jouer aux cartes... ou de
faire quelque chose de plus intéressant... La masse de cette
étoile hors du commun : 35 masses solaires. Bombe en puissance,
qui explosera un jour ou l'autre... demain peut-être. Dans
l'ordre des magnitudes visuelles, elle n'arrive qu'en 19ème
position (m = 1,25). Qu'est-ce à dire, sinon qu'elle est
lointaine, très lointaine : un abîme de 3200 a-l, nous
sépare de ce joyau céleste. Parmi les étoiles
brillantes, c'est la plus éloignée, à la limite
des performances du satellite Hipparcos.
Que
vois-je avec mon photomètre enregistreur ? Une variation
d'éclat en un dixième de magnitude, sans rythme
défini. Déneb appartient au monde des variables.
Qu'est-ce qui provoque ce sursaut de lumière ? D'autant plus que
des raies en émission apparaissent sur le spectre, au moment du
maximum... Que se passe-t-il ? On a cherché à
détecter un mouvement radial de la surface : néant. Une
pulsation physique : néant. Que se passe-t-il donc ? Il
s’agit d’une "pulsation non-radiale". Vous voici
renseignés ! Qu’est-ce à dire ? Que Déneb
connaît des sautes d’éclat, dues, paraît-il,
à la superposition de plusieurs oscillations... Bon. Depuis
lors, Déneb est devenue le chef de file des variables de ce
type, appelées évidemment les "Alpha Cygni".
A 75" de Déneb, l'oeil voit apparaître une étoile de magnitude 11,7.
g Gamma Cygni : Sadir.
a: 20 h
22 m 13 s d :
40° 15' 24" Sp : F8
Ib T : 6000 K (BC :
-0,1)
m =
2,23 M = -6,12 L = 24
000 p = 2,14 Dist : 1500
a-l 3 compagnons
"Sadir" =
la "poitrine", à la racine des ailes, au croisement des
branches... Se cache sous ce duvet blanc neige, le dieu de l'Olympe.
Son coeur s'est épris d'une fille d'homme, la belle Léda.
L'affaire est d'importance ! Le voici déguisé, empruntant
les traits et les moeurs d'un volatile... non ! d'une étoile.
Regardez bien : des milliards de kilowatts, et plus encore,
jaillissent de ce lieu : 24 000 soleils réunis en bouquet pour
l'offrir à sa belle !... 145 rayons solaires dans cette
"poitrine" amoureuse, soit 100 millions de km - la distance
Vénus-Soleil... 17 masses solaires au rythme du désir...
Passion, modère-toi ! Cette scène interdite se
déroule à 1500 a-l.
Le
télescope voit, à 41"2 de Sadir une petite étoile
très intéressante : il s'agit d'un couple serré :
écartement 1"8, magnitudes 9,9 et 10,9. Un puissant objectif
discernera une quatrième étoile de magnitude 12,7
à 40"9 du couple.
d Delta Cygni
a: 19 h
44 m 58 s d : 45° 07'
51" Sp : A0 III
T : 10 800 K
m = 2,86
(2,9 et 6,64) M = -0,74 (-0,7 et 3) L =
170 p =
19,07 Dist : 170
a-l Orbitale
Voum !
Voum... L'oiseau s'est envolé. Le voici qui
s'élève, franchit les espaces, se dirige tout droit vers
son lieu éternel : la Voie Lactée. Il suit
résolument le chemin de Saint Jacques. Voyage sans escale,
jusqu'aux confins du monde... Accrochée à l'aile droite,
l'étoile luit, infatigable. A bien scruter sa flamme, on
distingue deux feux accrochées l'une à l'autre.
Ecartement prévu pour l'an 2000 : 2"5 (demi-grand axe : 3"20).
Magnitudes : 2,9 et 6,6. Paul Baize a établi une période
pour ce couple qui prend le temps de vivre, sans précipitation :
827 ans. Longue année...
Delta
Cygni se trouve à 170 a-l. Quand verra-t-il ce bel oiseau la
borne ultime de son odyssée sidérale - si elle existe
?... Dans cette étoile, 170 soleils s'activent.
Déjà la puissance du Soleil s'écrit avec 23
chiffres : 4 x 1023 kW ! Que dire de cette étoile
!... 6 masses solaires (environ) alimentent ce double foyer. Bleu et
blanc, ce couple vous remercie de votre visite...
Voyez-vous à 65"7 de Delta une étoile de magnitude 11,9 ?
e Epsilon Cygni : Gienah
a :
20 h 46 m 12 s d :
33° 58' 13" Sp : K0 III
T : 4900 K (BC : -0,5)
m =
2,48 M = 0,76 L =
42 p = 45,26
Dist : 72 a-l deux compagnons
Nous
voici sur "Gienah" = "l'aile" gauche, marquée par deux
étoiles que l'oeil nu sépare : 28'. Magnitude 2,48
et 5. Elles ne sont évidemment pas liées l'une à
l'autre. Celle qui nous intéresse, la plus brillante, se trouve
à 72 a-l. Comparé à l'aile motrice droite - Delta
Cygni - ce "réacteur" peine à l’ouvrage : 42
soleils seulement. 42 soleils tout de même ! Une flamme
orange éclaire le paysage. Au ciel tout marche au
"nucléaire". Diamètre de la cuve : 11 rayons solaires.
Masses mises en jeu : 3 masses solaires. De quoi amorcer une fusion qui
dure...
A 54"9
une faible étoile de magnitude 11,5 pointe son nez. Une autre
à 78"1 que je vous laisse trouver (je ne connais pas sa
magnitude).
z Dzêta Cygni
a :
21 h 12 m 56 s d : 30°
13' 37" Sp : G8 II
T : 5000 K (BC : -0,6)
m =
3,2 M = -0,1 L =
95 p = 21,62
Dist : 150 a-l 3 compagnons
Nous
voici à l'extrémité de l'aile gauche. Dzêta
arbore son beau rayon jaune. A 150 a-l, nous le voyons encore, et
très bien... De ce phare géant, placé tout
exprès au bout de l'aileron, 95 soleils illuminent le "chemin de
saint Jacques". Il ne clignote pas. Son diamètre : 16 rayons
solaires. Sa masse : 4 masses solaires.
Observez
le champ de cette étoile au télescope. Trois faibles
compagnons (magnitude 11, 11 et 12) sont visibles entre une et deux
minutes d'écartement.
b Bêta Cygni : Albiréo.
a :
19 h 30 m 43 s d :
27° 57' 35" Sp : K3 II et B8
V T : 4200 et 13 000 K
m =
3,05 et 5,11 M = -2,31 et
-0,25 L : 710 et 100
p = 8,46 Dist : 385
a-l
Triple
"Albiréo" = "l'oiseau", dit-on. Se rapproche d'un mot
arabe qui veut dire "Bec". A moins que ce nom dérive du latin
albus = blanc (?) Blanc comme le Cygne... Mais c'est ici le bec
du volatile - moins brillant que la queue, certes - surmonté
comme de bien entendu d'un cou à rallonges, décidé
à gagner au plus vite les étages du ciel. Destination :
les eaux de ce grand fleuve laiteux. Regardez cette étoile au
télescope. Splendide ! Deux yeux - ceux du cygne, pardi ! -
jaune d'or et saphir, vous observent, écartés de 34"4.
Pourquoi pas ? Voir Albiréo et... jouir ! Jouir d'un spectacle
toujours neuf, unique, à chaque observation... Appliquons-nous
dès maintenant à la connaître, à percer son
mystère...
- Première question :
puisqu'il s'agit d'un couple, quelle est sa période ? - 7300
ans, paraît-il... - Oh, là ! Oh là ! bien long... -
on verra dans 1000 ou 2000 ans où elle en est...
- Seconde question : puisque
la période est si longue, à combien chiffre-t-on
l'écartement des deux astres ? - A 840 UA, soit 20 fois la
distance Soleil- Pluton. - Et l'attraction joue encore son rôle ?
- Oui ! bien sûr ! sans problème ! d'autant plus qu'il
s'agit de 2 étoiles puissantes : 710 soleils animent la
première, 100 la seconde. - J'imagine que leurs rayons doivent
être grands... - 72 rayons solaires (soit 50 millions de km) pour
l'une, 2 ou 3 rayons solaires pour l'autre. - Et leurs masses ? -
7,6 et 4 masses solaires respectivement. Voilà, vous savez tout.
"Non ! Je ne sais pas tout ! Vous ne m'avez pas
donné sa distance au soleil". - En effet... cet oiseau a
construit son nid à 385 a-l. Etoile bien proche
comparée à Déneb (3200 a-l) !
Au fait, savez-vous ce
qui s'est passé en 1977 ? - Quoi donc ? - Un
événement d'importance ! Nos
interféromètres ont décelé la
présence d'un troisième corps dans le monde
d'Albiréo. - Vrai ? - Bien sûr ! et ceci autour de
l'étoile secondaire, à une distance très courte :
0"4, si bien qu’Albiréo est une étoile triple. -
A-t'on pu voir ce compagnon ? - Oui ! grâce à l'astronome
américain Worley, deux ans plus tard. Formidable ! La
période de ce second couple doit s'étendre sur 200 ans au
maximum, et s'inscrire dans les limites de notre système
planétaire. Superbe bec !
Quel
amateur dédoublera ce compagnon d'Albiréo ? A coeur
vaillant rien d'impossible ! Tentez votre chance.
* * * * * * * * * *